Ce n’est pas la première campagne de désinformation sur Twitter qui a ciblé les citoyens et a poussé le contenu à soutenir le parti au pouvoir. En réponse au vaste soulèvement antigouvernemental de l’été 2013 (mouvement Gezi), l’AKP avait recruté 6 000 personnes pour former l’opinion publique et contrer les critiques du gouvernement sur les réseaux sociaux. Le groupe, appelé AK-trolls, a systématiquement harcelé des journalistes, des politiciens et des critiques du gouvernement, et a compromis les comptes rendus des médias. En octobre 2019, le DFRLab a identifié un réseau de trolls qui visait à mobiliser le soutien interne pour la guerre du gouvernement turc contre les unités de protection du peuple kurde (YPG) au Rojava, dans le nord de la Syrie. (…)
Louis Fishman, professeur au Brooklyn College, a écrit sur Twitter que cette décision est embarrassante pour le gouvernement turc.
« J’ai remarqué un mouvement ascendant des « Ak Trolls » et ce n’est pas comme si nous ne le savions pas, mais c’est vraiment pathétique. Et de penser à la possibilité que beaucoup d’entre eux touchent un salaire. Vraiment, il n’y a pas de meilleur moyen d’aider votre pays ? »
Twitter a partagé les données avec les chercheurs de l’observatoire Internet de Stanford, basé aux Etats-Unis. Dans un rapport, le groupe a déclaré que les tweets critiquaient le Parti démocratique du peuple kurde (HDP) de Turquie « et l’accusait de terrorisme et de stratagèmes sur les réseaux sociaux ».
En outre, les tweets ont permis d’accroître le soutien interne à l’intervention turque en Syrie. Il y a également eu des tweets en anglais qui ont tenté d’accroître la légitimité de l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie en octobre 2019.
Le rapport Stanford a également suggéré que les comptes-rendus pro-gouvernementaux turcs ont tenté de légitimer l’offensive turque d’octobre en « termes positifs : comme une lutte contre les terroristes, comme une position aux côtés des Kurdes, et comme un contraste avec les tactiques supposées des YPG (unités de protection du peuple) de cibler les civils ». (Kurdistan24)