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De Shengal à Afrin, la Turquie persécute les femmes yézidies

SYRIE / ROJAVA – Kidnappées, torturées, vendues comme esclaves sexuelles, mariées à des mercenaires, converties à l’Islam, la barbarie subie par les femmes yézidies du canton kurde d’Afrin n’est pas différente de celle commise par l’Etat islamique à Shengal en 2014. Les femmes yézidies d’Afrin sont persécutées par la Turquie et ses mercenaires islamistes responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Depuis plusieurs siècles, les Yézidis ont été persécutés par l’État turc. Victimes de nombreux massacres à l’époque ottomane, ils ont survécu aux campagne de génocide grâce à leurs structures de résistance. Essayant d’achever ce que les Ottomans n’ont pas pu faire, l’État turc continue d’exterminer les Yézidis au XXIème siècle. L’État turc, qui a occupé Afrin grâce à la complicité de la communauté internationale, vise également les Yézidis vivant ici.

Afrin, qui compte 23 villages yézidis, est également la ville qui accueille le plus grand nombre de Yézidis après Shengal. Il est possible de rencontrer des personnes appartenant à la confession yézidie dans de nombreux quartiers d’Afrin. Les persécutions visant les Yézidis d’Afrin sont similaires à la barbarie que l’Etat islamique a commise à Shengal en 2014. L’État turc, cherchant à détruire tout ce qui appartenait à la croyance yézidie, a détruit 19 temples yézidis à Afrin. L’un des objectifs du changement démographique opéré par la Turquie à Afrin vise les Yézidis.

Ce sont les femmes yézidies qui souffrent le plus des crimes brutaux commis par l’Etat turc et ses mercenaires islamistes. Depuis l’occupation d’Afrin en mars 2018, les crimes contre les femmes yézidies ne font que s’amplifier. Alors que les gangs ont enlevé des centaines de femmes yézidies et en ont libéré certaines en échange d’une rançon, le sort de la plupart d’entre elles est encore inconnu. Une femme yézidie nommée Xaliya Seid qui a été enlevée du village de Ceqlê a été libérée contre 7 000 euros. Aucune nouvelle n’a été reçue d’une autre femme yézidie nommée Xezalê, qui a été enlevée dans le village de Basofa après avoir subi de graves tortures. Edulê Sefer, kidnappée dans le village de Qestel Cindo, a été libérée en échange d’une rançon de 6 mille dollars après être resté en captivité des gangs pendant 6 mois. Une femme nommée Fatima Nesro a été enlevée du village de Qibar. Fatima a également été libérée pour 1 000 dollars.

L’armée turque menace les femmes yézidies, forçant les Yézidis à fuir Afrin

Eyşê Seydo, membre de la Coordination des femmes yézidies, a déclaré que le sort de centaines de femmes yézidies kidnappées est inconnu et que l’État turc a forcé de nombreuses femmes yézidies à se marier [avec des mercenaires islamistes de la Turquie]. Rappelant que cet act barbare était également pratiqué par l’État islamique à Shengal en 2014, Eyşê a déclaré que l’armée turque voulait éloigner les Yézidis de leurs croyances, les forcer à se convertir à l’islam ou à quitter la région.

Gulê Cafer, l’une des responsables de la coordination des organisations de la société civile de la région d’Afrin, a parlé des pratiques à l’égard des femmes yézidies et a rappelé que des dizaines de femmes yézidies sont toujours aux mains de l’État turc et de ses gangs.

Selon les données partagées par l’Union yézidie à Afrin, des dizaines de Yézidis ont été massacrés dans la ville occupée par la Turquie. L’Union yézidie, qui communique les noms et les informations d’identité des victimes, partage avec les institutions internationales des droits de l’homme toutes les données et documents qu’elle obtient. Malgré tout cela, la communauté internationale, maintenant son silence, encourage l’État turc à commettre davantage de crimes.

Les gangs, qui ne reconnaissent aucune loi lorsqu’ils s’en prennent aux Yézidis, les dépossèdent également de droits de propriété. Récemment, les gangs ont fait une descente dans une maison du village de Feqira et ont annoncé qu’ils avaient confisqué tous les biens de Xano Iso (65 ans) qu’ils ont enchaîné.

L’État turc, avec ses pratiques dignes de l’Etat Islamique, tente également de relancer Daech. Les institutions yézidies d’Afrin considèrent cela comme un effort pour faire revivre l’époque ottomane. Il y a quelques mois, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, dans une déclaration qu’il a faite à propos de Shengal, a déclaré: « Nous pourrons venir soudainement une nuit », signalant qu’ils continueraient les massacres visant la communauté yézidie.

ANF