PARIS – Depuis le meurtre raciste de George Floyd par un policier américain le 25 mai 2020 à Minneapolis, aux États-Unis, [et celui du jeune Kurde Baris Cakan par trois fascistes turcs à Ankara] on assiste aux protestations dans de nombreux pays du monde appelant à mettre fin au racisme étatique dont les violences policières à caractères racistes n’en sont que les conséquences et non pas la cause.
En France, une des affaires emblématiques pointant du doigt le racisme institutionnalisé est le décès d’Adama Traoré, 24 ans, le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), après son interpellation à Beaumont-sur-Oise. Depuis, sa mort a pris une ampleur médiatique suite à de nombreuses plaintes déposées concernant un possible homicide involontaire, de supposées entraves à l’enquête et non-assistance à personne en danger. La soeur d’Adama, Assa Traoré a même créé le « Comité vérité et justice pour Adama » afin d’obtenir justice pour son frère. (On se souvient également de la mort à Clichy-sous-Bois de Zyed Benna (17 ans) et Bouna Traoré (15 ans) électrocutés le 27 octobre 2005 dans l’enceinte d’un poste électrique dans lequel ils s’étaient réfugiés pour échapper à un contrôle de police. Muhittin Altun, un jeune Kurde de 17 ans, était également avec Zyed et Bouna et il a été grièvement blessé et traumatisé à vie. La justice française a acquitté les 2 policiers que les proches de Zyed et Bouna accusaient de « non-assistance à personne en danger » et « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ».)
Aujourd’hui, alors que nous dénonçons le racisme étatique turc dont son victimes des millions de Kurdes de Turquie, nous sommes tombées sur le témoignage d’une Franco-Kurde qui a perdu son frère avec 2 autres jeunes dans un accident de voiture, qu’elle qualifie de « douteux », à Cherisy-les Osmaux (28), en 1996. Elle dénonce le racisme institutionnel dont sa famille d’origine étrangère aurait été victime et dit que 24 ans après la mort de son frère et un procès non abouti, sa blessure s’est ré-ouverte quand elle a vu les manifestations anti-racistes qui secouent le monde ces temps-ci et surtout quand elle a vu la soeur d’Adama Traoré se battre pour obtenir justice pour son frère. Alors, en tant que Kurdes pleurant tous les jours la persécution du peuple kurde dans tout le Kurdistan, nous avons voulu partager avec vous son témoignage qui est un cri de rage et un appel à l’aide pour obtenir « justice » dans la mort de son frère et la tentative de criminalisation de son frère mort.
Voici le témoignage de K. S.:
« Aujourd’hui, je me suis réveillée avec une atroce douleur au coeur, c’est parce qu’hier je me suis couchée avec les images de Georges Floyd et les mots de la soeur d’Adama Traoré et ce n’est pas un HASARD…mais j’avais fait semblant de l’oublier…
Et je me souviens de la mort de mon frère Özgür ŞENGÜL, un dimanche du 3 novembre 1996. C’était un dimanche…(On est dimanche et c’est la fête des mères) et moi j’étais à la maternité pour donner VIE à mon fils aîné. ..Mon frère est mort dans un « accident » de voiture douteux au Petit Cherisy-les Osmaux (28) avec 2 de ses copains chéris tandis que le 3ême à survécu. .. Nous venions de perdre 3 frères et le 4e était entre la vie et la mort. Ce fût la fin du monde pour notre famille et surtout pour les parents qui avait perdu d’autres enfants dans des accidents…
Mais malheureusement parmi ces jeunes il y avait un fils de policier. Un an après, à la veille du réveillon, nous avons reçu à la maison un huissier qui nous remis une plainte contre mon frère qui soit disant était le conducteur de la voiture volée. C’était insupportable ! on savait que ce n’était pas lui. Il était le seul mineur à bord de la voiture et de plus il s’était blessé au foot à sa jambe droite… Il était chez Jean (un copain) et il m’avait demandé d’aller le chercher car il n’arrivait pas à marcher…
Nous avons pris plusieurs avocats et aucun n’a pu nous défendre et un notable de Dreux à fait semblant de nous défendre. ..Nous sommes aller jusqu’à la Haute Cour de Cassation mais l’affaire à été classée. Alors qu’il est indiqué sur le premier PC. de la police que la voiture était couchée sur le flanc droit et qu’Ozgur était aussi à droite et que le corps de son ami était au-dessus de son corps… Et il n’avait pas l’impact du volant sur la poitrine. Mais alors qui avait les traces du volant sur le corps ?
Les témoins ont été intimidés et n’avons pas pu nous défendre.
On était victime et on a voulu faire de nous des criminels…car nous étions des étrangers et un peu plus basanés…
Halte au racisme!
Halte à l’injustice!
Justice pour ÖZGÜR !
Sauvons sa mémoire! »