SYRIE / ROJAVA – Un drone turc a ciblé un véhicule des Forces de sécurité intérieure (en kurde, Asayish) près de Qamishlo, tuant quatre membres des Asayish, dont un haut cadre, et blessant un autre, selon l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH).
La Turquie a intensifié ses frappes de drones ces derniers mois dans le Nord et l’Est de la Syrie sous contrôle de l’administration autonome kurde.
Vendredi dernier, trois femmes combattantes du conseil militaire de Manbij ont été tuées dans une frappe de drone turc près de Manbij.
IRAK / KURDISTAN – Aujourd’hui, un drone turc a ciblé une voiture sur le mont Sardasht, dans la région yézidie de Shengal. Trois combattants des forces yézidis (Yekîneyên Berxwedana Şengalê – YBŞ) sont tombés martyrs dans l’attaque.
La Turquie cible les Kurdes yézidis pour les chasser de leur patrie historique où ils ont subi un nouveau génocide en 2014
IRAN / ROJHILAT – Les citoyens du Rojhilat et d’Iran sont à nouveau descendus dans la rue à l’occasion du premier anniversaire du meurtre de Jîna Amini. Le peuple, qui résiste depuis un an, a encore une fois dit « Jin, jiyan, azadî ».
Le 16 septembre 2022, à l’occasion du premier anniversaire du meurtre de Jina Mahsa Amini perpétré par les patrouilles Ghast e Irshad (police des mœurs iranienne), le peuple est descendu dans la rue à travers le pays. Les manifestations se poursuivent dans tout l’Iran, notamment au Rojhilat, Téhéran et à Baloutchistan et Sistan. Les citoyens qui sont descendus dans la rue ont scandé des slogans : « Liberté », « Mort au dictateur », « Jin, jiyan, azadi », « A bas les pasdarans », « A bas Khomeini », etc.
Plus de cent arrestations
Les forces du régime sont intervenues dans les manifestations à travers le pays et ont arrêté au moins 100 manifestants.
Manifestants attaqués
Selon les informations obtenues, les forces du régime ont attaqué avec des armes les manifestations dans les provinces kurde de Mahabad, Kermanshah (Kirmaşan) et Saqqez. On a appris que de nombreux militants avaient été blessés à la suite de cette attaque armée. Une activité aérienne a également été enregistrée au-dessus de la ville de Saqqez.
Mort de 2 soldats iraniens
Jusqu’à présent, deux soldats du régime sont morts dans les affrontements entre manifestants et les forces gouvernementales à Bijar et à Kermanshah.
SYRIE / ROJAVA – Les femmes et la population du canton de Qamishlo ont commémoré le premier anniversaire du meurtre de la jeune femme kurde Jina Mahsa Amini et se sont engagées à intensifier la lutte jusqu’à la libération des femmes.
A l’occasion du premier anniversaire du meurtre de Jina Emini, le mouvement de femmes du Rojava, Kongra Star a organisé un rassemblement de solidarité avec le soulèvement « Jin, Jiyan, Azadî » (Femmes, Vie, Liberté), devant le Centre de Culture et d’Art Muhammad Sheikho, au cours duquel des centaines de personnes les femmes de différentes composantes ont participé dans leurs costumes traditionnels.
Le rassemblement a débuté par une minute de silence en l’honneur des âmes des martyrs. Ensuite, la porte-parole du Kongra Star dans le canton de Qamishlo, Shaha Khalil, a prononcé un discours dans lequel elle a souligné que le soulèvement des femmes au Rojhalat et en Iran n’est rien d’autre qu’une étincelle inspirée par la résistance des femmes kurdes à travers l’histoire.
Elle s’est engagée à intensifier la lutte pour libérer les femmes et obtenir la liberté physique du leader Abdullah Ocalan.
La veillée s’est terminée par le slogan « Jin, Jiyan, Azadî ».
Tel Barak
Kongra Star a organisé un événement similaire dans le district de Tal Barak auquel ont participé des dizaines de femmes, membres et membres des institutions civiles du district.
