La journaliste française, Frédérique Le Brun s’est rendue au Kurdistan irakien pour la première fois en mais 1992, une région portant encore les stigmates de la guerre que le boucher irakien Saddam Hussein avait déclarée au Kurdes, y compris le génocide d’Anfal de 1988.
30 ans après, Frédérique Le Brun a publié ce texte et plusieurs photos prises lors de ce voyage au Kurdistan du Sud qui était devenu autonome mais encore en ruine.
En mars 1991, quelques jours après la fin de l’opération Tempête du désert qui a bouté l’armée irakienne hors du Koweit, un soulèvement éclate dans plusieurs villes à majorité chiite du sud de l’Irak puis au Kurdistan.
Alors que les insurgés s’attendent à être soutenus par les Alliés – George Bush ayant assuré de son soutien le peuple irakien si celui-ci se soulevait contre le régime –, ce sont les tanks de l’armée irakienne qui arrivent et répriment le soulèvement. La violence de la répression entraîne l’exode de centaines de milliers de Kurdes par-delà les frontières turque et iranienne. L’ampleur de la crise humanitaire pousse l’ONU à voter une résolution instaurant une zone d’exclusion aérienne au-dessus du Kurdistan. De nombreux réfugiés rentrent dans un Kurdistan devenu de fait « autonome » et se réinstallent dans leurs villages.
Ceux-ci ont subi plusieurs vagues de destruction sous le régime baasiste – la plus meurtrière est l’opération Anfal en 1988 –, et lorsque je me rends au Kurdistan d’Irak, en mai 1992, les montagnes ressemblent encore à un champ de ruines. Les villageois campent au milieu des vestiges de leurs anciens villages.
Ce 5 mars est le trentième anniversaire du soulèvement dans les villes d’Erbil et de Souleimani. Kirkouk se joindra à l’insurrection dès le lendemain.
Texte et photos de Frédérique Le Brun