IRAN / ROJHILAT – Depuis début janvier 2021, des dizaines de civils et d’activistes kurdes ont été arrêtés par le régime sanguinaire iranien dans le Kurdistan de l’Est (Rojhilat), annonçant une nouvelle vague de répression qui attend les Kurdes d’Iran en 2021. Parmi les Kurdes arrêtés se trouvent plusieurs femmes, dont Asrin Mohammadi, Darya Talabani et Azima Naseri.
Les trois femmes arrêtées début janvier se trouvaient au centre de détention des renseignements du Corps des gardiens de la révolution iranien (CGRI) à Urmia. Asrin Mohammadi, Darya Talabani et Azima Naseri, qui figuraient parmi les civils kurdes détenus lors d’arrestations massives à Buchan, Mahabad et Téhéran plus tôt en janvier, ont été transférées au centre de détention d’al-Mahdi, a rapporté lundi le Kurdistan Human Rights Network (KHRN) basé à Paris.
Le KHRN a déclaré ne pas savoir pourquoi elles avaient été arrêtées ou si des accusations avaient été portées contre elles.
«Les forces de sécurité de la République islamique d’Iran ont détenu au moins 24 civils kurdes et militants politiques à travers le pays depuis le 9 janvier», ont déclaré des sources informées au KHRN le 15 janvier. Le 11 janvier, le réseau a rapporté au moins 11 étudiants kurdes et des militants arrêtés à travers l’Iran en l’espace de trois jours seulement.
L’Organisation Hengaw pour les droits de l’homme a rapporté le 11 janvier qu’au moins 14 étudiants kurdes avaient été arrêtés depuis le 7 janvier. Leurs familles ne savaient pas encore où se trouvaient de nombreuses personnes arrêtées, mais les membres de la famille de certains détenus l’ont dit à Hengaw qu’ils ont reçu un appel d’une minute de leurs proches pour les informer de leur arrestation. Ils auraient été forcés de parler en persan.
Le CGRI est connu pour la torture et les traitements sévères dans ses quartiers pénitentiaires, détenant généralement des prisonniers politiques.
Au moins 2000 personnes ont été arrêtées en Iran en 2019 pour avoir rejoint les forces armées kurdes ou pour un activisme jugé suspect, selon les données fournies à Rudaw par le fondateur de KHRN, Rebin Rahmani. Au moins 400 personnes ont été arrêtées en 2020, a déclaré Rahmani.
En janvier, au moins 34 personnes ont été arrêtées, dont deux ont ensuite été libérées, a déclaré lundi le directeur de Hengaw, Arsalan Yarahmedi, à Rudaw English. Depuis l’intensification des tensions américano-iraniennes et la réimposition des sanctions américaines contre l’Iran en 2018, les autorités iraniennes ont intensifié la repression visant les militants syndicaux, les journalistes, les satiristes, les écologistes, les militants contre la peine de mort et les chercheurs, les détenant en masse et en condamnant certains dans des procès dont l’équité a été mise en doute.
Des dizaines de milliers de personnes sont détenues comme prisonnières politiques dans les prisons iraniennes, pour avoir défendu la démocratie et la promotion des droits des femmes ou des travailleurs.
Les minorités ethniques, dont les Kurdes et les Azéris, sont détenus de manière disproportionnée et plus sévèrement condamnés pour des actes de dissidence politique, selon un rapport de juillet 2019 du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran.
La République islamique d’Iran de Hassan Rohani, tout comme sa voisine la Turquie de l’AKP d’Erdogan, ont toutes les deux une profonde désaffection et un vulgaire mépris pour l’opposition politique, immédiatement traduite en prisonniers politiques, emprisonnements, exécutions arbitraires s’y multiplient et en témoignent.