TURQUIE / BAKUR – En Turquie, même les cadavres kurdes ne peuvent reposer en paix. Régulièrement, des tombes des militants, activistes ou combattants kurdes sont détruits, des cadavres ou ossements volés par les forces armées turques, dans une folie digne d’Antigone de la mythologie grecque.
Les restes d’Abdulhamit Keskin, tué à l’âge de 19 ans en 1995, ont été transférés dans un autre cimetière sur ordre du commandement de la gendarmerie de Nusaybin, un district de Mardin.
Dans une lettre envoyée à la municipalité métropolitaine de Mardin, le commandant de la gendarmerie de Nusaybin, Fatih Doğan, a ordonné le transfert de la tombe d’Abdulhamit Keskin qui se trouvait à Balaban (Birguriye).
A la suite de cet ordre, les restes de Keskin ont été déterrés pour être transférés au cimetière Mohris, à Nusaybin. Les soldats turcs ont interdit que la famille de Keskin organise une cérémonie d’enterrement publique.
Dans le rapport concernant le transfert des restes de Keskin, il est indiqué que le processus a été lancé à la suite de la plainte d’une personne qui aurait déclaré que la tombe était devenue une « mausolée ». Le même rapport accuse Keskin d’avoir été membre d’ « une organisation » (PKK).
Le frère de Keskin, Abdullah Keskin, qui a partagé le processus de déplacement de la tombe sur son compte de médias sociaux, a déclaré: « Mon frère a été tué au printemps 1995 alors qu’il avait 19 ans. (…) Après 25 ans, sa tombe a été déplacée par l’ordre de l’État. (…) Les morts doivent être laissés en paix. »