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Des femmes kurdes dénoncent le harcèlement sexuel sur internet

FEMMES – Dans la société traditionnelle kurde, exister en tant que femme n’est pas chose facile, qu’importe votre rang dans la société, et ceci même quand vous êtes à des milliers de kilomètres du Kurdistan. Vous devenez particulièrement « vulnérables » quand vous osez avoir une certaine liberté en dehors des codes moraux kurdes: avoir un rôle vous mettant au devant de la scène politique, artistique, journalistique ou même militante… Des « hommes » misogynes, sexistes ou des obsédés sexuels s’en prennent violemment à ces femmes ou les harcèlent avec un sentiment d’impunité. Mais les choses prennent une tournure encore plus insidieux quand ces attaques se font sur les réseaux sociaux.
 
Pour information, nous avons reçu des témoignages de jeunes femmes kurdes d’Europe qui ont été harcelées par des « hommes » kurdes. Certains de ces hommes étaient ou sont encore engagés dans des organisations kurdes. Ces femmes dénoncent l’inaction des organisations kurdes qui n’auraient pas agi de manière efficace pour que ces hommes cessent leurs agissements alors que certains de ces « hommes » sont allés jusqu’à menacer ces femmes qui les avaient éconduits.
 
Au Kurdistan du Sud, la situation des femmes victimes de harcèlement est autrement plus grave. Elles ne sont pas entendues, pire encore, elles sont tenues responsables de ce qui leur arrive ou elles sont victimes de féminicides. On les accusent d’avoir « cherché » des ennuis, car elles ont transgressé les codes moraux kurdes : rester à la maison, sous le joug de l’homme de la maison. Il peut être le père, le mari, le frère, le cousin, le fils… Par ailleurs, ces mêmes « hommes » peuvent se marier avec des filles plus jeunes d’eux de 10, 20, voire 30 ans, ou avoir des maîtresses, agresser des femmes. Il n’y aura personne pour leur demander des comptes, pour dire où est l’honneur dans tout cela. 
 
Confrontées à une augmentation du harcèlement sexuel en ligne et à l’échec du gouvernement, les femmes kurdes intentent de plus en plus des poursuites contre les auteurs, mais leur chemin vers la justice est long et parsemé d’obstacles.
 
Des décennies de guerres dévastatrices et de conflits internes, une culture dominée par les hommes, des environnements sociaux et religieux conservateurs et l’inaction du gouvernement ont laissé les femmes sans protection contre la diffamation et le harcèlement sexuel en ligne en Irak et au Kurdistan du Sud.
 
Le gouvernement kurde n’ayant pas réussi à freiner la cyberintimidation (cyberharcèlement), des femmes de professions et d’horizons différents ont décidé de tenir les coupables responsables en demandant justice.
 
Dashni Morad (également connue sous le nom de « Shakira kurde »), chanteuse kurde originaire du Kurdistan du Sud, fait partie de ces femmes montées au créneau contre ces attaques. Dashni souffre de dépression depuis des années en raison de la cyber-intimidation et du harcèlement de la part de son ancien employeur. Mais elle promet maintenant de se battre comme une «guerrière intrépide» contre la mentalité de ceux qui sont assis derrière leurs claviers pour la harceler ainsi que ses compatriotes. (info donnée ici)
 
Dans nos sociétés patriarcales, kurde ou occidentale, changer les mentalités sexistes renforcées pendant des siècles est une tâche ardue. Nous, les femmes, on est confrontées à ces attaques au quotidien, mais nous sommes décidées à en finir avec de tels agissements car on mérite de vivre libres, sans qu’on nous considère comme des objets sexuels ou des choses appartenant à des hommes et portant l’ « honneur » de la famille entre nos jambes.
 
La honte doit changer de camp. Ce n’est pas aux femmes d’avoir honte de ce quelles sont : des êtres humains ayant un organe génital féminin. Notre vie privée, publique et sexuelle ne regarde que nous. Pas les « gardiens » d’une société misogyne qui veut nous emprisonner dans nos foyers, nous encombrant de rôles de femmes et de mères. Il faut que cette société comprenne que nous existons en tant qu’être humains à part entière et que notre cerveau n’agit pas en tant que femme ou mère. Que nous avons le droit et surtout le besoin de faire partie de la société à part entière. Une société faite part les hommes et les femmes pour les deux sexes.
 
Le jour où les femmes et les hommes seront sur le même pied d’égalité, à tous les niveaux de la société, ce jour-là, on baissera les armes, en attendant, sachez qu’on militera sur tous les fronts car on a trop souffert des milliers d’années de souffrances dues aux inégalités homme/femmes.