Depuis plusieurs années, la Turquie mène une politique colonialiste en Syrie, notamment contre les Kurdes du Rojava. Mais, progressivement, elle a élargie cette guerre expansionniste au Kurdistan d’Irak, à la Méditerranée, avec l’envoi des mercenaires syriens en Libye et des déclarations hostiles vis-à-vis des voisins grecs. Le Chercheur égyptien et spécialiste des affaires turques, Mohamed Rabie Dehi fait le point en ce qui concerne la présence turque en Libye et dans la région. Il déclare que la Turquie profite de l’OTAN pour atteindre ses propres objectifs dans la région, en particulier en Libye, ajoutant qu’on fait face à l’expansion turque et aux divisions qu’elle entreprend dans la région.
« La situation en Libye est la plus dangereuse car avec l’exacerbation de cette situation, nous ne serons pas face à une nouvelle Syrie, mais plutôt face à une nouvelle Somalie, au cours de laquelle toute solution pacifique ou négociée sera difficile », a déclaré Rabie Dehi.
Le rôle de la Turquie pourrait provoquer une troisième guerre mondiale
Dehi estime que « le rôle de la Turquie pourrait placer le monde devant l’option d’une troisième guerre mondiale, compte tenu d’une division au sein de l’Union européenne sur la nécessité d’imposer des sanctions sévères, et d’autres considèrent que les sanctions sont économiques, en plus de la division au sein de l’OTAN (l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), qui menace la poursuite de l’OTAN à la lumière de l’exploitation par la Turquie de l’OTAN pour réaliser ses ambitions dans la région, ce qui a fait que l’OTAN se retrouve dans une position d’impuissance et de spectateur sur les politiques d’Ankara sans arrêter ces aspirations et compétences turques, de sorte que la situation en Libye devient plus dangereuse par la poursuite du soutien turc ».
La Turquie n’est pas acceptée dans la rue arabe
Le chercheur égyptien a expliqué : « Il semble qu’Ankara soit devenue un partenaire dans un nouveau plan de division de la région arabe, et cherche à resserrer le contrôle sur l’Afrique du Nord et de nombreux pays arabes pour mettre en œuvre ce plan, mais la réalité arabe prouve la prise de conscience du citoyen arabe de cette menace. La région et les peuples arabes rejettent désormais largement les Frères Musulmans, bras exécutant des cibles turques dans la région arabe, même s’ils souhaitent aller bien au-delà de la Libye. Elle ne sera pas acceptée par la rue arabe.
Sur l’importance de la Libye pour Ankara et l’insistance à lui imposer l’hégémonie turque, Dehi dit que : « la Libye est considérée comme le point focal de la stratégie turque après l’échec de la Turquie à contrôler l’Egypte, ainsi que l’échec de son ambition en Syrie. Par conséquent, la Turquie considère la Libye comme un point focal important dans ses stratégies d’existence en Afrique du Nord et de pénétration dans la profondeur africaine, ainsi que de son exploitation pour perturber les grands pays régionaux tels que l’Égypte qui a détruit le projet turc ».
Il a souligné que la Turquie, par sa présence en Libye, « peut saisir les richesses pétrolières de la Méditerranée orientale, soutenir les Frères musulmans, et les utiliser comme une carte de pression ou une provocation contre l’Union européenne en menaçant la sécurité de l’UE ou en envoyant des terroristes à travers la Méditerranée ».
Un retrait attendu du rôle de la Turquie en Libye
Commentant les positions des pays européens et arabes sur l’intervention turque en Libye, M. Dehi déclare : « Je pense que l’intervention turque sur la scène libyenne connaîtra un déclin significatif au cours de la période à venir, compte tenu du refus des puissances internationales de jouer ce rôle, ainsi que la position égyptienne qui indiquait la possibilité d’utiliser la force militaire en cas de poursuite du rôle déstabilisateur de la Turquie dans la région, en plus de cela la position européenne a commencé à se durcir et marque un effort pour imposer des sanctions à la Turquie de manière large et sérieuse, craignant que la Turquie ne provoque une troisième guerre mondiale. »
Le chercheur a enfin appelé à la nécessité d’unir les efforts aux niveaux arabe et européen pour faire face au rôle de la Turquie dans la région sans accorder d’importance aux pays dont les régimes doivent allégeance au régime turc.