Athraa Al-Hussein, membre du Kongra Star du district de Tel Brak, a prononcé un discours dans lequel elle a rappelé Jina Amini et a déclaré : « Aujourd’hui, nous rendons hommage à Jina Amini, qui a été injustement tuée à cause du régime autoritaire. »
Elle a ajouté : « Nous condamnons cet acte criminel contre Jina Amini », soulignant que « la religion de l’Islam est une religion de facilité et n’établit pas de règles qui violent les droits des femmes, mais stipule plutôt que les femmes doivent être honorées et jouir de tous leurs droits ».
PARIS – Le journaliste et cinéaste kurde d’Iran réfugié à Paris, Zanyar Omranî a réalisé un documentaire mettant en lumière l’histoire politique contemporaine de Sanandaj (Sînê), capitale de la province du Kurdistan en Iran.
Le documentaire « Binke » (mot kurde qui signifie « La Base ») vise à décrire une tranche de l’histoire politique contemporaine de Sanandaj. Binke se concentre sur les moments cruciaux, notamment la libération des prisonniers politiques lors de la révolution de 1979, l’émergence de l’autonomie gouvernementale au Rojhelat, la création des « Binkes » et les élections municipales, ainsi que le soulèvement de Jina en 2022 pour récupérer la souveraineté publique. (Documentaire à visionner sur le compte YouTube de Zanyar Omranî, sous-titres en anglais)
IRAN / ROJHILAT – Dans les villes kurdes d’Iran assiégées par les forces gouvernementales depuis plusieurs jours, on fait état d’arrestations et de violences étatiques qui ont fait au moins un mort. Le régime iranien fabrique des fausses informations pour justifier le bain de sang qu’il va commettre dans les régions kurdes à l’occasion du premier anniversaire de Jina Mahsa Amini qui avait déclenché les protestations anti-régime dans tout le pays.
Ce matin, les forces gouvernementales ont abattu Ferdin Jafari d’une balle dans la tête sur la route du cimetière d’Aichi de la ville kurde de Saqqez où se trouve la tombe de Jina Amini.
Par ailleurs, le père de Mahsa Amini, Amjad, a été brièvement arrêté samedi, puis assigné à résidence avec sa femme, au milieu d’une forte présence sécuritaire autour de leur domicile dans la ville de Saqqez, à l’occasion du premier anniversaire du meurtre de leur fille.
De plus, le régime iranien a ouvert cette nuit l’une des vannes du barrage Chirag Weis pour bloquer les routes secondaires du cimetière Aichi et empêcher les gens de visiter les tombes de Jina et d’autres martyrs de la révolution « jin, jiyan, azadî » (Femme, vie, liberté).
L’Organisation de défense de droits humains, Hengaw met en garde contre les fake-news du régime iranien qui parle de « destruction de groupes terroristes » et d’« arrestation de terroristes » qui « est un mensonge complet et un scénario des institutions de sécurité pour justifier la répression sanglante dans les villes du Kurdistan ».
La réponse du peuple kurde à la barbarie des mollahs iraniens se limite à une grève générale massive observée à travers toutes les villes kurdes d’Iran.
Au Kurdistan iranien, nous assistons à un combat entre David (les Kurdes civils, sans armes) et Goliath (l’État sanguinaire iranien sans foi ni loi).
PARIS – Ce samedi 16 septembre 2023, la maire de Paris, Anne Hidalgo a inauguré le Jardin Villemin – Mahsa Jina Amini, à l’occasion du premier anniversaire du meurtre de Jina Amini par la police des mœurs iranienne à Téhéran pour un voile « mal porté ». L’inauguration a été perturbée par des monarchistes iraniens qui ne toléraient pas qu’on scandent le nom kurde « Jina ».
Lors de l’inauguration à laquelle ont assisté de nombreuses personnalités politiques et associatives, des représentant.e.s de l’institut kurde de Paris et du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), des fascistes iraniens pro-monarchie venus en nombre ont insulté la mémoire de Jina Amini, en empêchant la foule de scander des slogans avec le nom kurde « Jina » et ont crié chaque fois « Mahsa » (nom persan donné à Jina car les prénoms kurdes sont interdits en Iran) et agressé verbalement des manifestants kurdes qui leur demandaient de respecter la mémoire de la jeune femme.
