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Les USA sanctionnent un groupe armé soutenu par la Turquie pour des crimes commis contre les Kurdes

Le département du Trésor américain a annoncé hier qu’il a imposé des sanctions à un groupe armé soutenu par la Turquie pour des crimes contre les Kurdes en Syrie, dont le meurtre de la politicienne Havrin Khalaf.
 
Dans un communiqué, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) a déclaré qu’il sanctionnait Ahrar al-Sharqiyah pour des crimes contre des civils ainsi que contre deux des dirigeants du groupe, Abu Hatim et son frère Abu Ja’far.
 
« Ahrar al-Sharqiya a commis de nombreux crimes contre des civils, en particulier des Kurdes syriens, notamment des homicides illégaux, des enlèvements, des actes de torture et des saisies de biens privés », a déclaré le Trésor américain.
 
Le groupe islamiste soutenu par la Turquie est originaire de la province syrienne orientale de Deir al-Zor, où il a été créé par Abu Maria al-Qahtani après sa séparation du tristement célèbre Front al-Nosra d’Al-Qaïda.
 
Le groupe est bien connu pour ses violations des droits humains dans l’est de la Syrie lors des offensives turques contre les forces kurdes en janvier 2018 et en octobre de l’année suivante. Ses militants avaient auparavant menacé, insulté et finalement chassé un petit nombre de forces spéciales américaines de la ville d’al-Rai, dans le nord du pays, en septembre 2016.
 
Il s’est également régulièrement battu contre d’autres groupes soutenus par la Turquie lors d’escarmouches sur le territoire sous contrôle d’Ankara.
 
En octobre 2019, des miliciens d’Ahrar al-Sharqiya ont sommairement exécuté Hevrin Khalaf, co-présidente du parti Avenir de la Syrie. Capturée sur l’auto-route M4, près du village de Tirwazî, entre Soulouk et Tall Tamer, elle a été violée et lapidée le 12 octobre 2019 par les membres de la milice djihadiste «Ahrar al-Sharqiya», allié de la Turquie.
 
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a confirmé dans un communiqué que le groupe «a été impliqué dans le meurtre illégal d’Hevrin Khalaf. Ahrar al-Sharqiya a également intégré de nombreux anciens membres de l’Etat islamique dans ses rangs.»
 
Depuis que les mercenaires soutenus par la Turquie ont envahi le canton kurde d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, début 2018, plusieurs rapports solides ont montré que de nombreux anciens combattants de l’Etat islamique avaient rejoint les groupes mercenaires alliés à la Turquie. Selon un rapport d’ août 2019 du Rojava Information Center (RIC), basé en Syrie, au moins 40 anciens combattants de l’Etat islamique ont rejoint divers groupes soutenus par la Turquie.
 
De plus, un rapport publié par l’organisation de défense des droits humains Syriens pour la vérité et la justice (STJ) en juin a documenté que 27 dirigeants et combattants de l’Etat islamique s’étaient enrôlés dans l’Armée nationale syrienne (ANS / SNA) soutenue par la Turquie.
 
En plus des sanctions contre le groupe Ahrar Sharqiya et ses commandants, les États-Unis ont également sanctionné huit prisons syriennes gérées par l’appareil de renseignement de Damas et cinq hauts responsables de la sécurité d’autres agences qui contrôlent les centres de détention en question.
 
Le communiqué américain cite une estimation du Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) qui affirme que 14 000 détenus sont morts après avoir été torturés par le régime d’Assad depuis le début de la guerre civile syrienne qui a duré dix ans, tandis que 130 000 personnes supplémentaires sont seraient toujours portés disparus ou détenus.
 
De plus, les États-Unis ont imposé des sanctions à Saraya al-Areen, une milice affiliée à l’armée arabe syrienne qui a participé à l’opération offensive de 2020 pour ramener Idlib sous le contrôle du régime, et déplacé des milliers de civils pendant l’offensive.
 
Dans une déclaration distincte, les États-Unis ont également désigné deux partisans d’Al-Qaïda, dont un facilitateur financier basé en Turquie et un collecteur de fonds et recruteur basé en Syrie pour fournir un soutien matériel à Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS), affilié à Al-Qaïda.
 
« Même si nous travaillons pour nous assurer que nos sanctions n’entravent pas l’acheminement de l’aide humanitaire (…) ou les secours liés au COVID 19, l’action d’aujourd’hui montre clairement que les États-Unis n’oublieront pas les victimes des violations des droits humains en Syrie et utiliseront des outils appropriés pour cibler et identifier les responsables, quel qu’en soit l’auteur », lit-on dans la déclaration de Blinken.