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Les violences faites aux femmes sont politiques

Le Mouvement des femmes kurdes d’Europe déclare que les violences faites aux femmes sont politiques et appelle à la mobilisation générale pour éradiquer les violences faites aux femmes.

 
A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 25 novembre, le Mouvement des femmes kurdes d’Europe (TJK-E) a publié le communiqué suivant appelant à la mobilisation générale :
 
« Les violences faites aux femmes sont politiques ! Elle aurait pu être toi !
 
La mentalité patriarcale a toujours créé les moyens de réaliser une compréhension fondée sur la domination, la répression, le pouvoir et la violence. La nature et les femmes sont dominées par le mâle et le mâle par la souveraineté. Pour la mise en œuvre du pouvoir et de la domination dans la société, la mentalité patriarcale a dépossédé l’homme de ses caractéristiques en tant qu’être humain et a façonné toute sa mentalité en l’affublant de son bouclier de masculinité grossière. Dans la perception de l’homme, elle a créé la perception d’une femme faible, désespérée, désordonnée, indécise, esseulée et qui a besoin de l’appui de l’homme à tout moment. Par conséquent, l’homme renforce le socle sur lequel il peut utiliser le niveau de la violence qu’il veut sur la femme. Elle le dote du pouvoir de tuer la femme, pour laquelle il pourrait par ailleurs mourir.
 
Le phénomène de la masculinité est tissé par le processus de massacre par la violence psychologique, verbale, économique et physique au lieu de discuter des problèmes vécus avec la femme. De cette façon, le système dominé par les hommes masque sa propre réalité et maintient la société dans une position où toute violence exercée par l’homme est légitime et justifiée et la société est maintenue dans une position qui n’interroge pas, n’entend pas et qui assimile pour la continuation du système.
 
Les femmes qui n’acceptent pas une vie aussi violente et vidée de son essence, qui tentent d’exprimer leurs volontés et qui n’acceptent pas la souveraineté de l’homme et de l’État sont piégées par la violence de l’homme et de la société d’abord, et ensuite, par celle des lois qui sont soi-disant créées pour l’égalité. La femme, condamnée à la spirale de la violence organisée jusqu’à présent dans les mentalités et les institutions, représente la société esclavagiste. La femme est présentée à la société comme une main-d’œuvre bon marché au travail, étant soumise à des agressions dans la rue, dont le labeur domestique est invisible dans le foyer et qui ne remet pas en question les approches inhumaines. Considérer la violence comme le destin de la femme, ne pas questionner et intérioriser l’inégalité entre les sexes prépare la base de toutes les formes de domination et d’esclavage.
 
Le 25 novembre 1960, les sœurs Mirabel ont été sauvagement violées et assassinées par le personnel du dictateur après avoir été la cible du dictateur Trujillo en République dominicaine. Les sœurs Mirabel, qui étaient le symbole de la résistance, les représentantes fortes de la ligne de résistance des femmes qui luttaient dans l’histoire et qui refusaient l’acceptation de la persécution de l’oppression dans aucune circonstance. Cependant, aujourd’hui non plus, les dictateurs pour les femmes n’ont pas disparus. Alors que les massacres perpétrés à Shengal, au Rojava, par Erdoğan et Daesh se poursuivent, presque toutes les minutes, une femme est victime de la violence, harcèlement, viol ou meurtre.
 
Dans les médias écrits et télévisés, nous entendons les nouvelles du genre « l’ex-mari, amant (ou le frère) a tué la femme. Alors que l’événement est présenté sur l’identité de la victime, l’identité de la femme qui est devenue une cible dans la modernité capitaliste est ignorée. On ne tient pas compte du fait que les femmes sont assassinées tous les jours par des hommes qui leur sont proches.
 
L’idéologie dominée par les hommes continue de tisser et d’instiller la violence contre les femmes. La société est désensibilisée aux violence faites aux femmes, et la culture de la violence s’approfondit encore en la renforçant et en la mettant en œuvre. Lorsque nous regardons tout cela, nous voyons que la violence n’est pas seulement le fait d’être un homme, mais un résultat politique du système dominé par les hommes.
 
Pour toutes ces raisons, en tant que Mouvement européen des femmes kurdes, nous lançons la campagne « Les violences faites aux femmes sont politiques », pour lutter contre ces violences et leur terreau de façon plus organisée. L’objectif principal de la campagne est de faire interroger les hommes et les femmes qui entendent toutes sortes de violence à l’égard des femmes et de leur faire comprendre qu’il n’est pas possible que la violence soit loin d’eux et de dire « Elle aurait pu être toi ! »
 
Faisons de chaque jour un 25 novembre, pour combattre les violences faites aux femmes et développer notre ligne de lutte. Renforçons la lutte pour éliminer la violence en éradiquant tous les motifs de violence, et non pas en l’écartant de l’ordre du jour !
 
Jin, Jiyan, Azadi ! »
 

TJK – E – Mouvement des femmes kurdes d’Europe