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« Féminicides en Turquie sous le régime de l’AKP »

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Les unités féminines kurdes syriennes (YPJ) ont publié un rapport documentant les féminicides commis en Turquie et au Kurdistan « turc » pendant le règne d’AKP, parti islamiste d’Erdogan, ajoutant que la meilleure forme d’autodéfense contre le système patriarcal misogyne est la force des femmes organisées.

Les YPJ ont utilisé les données provenant de deux sources différentes, les archives Anıt Sayaç (site en ligne comptabilisant les féminicides en Turquie) et la plateforme « Nous mettrons fin aux féminicides » (Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu – KCDP).

Voici quelques extraites du rapport qui s’intitule « Maman, s’il te plait, ne meurs pas! – Féminicide en Turquie sous le régime de l’AKP »

« Maman, s’il te plait, ne meurs pas ! » Ce sont les mots d’une fillette de 10 ans le 18 août 2019, dans un café de la province de Krikkale. Sa mère, Emine Bulut, a été attaquée par son ex-mari avec un couteau devant les yeux. Emine Bulut est décédée peu de temps après à l’hôpital. Son cas est devenu célèbre parce que la scène a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, mais en Turquie, chaque année, il y a des centaines de féminicides, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Ici, nous utilisons le mot féminicide pour décrire le meurtre d’une femme pour la raison d’être une femme. Le terme féminicide inclut la responsabilité de l’État dans le contexte du massacre de femmes en tant qu’identité et secteur de la population.

Le graphique ci-dessus montre les données sur les féminicides selon deux sources différentes : les données de l’archive Anıt Sayaç sont présentées en rouge, tandis que les données de la plateforme « Nous mettrons fin aux féminicides » (KCDP) sont présentées en jaune. Précisons que jusqu’à l’année 2019, les données du KCDP sont unitaires alors que pour les années suivantes elles différencient, notamment les taux entre féminicides et décès suspects de femmes. Les données du graphique sont la somme des deux ; de plus, au moment de la rédaction, il est possible que les données pour l’année 2022 soient encore incomplètes

Selon une étude de 2023, qui analyse les féminicides commis sur le territoire de l’État turc de 2013 à 2021, l’auteur qui apparaît le plus fréquemment est « Mari + homme avec mariage religieux + ex-mari ». Dans cette étude, on peut lire : « Les résultats ont révélé qu’une augmentation du taux de chômage des femmes et une diminution du taux de chômage des hommes augmentent le nombre de féminicides ». Les politiques du gouvernement AKP des 20 dernières années ont explicitement visé à amener les femmes à se marier jeunes et à les pousser à avoir plusieurs enfants. Lorsque l’agresseur est dans la plupart des cas le mari ou l’ex-mari, exercer une pression psychologique sur les femmes pour qu’elles se marient signifie les mettre encore plus en danger. En outre, les efforts politiques visent à empêcher les femmes d’avoir un emploi en dehors du foyer, dans la mesure où les femmes qui travaillent sont accusées d’augmenter le chômage. Tout cela, si on le compare aux données de cette étude, nous fait comprendre comment le gouvernement AKP est parmi les causes infrastructurelles de ces féminicides.

Une autre des principales raisons pour lesquelles les féminicides augmentent de manière si drastique est que suite aux signalements de violences, les mesures de sécurité pour les victimes se font rares. (…)

La liste des cas pourrait s’allonger, mais ce qui est clair, c’est que, comme indiqué dans une déclaration conjointe de WWHR, Mor Çatı et Ca.Der « l’impunité est devenue la norme dans les crimes de violence contre les femmes et les abus sexuels ; les fonctionnaires, notamment les forces de l’ordre, adoptent une approche loin de soutenir les femmes qui luttent pour se protéger de la violence ; et que les mauvaises pratiques telles que le fait de décourager les femmes de porter plainte et les tentatives de réunir des femmes avec des hommes en leur infligeant des violences restent impunies et non sanctionnées. »

Même des organisations internationales comme Amnesty International déclarent: « Les victimes sont souvent découragées de signaler les infractions et les enquêtes sur les signalements de violence à l’égard des femmes manquent souvent de diligence. Ces attitudes expliquent en partie pourquoi de nombreuses femmes en Turquie confrontées à la violence prennent la décision de ne pas la signaler aux forces de l’ordre. Les lacunes du système de protection et d’ordonnances préventives sont particulièrement choquantes par le fait que des femmes sont tuées alors qu’elles font l’objet de telles ordonnances. » Il ressort clairement de ces données qu’une grande partie de l’augmentation des féminicides en Turquie est due au manque de volonté politique du gouvernement AKP de les empêcher. (…) »

Chacun de ces meurtres doit être analysé dans le contexte d’un désir de tuer des femmes en tant qu’entité politique, sociale, éthique

Nous aimerions analyser plus en détail ce manque de volonté politique. Nous avons déjà souligné comment le gouvernement AKP fait pression pour que les femmes n’aient pas d’emploi rémunéré, et comment l’absence de celui-ci affecte la probabilité d’être victimes de féminicides. Nous avons vu comment le gouvernement AKP pousse au mariage à un jeune âge et rend difficile pour les femmes d’avoir leur propre vie en dehors de la famille, et comment dans la plupart des cas, c’est le partenaire masculin qui commet un féminicide. Nous avons considéré que lorsque les femmes trouvent la force de dénoncer les violences qu’elles ont souvent subies, les dispositions de l’État ne sont pas appropriées et cela conduit également au féminicide. mais cette analyse n’est pas complète. Ce que nous voulons montrer ici, c’est que nous ne pouvons pas considérer les cas de féminicide comme de simples événements isolés, mais, dans un monde où le patriarcat est l’idéologie sous-jacente des institutions étatiques, le féminicide devient la forme extrême d’une guerre constante, parfois ouverte et parfois souterraine, contre les femmes et ce qu’elles représentent. Chacun de ces meurtres doit être analysé dans le contexte d’un désir de tuer des femmes en tant qu’entité politique, sociale, éthique ; et cela a pour but d’effacer les formes de société qui se construisent autour des femmes.

