TURQUIE / BAKUR – La cour d’appel turque a annulé la décision d’acquittement de 19 personnes qui étaient poursuivies pour la disparition forcée et l’exécution arbitraire de 19 civils kurdes dans les années 1990. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Mehmet Ağar et ses co-accusés seront jugés de nouveau.
Namik Erdoğan, l’une des 19 personnes disparues de force et exécutées à Ankara dans les années 90, et Savaş Buldan, homme d’affaire kurde et époux de la politicienne Pervin Buldan, retrouvé mort le 4 juin 1994, après son enlèvement la veille à Istanbul sont parmi les victimes pour lesquelles Agar et ces 18 co-accusés doivent être jugés.
Le procureur turc avait exigé en décembre 2019 l’acquittement des accusés dans l’affaire de « JITEM – Ankara » ou « JITEM – Susurluk ». (Le JITEM* est accusé de la disparition forcée de nombreux Kurdes dans les années 1990.)
L’accusation a soutenu qu’Ayhan Çarkın (ancien membre de l’équipe spéciale de JITEM qui a décidé de faire des aveux) n’avait présenté aucun élément de preuve à l’appui de l’accusation et des déclarations qu’il a faites.
Le dossier du tueur à gage Mahmut Yıldırım (Yeşil) a été séparé tandis que les autres accusés avaient été acquittés pour « manque » de preuves.
* Qu’est-ce que le JİTEM ?
JİTEM est le nom du service de renseignements de la gendarmerie turque. JİTEM est l’abréviation de Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele (service de renseignements et antiterrorisme de la gendarmerie).
Le JİTEM a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JİTEM.
Selon Murat Belge de l’Université Bilgi d’Istanbul, qui a rapporté avoir été torturé en 1971 par son fondateur, Veli Küçük, JİTEM est une incarnation de l’Etat profond. En d’autres termes, il est utilisé par « l’Establishment » pour faire respecter des intérêts nationaux présumés, ainsi que par l’aile militaire de l’Ergenekon, une organisation nationaliste turque clandestine. En 2008, les dénégations officielles de l’existence de JİTEM ont commencé à s’effondrer devant les tribunaux, comme en témoignent les anciens membres de l’appareil de sécurité « d’État profond » turc qui ont participé à des activités secrètes et illégales au cours des dernières décennies dans le cadre de l’enquête Ergenekon. (Wikipedia)