Les royalistes ont été particulièrement hargneux quand la militante iranienne, Soheila Shahriari, a lu la lettre de la famille de Jina Amini envoyée à la Mairie de Paris pour la remercier d’avoir honoré la mémoire de Jina en donnant son nom au jardin Villemin. En France, où on a coupé la tête aux rois, voir des royalistes iraniens agresser les Kurdes est un spectacle désolant qu’on n’aurait pas imaginer voir au XXe siècle…
La plaque définitive portant le nouveau nom du jardin a été apposée plus tard à cause des problèmes techniques.
SYRIE / ROJAVA – Trois combattantes des Unités de protection des femmes (YPJ) ont été tuées vendredi dans la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, par une frappe de drone turc.
Fondé en avril 2013, le YPJ est une force entièrement féminine composée principalement de Kurdes mais qui comprend d’autres groupes ethniques du nord-est de la Syrie. il fait partie des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Un drone turc a visé une voiture transportant trois combattantes des YPJ sur la route d’al-Hatabat, au sud de Manbij, a indiqué le Conseil militaire de Manbij (MMC) des FDS dans un tweet.
Cette frappe a entraîné la mort de combattantes des YPJ, a ajouté le MMC, sans fournir plus de détails.
Manbij est depuis longtemps la cible des frappes de drones turcs, car elle cible de temps en temps ce qui a semé l’horreur parmi les habitants. La région a été attaquée par les factions d’opposition armée soutenues par la Turquie, alias l’Armée nationale syrienne (SNA), et le Hayat Tahrir al-Sham (HTS, anciennement Front al-Nosra) début septembre.
Les attaques contre Manbij sont intervenues parallèlement à des attaques lancées par des hommes armés affiliés au gouvernement syrien et à des milices soutenues par l’Iran à Deir ez-Zor.
Les attaques ont provoqué le déplacement de 524 familles des villages situés sur les lignes de contact.
Le 27 août, les FDS ont lancé une opération militaire appelée « Renforcement de la sécurité » avec le soutien de la Coalition mondiale dirigée par les États-Unis sur la rive est de l’Euphrate, plus précisément à Deir ez-Zor, « pour éradiquer les cellules dormantes de l’EI, poursuivre criminels responsables d’injustices contre la population locale, et pour traquer les passeurs qui exploitent les moyens de subsistance de la population ».
Le 30 août, les FDS ont annoncé le démis de leurs fonctions du commandant du Conseil militaire de Deir ez-Zor, Ahmad al-Khabil, connu sous le nom d’Abu Khawla, pour son implication « dans de multiples crimes et violations, y compris la communication et la coordination avec des entités extérieures hostile à la révolution, commettant des infractions pénales et se livrant au trafic de drogue, mauvaise gestion de la situation sécuritaire, son rôle négatif dans l’augmentation des activités des cellules de l’Etat islamique », selon les FDS.
L’opération a donné lieu à des affrontements entre les FDS et des hommes armés affiliés aux dirigeants limogés et à Nawaf al-Bashir, chef de la tribu al-Baggara et figure pro-iranienne dont les groupes sont actifs sur la rive occidentale de l’Euphrate, qui est sous le contrôle des forces gouvernementales syriennes et des milices soutenues par l’Iran. (NORTH PRESS AGENCY)
Depuis le début de l’année, les frappes de drones turques ont tué 58 personnes, dont 13 civils et 42 membres des forces kurdes et de leurs alliés, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
« Résistance, l’archivage, la documentation, la mémorisation et le référencement font partie intégrante de notre lutte continue pour simplement exister en tant que Kurdes. Préserver, c’est accepter, et en l’absence de nos propres archives nationales, ce que nous faisons à Jiyan est minuscule en comparaison de ce qui pourrait être réalisé si nous, en tant que société collective, accordions autant d’importance à la préservation des voix féminines de notre existence apatride, comme nous le faisons pour nos hommes », déclare Raz Xaidan, fondatrice des Archives Jiyan, documentation multimédia dédiée à la préservation et à l’archivage de la vie, de la culture, de l’identité et de la diversité des femmes kurdes. Tout réalisé par une équipe 100% féminine !