Depuis des milliers d’années, l’humanité a transmis son histoire ou promu des valeurs et des croyances à travers des histoires, des mythes, des légendes : en les analysant, nous pouvons trouver l’histoire de l’humanité et, dans celle-ci, notre propre histoire. Il existe un mythe qui représente le premier féminicide de l’histoire, le mythe de Tiamat et Marduk, que nous ne décrirons ici que brièvement. Tiamat est la grande déesse mère, comme Gaïa elle représente la vie et la nature, mais au fil des années, ses enfants deviennent jaloux et n’acceptent plus sa force. Ils la voient comme une créature sombre, et ils disent qu’elle crée une armée de monstres, et cette armée est décrite comme des animaux ou des éléments de la nature sur lesquels le monde patriarcal n’a aucun contrôle. Marduk se porte volontaire pour la grande guerre contre Tiamat. Dans la lutte Tiamat devient comme un serpent, et la description de la première attaque de Marduk ressemble beaucoup à un viol : « Quand Tiamat ouvrit grand la bouche pour le détruire, il y lança le Vent Maléfique, de sorte qu’elle ne put fermer les lèvres. Les vents furieux remplissaient son ventre. » Puis 3 flèches sont tirées, une touche le ventre, symbole de la force créatrice, une touche le cœur, symbole des sentiments et de la compréhension émotionnelle, et la troisième va détruire la tête, symbole de la pensée et du raisonnement. C’est ainsi que Tiamat est tuée, cette symbolique montre aujourd’hui que c’est ainsi que les femmes sont tuées dans le monde. Le mouvement des femmes kurdes parle du féminicide « comme une guerre globale et structurellement ancrée contre les femmes, à la fois dans les conflits armés et dans la vie quotidienne. Cette guerre se déroule tant sur le plan physique, militaire que sur le plan idéologique et psychologique » et nous, en tant que YPJ, sommes d’accord avec cette définition. Le gouvernement AKP mène également cette guerre explicitement en tuant physiquement des femmes, en particulier des femmes qui représentent une alternative à l’idéologie patriarcale, capitaliste et impérialiste qui forme les lignes directrices de ce gouvernement. Une véritable guerre, idéologique et psychologique, mais aussi physique et armée est menée contre les femmes qui luttent pour construire une société démocratique, écologique basée sur la liberté des femmes. Des femmes et des filles sont tuées non seulement dans le nord du Kurdistan, sous contrôle turc, mais aussi dans le nord et l’est du territoire syrien. Dans le prochain article, nous fournirons une liste de certaines de ces femmes qui ont été assassinées par le gouvernement AKP.

La meilleure forme d’autodéfense est liée à l’organisation: la force des femmes réside dans leur union

Cette guerre contre les femmes n’est pas seulement menée par le gouvernement AKP, mais par toutes les entités qui adhèrent à la même philosophie patriarcale, capitaliste et impérialiste. Maintenant, face à cette guerre qui se livre contre nous les femmes, il faut se défendre. Il nous faut résister et combattre, car les mêmes États-nations et puissances oppressives qui ont déclenché cette guerre ne s’arrêteront pas d’eux-mêmes. Il est nécessaire que nous, les femmes, nous battions car dans leur guerre contre nous, elles visent à détruire les valeurs d’une société démocratique et écologique. Avec chaque femme dans le monde tuée, une partie de nous tous est tuée. C’est aussi pour tout cela qu’en tant que YPJ nous avons décidé de prendre les armes, en tant qu’unité de défense des femmes. L’autodéfense n’est pas seulement une tâche militaire, mais une tâche sociale, mentale et émotionnelle, car les attaques que nous recevons sont de toutes sortes. La meilleure forme d’autodéfense est liée à l’organisation : la force des femmes réside dans leur union. C’est pourquoi des réseaux mondiaux tels que « les femmes tissent l’avenir » se créent.

Le rapport complet à lire ici: Mom, please don’t die! Feminicide in Turkey under AKP rule

CONFÉRENCE. La question kurde: les dynamiques de la violence au Kurdistan

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LYON – Le Forum de Solidarité Euro-Méditerranéenne (FORSEM) organise une conférence/débat portant sur la question kurde le 25 mai prochain à Lyon.

« Les nations ont grand intérêt à s’accepter telles qu’elles sont, telles qu’elles vivent et respirent dans leurs langues et cultures de tous les jours. Leur diversité à tous point de vue est loin d’être un ferment de division, mais bien une richesse à préserver. Ce sont les États qui, eux, sont appelés à s’adapter et à s’approprier la densité historique, culturelle, linguistique… des nations d’essence plurielle. »

Avec Hamit BOZARSLAN, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses recherches portent sur la sociologie historique et politique du Moyen-Orient.

RDV le jeudi 25 mai, à 20h30
Salle du conseil
Mairie du 1er arrondissement de Lyon
2 place Sathonay
69001 LYON

Élections en Turquie, panique en Erdoganistan

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Après plus de 20 ans de règne quasi absolu, le président turc et candidat à sa succession, Erdogan est sur le point d’être « remercié » par les électeurs lors du scrutin présidentiel (et législative) du 14 mai prochain. En effet, la pauvreté galopante, la crise économique, la polarisation de la société turque, la corruption de la classe dirigeante et la mauvaise gestion du séisme du 6 février 2023 ont achevé la popularité du sultan qui rêvait d’instaurer un califat islamiste en envahissant les régions kurdes de Syrie et d’Irak cent ans après la chute de l’empire ottoman.

Alors que le navire AKP prend l’eau, les partisans d’Erdogan et de son allié Bahçeli tentent de créer du chaos en s’attaquant aux meetings de l’opposition réunie derrière K. Kiliçdaroglu, contrairement aux élections précédentes lors desquelles seuls les membres et sympathisants du parti kurde HDP étaient attaqués, voir tués. Aujourd’hui, les candidats kémalistes de CHP et ceux d’IYI d’extrême-droite, sont attaqués également par les sympathisants du parti de l’extrême-droite MHP et ceux d’AKP, comme on a pu le voir ce dimanche à Erzurum, où le meeting du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu a été attaqué par près de 200 assaillants armés de pierres sous le regard complice des policiers présents. Imamoglu a dû fuir les lieux tandis que de nombreuses personnes, dont des enfants, ont été blessées lors de l’attaque.

Plus les sondages le donnent perdant, plus les sbires d’Erdogan et lui-même deviennent agressifs et veulent faire passer son opposant Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP et candidat de l’Alliance de la nation ou Table des six, pour un « terroriste qui s’allie au PKK » ou un « ivrogne » que des « musulmans pieux ne laisseraient pas à accéder à la tête du pays » … En effet, ces deux accusations sont sorties de la bouche d’Erdogan lors de son meeting du 7 mai à Istanbul où il a fait projeté sur un écran géant une vidéo-montage montrant Kiliçdaroglu suivi de Murat Karayılan, un cadre du PKK, disant « Haydi » (Allez), faisant croire que Karayilan est inclus dans le clip électoral de Kiliçdaroglu « Haydi Türkiye Haydi », un mensonge grotesque et qui montre à quel point le régime turc sent arriver la fin de l’ère Erdogan. Mais malgré ces menaces, mensonges (et recours probables aux irrégularités électorales), les sondages et les rues de Turquie prédisent le départ d’Erdogan dès le soir du 14 mai prochain, battu par Kiliçdaroglu qui obtiendrait plus de 50% des voix.

