AccueilDroits de l'HommeLa Communauté Internationale doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de la résistance kurde

La Communauté Internationale doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de la résistance kurde

PARIS – Alors que la Turquie a intensifié ses attaques militaires contre le PKK dans la région autonome kurde d’Irak, le Collectif Solidarité Kurdistan 13 appelle la communauté Internationale à assumer ses responsabilités face à l’agression coloniale turque visant le peuple kurde et à retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.

Voici le communiqué du Collectif Solidarité Kurdistan 13:

Appel à la Communauté Internationale à assumer ses responsabilités :

La résistance du peuple kurde, nous concerne toutes et tous 

La légalisation du PKK, nous la lui devons

En mai 2002, l’Union Européenne inscrivait le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) sur la liste des organisations terroristes sous l’injonction des États-Unis, sans aucune preuve d’actes ciblés contre les intérêts de l’Europe ou quelconque autre pays. 

Le PKK est né pour résister à la férocité de l’État turc qui a toujours visé une seule intention : le déni du peuple kurde à l’autodétermination telle que définie dans le droit international. 

Ficher le PKK comme un mouvement terroriste, consiste à exclure une réalité historique, humaine et géopolitique mais aussi à nier le combat de libération de millions de personnes victimes du terrorisme d’État. Le parti des travailleurs du Kurdistan traverse toutes les strates de la société kurde et porte un projet politique fondé sur les valeurs humanistes qui sont les nôtres.

Depuis les années 80, sous le fallacieux argument de la « lutte contre le terrorisme », la Turquie, membre du Conseil de l’Europe et de l’OTAN, viole les Conventions de Genève.

  • Le PKK sur la liste des organisations terroristes, ce sont ces milliers de prisonniers politiques, tortures, procès iniques, villes martyres, viols, massacres maquillés, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, patrimoines ravagés, spoliations de biens, guerres infondées, bombardements, invasions, barbaries djihadistes et déplacements permanents de populations dans les régions du Kurdistan.

 

  • Le PKK sur la liste des organisations terroristes, c’est l’incarcération du leader Abdullah Öcalan, depuis 22 ans en isolement sur l’île d’Imrali. 

 

  • Le PKK sur la liste des organisations terroristes, ce sont ces politiques de criminalisation et de répression qui trouvent leur prolongement en France et en Europe contre les réfugiés et les associations kurdes.

 

  • Le PKK sur la liste des organisations terroristes, c’est l’exécution de trois militantes kurdes de la paix, Sakîne Cansiz, Fidan Doğan (Rojbîn) et Leyla Söylemez en plein cœur de Paris le 9 janvier 2013.

 

  • Le PKK sur la liste des organisations terroristes, c’est l’octroi d’un arsenal d’armes immatérielles d’épuration massive contre un peuple millénaire en concédant à l’État turc et ses dirigeants l’impunité absolue.

Depuis 2014, le régime Erdoğan ne cesse de signifier à l’Europe et au reste du monde que la Turquie se situe au-dessus des lois et des accords internationaux. Pour justifier ses politiques génocidaire et expansionniste, il utilise la guerre contre le PKK en exploitant, recyclant, exportant les mercenaires djihadistes. 

Hier, la communauté internationale, dont la France, s’appuyait sur les forces kurdes dans leur combat sans concession contre l’État Islamique. Au prix d’immenses sacrifices, les combattantes et les combattants du PYD (Parti de l’Union Démocratique) et du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), ont servi de remparts humains pour sauver le monde des hordes de Daesh. 

De tradition, la Turquie a toujours considéré comme « terroriste » tout individu ou structure qui remet en question tant « l’autorité » que « l’unité » de l’État, un moyen imparable de légitimer les violations de tous les droits fondamentaux. Cette culture politique ancrée dans l’autoritarisme constitue une opposition au dialogue, une interdiction au pluralisme, un refus à la paix et une concession à la guerre. Signataire de la Convention de Genève, le PKK n’a jamais reculé devant une table des négociations dans le cadre d’une résolution pacifique et politique du conflit. 

