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Féminicides dans Afrin occupée

Les femmes d’Afrin, connues pour leur force et leur insurrection face à l’injustice, ont été confrontées à des pratiques immorales après l’occupation turque du canton d’Afrin ; leur vie ayant été assombrie par les pratiques de l’armée d’occupation turque et de ses mercenaires.

Dans ce dossier, ANHA met en lumière la situation des femmes d’Afrin avant l’occupation turque et ce qui s’est passé après l’occupation turque. Les femmes sont connues dans la ville d’Afrin pour être en haut rang dans la société, même certaines des anciennes familles d’Afrin ont été nommées avec les noms des femmes.

Les institutions féminines qui s’intéressent aux droits des femmes se sont développées avec le début de la Révolution du Rojava. Ces institutions ont pu organiser toutes les femmes, les soutenir et les aider à sensibiliser les femmes et à les soutenir à Afrin. Elles constituaient les segments les plus organisés de la société et ont été les premières à assumer la présidence du Conseil exécutif de l’Administration démocratique autonome (DAA).

La peur de la Turquie à l’égard de l’organisation des femmes

La plupart des pays qui revendiquent la démocratie et l’égalité entre les sexes ne sont pas ce qu’ils prétendent être, y compris l’État d’occupation turc qui légitime le crime de viol de mineurs et leur mariage à un âge mineur. Selon le site web de « Crimes contre les femmes« , qui surveille les crimes contre les femmes turques, 1 915 femmes ont été tuées en 6 ans.

Lorsque l’Etat turc a occupé Afrin, il a lancé des attaques dans tous les domaines, en particulier dans les domaines social, politique et culturel. Au début de l’agression, il a commencé ses violations des droits de l’homme. Il n’a pas fait de distinction entre les enfants, les hommes et les femmes, et le premier exemple de décadence morale a été le crime de mutilation du cadavre de Barin Kobanê, combattante des unités de protection des femmes (YPJ), au début de février de 2018. Avesta Khabour s’est vengée pour sa camarade alors qu’elle menait une opération contre un groupe de mercenaires de l’armée d’occupation turque dans le village de Hamam, dans le district de Janders, infligeant de lourdes pertes aux troupes d’occupation.

Des femmes et des enfants à Afrin ont été exposés à des balles réelles de l’armée d’occupation turque. Au cours de la résistance qui a duré 58 jours, le martyre de 56 femmes et 46 enfants a été documenté, et 104 femmes ont été blessées de différentes manières.

La vie des femmes d’Afrin est passée de la lumière aux ténèbres

Les femmes d’Afrin avaient l’habitude de vivre une vie particulière en raison de leur forte relation avec l’agriculture et la nature. Elles ont participé à tous les domaines de la vie. La plupart des femmes de la ville d’Afrin n’ont pas été forcées de suivre un type particulier de vie. 80 % d’entre elles ont fait des études. Le pourcentage de leur participation dans les domaines éducatif, administratif, politique et économique, était évident.

La forte relation des femmes d’Afrin avec l’agriculture et l’industrie les a poussées à porter des projets économiques pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Afrin a été le témoin de l’ouverture des marchés par les femmes et elles ont participé au marché populaire à Afrin en possédant plusieurs magasins

Et maintenant, les situations, les coutumes et même le genre de vie ont changé. La vie des femmes s’est transformée en enfer. Les femmes d’Afrin ne peuvent plus quitter leur chambre par crainte d’être kidnappées ou violées car l’armée d’occupation turque et ses mercenaires imposent le même type de système que celui imposé aux femmes par les gangs de Daesh.

Les rues de la ville sont témoins d’un autre type de vêtements féminins représentés par la burqa des colons qui a remplacée la robe colorée kurde

Des panneaux d’affichage demandant l’imposition de la burqa s’étalent sur les places et dans les rues. Dans certains villages dominés par des bandes de mercenaires liées à Jabhet al-Nosra et Daesh, des vêtements islamiques ont été imposés au peuple à la place des vêtements kurdes. Le canton d’Afrin est devenu une grande prison pour femmes. Récemment, l’enseignement dans les écoles mixtes a été interdit et les garçons et les filles ont été séparés dans les écoles.