TURQUIE. Une élue kurde emprisonnée porte plainte pour torture

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TURQUIE / KURDISTAN – La politicienne kurde emprisonnée, Ayşe Gökkan a porté plainte pour torture lors de son transfert d’une prison à une autre.

Gökkan, ancienne co-maire du district de Nusaybin à Mardin et ancienne porte-parole du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad – TJA), a été transférée de la prison de Diyarbakır à la prison fermée pour femmes d’Ankara Sincan début mars. Elle affirme avoir subi des mauvais traitements lors de son transfert.

Gökkan a déposé deux plaintes pénales distinctes contre les responsables auprès du bureau du procureur occidental d’Ankara, a rapporté l’agence Mezopotamya (MA).

Dans sa plainte, Gökkan a déclaré qu’elle avait été « menottée et à bout de souffle pendant des heures » dans la camionnette de transport de prisonniers alors qu’elle était emmenée à l’hôpital le 24 avril, et qu’elle n’était même pas autorisée à utiliser les toilettes. Elle a déclaré que le personnel pénitentiaire utilisait cela comme une « méthode de torture ».

« Cette torture a duré 3 heures et demie. J’avais de fortes douleurs aux poignets à cause des menottes et des blessures profondes », a déclaré Gökkan.

Marques de menottes

Gökkan a également rapporté qu’ils avaient été ramenés à la prison sans recevoir de soins et que les marques de torture sur ses poignets étaient documentées dans son rapport médical. La politicienne exige des poursuites judiciaires contre tous les fonctionnaires impliqués et l’ouverture d’une enquête effective sur les abus de devoir et les mauvais traitements subis.

Que s’est-il passé?

Le 19 avril, la 9e chambre criminelle de la Cour régionale de justice de Diyarbakır a confirmé la peine de 22 ans et 6 mois de prison prononcée à deux reprises contre Ayşe Gökkan par le 9e tribunal pénal de Diyarbakır pour « appartenance à une organisation terroriste » et « activités terroristes ».

Alors que le verdict a fait l’objet d’un appel devant la Cour de cassation, la décision motivée d’une peine de 3 ans et 9 mois de prison a également été prononcée.

« Sisyphe » et « dystopie »

La décision motivée a tenté d’argumenter contre la lutte des femmes en utilisant le concept de « rhétorique », qui est dérivé de l’art du discours impressionnant et persuasif utilisé par les disciples de Socrate dans la Grèce antique au 5ème siècle avant JC, et le concept de « palliatif », qui est utilisé dans le domaine médical pour « ceux qui ont besoin de soins continus » et a été introduit dans les études sociologiques, philosophiques et culturelles par le philosophe sud-coréen Byung-Chul Han.

Dans la décision, qui vise directement la personnalité d’Ayşe Gökkan et la lutte des femmes, les idées de Gökkan ont été qualifiées de « mensonges », « racistes », « fascistes », « inversées », « héritage archaïque et corrompu », et une référence a été faite à la mythologie grecque à travers le mythe de Sisyphe comme une analogie prétendant que la lutte des femmes kurdes est vaine.

La décision a également déclaré que le mouvement des femmes et la lutte des femmes étaient décrits comme une « dystopie ». (Bianet)

Journaliste, maire et militante féministe

Née en 1965 à Suruç (Pirsûs), dans la province d’Urfa, Ayşe Gökkan a étudié le journalisme. En 2009, elle a été élue maire de la ville kurde de Nusaybin (Nisêbîn) avec 83% des voix. Au cours de sa carrière politique, elle a été arrêtée à plus de 80 reprises par la police turque et a fait plusieurs séjours en prison. Lorsqu’elle a été arrêtée la dernière fois en octobre 2021, l’activiste kurde était poursuivie dans plus de 200 procédures, la plupart pour « terrorisme ». La majorité de ces poursuites avaient été entamées durant son mandat de maire.

Aujourd’hui, soirée musicale au menu du Festival culturel kurde de Paris

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PARIS – La deuxième festivale culturel kurde de Paris inauguré le 6 mai se poursuit aujourd’hui avec une soirée musicale kurde à Bobigny, en région parisienne. Ce soir, plusieurs musicien.es et dengbêjs (bardes, conteurs) kurdes monteront sur la scène de la salle Pablo Neruda pour une soirée musicale qui se poursuivra par un buffet agrémenté de spécialités culinaires kurdes.

RDV ce mardi 9 mai, à 19h, à la salle Pablo Neruda
31 Av du Président Salvador Allende
93000 BOBIGNY

Voici le programme du 10, 11 et 12 mai du festival culturel kurde dédié cette année à la militante Evîn Goyî, au chanteur Mir Perwer et Abdurrahman Kızıl, victimes de l’attentat terroriste du 23 décembre 2022 de la rue d’Enghien:

10 mai

Atelier enfants et projection documentaire

À partir de 11h, au CDK-Paris

Le festival ne se limite pas aux adultes et propose également une activité pour les plus jeunes. Un atelier leur est spécialement dédié dans les locaux du Centre démocratique du Kurdistan-Paris, où ils pourront s’initier à des jeux traditionnels, découvrir des instruments de musique et écouter des contes. Au cours de cette activité, les enfants pourront participer à un parcours de jeux, assister à une projection ainsi qu’à différents ateliers de musique et de création.

19h, Projection du documentaire « Darên bi tenê »

Le soir du 10 mai sera l’occasion de découvrir le documentaire « Darên bi tenê », un film fascinant qui explore l’héritage musical des « Dengbêj » (chanteurs, poètes et conteurs) de la région de Rojava, dans le nord de la Syrie. Avec des paysages poétiques époustouflants et des histoires de chants kurdes et assyriens qui racontent l’histoire d’amour et de souffrance de cette région semi-autonome, le film rend hommage aux hommes et aux femmes qui perpétuent les histoires, les danses, l’héritage et la vie des habitants du Rojava à travers leurs chansons.

Centre culturel kurde
16 rue d’Enghien, 75010 Paris

11 mai

19h Expo-vernissage « Jin, jiyan, azadî »

PARIS – Dans le cadre du Festival culturel kurde de Paris, la Médiathèque Françoise Sagan accueille l’exposition féministe « jin, jiyan, azadî » des artistes Asli Filiz, Sarya Kaya et Soniya Ahmed du 6 au 12 mai 2023.

L’expo « Jin, Jiyan, Azadi » (Femme, Vie, Liberté) réunissant les photos et dessins des trois artistes kurdes explore la place des femme dans la société kurde, leur lutte pour la liberté et leur rôle dans la préservation de la culture kurde.