Le journaliste Matt Broomfield a interviewé Raz Xaidan, fondatrice des Archives Jiyan dédiées à l’archivage numérique autour de la vie, de la culture, de l’identité et de la diversité des femmes kurdes. Une première dans le monde kurde.
Voici l’article de Matt Broomfield
Se souvenir, c’est résister : les archive JIYAN et Raz Xaidan
Les Archives Jiyan, un projet local et autogéré documentant les documents d’archives sur, par et concernant les femmes kurdes à travers l’histoire, répondent à un besoin urgent identifié de manière mémorable par l’intellectuel Walter Benjamin. Il établit une distinction entre la vision linéaire et « historiciste » de l’histoire et sa propre interprétation particulière de ce que Marx appelait le « matérialisme historique ». Pour Benjamin, si l’on considère le passé simplement comme une « séquence linéaire d’événements comme les grains d’un chapelet », un dynamisme fondamental est perdu. Il écrit : « Si l’on demande avec qui les adeptes de l’historicisme sympathisent réellement, la réponse est inévitable : avec le vainqueur. Et tous les dirigeants sont les héritiers de ceux qui ont vaincu avant eux ».
En revanche, pour Benjamin, le matérialisme historique n’implique pas une compréhension grossière et mécaniste de la manière dont l’histoire a progressé, mais un engagement dynamique et actif avec le passé qui « saisit la constellation que [notre] propre époque s’est formée avec une époque bien antérieure ». Le matérialisme de Benjamin appelle à un engagement actif dans une histoire vivante, comprise comme inextricablement liée à notre présent politique.
Ce besoin n’est nulle part plus urgent que dans le cas du peuple kurde, et en particulier des femmes kurdes. Comme le dit Raz Xaidan, fondatrice des Archives Jiyan : « L’archivage, la documentation, la mémorisation et le référencement font partie intégrante de notre lutte continue pour simplement exister. »
L’histoire des femmes kurdes a longtemps été racontée pour elles – et réduite à une simple séquence de guerre, de génocide et de tragédie, dans un récit de défaite qui nie le lien complexe entre les luttes des vies passées et la réalité présente. En tant que peuple apatride, les Kurdes se sont vu refuser l’accès aux récits historicistes conventionnels ou le contrôle de ceux-ci. Mais cela crée également un espace permettant aux archivistes kurdes de recréer leur propre histoire, « remplie d’art, de littérature, de diplomatie, de musique et de personnages spéciaux » dont les contributions, lorsqu’elles sont préservées et enregistrées, révèlent l’existence de forces historiques que les ennemis des Kurdes n’ont pas pu réprimer jusqu’à ce jour.
C’est pourquoi les Archives Jiyan mélangent des documents historiques apportés par des femmes kurdes et d’autres à travers le monde, des nécrologies et des entretiens avec des femmes vivant aujourd’hui au Kurdistan. Comme le suggère le nom même de Jiyan (« Vie »), l’archiviste kurde est nécessairement et profondément conscient de l’histoire en tant que force dynamique et vivante.
J’ai mené l’entretien suivant avec Raz Xaidan, qui a été légèrement modifié pour plus de clarté.
Comment et pourquoi le projet d’Archives Jiyan a -t-il commencé ? Quelles sont vos principales réalisations jusqu’à présent ?
Personnellement, j’ai toujours été investie dans les archives kurdes. En tant que créative multidisciplinaire, j’incorporais depuis de nombreuses années des documents d’archives et des photographies dans mes œuvres d’art multimédia. Comme j’étais basée dans le sud du Kurdistan (irakien) depuis un certain temps, j’ai également eu le privilège de visiter de vieilles maisons d’antiquités et des marchés où je passais mes week-ends à creuser (littéralement dans la terre) pour récupérer des photographies perdues et des objets qui venaient d’être abandonnés à pourrir. Mon lien personnel avec notre passé, ainsi que le fait de constater le décalage dans la société kurde entre nos archives et le rôle que [le passé] joue dans notre résistance, m’ont vraiment incité à réévaluer la façon dont je peux utiliser mes compétences créatives et mon admiration pour le passé pour créer un espace utile pour accueillir mes découvertes.
