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TURQUIE. 3 prisonniers kurdes malades présentent les symptômes du Covid-19

TURQUIE – ISTANBUL – Dans la prison de Metris, près d’Istanbul, trois prisonniers politiques kurdes, dont un combattant devenu paralysé au Rojava lors de combats contre DAECH, présentent des symptômes partiellement graves d’infection dû au COVID19.
 
Les détenus ayant contractés le coronavirus sont :
. Ergin Aktaş (32 ans) a perdu ses deux mains en 2011 lorsqu’une bombe a explosé lors d’une manifestation dans la province kurde de Ağrı ;
. Serdal Yıldırım (27 ans) est paraplégique depuis dix ans en raison d’un accident survenu à Kızıltepe ;
. Abdullah Turan (33 ans) est paralysé après avoir été blessé au Rojava lors de combats contre DAECH.
 
Les trois prisonniers ont déjà été certifiés à plusieurs reprises par la médecine légale comme étant inaptes à l’emprisonnement. Néanmoins, ils ne sont pas libérés. 
 
Le frère de Serdal Yıldırım, Sedat Yıldırım, a déclaré que les prisonniers se plaignent d’une forte toux avec des crachats partiellement sanglants et une forte fièvre. Leur état s’aggrave de plus en plus, mais un traitement à l’hôpital est hors de question pour eux.
 
« Après un séjour à l’hôpital, ils devraient être mis en quarantaine dans une cellule d’isolement pendant au moins deux semaines. Aucun des trois n’est capable de prendre soin de lui-même. Ils doivent être libérés de prison pour ne pas mourir. »
 
Yıldırım a également exprimé sa préoccupation pour tous les autres prisonniers. La semaine dernière encore, plusieurs avocats se sont vu refuser l’entrée dans la prison en raison de la menace de pandémie. Il craint que les prisonniers infectés ne meurent tous si aucune mesure n’est prise immédiatement.
 
Situation dramatique dans les prisons turques
 
Avec la pandémie du coronavirus, la situation dans les prisons turques s’est dramatiquement détériorée. Les mesures préventives sont insuffisantes et les règles de distance ne peuvent être respectées.
 
En juillet, «l’Association de la société civile dans le système carcéral» (Ceza İnfaz Sisteminde Sivil Toplum Derneği, CİSST) a attiré l’attention sur le fait que les prisonniers ne reçoivent pas de produits d’hygiène et n’ont pas accès à des soins de santé adéquats.
 
Le rapport établi par l’association à partir des plaintes reçues de 96 prisons entre le 29 juin et le 10 juillet montre également que le traitement médical des prisonniers malades a été arrêté.
 
Le rapport critique également le manque d’approvisionnement en air adéquat et la restriction arbitraire du temps de cour dans certaines prisons. Dans les prisons ouvertes en particulier, des plaintes ont été déposées concernant les conditions d’hygiène dans les salles à manger, qui doivent être utilisées par un trop grand nombre de prisonniers en même temps.
 
L’accès au savon et aux désinfectants est traité différemment dans les prisons. Dans certaines prisons, les produits d’hygiène sont distribués gratuitement, dans d’autres, il est difficile de se les procurer, même contre paiement. Les masques faciaux ne sont pas non plus disponibles partout.
 
L’approvisionnement en eau, un problème majeur
 
Un problème majeur est le manque d’approvisionnement en eau;  souvent interrompue, l’eau chaude n’est disponible qu’en quantité limitée. Il y a également de nombreuses plaintes concernant la qualité et la quantité de la nourriture. Dans certaines prisons, il n’y a pas de médecins, ou les prisonniers ne sont pas amenés à l’infirmerie.
 
Au lieu de cela, ils sont interrogés à la porte de leur cellule par les agents pénitentiaires sur leurs plaintes et reçoivent ensuite des médicaments, dont certains sont déjà périmés. Dans certains établissements pénitentiaires, les traitements médicaux externes ont été complètement cessés.
 
Le manque de soins de santé est particulièrement dramatique pour les prisonniers souffrant de maladies chroniques. Le rapport de l’association souligne que plusieurs prisonniers sont dans un état critique. Chaque fois qu’ils quittent la prison, les prisonniers doivent rester en quarantaine pendant quinze jours à leur retour. Mais beaucoup d’entre eux sont dans un tel état qu’ils ne sont plus en mesure de s’occuper d’eux-mêmes seuls en isolement.