Médiathèque Françoise Sagan
8 rue Léon Schwartzenberg
75010 PARIS

12 mai

19h, Concert final, Salle Gaveau

Le festival culturel kurde de Paris sera clôturé le vendredi 12 mai par un concert exceptionnel réunissant le groupe Bajar, les musiciens Ruken Yilmaz et Mehmet Atli. Les billets du concert sont en vente sur le site de la salle Gaveau. (Billet à acheter ici)

Salle Gaveau
45 Rue La Boétie, 75008 Paris

Élections en Turquie: L’OSCE dénonce l’interdiction d’entrée de deux députés pour observer le scrutin du 14 mai

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Les députés européens Soren Sondergaard (accusé par la Turquie de faire de la propagande terroriste à cause de son soutien aux Kurdes syriens) et Kadir Kasirga qui voulaient se rendre en Turquie en tant qu’observateurs électoraux ont essuyé un refus d’accréditation d’Ankara. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a condamné le refus turc, déclarant que cette mesure « pourrait avoir un impact négatif sur le travail de la mission d’observation internationale » lors des élections présidentielles et législatives turques du 14 mai.

En réponse à la décision des autorités turques de refuser l’accréditation en tant qu’observateurs électoraux au parlementaire danois Soren Sondergaard et au parlementaire suédois Kadir Kasirga, membres de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, l’OSCE a publié le 8 mai un communiqué déclarant être « déçue de cette mesure prise par les autorités turques, qui pourrait avoir un impact négatif sur le travail de la mission d’observation internationale. Tout en reconnaissant le droit fondamental de tout pays de contrôler l’accès à ses bureaux de vote, les membres d’une mission d’observation électorale dans un pays de l’OSCE, à la suite d’une invitation des autorités du pays, doivent être en mesure d’accomplir les tâches pour lesquelles ils ont été invités. Le pays qui a invité l’Assemblée parlementaire de l’OSCE à observer ne devrait pas – directement ou indirectement – ​​influencer la composition de la mission.(…) Nous exprimons notre espoir que les autorités turques apporteront un soutien approprié aux observateurs de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. »

Lors du scrutin du 14 mai, les électeurs de Turquie devront choisir entre le président sortant Erdogan et son principal rival Kemal Kiliçdaroglu pour la présidence turque tandis que pour les élections législatives du même jour, une myriade de partis (extrême-droite, islamistes, kémalistes, kurdes, extrême-gauche…) sont en lice.

Il y a 13 ans, le régime iranien exécutait 5 prisonniers politiques kurdes dans la prison d’Evin

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IRAN / ROJHILAT – Le 9 mai 2010, le régime iranien a exécuté 5 Kurdes, dont 4 enseignants et une révolutionnaire accusé.s de « moharebeh » (« inimitié envers Dieu »). Il s’agissait de Shirin Alamhouli (une femme), Farzad Kamangar, Ali Heidarian, Farhad Vakili et Mehdi Eslamian. Les quatre premiers étaient accusés d’être membres du PJAK (un mouvement armée kurde du Rojhilat, le Kurdistan iranien). Le cinquième, d’être un membre du mouvement pro-monarchie « Assemblée du Royaume d’Iran ».

Shirin Elemhuli était une activiste et une révolutionnaire. Kemanger, Heyderiyan, Eslamiyan et Wekili étaient des enseignants. Il n’y avait aucune preuve tangible contre eux, mais il a fallu quelques minutes pour prendre la décision de les exécuter.
 
Comme beaucoup d’autres prisonniers politiques, ils ont été accusés d’être des « ennemis d’Allah ». L’opposition au régime iranien est interprétée par le régime comme « opposition à Allah ». Le régime s’identifie à « Allah ».
 
Le matin du 9 mai 2010, cinq prisonniers ont été exécutés à la prison d’Evin. (Depuis, il y a eu des milliers d’exécutions politiques que le régime utilise pour mater la population alors que la révolution « jin, jiyan, azadî » « femme, vie, liberté ») provoquée par le meurtre de la jeune Kurde Jina Mahsa Amini, à Téhéran en septembre 2022, à cause d’un voile « inapproprié » semble en mesure de chasser les mollahs du pouvoir.)
 
 
Au moment de sa pendaison, Elemhuli avait 28 ans. Dans la lettre qu’elle a écrite quelques jours avant son exécution, elle a souligné l’illégalité de cette décision et a déclaré qu’il s’agissait d’une décision politique.

 

« Aujourd’hui, le 2 mai 2010, ils m’ont ramené à l’interrogatoire … », ainsi commence la lettre.
 
« L’un des interrogateurs m’a dit : « Nous vous avons laissé partir l’année dernière, mais votre famille n’a pas coopéré avec nous. » En d’autres termes, je suis retenue en otage et ils ne me laisseront pas partir tant qu’ils n’auront pas ce qu’ils veulent, ce qui signifie qu’ils me garderont comme prisonnière ou qu’ils me pendront, mais ils ne me laisseront jamais partir».
 
Cette lettre a été écrite quatre jours avant son exécution. En parlant des trois années qu’elle a passées en prison, Elemhuli a remarqué qu’on ne lui avait même pas donné la permission d’avoir un avocat pour la défendre. Le résumé de sa vie en prison pourrait être dit en deux mots : « Torture et cruauté ».
 
Elemhuli qui a vécu des jours de torture, a écrit : « J’ai traversé des jours de souffrance dans les mains des forces militaires. Pourquoi m’ont-ils arrêtée ou pourquoi me pendraient-ils ? Parce que je suis kurde ? Je suis née kurde et parce que je suis kurde j’ai été torturée et battue ».
 
Les autorités iraniennes voulaient qu’Elemhuli nie sa kurdicité. La réponse d’Elemhuli était claire : « Si je fais quelque chose comme ça, je vais fondamentalement renier moi même. Ma langue est le kurde. J’ai grandi en parlant le kurde. Mais ils ne me permettent pas de parler ou d’écrire dans ma propre langue ».
 
Comme Elemhuli s’est adressée au procureur et au juge. Elle a souligné l’illégalité de tout le processus : «Comme je ne connais pas bien le persan, vous avez pris mes déclarations dans ma propre langue et vous ne pouvez pas comprendre ce que je vous ai dit. »
 
La lettre continue ainsi :
 
« La torture que vous m’avez infligée est le cauchemar de mes nuits, les peines et les souffrances de mes jours … Je souffre de maux de tête dus aux coups reçus lors de l’interrogatoire … Il y a des jours où je tombe tout simplement inconsciente. Je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe autour de moi et je ne peux pas revenir à la raison pendant des heures … Un autre cadeau que vous m’avez donné à la suite de la torture est que j’ai presque entièrement perdu la vue. Vous ne m’avez donné aucun traitement.
 