Les Archives Jiyan ont été lancées en août 2021, dans le seul but d’établir une plateforme collaborative mettant en valeur et documentant la vie et les histoires des femmes kurdes. La majorité des archives qui existaient déjà en ligne sont fortement axées sur les hommes kurdes, ou sur des contenus liés à la guerre et aux génocides. Je voulais créer une plateforme qui rende hommage à nos femmes, qu’elles soient nobles, locales ou matriarches. À l’été 2021, je me suis assise dans mon studio à Hewlêr (Erbil) et j’ai commencé à rédiger des idées, des noms pour le projet et à réfléchir à des figures matriarcales à interviewer.
Je suis reconnaissante d’avoir établi un solide réseau de femmes kurdes polyvalentes qui m’ont si aidé en me guidant avec des contacts ou des détails sur les femmes que je voulais interviewer. Cet été là, j’ai également nommé deux jeunes femmes kurdes en stage et ont passé leur été avec moi à développer leurs compétences créatives en studio. Le premier jour, leur première tâche était de rendre visite et de réaliser une interview avec Sînemxan Bedirxan, connue comme la dernière princesse du Kurdistan – une première journée super cool pour la bande en studio !
Le véritable succès initial de la création des Archives Jiyan n’a pas été la construction de la plateforme, mais le fait de voir comment une jeune fille kurde pouvait se connecter à une figure matriarcale avec une histoire de vie si puissante – une histoire à laquelle elle n’avait jamais été exposée auparavant. Nous avons pu constater en temps réel l’effet et le potentiel éducatif que ce projet pourrait avoir pour connecter la jeune génération kurde à la génération plus âgée, dans une approche collaborative qui a été notre plus grand succès.
Raz Xaidan
À quoi ressemble une semaine de travail type ?
L’équipe Jiyan est composée de 11 bénévoles (moi y compris). Nous sommes dispersées sur cinq continents. Chaque élément, archive, article et histoire de la plateforme a été aimablement offert en temps et en efforts par notre équipe altruiste. Une semaine de travail typique consistera à vérifier les soumissions du public aimable qui nous soumet directement ses archives personnelles pour examen et inclusion, à rédiger des articles et à discuter des femmes potentielles à mettre en valeur. Nous sommes autofinancées, ce qui signifie que nous travaillons selon nos propres conditions.
Photos des archives Jiyan .
Quel est le besoin particulier d’archives pour un peuple « apatride » ? Quelle est la relation entre la préservation de l’histoire kurde et le statut politique des Kurdes ?
Résistance, l’archivage, la documentation, la mémorisation et le référencement font partie intégrante de notre lutte continue pour simplement exister en tant que Kurdes. Préserver, c’est accepter, et en l’absence de nos propres archives nationales, ce que nous faisons à Jiyan est minuscule en comparaison de ce qui pourrait être réalisé si nous, en tant que société collective, accordions autant d’importance à la préservation des voix féminines de notre existence apatride. comme nous le faisons pour nos hommes. C’est vrai que nos hommes [ont leurs voix préservées], mais que sont devenues les femmes qui leur ont donné naissance ? « Apatrides » est une vilaine main qui nous a été infligée, mais tous les détails de notre passé ne sont pas remplis de malheur ou de vol de notre [terre]. Loin de la tragédie et de la guerre, nous avons une histoire riche remplie d’art, de littérature, de diplomatie, de musique et de personnages spéciaux à chérir et à inspirer.
Comment le fait que vous enregistriez l’histoire d’un peuple non étatique affecte-t-il votre façon de travailler, ce que vous choisissez d’enregistrer et la façon dont vous rassemblez des documents ?
Nous nous concentrons uniquement sur la documentation de la vie et des histoires des femmes kurdes, qu’elles aient été ou soient au Kurdistan ou qu’elles soient dans la diaspora. Bien que 95 % de nos entretiens soient menés en kurde, l’anglais est la première langue de la plateforme afin de soutenir l’idéal d’éduquer et d’éclairer les lecteurs du monde entier sur les femmes que nous mettons en valeur et les archives que nous numérisons. Chaque élément de nos archives a été numérisé par moi-même ou soumis par les utilisateurs du site. Nous avons une approche très décontractée lorsque nous menons des entretiens avec les femmes que nous diffusons ; la transparence et l’authenticité sont essentielles pour nous, la plateforme n’existe pas pour faire du sensationnalisme sur les voix féminines et nous ne nous engageons pas non plus dans les tripes habituelles que nous voyons en ligne et qui renforcent le regard fétichisé des femmes kurdes. Nous avons tendance à laisser les femmes nous diriger dans les entretiens, car c’est leur histoire qui est racontée – et souvent lors des visites à domicile, nous faisons l’expérience de l’hospitalité typiquement kurde, où nous sommes nourris avant de partir !
