AccueilFemmes"La lutte des femmes au Rojava est une réalité quotidienne"

« La lutte des femmes au Rojava est une réalité quotidienne »

Les réalisations féminines concrétisées par les femmes kurdes, arabes, turkmènes, arméniennes…  au Rojava ne cessent de donner de l’espoir aux femmes dans les quatre coins du monde.

L’agence ANHA a interviewé l’eurodéputée suédoise à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes et de ce qu’elle pensait de la révolution féministe du Rojava. Malin Anna Björk a déclaré que le 8 mars est un jour dans l’année, mais que la lutte des femmes est une réalité quotidienne et que de nombreuses réalisations féministes se sont matérialisées au Rojava.

Concernant le 8 mars, que dire de ce jour?

MAB : Je pense que le 8 mars, pour nous tous et toutes, est le moment de célébrer les réalisations pour les droits des femmes, la lutte féministe, toutes les femmes qui se sont battues avant nous et toutes les luttes qui se poursuivent encore pou un accès égal à l’économie et pour une vie libérée de la violence. Je pense que la lutte des femmes kurdes est une inspiration à bien des égards pour beaucoup d’entre nous bien au-delà du Rojava.

Comment la révolution du Rojava façonne le 8 mars ? 

MAB : Le 8 mars est un jour de l’année, mais la lutte féministe continue tous les jours de l’année, et dans ce sens, beaucoup d’entre nous ont pu suivre et obtenir des informations sur ce qui se passe au Rojava et sur la structure des pouvoirs patriarcaux qui a été démantelée. Et comment la démocratie locale a été installée avec des coprésidents, avec une autodéfense de manière féministe pour l’auto-gouvernance, l’auto-décision qui sont des visions extrêmement importantes non seulement pour les femmes mais pour l’ensemble de la société.  Je pense que le Rojava nous a montré que la vision féministe peut inspirer toute la société visant à jeter les bases d’une société plus démocratique, plus égalitaire et plus juste et que la lutte féministe est au cœur de cela.

Comment la révolution du Rojava a façonné le monde dans son ensemble?

MAB : Je pense que la façon dont la vision féministe a pu façonner la gouvernance locale et la question d’autodéfense sont des noyaux qui peuvent inspirer la lutte féministe à travers le monde, en particulier à un moment où nous sommes confrontés à des régimes très autoritaires dans certaines parties du monde. Nous nous sommes débarrassées de Trump mais nous avons toujours Bolsonaro,  nous avons Orban en Hongrie, et en tant que féministes nous savons que nous avons certaines des réponses sont en train d’être mises en place au Rojava : des assemblées locales, des coprésident.e.s,et ces modes d’organisation peuvent être source d’intérêt partout dans le monde.

Comme la révolution du Rojava a été calquée sur les idées du chef Ocalan qui est toujours détenu à la prison de l’île d’Imrali, que pouvez-vous dire à ce sujet?

MAB : Nous sommes très préoccupés par le fait que le processus de paix a été complètement sapé par le régime turc qui attaque non seulement le Rojava et très récemment les membres du HDP en Turquie. Cela fait partie d’un problème plus vaste de l’oppression contre le peuple kurde et contre tous les opposants politiques.  L’isolement  d’Ocalan et la fin du processus de paix et des pourparlers de paix sont un grand malheur. C’etait nécessaire pour pouvoir avancer et au lieu de cela, le régime turc a choisi une position  totalement différente avec une répression accrue sur tout opposant politique. Nous le dénonçons au niveau de l’UE et nous dénonçons également le soutien de l’UE au régime Erdogan qui rend la situation extrêmement difficile et nous critiquons la persécution des membres du HDP, des militants kurdes, des journalistes et de la société civile.

Que pouvions-nous faire en ce qui concerne les crimes commis par la Turquie et les mercenaires contre les femmes dans les territoires occupés?

MAB : l’Europe a une grande responsabilité parce qu’elle a choisi de collaborer et même de payer la Turquie pour empêcher les migrants et les réfugiés de quitter la Turquie pour l’UE. Je pense aussi que le silence de l’UE quand Erdogan a attaqué le nord de la Syrie et le Rojava est impardonnable.  Nous aimerions voir l’arrêt des transferts d’argent vers le régime.  La Turquie est  un pays membre de l’OTAN et c’est un problème. Mon pays, la Suède n’est pas membre de l’OTAN. Et c’est un problème de voir  que les pays de l’OTAN détournent leur regard lorsque la Turquie attaque la communauté kurde du nord de la Syrie en utilisant son armée pour faire la guerre.

N’est il pas urgent qu’un comité d’établissement des faits soit envoyé à Afrin, Sere Kaniye et Gire Spi pour mettre fin à la barbarie à l’égard des femmes?

MAB : Très peu de rapports sont publiés sur ce qui se passe réellement. Une  mission d’enquête serait très utile, même si l’on inclut  différents pays. Le fait que les armées autoritaires d’occupation et les forces armées attaquent les droits et le corps des femmes sont un élément de chaque conflit armé contre lequel nous devons nous battre pour le stopper. 

Qu’attend la révolution du Rojava du monde entier ?

MAB : Tout le monde, les féministes certainement, mais aussi les personnes au-delà des luttes féministes, doivent reconnaître que nous devons défendre la paix et la démocratie et que si nous sommes sérieux, nous devons soutenir les femmes du Rojava dans leur revendication de droits, d’autonomie et de gouvernance locale et  pour la démocratisation de la société, nous, en tant que communauté mondiale, sommes avec et par les femmes du Rojava.

De quoi le Rojava a-t-il besoin pour se répandre dans le monde?

MAB : Pour pouvoir diffuser les pratiques féministes et démocratiques mises en place au Rojava, nous devons pouvoir nous rencontrer. J’attends avec impatience la rencontre entre les différents mouvements féministes pour qu’ils entendent ce qu’est la lutte féministe dans le nord de la Syrie,  qu’ils puissent voir les nombreux modèles qui sont en train d’être inventés, que nous apprenions ce qui se passe au Rojava pour assurer qu’ils s’étendent à travers le monde et vous en êtes devez le principal acteur, j’attends cela avec impatience.

Dernier appel pour le 8 mars, au Rojava ? 

MAB : Pour les célébrations de la Journée internationale des femmes au Rojava, je vous souhaite de célébrer toutes les victoires que vous avez déjà remportées, tous les changements et la démocratisation de vos sociétés. Je vous souhaite de rassembler vos forces et d’élargir notre lutte féministe afin que nous puissions nous tendre la main et travailler ensemble pour un agenda féministe plus fort non seulement dans votre région mais aussi en Europe et au-delà.

ANHA