Je sais que ce que vous avez fait à moi et à ma famille n’est pas seulement fait pour nous. Vous avez essayé ces tortures sur Zeyneb Jalaliyan, Rûnak Sefazade et beaucoup d’autres jeunes kurdes … Depuis des jours, des mères kurdes attendent leurs enfants. Chaque fois que le téléphone sonne, ils ont peur de penser à de mauvaises nouvelles : « est-ce qu’ils ont été pendus », se demandent-ils ?
 
Bien longtemps après, quelques jours avant le 2 mai 2010, ils m’ont de nouveau emmenée à la division 209 de la prison d’Evin pour l’interrogatoire et ont répété leurs allégations sans fondement. Ils voulaient que je coopère avec eux et ils ont dit qu’ils annuleraient la peine de mort. C’était inutile. C’est pourquoi je n’avais rien à dire sauf ce que j’ai dit devant le tribunal. À la fin, ils voulaient que je répète ce qu’ils ont dit devant les caméras. Mais je ne l’ai pas accepté. Alors ils ont dit : « Nous sommes arrivés à ce point parce que nous voulions vous aider, mais votre famille ne nous a pas aidés ». L’officiel a dit qu’ils m’exécuteraient alors. »
 

 

Ferzad Kemanger avait également écrit une lettre près d’un mois avant son exécution dans laquelle il disait espérer que les discriminations étatiques imposées aux Kurdes d’Iran prendraient fin. Voici sa lettre :

« Le but de cette lettre n’est pas d’insister sur les problèmes des kurdes et de nier les inégalités existant chez les Baloutches, les Turcs, les Persans et les Arabes. En faisant preuve de sympathie pour eux, en se comportant en camarades, on les considère comme des minorités religieuses ou ethniques et on reconnaît ainsi leurs souffrances. Nous aussi faisons partie du peuple.

L’histoire kurde, c’est l’histoire d’une femme qui n’obtient de son mariage qu’insultes et coups. Lorsque l’on demande à son mari : « Vous qui ne subvenez pas à ses besoins, et qui ne lui donnez aucune preuve d’amour, pourquoi la battez-vous et l’humiliez-vous au quotidien ? ». Celui-ci répond : « Si je ne le fais pas, comment savoir que je suis son mari ? »

Voici maintenant notre histoire. Dans le discours politique iranien, les mots Kurdes et Kurdistan signifient malheureusement séparatisme. Ils ont des connotations antirévolutionnaires et contraires à la sécurité régionale, comme si ces mots étaient des invités non désirés et n’avaient aucune affinité avec l’Iran.

La province du Kurdistan est devenue la base de certains malheurs. Le peuple kurde est privé de beaucoup de droits élémentaires, économiques, sociaux et culturels. Le sous-développement historique de la province a engendré la pauvreté, le chômage et la désillusion du peuple kurde.

Bien que les Kurdes, patriotes et aimables, aient opté pour une vie paisible en Iran et n’aient revendiqué que leurs droits basiques, la seule réponse à leurs demandes légitimes a été l’augmentation des arrestations politiques et civiles, l’exil et les exécutions. Voici le résultat de la perception négative et des préjugés habituels contre le peuple kurde.

La présence de minorités ethniques en Iran et dans le reste du monde n’est pas un nouveau phénomène. La pluralité ethnique, raciale et culturelle dans la société est une arme à double tranchant. Quand une région se développe et que des relations justes et égalitaires existent en son sein, la cohabitation des diverses ethnies n’est, non seulement plus un problème, mais c’est aussi une richesse culturelle pour cette société. Elle augment la tolérance et réduit les dogmes culturelles et l’étroitesse d’esprit. Aujourd’hui, à l’heure de la globalisation, où beaucoup de sociétés se sentent menacées par l’ombre de la monotonie culturelle, le multiculturalisme est un don qui doit être protégé et chéri.

Dans le même temps, quand les dirigeants d’une société ne prêtent aucune attention aux besoins et droits légitimes des minorités, il est inévitable que cela engendre d’importantes conséquences. L’un des droits fondamentaux auquel tout Iranien, Kurde ou pas, a droit, est la citoyenneté. Il s’oppose à l’isolement et à l’exclusion, deux sentiments qui proviennent de l’influence des réalités tangibles de la vie quotidienne, de la pauvreté à la lueur qui s’éteint dans les yeux d’un enfant famélique, du père embarrassé par ses poches vides à la table vide du dîner familial, jusqu’aux joues pâles et au regard miséreux d’une mère.

L’isolement vient d’une approche centralisatrice et sépare les problèmes et besoins du peuple kurde (la population marginale) de ceux des populations des régions centrales.

Bien sûr, les sentiments d’exclusion, d’isolement et d’aliénation ne se limitent pas aux minorités ethniques quand le sous-développement et la mauvaise gestion dominent la société. Ces sentiments affectent plus ou moins tous les membres de la société. Mais, en raison des inégalités structurelles, ils ont des implications plus profondes pour les minorités.

Ce ressenti provoque, dans tous les groupes, de la tension et des troubles, particulièrement en cas de pauvreté culturelle, conséquence de la pauvreté économique. Pourquoi ne pas oublier pour une fois l’approche sécuritaire pour s’occuper des problèmes élémentaires du peuple ? On pourrait ainsi les résoudre une bonne fois pour toutes. Mais il y a d’autres soucis.

N’existe-t-il pas d’autre solution civique pour combattre la contrebande que de tirer ou de tuer ? Si les besoins matériels de base sont remplis, un jeune risquerait-il sa vie pour faire passer en contrebande une boîte de thé ou quelques rouleaux de tissu ? Suivant la même politique aux critères doubles, l’approche sécuritaire mise en œuvre contre les prisonniers politiques et civils kurdes est sévère.

Les Kurdes doivent-ils continuer à porter l’étiquette de minorité ethnique y compris en prison, dans les châtiments, ressentir ces sentiments sombres d’isolement et d’exclusion ? Existe-t-il vraiment une différence entre un prisonnier kurde et un non kurde pour que le premier soit privé de nombreux droits reconnus par la loi comme l’accès à un avocat, la libération conditionnelle, la réduction de peine, l’amnistie ou la liberté ? Pourquoi, alors que la clémence a fait son apparition pour les prisonniers politiques de Téhéran et de quelques autres grandes villes (c’est-à-dire qu’ils sont libérés, ce qui est une grande source de joie et je souhaite que cela continue), l’attitude sévère et dure envers les prisonniers kurdes persiste-t-elle ? Au lieu d’essayer de résoudre les problèmes, la politique générale (du gouvernement) continue de tourner autour de la répression et des exécutions.

