AccueilKurdistanBakurTURQUIE : Les Kurdes risquent de nouveaux massacres

TURQUIE : Les Kurdes risquent de nouveaux massacres

La Turquie est au huitième rang des pays les plus susceptibles de connaitre un massacre de masse en 2019, a déclaré Early Warning Project, une organisation qui évalue le risque de génocide, de massacres et d’atrocités dans des pays du monde entier, dans son évaluation des risques pour l’année à venir.
 
Le modèle statistique du projet a montré qu’il y avait 11,2% de chances qu’un massacre de masse – défini comme « un massacre ciblant de plus de 1 000 personnes » – ait lieu à l’intérieur des frontières de la Turquie.
 
Alors que la Turquie faisait partie des 15 pays les plus exposés depuis trois ans, l’échec de la tentative de coup d’État en 2016 a entraîné la hausse récente du classement du pays.
 
Plus de 270 personnes, dont 179 civils, ont été tués par des factions des forces armées turques lors du putsch manqué du 15 juillet 2016.
 
Dans les années qui ont suivi, des milliers de Turcs accusés de liens avec le mouvement Guleniste accusés de la tentative de coup d’État ont été victimes de purges, arrêtés ou ramenés en Turquie par une extradition légale ou illégalement. Ce mois-ci, un article publié en collaboration par des journaux internationaux a révélé un réseau de « sites noirs » en Turquie où des suspects seraient torturés.
 
Early Warning Project a cité d’autres facteurs de risque, notamment un manque de liberté de mouvement pour les hommes, une population nombreuse, des antécédents d’assassinats massifs et le «type de régime de démocrature» du pays, faisant allusion à un mélange de démocratie et de dictature.
 
Les mouvements en Turquie sont limités pour un grand nombre de réfugiés syriens accueillis dans le pays, tandis que des milliers d’accusés turcs dans les procès intentés depuis le coup d’État sont effectivement soumis à des interdictions de voyager.
 
Un autre facteur de risque cité est le conflit en cours entre le gouvernement turc et les rebelles kurdes affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
Un processus de paix de courte durée entre les deux parties s’est effondré en 2015, menant à la reprise d’un conflit qui trouble la Turquie depuis que le PKK a lancé une insurrection armée en 1984.
 
Depuis lors, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans le conflit, y compris des milliers de civils, et une grande partie des régions kurde de la Turquie sont soumises à l’Etat d’urgence et aux couvre-feux pendant de longues périodes.
 
Selon Crisis Group, au moins 465 civils ont été tués depuis la reprise du conflit en 2015.
 
Alors que cette combinaison de facteurs de risque place la Turquie en tête de liste, même dans des pays comme le Soudan, à la neuvième place, qui subit actuellement des assassinats massifs, le rapport d’Early Warning Project sur la Turquie indique que son évaluation des risques serait encore plus élevée s’il n’y avait pas le faible taux de mortalité infantile et fractionnement ethnique atténuant le risque.
 
La déclaration du groupe présentant son rapport, rédigée par Jill Savitt, défenseur des droits humains, décrivait sa définition du meurtre de masse comme étant « 1 000 civils ou plus délibérément tués par les forces armées (gouvernementales ou non), sur une période d’un an ou moins, en raison de leur appartenance à un groupe particulier. »
 
«En moyenne, un ou deux pays connaissent un nouvel épisode de meurtres en masse chaque année», a déclaré Savitt.
 
L’Early Warning Project, géré conjointement par l’Holocaust Museum et des chercheurs du Dartmouth College aux Etats-unis, a identifié la République démocratique du Congo, l’Afghanistan et l’Égypte, respectivement, comme les trois pays les plus probables sur un total de 162 sur lesquels un massacre sera commis en 2019.
 
Alors que l’Early Warning Project admet que sa méthodologie est incapable de prévoir avec précision les massacres, Savitt a décrit son objectif comme étant plutôt «alerter les décideurs politiques d’une situation propice aux horreurs et les avertir qu’il existe des actions pouvant être entreprises pour l’éviter. »
 
Via Ahval