Bien que vivant à Paris depuis plus de 30 ans, peintre et maître-verrier, Ziya Aydin est resté au Kurdistan, dans son esprit, comme en témoignent ses nombreux peintures de paysages. En effet, en visitant l’atelier parisien d’Aydin remplis de tableaux, on a l’impression d’être au Kurdistan. Dans cet espace de quelques mètres carrés, vous avez sous vos yeux les montagnes et les rivières de Dersim, les grottes surplombant la ville antique d’Hasankeyf récemment engloutie par l’État turc sous les eaux du barrage Ilisu et des scènes de vie campagnarde au Kurdistan.
Aujourd’hui, à l’ère des écrans et des réseaux sociaux arrivés dans tous les foyers, presque plus personne ne raconte ces contes centenaires ou millénaires. Alors, on les oublie car on ne les avait pas consignés dans des livres. Certains amateurs ou chercheurs kurdes commencent à les écrire en se rendant dans les campagnes reculées du Kurdistan ou certaines personnes âgées s’en souviennent encore et les racontent volontiers. Pour les contes racontés par sa mère, Ziya Aydin a dû forcé sa mémoire, interroger ses proches pour combler les parties des contes dont il avait oubliées. Mais malheureusement, il y a quelques contes qu’il a complétement oubliés et malgré ses recherches, il n’a pas pu les trouver dans leur version racontée par sa mère.
Dans les contes racontés par la mère de Ziya Aydin, on trouve des contes mythologiques avec des combats de dragons ou de géants maléfiques inspirés de la religion zoroastrienne dualiste qui repose sur le combat entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres. On trouve également des contes rapportant des événements régionaux, des contes animaliers, des contes d’amour tragique comme le célèbre Mêm et Zîn d’Ehmedê Xanî où les deux amoureux sont victimes de manigances qui les empêchent de s’unir de leur vivant mais ils sont enterrés ensemble, avec à leur pied le corps de celui qui fut à l’origine de leur fin tragique…
*Le dialecte zaza (appelé aussi Kirmancikî ou Dimilî) de la langue kurde est menacé de disparation du fait qu’il ne soit pas enseigné à l’école et que le nombre de ses locuteurs diminue car les nouvelles générations ne le parlent plus.