Malheureusement, certains utilisent la situation géographique de la province du Kurdistan comme prétexte pour justifier l’approche sécuritaire. Le régime continue sa répression des prisonniers politiques et des civils. Il exécute des personnes qui sont essentiellement des otages et des boucs-émissaires plus que des prisonniers purgeant une peine pour un crime commis.

Combien de temps cette vue sécuritaire perdurera-t-elle alors qu’elle a causé malheurs et divergences dans la jeunesse kurde ?

La population kurde victime a choisi la méthode la plus raisonnable pour résoudre ses problèmes : une vie non-violente. L’approche sécuritaire des Kurdes et du Kurdistan (par le gouvernement) ne sous-entend-elle pas que le peuple kurde est séparé de l’Iran et des Iraniens et qu’il doit par conséquent être traité comme des non Iraniens ? Je souhaite vraiment que cela cesse car, dans le cas contraire, cela engendrera de la violence, une conséquence qu’aucun esprit sain ne veut accepter.

J’espère la fin du traitement [discriminatoire] des prisonniers kurdes. En considérant de la même façon tous les prisonniers, on avancera (même si ce n’est qu’un petit pas) dans la résolution des problèmes de la région. J’espère vivement que l’histoire des Kurdes ne ressemblera pas à celle de cette femme dont le mariage se résume aux maltraitances quotidiennes que son mari lui inflige. »

Farzad Kamangar
Prison d’Evin, 10 avril 2010

 

Élections en Turquie. Erdoğan perd le vote kurde alors que les politiciens kurdes approuvent Kılıçdaroğlu

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TURQUIE / KURDISTAN – L’électorat kurde, faiseur de roi, s’apprête à faire payer au président turc Erdogan ses années de répressions anti-kurdes en votant pour son principal opposant Kiliçdaroglu pour le scrutin présidentiel et pour le parti Yesil Sol pour les législatives (deux élections ont lieu le 14 mai prochain).

Avec environ 64 millions d’électeurs éligibles lors des prochaines élections présidentielles et parlementaires du 14 mai, la population turque de 15 à 20 millions d’habitants d’origine kurde devrait jouer un rôle crucial dans la détermination du résultat.

Kemal Kılıçdaroğlu, le co-candidat présidentiel de l’Alliance nationale, est en tête avec une large marge de 64 % contre 36 % pour le président sortant Recep Tayyip Erdoğan, indique une enquête réalisée par la société de sondage Rawest Araştırma entre le 21 avril et le 29 avril auprès de 5 799 personnes dans les provinces kurdes de Diyarbakır, Van, Mardin et Urfa.

Le chef du Parti républicain du peuple (CHP) obtient la plus grande part des voix à Diyarbakır (Amed), avec 76,3 %. A Van, où le candidat à la présidentielle a attiré une foule remarquablement nombreuse le 2 mai, il rassemble 73,8% et 66% à Mardin, selon l’enquête.

Seule la circonscription d’Urfa semble favoriser le président et chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Erdoğan, obtenant une marge confortable de 57 %, par rapport au taux de vote de 40 % de Kılıçdaroğlu.

Les candidats outsiders Muharrem İnce et Sinan Oğan sont loin derrière, obtenant entre 4 et 0,1 % des voix dans les quatre provinces comptant environ 5,9 millions d’habitants. De plus, les résultats de l’enquête de Rawest qui montrent que Kılıçdaroğlu obtient 60% de voix, en cas de deuxième tour le 28 mai.

Le passé kurde du CHP

Ces taux de participation élevés pour le favori du CHP sont remarquables car ces régions ne sont pas particulièrement connues comme un bastion du plus ancien parti anti-kurde de Turquie.

Au contraire, le CHP kémaliste a été l’un des partis politiques les moins populaires dans les régions kurdes en raison de son association avec le nationalisme turc et de la répression sévère des insurrections kurdes pendant son régime à parti unique entre 1923 et 1950, qui niait l’existence du peuple kurde. et interdit l’usage public de la langue kurde.

Plus récemment, dans les années 2010, le CHP s’est opposé au « processus de paix » du gouvernement AKP avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une décision sans précédent dans l’histoire de la république moderne.

Pourtant, le parti a fermement soutenu les actions militaires de l’AKP dans le nord de la Syrie et le nord de l’Irak contre le PKK et les avancées kurdes. En outre, le CHP s’est rarement prononcé contre la marginalisation du Parti démocratique des Peuples (HDP) axé sur les Kurdes et a même voté la suppression des immunités des titulaires de mandat en mai 2016.

Lors des doubles élections de 2018, le CHP et son candidat à la présidence ont joué un rôle minime, l’AKP et le HDP dominant la région. Le CHP a obtenu moins de 4 % des voix à Van, Diyarbakır, Mardin et Urfa, tandis que l’AKP a obtenu entre 21 et 52 % des voix.

Un soutien croissant pour Kılıçdaroğlu

Cependant, les résultats de Rawest et la participation de milliers de personnes à un rassemblement à Van semblent indiquer un soutien croissant à Kılıçdaroğlu. Les derniers sondages indiquent que le soutien au candidat sortant de 69 ans a fondu de 8 points dans les quatre provinces par rapport aux élections précédentes.

Alors qu’Erdoğan et son AKP ont initialement obtenu le soutien des électeurs kurdes en 2002 en promettant une gouvernance plus inclusive, beaucoup sont tombés en disgrâce suite à l’échec des pourparlers de paix avec des groupes kurdes en 2015 et à la position nationaliste croissante du président, étant en coalition avec les ultra- Parti nationaliste du mouvement nationaliste (MHP) depuis 2018.

De plus, au cours des dernières semaines, de nombreux politiciens du HDP à majorité kurde, qui se présentent aux prochaines élections sous le Parti de la gauche verte (Yeşil Sol Parti – YSP) en raison d’une affaire de fermeture imminente, ont renforcé leur rhétorique pour mobiliser ses électeurs à voter en faveur de Kılıçdaroğlu, 74 ans, même si le parti ne fait pas partie de l’alliance électorale du CHP.

Selahattin Demirtaş, l’ancien coprésident du HDP et emprisonné depuis 2016 pour des accusations liées au terrorisme, déclarées illégales par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en 2020, a exprimé son soutien explicite sur Twitter le 4 mai « Je crois sincèrement que vous mettrez fin à la ségrégation, assurerez la paix sociale et apporterez la prospérité à la Turquie. Mon vote est pour vous, M. #CumhurbaşkanıKılıçdaroğlu (Président Kılıçdaroğlu)  ».

Kılıçdaroğlu a promis de respecter les décisions de la CEDH qui entraîneraient la libération de personnalités telles que Demirtaş et le philanthrope Osman Kavala.

