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TURQUIE. En 24 ans, 793 demandes enregistrées contre des agressions sexuelles et des viols en détention

TURQUIE – En Turquie, près de 800 d’agressions sexuelles et viols ont été commis en détention, dont la majorité des victimes sont des femmes kurdes et les auteurs sont souvent des policiers, en 24 ans, déclare le Bureau d’aide juridique contre le harcèlement sexuel et le viol en détention. Aucun de ces violeurs et agresseurs n’a été puni.
 
Le Bureau d’aide juridique contre le harcèlement sexuel et le viol en détention a partagé un rapport contenant les données statistiques de ses 24 années de recherche à l’occasion du 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
 
Le rapport, intitulé « 25 novembre 2021, tout est comme avant », a souligné que le cabinet d’avocats fournit une assistance juridique gratuite aux femmes depuis 1997 et qui a enregistré 793 demandes contre des viols et agressions sexuelles en détention en 24 ans.
 
Le rapport a indiqué qu’il y avait eu des changements importants, en particulier dans la loi écrite, et a souligné que la lutte de libération des femmes a joué un rôle majeur dans tous ces changements.
 
Se souvenir de la Convention d’Istanbul
 
Le rapport a rappelé qu’il y avait eu des changements importants dans le domaine de la violence à l’égard des femmes en Turquie en 2005, et a ajouté qu’en 2011, la Convention d’Istanbul, la convention la plus importante dans le domaine de la violence à l’égard des femmes au niveau international, a été signée.
 
Le rapport mentionne également que la Convention d’Istanbul est une grande source de soutien et de force pour toutes les femmes qui ont été soumises à des violences et pour les avocats qui les représentent.
 
Le rapport indique que la mentalité de l’État n’a jamais changé sur la question des violences sexuelles contre les femmes induites par l’État et ajoute que « la torture sexuelle contre les femmes et les femmes trans, que ce soit en détention, des raids dans les maisons, des manifestations de rue ou pour quelque raison que ce soit, se termine toujours par l’impunité. Dans les affaires que nous avons traitées, pas un seul fonctionnaire n’a été condamné. Et c’est l’indication la plus claire de la gravité de la situation. »
 
Le rapport indique que la torture sexuelle est la forme de torture la plus difficile à expliquer ainsi que la forme de torture la plus difficile à suivre et à prouver. Les autorités judiciaires n’acceptent que les rapports de médecine légale comme preuves dans la documentation de torture sexuelle, a indiqué le rapport, soulignant que la médecine légale est représentée par un expert officiel et entièrement dépendante du pouvoir politique, et que les médecins et hôpitaux indépendants n’ont pas été acceptés.
 
Enregistrement de 793 cas de viols et d’agressions sexuelles en détention en 24 ans
 
Le rapport comprend des données statistiques qui ont été conservées au cours des 24 dernières années. Le nombre de demandes déposées en 24 ans est de 793 au total. Alors que le nombre de demandes déposées pour viol est de 118 tandis que celui pour harcèlement sexuel est de 675. Le rapport comprend également la répartition des auteurs qui ont commis des crimes.
 
La majorité des auteurs sont des policiers mais il y au aussi des membres de DAECH ou du MIT
 
Le nombre de policiers était de 482 parmi les auteurs, tandis que le nombre de gendarmes/soldats était de 143, membres de l’équipe spéciale 38, gardiens de prison 114, confesseurs 4, journalistes 1, détenus 24, maire 1, huissier de justice/gardiens 2, autre agent public 76, membre de DAECH 148, membres l’Armée syrienne libre 1, sécurité privée 1, membre des renseignements turcs (MIT) 1.
 
Les femmes kurdes au premier rang des victimes
 
Parmi les femmes victimes de violations sexuelles, les femmes kurdes viennent en tête avec le nombre de 571 tandis que le nombre de femmes turques est de 181, afghane 12, arabe 7, gitane 4, assyrienne 2, iranienne 2, turkmène 2, allemande 1, bulgare 1, roumaine 1, autrichienne 1, ouzbèke 1, moldave 1, arménienne 1, géorgienne 1, albanaise 1.
 
Au cours de la période d’application de 24 ans, les raisons de la détention des femmes sont dues à la guerre dans 168 cas, des raisons politiques dans 486, des raisons judiciaires 139.
 
36 demandes déposées au cours de la dernière année
 
Dans le rapport, le nombre de demandes déposées au cours de la dernière année a été enregistré à 36. Le viol représentait 6 de la demande, le harcèlement sexuel pour 30 (7 femmes ont été soumises à des fouilles à nu).
 
Parmi les auteurs de crimes de l’année dernière, le nombre de policiers a été de 23. En outre, le rapport énumérait 10 gardiens de prison, 2 autres agents publics, 1 membre des renseignements turcs (MIT).
 
Les femmes kurdes qui ont déposé une demande pour violences sexuelles sont au nombre de 22. D »autres demandes ont été déposées par 11 femmes turques, 1 arabe, 1 géorgienne et 1 albanaise. Parmi les motifs de détention, 34 femmes ont été arrêtées pour des motifs politiques et 2 pour des motifs judiciaires.