De même, quel est le besoin particulier d’archives préservant l’histoire des femmes ? Y a-t-il des aspects de votre processus de travail que vous qualifieriez de féministes ou affectés par le fait que vous vous concentrez sur l’histoire des femmes ?
Pour développer certaines idées mentionnées dans ma réponse précédente, nous sommes une plateforme 100 % féministe. S’il existait déjà un espace permettant de célébrer les femmes kurdes et leurs archives sans [influence] politique ou religieuse, nous n’existerions pas. C’est plutôt l’absence d’une telle plate-forme qui explique la création de Jiyan. Il n’y a pas de règles du jeu équitables lorsqu’il s’agit de notre histoire documentée. Les archives personnelles sont des éléments très intimes. Beaucoup négligent à quel point il peut être difficile d’obtenir des archives personnelles de femmes kurdes ; nous vivons toujours à une époque où de nombreuses sociétés et communautés kurdes sont contrôlées par les tabous et la stigmatisation.
Y a-t-il des régions du Kurdistan ou des périodes de l’histoire sur lesquelles vous avez pu recueillir plus ou moins d’informations, et pourquoi ? Quels aspects de vos archives souhaiteriez-vous approfondir et développer à l’avenir ?
Alors que la région regorgeait de photographes occidentaux au début des années 1900, cette période est la plus difficile lorsqu’il s’agit de se procurer du matériel local. Les photographies existent, mais à qui appartiennent-elles ? Où a-t-il été pris ? Quelle était l’année ? Tout cela reste un mystère en raison de facteurs tels que les conflits et le manque de données ou d’enregistrements.
Nous avons introduit une section sur notre page, « Les archives non réclamées », qui nous permet de partager des documents d’archives dans l’espoir de retrouver leurs propriétaires grâce aux personnes partageant ces documents ; parfois nous réussissions, d’autres fois moins. Grâce à notre plateforme collaborative sur notre site où le public peut nous télécharger ses objets personnels, notre région la plus populaire a été le Rojava (Kurdistan occidental), avec un accent particulier sur la région d’Afrin. Après Afrin, il y aurait Souleimaniye au Bashur (Kurdistan du Sud). Actuellement, nous aimerions intégrer davantage de documents d’archives du Bakur (Kurdistan du Nord), bien que nos auteurs aient interviewé et mis en lumière des femmes incroyables de la région. Nous avons également la première nécrologie des femmes kurdes en ligne. Ce qui est actuellement une priorité dans laquelle nous devons investir plus de temps. Cette section est très spéciale pour nous mais, naturellement, ce n’est pas la plus facile à écrire.
IRAN / ROJHILAT – Malgré la pression incessante qu’ils subissent, le père de Jina Amini reste déterminé à continuer de commémorer sa mémoire. Sa tombe a été profanée plusieurs fois cette année. « Je n’ai jamais cédé à cette pression et nous procéderons à la cérémonie comme prévu », a déclaré Amjad Amini.
Amjad Amini, le père de Jina Mahsa Amini, qui a perdu la vie entre les mains de la police iranienne des mœurs, continue de subir le harcèlement et les pressions des forces de sécurité iraniennes, à l’approche du premier anniversaire de sa mort.
La famille Amini, résidant dans la ville kurde de Saqqez, dans le nord-ouest de l’Iran, prévoyait une cérémonie pour honorer la mémoire de leur fille, comme le rapporte Iran International.
Amjad Amini a annoncé sur Instagram une cérémonie religieuse traditionnelle sur la tombe de Jina à Saqqez, appelant les individus à s’abstenir de recourir à la violence au cours de la commémoration.