Plus de 145 enlèvements de femmes ont été documentés

Après l’occupation turque du canton d’Afrin, les femmes ont été privées de tous les droits dont elles jouissaient sous le régime de l’administration démocratique autonome. Cette guerre a causé des dommages et aggravé le statut des femmes où la violence directe, le meurtre, l’enlèvement et la vente de femmes se pratiquaient contre elles.

145 femmes ont été enlevées dans la ville d’Afrin dans les dernières statistiques et ce nombre augmente de jour en jour.

La violence indirecte ; veuvage, pauvreté, chômage, faible niveau d’éducation, déplacement et mariage des mineurs ont été observés dans la région. Cela indique que l’Etat turc a commis un génocide culturel contre les femmes et les habitants d’Afrin.

Documentation d’enlèvement, agression, viol et meurtre de femmes

Après que l’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont occupé le canton d’Afrin, 145 femmes, dont une qui était enceinte, ont été enlevées, violées, agressées et assassinées par l’armée turque et ses mercenaires.

ANHA publie plusieurs de ces cas documentés avec l’aide d’organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme ainsi que de sources privées, alors que de nombreux d’autres cas similaires sont encore inconnus.

La citoyenne Fatima, âgée de 45 ans, a été enlevée chez elle et soumise à des tortures physiques et psychologiques pendant 15 jours d’affilée, tandis que sa famille n’a pas eu d’informations sur sa destination avant que les mercenaires ne lui demandent 3 000 dollars.

Fatima a été confrontée à des atrocités pendant son séjour à Afrin en présence de l’armée d’occupation turque et de ses mercenaires. Elle a dit : « On nous a empêchés de quitter la maison, c’est comme si nous avions perdu la lumière de la vie ;  même travailler sur les terres agricoles est interdit. Ils nous ont forcés à porter le hidjab et une longue robe, et la peur est venue lorsque nous avons été enlevés ».

Fatima a fait remarquer que deux parentes ont été enlevées avec leur père et leur oncle pendant des mois. Les hommes ont été libérés après avoir payé une rançon, mais les femmes, on ne sait pas où elles sont. Elle a confirmé qu’une fille avait été enlevée devant son école. Cette question a accru la crainte des parents d’envoyer leurs enfants à l’école,  a conduit à la privation d’enfants à étudier, en particulier les filles.

La famille de Fatima a pu la faire sortir d’Afrine ne payant une rançon aux mercenaires

Une source fiable du village de Tel-Salor, dans le district de Janders, a déclaré qu’une femme a été violée dans le village par l’armée d’occupation turque et ses mercenaires, et que diverses méthodes de violence avaient été utilisées contre elle parce qu’elle avait refusé de coopérer avec eux. En outre, l’occupation turque et ses mercenaires ont dit aux villageois qu’ils avaient enlevé la femme dans le district de Janders.

D’autre part, des sources locales d’Afrin ont rapporté que l’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont enlevé la jeune fille Zuzan Bashir Suleiman au point de contrôle de Terneda menant à la ville d’Afrin, le vendredi 20 avril 2018.

Les mots de la victime

S.M., enlevée par les mercenaires de l’armée d’occupation turque, torturée sévèrement et qui vit toujours entre les mains des mercenaires à Afrin, dit dans un enregistrement audio : « Ils sont entrés chez nous par effraction. C’étaient des hommes avec une longue barbe et ils ont arrêté mon amie, sa mère, son frère qui a 13 ans et moi sous la pression et la menace. Nous avions les yeux bandés, de sorte que nous ne savions pas où ils nous emmenaient, puis nous nous sommes rendus compte que nous avions été emmenés dans le centre d’Afrin. Nous étions environ 18 femmes. Toutes les femmes ont été torturées au point de ne plus pouvoir se lever. »

