TURQUIE / BAKÛR – Même morts, les combattants et les politiciens kurdes n’échappent pas à la violence des forces armées turques. Leurs cadavres sont mutilés, torturés, brûlés et leurs ossements déterrés, leurs tombes détruites, profanés par des actes s’inscrivant dans une « tradition nécrologique » centenaire en Turquie.
En mai dernier, on découvrait avec effroi que 267 corps de combattants kurdes avaient été enfouis secrètement sous un trottoir d’Istanbul, à Kilyos, alors que de plus en plus de cimetières des combattants kurdes ont été détruits par l’armée turque à Van, Amed, Hakkari, Muş et Şırnak ces dernières semaines.
Après avoir attaqué un cimetière à Yolçatı (Sîsê) à Lice, les soldats turcs ont détruit d’autres tombes de politiciens et de combattants kurdes à Çavundur (Licok), toujours dans la province d’Amed (Diyarbakir).
La tombe d’Izzet Tugal, assassiné par le JITEM en 1995-1996, a été détruite ainsi que celle de Bahattin Turfan, décédé lors d’une attaque des forces turques contre les funérailles du politicien Vedat Aydın le 10 juillet 1991, ainsi que les tombes des combattants du PKK Aydın Bedran et Inayet Tanriverdi, tombés martyrs lors d’affrontements à Lice et Muş dans les années 90. En outre, les tombes d’Hiyali Zengin et de son fils Mustafa Zengin, qui ont été assassinés par des gardes de village en 1993, ont également été détruits.
Des témoins oculaires ont déclaré que les soldats qui ont participé à l’opération militaire lancée dans la région le 4 juin sont responsables de la destruction des tombes. Il a été signalé que des soldats turcs avaient donné des coups de pied aux pierres tombales. (ANF)