TURQUIE – ISTANBUL – Il y a 26 ans, les mères du samedi descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Selon les « mères du samedi », l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur enlèvement / arrestation par les autorités turques.
Il y a vingt-six ans, le 27 mai 1995, des mères se sont installées pour la première fois sur la place Galatasaray, au centre d’Istanbul, pour protester contre la pratique répandue consistant à tuer des personnes (majoritairement des Kurdes) en détention et à faire disparaître les corps.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres par les paramilitaires (JITEM) ont été signalés dans les régions kurdes de la Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une femme de plus de 80 ans. Depuis le début de la Pandémie de coronavirus, leurs actions ne se se déroulent qu’en ligne.
* Qu’est-ce que le JITEM?
JITEM (service de renseignements et antiterrorisme de la gendarmerie) a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JITEM.
Selon Murat Belge de l’Université Bilgi d’Istanbul, qui a rapporté avoir été torturé en 1971 par son fondateur, Veli Küçük, JITEM est une incarnation de l’Etat profond. En d’autres termes, il est utilisé par « l’Establishment » pour faire respecter des intérêts nationaux présumés, ainsi que par l’aile militaire de l’Ergenekon, une organisation nationaliste turque clandestine. En 2008, les dénégations officielles de l’existence de JITEM ont commencé à s’effondrer devant les tribunaux, comme en témoignent les anciens membres de l’appareil de sécurité « d’État profond » turc qui ont participé à des activités secrètes et illégales au cours des dernières décennies dans le cadre de l’enquête Ergenekon. (Wikipedia)