Lors du rassemblement de Van du 2 mai, le maire du CHP d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, qui risque l’incarcération et une interdiction politique dans une affaire internationalement condamnée pour « insulte à un agent public » à la suite des élections municipales d’Istanbul de 2019, a répété ces affirmations, déclarant que la justice n’est pas seulement pour lui ni pour Selahattin Demirtas.

« La décision d’un tribunal équitable ne fait de mal à personne », a-t-il déclaré à la foule, où les drapeaux du YSP étaient visibles entre les bannières du CHP.

« Une voix pour le YSP, une pour Kılıçdaroğlu »

La stratégie « une voix pour le YSP, une pour Kılıçdaroğlu » semble porter ses fruits lors des urnes dans les provinces kurdes, car les données de Rawest montrent que seulement 1,9 % des électeurs du HDP voteront pour le président Erdoğan, tandis que 90 % sont faveur du leader du CHP le 14 mai.

Pendant ce temps, le président Erdoğan a accusé l’opposition de coopérer avec le PKK : « Ma nation ne leur cédera pas le pouvoir s’ils sont élus président grâce au soutien qu’ils obtiennent de Qandil », a-t-il déclaré le 1er mai, faisant référence aux montagnes du Kurdistan irakien, où sont basés les combattants du PKK.

Bianet

« Propositions » de ChatGPT pour la résolution de la question kurde en Turquie

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Le politologue Cuma Çiçek déclare avoir sollicité ChatGPT, le générateur de textes utilisant une intelligence artificielle de pointe développé par OpenAI, concernant la résolution de la question kurde en Turquie et ajoute que les outils d’intelligence artificielle offrent de meilleurs cadres que la rationalité politique moyenne en Turquie.

Cuma Çiçek a déclaré dans un article du magazine Birikim qu’il avait posé des questions à ChatGPT concernant la résolution de la question kurde en Turquie, ajoutant que les outils d’intelligence artificielle offrent de meilleurs cadres que la rationalité politique moyenne en Turquie, écrit le site Medya News.

Voici la suite de l’article de Medya News:

Si le candidat à la présidence du bloc d’opposition Kemal Kılıçdaroğlu est élu lors des prochaines élections turques du 14 mai, il pourrait obtenir l’aide de l’intelligence artificielle pour tenir sa promesse de résoudre le conflit kurde dans le pays par des moyens parlementaires et pacifiques, selon un article publié samedi sur le site du magazine Birikim.

 

« Bien sûr, il est également possible d’inverser cette phrase. La rationalité moyenne de la politique turque sur la question kurde est loin derrière la rationalité offerte par l’intelligence artificielle », déclare Çiçek.

Ci-dessous, vous pouvez lire les deux questions posées par Çiçek au chatbot et ses réponses à ces questions.

Question : Comment résoudre le problème kurde en Turquie ?

Réponse de ChatGPT :

« La question kurde en Turquie est un problème de longue date et complexe, enraciné dans des facteurs historiques, politiques, sociaux et économiques. Afin d’aborder une solution à ce problème, il est nécessaire de prendre en considération les préoccupations et les aspirations des communautés kurde et turque.

Voici quelques pistes possibles pour aborder la question kurde en Turquie :

Reconnaissance des droits culturels et linguistiques de la communauté kurde : Cela pourrait inclure la reconnaissance officielle de la langue kurde, l’autorisation d’utiliser des noms kurdes et le soutien à la culture et au patrimoine kurdes.
Lutter contre les inégalités socio-économiques : La marginalisation économique et sociale de la communauté kurde est un problème important. Investir dans les infrastructures, l’éducation et les opportunités d’emploi principalement dans les régions kurdes peut aider à remédier à ces inégalités.
Réformes du système politique : Le système politique actuel en Turquie a été critiqué pour être excessivement centralisé et autoritaire. Un système moins centralisé qui accorde plus d’autonomie aux gouvernements régionaux peut atténuer certaines des préoccupations de la communauté kurde.
Négociations politiques pour une solution : Le gouvernement turc peut engager des négociations significatives avec les représentants politiques kurdes pour trouver une solution politique qui réponde aux griefs de la communauté kurde. Cela pourrait inclure l’amnistie pour les militants kurdes, la libération des prisonniers politiques et la mise en place d’un système politique inclusif.
En fin de compte, la résolution de la question kurde en Turquie nécessitera une approche globale qui s’attaque aux facteurs économiques, politiques, sociaux et culturels qui contribuent au conflit. Cela nécessitera également la volonté du gouvernement turc et de la communauté kurde de s’engager dans le dialogue et la réconciliation. »

Question : Pouvez-vous suggérer des étapes concrètes pour la solution de la question kurde ?

Réponse de ChatGPT :

« Promouvoir les droits culturels et linguistiques : Le gouvernement turc pourrait prendre des mesures pour promouvoir la culture et la langue kurdes, comme autoriser l’utilisation du kurde dans l’enseignement public et les documents officiels, promouvoir les médias kurdes et soutenir la protection des sites du patrimoine culturel kurde.
Améliorer les conditions socio-économiques : Le gouvernement turc pourrait investir dans les infrastructures, l’éducation et la création d’emplois dans les zones à prédominance kurde pour remédier aux inégalités socio-économiques.
Établir un système politique inclusif : Le gouvernement turc pourrait promouvoir un système politique plus inclusif qui garantisse que les voix kurdes soient représentées dans les processus décisionnels nationaux. Cela pourrait inclure l’octroi d’une plus grande autonomie aux gouvernements régionaux et la possibilité d’une plus grande diversité dans les partis politiques et les nominations gouvernementales.
Négocier un compromis politique : Le gouvernement turc pourrait engager des négociations significatives avec les représentants politiques kurdes pour parvenir à un accord politique qui réponde aux griefs de la communauté kurde. Cela pourrait inclure l’amnistie pour les militants kurdes, la libération des prisonniers politiques et la mise en place d’un système politique inclusif.
Lutter contre les violations des droits humains : le gouvernement turc pourrait prendre des mesures pour lutter contre les violations des droits humains contre la communauté kurde, telles que des enquêtes et des poursuites dans les cas de torture, de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires.
Encourager le dialogue interculturel : Le gouvernement turc peut promouvoir le dialogue interculturel entre les communautés kurde et turque et encourager une plus grande interaction entre elles pour promouvoir la compréhension et la réconciliation.