Cette décision a alarmé le bureau des renseignements iraniens à Saqqez, qui a convoqué le père en deuil pour un interrogatoire et a intensifié ses efforts pour faire taire la famille, selon VOA Persan.
Malgré la pression incessante qu’ils subissent, le père de Jina reste déterminé à continuer de commémorer sa mémoire. Sa tombe a été profanée plus tôt cette année. « Je n’ai jamais cédé à cette pression et nous procéderons à la cérémonie comme prévu », a déclaré Amjad Amini.
L’oncle de Jina, Safa Aeli, a été récemment arrêté par les forces de sécurité. Malgré les visites au tribunal et au ministère du Renseignement du pays, la famille ne sait toujours pas où se trouve Aeli, a rapporté Iran International.
En outre, les proches de plusieurs personnes tuées lors des manifestations nationales de l’année dernière après la mort d’Amini ont déclaré à VOA Persan que les agences de renseignement les avaient avertis d’éviter les lieux publics le jour de l’anniversaire de samedi.
Malgré le climat d’intimidation omniprésent, la famille Amini reste résolue dans sa mission d’honorer la mémoire de Jina et la cause qu’elle a inspirée, son père affirmant qu’ils sont catégoriques quant à l’organisation de la cérémonie.
La situation s’est encore aggravée avec les informations faisant état d’un déploiement important de forces militaires lourdement armées dans les villes kurdes d’Iran, où sont désormais stationnés plus d’un millier de membres des forces spéciales.
La mort d’Amini, 22 ans, a eu des répercussions dans tout le pays, conduisant à la formation du mouvement Jin, Jiyan, Azadî (Femme, Vie, Liberté) et déclenchant des soulèvements à l’échelle nationale.
La ville kurde d’Halabja et la ville espagnole Guernica vont devenir des villes jumelées prochainement.
En signe de renforcement des liens culturels entre la région du Kurdistan et l’Espagne, le représentant du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) en Espagne, Darawan Haji Hamid, a reçu vendredi le maire de Guernica, José Maria Gorrono Etxebarrieta, où ils ont ont discuté d’un accord imminent pour jumeler Halabja et Guernica.
Le gouverneur d’Halabja, ville symbole du génocide kurde commis lors de la campagne al-Anfal, devrait se rendre prochainement à Guernica pour achever le processus de jumelage entre les deux villes.
Le 6 juin, Aydin Ostan, alors représentante par intérim du GRK en Espagne, avait lancé le processus de fraternité.
« Notre objectif est d’organiser une semaine kurde annuelle à travers des représentations, ce qui nous permettra de mettre en valeur la culture kurde en termes de musique, de théâtre, de vêtements et de cinéma », avait alors déclaré Ostan.
Guernica est une ville de la province espagnole de Biscaye, au nord de l’Espagne. C’est la maison du peuple indigène basque. Guernica a été fondée en 1366 par le roi castillan Tello Alfonso. La ville était célèbre pour son industrie de la laine et était autrefois un port prospère pendant l’âge d’or de l’exploration espagnole dans le Nouveau Monde.
Son histoire reflète celle d’Halabja, puisqu’elle a été bombardée en 1937 par la Luftwaffe – l’armée de l’air de l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale – dans le cadre de la guerre civile espagnole. Il s’agissait à l’époque de l’un des bombardements aériens les plus sanglants de l’histoire de l’humanité, tuant environ 1 600 civils. L’objectif était d’affaiblir le soutien du gouvernement républicain, opposant au leader nationaliste Francisco Franco.
L’artiste légendaire Pablo Picasso a ensuite été chargé par le gouvernement républicain de préparer un tableau représentant l’attentat à la bombe. Portant l’homonyme de la ville, le tableau devint plus tard un symbole des horreurs de la guerre.
De même, alors que les Kurdes se préparaient à célébrer le nouvel an kurde Newroz au printemps 1988, la ville de Halabja a été bombardée au gaz moutarde et sarin par les avions irakiens sur ordre de Saddam Hussein. Ce massacre, largement considéré comme l’une des attaques chimiques les plus meurtrières de l’histoire, a tué jusqu’à 5 000 civils.