Couverture du livre-photo
L’exposition parisienne de Maryam Ashrafi de 2016 avait pour titre « S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles » / « Rising Among Ruins, Dancing Amid Bullets ». Ashrafi a choisi d’utiliser le même titre pour son livre-photo multilingues à paraitre en septembre 2021, si sa campagne de financement participative recueille l’argent nécessaire à la publication du livre qui sera édité par la maison d’édition Hemeria, spécialiste des livres de photo.
C’est en mettant au jour ce contexte que les émotions et les sentiments peuvent naître, dans ces gestes simples, ces poses, ces danses joyeuses, ces moments d’intimité. Mon intention est toujours de me faire oublier, pour que seule la vérité de la lutte et de la résilience de ces gens puisse demeurer.
Pour compléter le corpus photographique, j’ai demandé au journaliste Allan Kaval, à Kamran Matin, professeur associé au sein du département des relations internationales à l’Université du Sussex, à Carol Mann, sociologue spécialiste des questions de genre au sein des conflits armés, chercheuse associée à l’université Paris 8 et directrice de l’association Women in War, ainsi qu’à Mylène Sauloy, qui documente la guerre au Kurdistan et au Rojava depuis 1998 via la publication d’articles et la réalisation de films documentaires, d’expositions et bientôt d’un roman graphique, qu’ils apportent leur contribution écrite et leur très grande connaissance des sujets abordés dans mon ouvrage.
Maryam Ashrafi est une photographe documentaire qui croit aux projets à long terme. Son travail met un visage sur une guerre — la Syrie — et sur un enjeu géopolitique stratégique pour la région — le Kurdistan — qui ont été largement commentés mais qui restent très lointains pour un Occident qui les a avant tout perçus par le prisme de la question des réfugiés.
Maryam témoigne de la guerre à sa manière, en insistant sur ses complexités et sur la construction efficace, au sein notamment des forces armées kurdes, d’un nouveau modèle social basé sur l’égalité entre les sexes puisque les femmes y occupent les mêmes rôles que les hommes, à contrario de ce qu’il se passe dans d’autres parties du monde ou d’autres sphères sociales.
Ceci explique pourquoi, au fil des ans, sa démarche l’a conduite à retourner aux mêmes endroits, afin de montrer le pouvoir unique de la résilience d’un peuple meurtri et de sa volonté de vivre, toujours en quête d’espoir et d’un changement. Elle est ainsi convaincue que documenter les conflits et les conséquences de la guerre est vital pour mettre à disposition du monde des preuves et des témoignages qui seront demain nécessaires pour construire la paix sur la base d’une réalité avérée et factuelle.
Entre histoire, témoignage, mémoire et engagement, son œuvre emprunte au journalisme sa rigueur et son souci de vérité et révèle en filigrane l’engagement social profond qui est le sien. C’est avant tout une œuvre sensible, forte, qui remplace tout discours didactique et qui fait hommage à tous les combattants, quels qu’ils soient, quand ils défendent une idée et une culture et sont prêts à tout abandonner, sauf la fraternité, pour leur lutte. Oui, il y a une certaine beauté dans ces déchirures, dans cette temporalité de l’attente ou de l’abnégation, dans cette guerre menée pour le rêve d’une liberté qu’on leur refuse. Maryam Ashrafi a choisi de ne pas photographier le spectaculaire mais le banal, et nous entraîne dans ses pas à partager le quotidien des soldats ou des anonymes qui continuent de vivre, malgré le naufrage, dans les ruines, avec la volonté de rester profondément ancrés dans la vie.
Comme le souligne le photographe James Nachtwey à propos de l’approche muséale pour le photojournalisme de guerre, le livre est, lui aussi, un « espace de réflexion sur l’universalité des drames que traverse l’humanité dans sa globalité ». Maryam Ashrafi se positionne dans la tradition des photographes humanistes et, avec ce travail de témoignage, elle redit avec force : « On ne pourra plus dire que l’on ne savait pas. »
« La lutte du peuple kurde et son combat pour la liberté et les droits fondamentaux n’ont toujours pas pris fin. Ce livre ne peut donc pas raconter une histoire dont l’issue, heureuse, serait déjà écrite. Pour autant, je ne vais pas m’arrêter de capturer et de saisir ce qu’il va advenir de leur abnégation à résister sans reculer devant l’adversité. Surtout, je crois qu’en tant que témoin, je dois à l’histoire et à tous ceux que j’ai rencontrés de partager certaines des images présentes dans ce livre pour montrer ce chemin vers la liberté et l’égalité ». — Maryam Ashrafi
Pourquoi Hemeria ?
La plateforme de financement participatif Hemeria est dédiée aux projets photographiques et permet aux photographes de s’auto-éditer en finançant les coûts de production des livres qu’elle produit pour eux. Hemeria garantit l’excellence dans la reproduction des images tout en privilégiant une juste rémunération du travail des photographes qui bénéficient également d’une visibilité en librairie en France et à l’international. Hemeria me soutient également en faisant la promotion de mon travail et m’aide à le faire exposer dans des festivals photo visant à toucher un public plus large. Dans une démarche environnementale, Hemeria a pris la décision de n’utiliser pour sa production que des matériaux nobles et notamment du papier issu de forêts gérées durablement et produit en conformité avec les normes FSC et PEFC, afin de limiter l’empreinte de son activité sur l’environnement. Hemeria participe également au programme reforestACTION : pour chaque livre acheté, un arbre est planté.