L’universitaire Janet Biehl a écrit un roman graphique (en anglais) racontant l’union des peuples de la Syrie du Nord et de l’Est autour de la révolution du Rojava initiée par les Kurdes.
Au cours de l’été 2012, le peuple kurde du nord de la Syrie a entrepris de créer une société multiethnique au Moyen-Orient. Persécutés pendant une grande partie du XXe siècle, ils ont osé tenter de surmonter la fragmentation sociale en affirmant la solidarité sociale entre tous les peuples ethniques et religieux de la région. Alors que la Syrie s’enfonçait dans la guerre civile, les Kurdes et leurs alliés arabes et assyriens ont mis en place un système politique autonome, non seulement multiethnique mais aussi démocratique. Et les femmes ont été non seulement autorisées mais encouragées à participer à tous les rôles sociaux aux côtés des hommes, y compris les rôles politiques et militaires.
Pour atteindre ces objectifs, le Rojava voulait vivre en paix avec ses voisins. Au lieu de cela, il a rapidement fait face à l’invasion de DAECH / ISIS, une force qui était en tous points son opposé. DAECH a attaqué leurs voisins en Irak et en Syrie, leur imposant un régime théocratique, tyrannique et féminicide. Ceux qui auraient pu résister ont fui dans la terreur. Mais lorsque DAECH a attaqué la ville kurde de Kobané et en a envahi une grande partie, les YPG et YPJ (unités populaires), ont refusé de fuir. Au lieu de cela, ils ont résisté, et plusieurs pays, voyant leur résistance acharnée, ont formé une coalition internationale pour les aider militairement. Alors que les YPG et les YPJ se battaient sur le terrain, la coalition a coordonné avec eux des frappes aériennes. Ils ont libéré le canton de Kobanê village après village et, en mars 2019, ont libéré Baghouz, le dernier territoire syrien occupé par DAECH.
Their Blood Got Mixed: A Graphic Journey to the Multiethnic Democracy in Northeast Syria
À peu près à cette époque, deux cinéastes basés au Royaume-Uni ont invité Janet Biehl à passer un mois au Rojava pour réaliser un film. Elle a accepté, et est arrivée pour explorer la société et interviewer les gens. Pendant ce mois, elle a exploré la façon dont la révolution avait progressé et surtout les effets de la guerre sur la société. Elle a constaté que la guerre avait renforcé la solidarité sociale et soudé la société multiethnique et libérée des préjugés sexistes. Comme lui a dit un Kurde de Kobané, « notre sang s’est mélangé » . Elle en a fait un roman graphique dont le titre est: « Their Blood Got Mixed: A Graphic Journey to the Multiethnic Democracy in Northeast Syria ». (Vous pouvez le précommandez ici)
Janet Biehl est une universitaire et artiste indépendante. Elle a collaboré avec le théoricien social Murray Bookchin qui était également son compagnon pendant les dix-neuf dernières années de sa vie (1987-2006). Après sa mort, elle a écrit sa biographie. Les écrits de Bookchin ont influencé la transformation idéologique du mouvement kurde de libération, qui s’est éloigné du marxisme et de l’étatisme pour se tourner vers la démocratie de base et l’écologie. Pour observer la mise en œuvre de ses idées, elle s’est rendue à plusieurs reprises dans le nord-est de la Syrie et a relaté ses observations dans de nombreux articles. Elle a également traduit en anglais plusieurs livres en allemand sur le mouvement kurde dont les mémoires autobiographiques de la militante féministe Sakine Cansiz. « Their Blood Got Mixed » est son premier roman graphique.