Ces étapes ne sont pas exhaustives et les mesures spécifiques qui seront les plus efficaces pour résoudre le problème kurde dépendront de la situation sur le terrain. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures serait un bon point de départ pour répondre aux griefs de longue date de la communauté kurde en Turquie. »

Article original à lire ici: Artificial intelligence offers more rational solutions to Kurdish conflict than Turkish politics

TURQUIE. Une attaque raciste visant un convoi électoral du parti « pro-kurde » a fait 5 blessés

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TURQUIE – Cinq personnes ont été blessées lors d’une attaque raciste contre un convoi électoral du Parti de la gauche verte (Yesil Sol Parti) dans la province de Mersin. L’attaque fasciste menée par des partisans du MHP s’est produite sous le regard complice da la police turque.

Cinq personnes ont été légèrement blessées lors de l’attaque raciste contre un véhicule de campagne appartenant au Parti de la gauche verte (Yeşil Sol Parti – YSP) dans la province de Mersin, dans le sud de la Turquie. Un militant du parti a subi une lacération saignante à la suite de l’attaque et a été transporté à l’hôpital pour y être soigné.

L’attaque s’est produite dimanche après-midi dans le chef-lieu de Tarsus. Le véhicule YSP s’est arrêté à un feu rouge dans la rue commerçante Atatürk dans le district de Yeni Mahalle lorsqu’une foule d’environ 20 personnes sortis d’un bureau électoral du MHP ultra-nationaliste et a d’abord prononcé un discours de haine. Les assaillants, armés de gourdins et de couteaux, ont ensuite frappé le véhicule et cinq des occupants par les fenêtres ouvertes. Ils ont également crevé plusieurs pneus du véhicule.

Il y avait au total sept employés du YSP dans le véhicule, dont une femme. La branche locale du parti a déclaré que l’attaque avait été observée par un grand nombre de policiers patrouillant dans la zone, mais qu’ils n’étaient pas intervenus pour empêcher l’attaque. « Ce n’est pas une petite bagarre basée sur des opinions politiques différentes, mais une tentative de lynchage. Ce n’est que grâce à la réponse rapide du chauffeur que le véhicule a été manœuvré dans une zone sûre et que notre équipe a échappé à cette tentative de lynchage », indique le communiqué.

Le HDP pointe du doigt la responsabilité du régime turc et ses sbires 

Le HDP, qui participe aux élections législatives et présidentielles du 14 mai sous la bannière YSP, a déclaré que les attaques et les violences contre l’opposition étaient planifiées et coordonnées. La responsabilité politique incombe aux gouvernants et à leurs porte-parole, qui passeraient du discours de haine au discours de haine. La provocation, l’escalade et la peur suscitée par l’ennemi inventé visaient à polariser la société et à stigmatiser des groupes individuels. « La peur de la défaite du gouvernement en place met en danger la sécurité des électeurs », a souligné le HDP qui a également condamné l’attaque similaire ciblant Ekrem Imamoğlu hier à Erzurum.

TURQUIE. Un militant kurde assassiné à Şirnak

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TURQUIE / KURDISTAN – Temel Temel, militant et oncle d’un ancien élu kurde, a été assassiné dans la province de Şirnak, faisant craindre que les escadrons de la mort actifs au Kurdistan du Nord et Sud dans les années 1990 ont été réactivés à la veille des élections présidentielles et législatives turques du 14 mai.

Temel Temel (50 ans), oncle du maire BDP de la ville d’Elkê décédé en 2015, a été abattu devant sa maison dans le village de Setkar. Des témoins parlent d’un assassinat ciblé.

Temel Temel (50 ans) a été abattu dimanche soir devant sa maison dans le village de Setkar, dans la province kurde de Şirnex. L’homme assassiné est l’oncle du maire de la ville de district d’Elkê (tr. Beytüşşebap), Yusuf Temel (BDP), décédé en 2015. L’agresseur ou les agresseurs ont tiré plusieurs coups de feu en direction de Temel alors qu’il sortait de son véhicule. Une foule s’est rassemblée devant la morgue de l’hôpital public de Beytüşşebap pendant la nuit et a chanté des lamentations.

Ferhat Temel, l’oncle de l’homme assassiné et coprésident de la branche HDP du district d’Elkê, a déclaré que Temel Temel n’avait été en conflit avec personne et qu’il s’agissait d’un assassinat ciblé. La famille est connue pour son soutien au HDP et a été au centre de la répression étatiques.

L’« Équipe de la dague » à nouveau active

Ce n’est pas un hasard si les habitants de la région évoquent un assassinat ciblé. La province de Şirnex, et en particulier le comté d’Elkê, est connue pour ses assassinats politiques par des paramilitaires et les services secrets turcs. Dans les années 1990, l’État turc a constitué d’innombrables escadrons de la mort avec les services secrets du JITEM, qui ont semé la terreur notamment dans cette région kurde.

Les escadrons de la mort de l’« équipe de la dague » (Hançer Timi) étaient particulièrement actifs dans la région de Botan. Ils ont commis d’innombrables enlèvements forcés, torturé, violé d’innombrables civils kurdes et commis de nombreux autres crimes contre l’humanité. L’« équipe de la dague » a été réactivée dans le cadre des attaques turques contre les bases du PKK au Kurdistan irakien.

ANF

TURQUIE. Quatre femmes kurdes détenues violemment par la police lors d’un meeting électoral à Istanbul

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TURQUIE – La police turque a attaqué violement le rassemblement de femmes organisé par le Parti de la gauche verte pro-kurde à Istanbul, arrêtant quatre femmes au motif que leurs foulards blancs étaient brodés aux « couleurs kurdes illégales » (vert, rouge et jaune). Par ailleurs, une vidéo montrant une femme kurde âgée traînée et détenue par la police a suscité l’indignation et la condamnation du public.

Le dimanche 7 mai, quatre femmes ont été battues et détenues par la police à Istanbul alors qu’elles quittaient l’événement dans une atmosphère joyeuse, organisé par le Parti de la gauche verte avant les élections de la semaine prochaine.

La police est intervenue brusquement et sans raison apparente alors que les femmes se dispersaient déjà, à la fin du rassemblement organisé sous le slogan « Nous sommes ici, nous allons changer avec les femmes » dans le parc Yoğurtçu du quartier Kadıköy d’Istanbul.

La police a affirmé que les femmes portaient des couleurs vertes, jaunes et rouges comme signal pour un message politique et les a attaquées alors qu’elles se dispersaient. Les femmes ont été battues et détenues, tandis que le reste de la foule a protesté contre la brutalité policière en scandant « Jin, jiyan, azadî » (Femmes, vie, liberté).

Une vidéo montrant une femme âgée traînée et détenue par la police a particulièrement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux.

Des témoins oculaires ont rapporté que la police a attaqué les femmes sans avertissement, ce qui a provoqué une bagarre qui a abouti à la détention de quatre femmes. Les femmes restantes sur les lieux ont scandé des slogans et protesté contre les actions de la police, exigeant la libération des détenues.

Medya News