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) sanctionne régulièrement la Turquie. Mais à chacune de ses condamnations, le gouvernement d’Ankara s’applique à rappeler que l’élu, le syndicaliste, le journaliste, l’avocat, le militant des droits humains… est condamné en raison « d’appartenance à une organisation terroriste » : le PKK, inscrite sur la liste des organisations terroristes par l’Union Européenne. Des milliers de victimes sont ainsi prises en otage par le cynisme et l’hypocrisie du système. Le même mécanisme qui permet de persécuter la communauté kurde vivant en Europe et notamment sur le territoire français.

Dans ce double jeu de la Communauté Internationale, le peuple kurde est l’allié que l’on sacrifie à souhait sur l’autel de la diplomatie turque, au gré des ententes politiques, des enjeux économiques et géostratégiques.

Aujourd’hui les pays membres de l’Europe, dont la France, se positionnent hors la loi sur le plan de la Justice Européenne : l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes est illégale comme l’affirme l’Arrêt T-316/14 du 15 novembre 2018 de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE).

Dans leur obstination à ne pas légaliser le PKK, à ne pas sanctionner la Turquie, les puissances occidentales portent une lourde responsabilité à couvrir d’épouvantables atrocités. En filigrane, ce maintien du PKK sur la liste des organisations terroristes confine à une implicite complicité, de ce qu’on doit appeler sans détournement : une épuration ethnique. 

En témoigne le verdict du Tribunal Permanent des Peuples sur la Turquie et les Kurdes de mai 2018 au Parlement Européen : « Le Président de l’État turc, Recep Tayyip Erdoğan, est directement responsable pour les crimes de guerre et les crimes d’État commis en particulier dans le sud-est de l’Anatolie »

Compte-tenu de l’obligation qu’a tout État de respecter et de faire respecter les Conventions de Genève, tout État a le devoir de contraindre la Turquie à respecter le droit international. 

Mesdames et Messieurs les dirigeantes et dirigeants de la France et de l’Europe, nous vous posons les questions suivantes :

  • Si le PKK est une organisation terroriste, comment expliquer que la coalition internationale, dont la France, se soit battue aux côtés des forces kurdes du PYD et du PKK dans la guerre contre Daesh ?


  • Sur quelle définition se base l’Union Européenne pour classifier le PKK d’organisation terroriste ? Alors qu’il n’existe aucune définition qui soit reconnue et admise du terme « terrorisme » sur la scène internationale. Même l’ONU coince sur cette question.


  • Comment justifiez-vous l’absence de reconnaissance de l’auto-défense et qu’aucune distinction n’est faite entre actes de terrorisme et luttes légitimes d’un mouvement de libération de plus 30 millions d’individus ? Dans ce cas de figure doit-on entrevoir une dérive judiciaire ? 


  • Pour quelles raisons ne respectez-vous pas le verdict de la CJUE ? Les arguments avancés pour maintenir le PKK sur la liste des organisations terroristes sont non justifiés.

Mesdames et Messieurs les dirigeantes et dirigeants de la France et de l’Europe, nous vous demandons expressément d’arrêter vos politiques de complaisance, de mettre fin à des décennies d’injustice et de souffrance et de prendre en considération toute l’importance de la dynamique kurde. La question du PKK traverse la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran; face à l’obscurantisme et au despotisme, il est l’interlocuteur incontournable pour un retour à la paix et à la stabilité au Proche et Moyen-Orient.

Mesdames et Messieurs les dirigeantes et dirigeants de la Communauté Internationale, nous vous demandons, sans plus attendre, d’assumer vos responsabilités, de sanctionner fermement le régime autoritaire turc et de retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.

Voilà 19 ans que le mouvement du PKK est sur cette liste noire. 

L’étiquette « PKK – Terroriste » est un crachat à la figure du peuple kurde. 

La légalisation du PKK nous la lui devons, tout comme le droit de vivre en paix !

 

Signé par :

Centre Démocratique Kurde Marseille (CDKM) – Ligue des Droits de l’Homme (LDH) Marseille – Marche Mondiale des Femmes (MMF) 13 Paca – Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) 13 – Mouvement de la Paix 13 – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) 13 – Parti Communiste Français (PCF) 13 – Parti de Gauche 13 – Solidarité & Liberté Provence – Union Départementale CGT.