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YPJ : Lettre des combattantes de la liberté aux mères kurdes

ROJAVA – Le bureau des combattantes internationalistes des YPJ a publié une lettre adressée aux mères kurdes qui ont lutté, en soutien à leurs enfants en grève de la faim dans les prisons turques, avec courage, malgré les attaques brutales de la police turque. (English below)
 
Voici le communiqué suivi de la lettre adressée aux mères kurdes :
 
« Récemment, nos camarades des YPJ Internationalistes ont lancé un nouveau projet : Des lettres de combattantes de la liberté ! Chaque semaine, une nouvelle lettre écrite par elles sera publiée.
 
Aujourd’hui, c’est la troisième lettre, dédiée aux mères kurdes. Nous parlons du rôle important que jouent les mères dans la lutte.
 
Lettre des combattantes de la liberté : Aux mères kurdes
 
C’est un honneur de vous écrire. Votre dévouement à lutter aux côtés de vos fils et de vos filles emprisonnés, à partager la lutte de vos enfants en grève de la faim pour mettre fin à l’isolement injuste d’Abdullah Öcalan, a été remarquable.
 
Ce combat, cette démonstration de solidarité et cette prise de position contre l’injustice n’ont pas seulement apporté de grands changements, mais ont inspiré des gens partout, y compris nous, vos camarades internationalistes des YPJ. Vous voir payer le prix fort – sous les coups de la police, les gaz lacrymogènes, un barrage de canons à eau, a été à la fois douloureux à regarder et nous a donné envie de nous joindre à la lutte avec plus de force.
 
Vos actions ont été quelque chose que bien des gens dans le monde n’auraient jamais eu le courage de faire. Refusant de céder face à la répression de l’Etat pour quelque raison que ce soit, vous, les Mères aux foulards blancs, les Mmères du Samedi, les mères qui s’occupent des combattants, et celles qui sont elles-mêmes des combattantes, avez montré au monde comment lutter pour la libération. Nous ne pouvons imaginer ce que vous avez pu ressentir, sachant que les membres de vos familles sont injustement emprisonnés et maltraités.
 
Vous avez montré au monde ce que cela signifie de prouver vraiment l’amour et de faire tout ce qu’il faut pour lutter pour la liberté. Et le plus beau, c’est qu’on sait que ce n’est que le début. Depuis de nombreux jours que nous regardons les nouvelles, nous voyons vos actions, entendre vos paroles aident celles d’entre nous qui [ont rejoint la lute plus récemment] à comprendre le kurmanci (un dialecte kurde]. C’est si beau d’entendre les paroles puissantes des mères des lèvres d’une heval [camarade], et d’apprendre cette langue à travers vos mots de résistance. Les paroles d’une mère qui parle de la brutalité de la police à son égard et à l’égard d’autres mères lors d’une action, qui nous dit : « Que peuvent-ils nous faire ? Nos enfants sont déjà en prison. » C’est le pouvoir d’une mère qui nous enseigne l’amour auquel nous aspirons toutes : un amour qui nous remplit si pleinement qu’il n’y a pas de place pour la peur en nous. C’est un amour sans hésitation, une explosion d’affection, de soutien et de lutte. Voir une autre personne comme une partie de nous, connectée à nous, comme une extension de nous-mêmes, de sorte que ce qui lui arrive est quelque chose de plus urgent que la menace devant nous, c’est le fondement de la révolution et de l’amour.
 
Le travail des mères pour la révolution est souvent silencieux, mais toujours présent. Sans qu’on vous le demande, c’est vous qui rendez la lutte plus belle et plus facile, avec toutes les contributions possibles. Des mères cuisinaient pour les hevals en première ligne dans de nombreuses opérations contre DAECH, n’hésitant pas à prendre le risque d’être physiquement proches des gangs fascistes. Des mères se sont tenues devant l’ennemi à Afrin pour montrer que les frappes aériennes ne pouvaient leur faire peur ou diminuer leur volonté de défendre la révolution et leur terre. Cet effort inconditionnel est l’hevaltie [camaraderie] que nous voulons développer dans notre vie quotidienne et dans nos communautés. Il y a tellement de façons différentes de lutte que les mères [mènent].
 
La révolution est loin d’être homogène et a une place pour chaque personne dans chaque phase de la vie. Nous croyons que les mères sont un exemple de camaraderie à laquelle nous devrions toutes aspirer. Le pouvoir des mères est libérateur. Vous êtes les mères de la liberté, et les combattantes de la liberté partout. Quand nous vous voyons et que vous nous embrassez, nous ressentons dans ces moments la manière dont vous devenez la mère de tous, et nous savons que d’autres deviendront les enfants de nos mères – de cette façon, nous ne sommes jamais loin de la maison. »
Le bureau des YPJ internationalistes

9 juin 2019

YPJ International Fighters Info Office

Letters from freedom fighters 3 : to the Kurdistani mothers

It is our honor to write to you. Your dedication to struggle alongside your imprisoned sons and daughters, to share the struggle of your children in hunger strike to end the unjust isolation of Abdullah Öcalan, has been something remarkable.

This fight, this show of solidarity and stand against injustice has not only brought great change, but inspired people everywhere, including us, your comrades here in the YPJ international. Watching you pay a great price within yourselves—withstanding beatings from the police, teargas, a barrage of water cannons, has been both painful to watch and has caused us to want to join in the struggle even more.

Your actions have been something many around the world would never have the courage to do. Refusing to back down in the face of state repression for any reason you, the White Kefiy Mothers, the Saturday mothers, the mothers who care for fighters, and those who are fighters themselves, have shown the world how to fight for liberation. We cannot imagine what you may have felt, knowing your family members are unjustly imprisoned, mistreated, and abused.

You have shown the world what it means to truly show love and to do whatever it takes to fight for freedom. And the most beautiful thing is, we know this is just the beginning. Many days as we watch the news we see your actions, hear your words which friends help those of us who are newer to kurmanci to understand. It is such a beautiful thing to hear the powerful words of the mothers from the lips of a heval, and to learn this language through your words of resistance. The words of one mother stay with us even now—in speaking about the brutality of the police towards herself and other mothers at an action, she said “What can they do to us? Our children are already in prison.” This is the power of a mother, who teaches us of the love that we all aspire to: one which fills us so completely that there is no room for fear within us. It is a love without hesitation, and is an explosion of affection, support and struggle. To see another person as a part of us, connected to us, as an extension of ourselves, such that what happens to them is something more urgent than even the threat in front of us—this is the foundation of revolution and of love.

The work of mothers for the revolution is often silent, but always present. Without being asked, you are the ones making struggle more beautiful and easier—with every contribution possible. Mothers were cooking for hevals at the frontlines in many operations against DAESH, not hesitating to take the risk of being physically close to the fascist gangs. Mothers have stood in front of the enemy in Afrin to show that the airstrikes cannot scare them or diminish their willingness to defend the revolution and their land. This unconditional effort is the hevalti we want to expand in our daily life and our communities. There are so many different ways that mothers fight in the struggle.

The revolution is far from homogenous, and has a place for every person in every phase of life. We believe the mothers exemplify the comradeship we should all strive towards. The power of mothers is liberatory. You are the mothers of freedom, and freedom fighters everywhere. When we see you and are embraced by you, we feel in those moments the way you become the mother of everyone, and we know that others will become the children of our mothers—in this way we are never far from home.

9 june 2019 YPJ International Fighters Info Office

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