S,M a déclaré qu’elle et son amie ont été torturées avec des électrochocs et elle a ajouté, « Je ne sais pas combien de temps la torture a continué, mais quand je me suis réveillée, je pouvais à peine respirer. Puis, j’ai souffert d’évanouissements et d’insomnie. Quand j’ai regardé ma petite amie, elle souffrait comme moi, et quand je lui ai demandé ce qu’ils nous avaient fait, elle ne pouvait pas me répondre à cause de la gravité de la torture. »

Les mercenaires ont également enlevé la femme (K,R) du district Shiya, 21 ans, mariée six mois plus tôt à son enlèvement, et elle était enceinte de 2 mois. Elle a fait une fausse couche après son enlèvement.

Les habitants du village de Kurka Foqani, dans le district de Mobata, ont également trouvé le corps d’une femme non identifiée dans une maison. Il y avait des marques de torture sur son corps, ses mains ont été coupées, et des signes d’étranglement étaient visibles sur son cou.

Selon des sources du village de Shitka, dans le district de Mobata, les mercenaires ont violé deux femmes, en plus d’avoir enlevé 13 jeunes femmes du village sous prétexte de les interroger. Trois jeunes femmes ont également été enlevées dans le village d’Obaidan, dans le district de Bulbul, et leur sort est toujours inconnu.

Ce qui est honteux, c’est que les mercenaires de l’armée d’occupation turque ont violé trois jeunes filles à l’âge de quinze ans. Les mercenaires enlèvent également les boucles d’oreilles des oreilles des femmes avec leurs mains.

Le mariage des mineurs

L’histoire de la fille Yasmin, 12 ans, est l’une des centaines d’histoires et de tragédies subies par les habitants d’Afrin. Yasmin a été forcée d’épouser un mercenaire qui avait 20 ans de plus qu’elle. Malgré le refus de ses parents, les mercenaires ont pris la maison de sa famille dans le district de Shiya après avoir menacé la famille de la tuer si elle refusait.
Le viol est un crime de droit international publié par la Cour pénale internationale en février 1998.

Révolution des femmes contre l’occupant

Les femmes jouissaient de la liberté avant l’occupation. Elles ne sont pas restées silencieuses non plus sous l’occupation. De nombreuses femmes ont été battues et insultées parce qu’elles s’étaient opposées aux mercenaires de l’occupation turque et qu’elles avaient tenté de les empêcher d’arrêter leurs enfants et de voler leurs biens, y compris (S-M), l’une de celles qui se sont révoltées face à l’occupation et ont empêché les mercenaires d’enlever son fils. Cette mère vit dans l’un des villages de Sherawa et elle est connue parmi les habitants du village pour sa force et sa motivation à se montrer solidaire face à l’occupation.

Protection des droits des femmes en droit international

La capacité du droit international de prévenir le recours à la violence à l’égard des femmes en période de conflit et de conflit armé et dans la période qui suit ces combats a suscité une controverse considérable, car le droit international est encore limité pour assurer cette protection.

La question de la protection des femmes occupe actuellement une place importante et prééminente, que ce soit dans le droit interne ou dans le droit international. La preuve en est l’existence dans les Conventions de Genève de 1949 et les Protocoles additionnels d’environ 40 articles sur 560 articles spécialisés pour les femmes.

Bien que ces règles soient devenues internationales, les violations ont considérablement augmenté. En 1974, l’Assemblée générale a publié la Déclaration sur la protection des femmes et des enfants dans les situations d’urgence et les conflits armés.

Ainsi que l’adoption de la résolution 1989/24 sur les droits de l’homme en temps de conflit armé par la Sous-Commission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) depuis 1991.

Cependant, un mécanisme de justice ne signifie pas qu’il puisse être appliqué dans la pratique, car il y a encore ceux qui ne sont pas tenus pour responsables des cas d’agression sexuelle ou de viol pendant les conflits.

Malgré les résolutions des Nations Unies visant à fournir des soins de santé aux victimes d’après-conflit, des ressources adéquates ne sont pas allouées à la protection des droits des femmes.

Via ANHA