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TURQUIE. 82 comptes Twitter (X) de médias et de journalistes kurdes bloqués

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CENSURE – La justice turque a bloqué l’accès aux 82 comptes X (ancien Twitter) de personnalités politiques, de journaux et de journalistes kurdes accusés de « propagande terroriste ».
 
Le tribunal pénal de paix de Gümüşhane a rendu une décision d’interdiction d’accès à 82 comptes X (Twitter), dont des hommes politiques et des journalistes kurdes. Dans la décision prise au motif de « la protection de la sécurité nationale et de l’ordre public », il a été affirmé que les comptes faisaient « de la propagande pour une organisation terroriste ». Dans la décision, on affirme que « l’intégralité du contenu des comptes en question était en faveur d’une organisation terroriste ».
 
Parmi les comptes bloqués figurent les comptes du journal Yeni Yaşam et du président honoraire du Parti démocratique des peuples (HDP), Ertuğrul Kürkçü, la journaliste basée aux Etats-Unis Amberin Zaman.

Le compte de Cansu Özdemir, une femme politique kurde-allemande qui dirige le groupe parlementaire du Parti de gauche à Hambourg, en Allemagne, a également été bloqué.

La décision de censure a également visé les journalistes kurdes Deniz Tekin, Öznur Değer, Berçem Mordeniz et le journal à vocation kurde Yeni Yaşam

KURDISTAN. Le TJA dénonce le meurtre des femmes journalistes

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TURQUIE / KURDISTAN – Le Mouvement des femmes libres (TJA) a organisé une conférence de presse à Diyarbakir (Amed) pour dénoncer le meurtre par un drone turc des journalistes Gülistan Dara et Hêro Bahadîn à Sulaymaniyah le 23 août.
 
Une déclaration a été faite à Amed en faveur des journalistes Gülistan Dara et Hêro Bahadîn, qui ont été assassinées lors de l’attaque d’un drone turc qui a ciblé le véhicule transportant des journalistes dans le district de Seyîdsadik de la ville de Sulaymaniyah, au Kurdistan d’Irak, le 23 août.

De nombreuses femmes ont assisté à la conférence organisée par le Mouvement des femmes libres (Tewgera Jinên Azad-TJA) sous le slogan « La voix de la presse libre ne être réduite en silence, Jin, jiyan, azadî ».

SYRIE. Assad déclare que le dialogue avec la Turquie ne dépend pas du retrait des troupes turques

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SYRIE – Hier, le président Bachar al-Assad a déclaré que le retrait des forces turques du territoire syrien n’était pas une condition préalable à un rapprochement entre les deux voisins, a rapporté l’Agence France-Presse. Cela confirme les propos de certains activistes kurdes qui affirmaient que les régimes turc et syrien étaient en pourparlers secrets depuis plusieurs semaines et qu’ils s’étaient mis d’accord pour attaquer le Rojava.
 
« Ce qui a été annoncé récemment par certains responsables turcs, selon lesquels la Syrie a déclaré que s’il n’y avait pas de retrait, elle ne rencontrerait pas les Turcs, n’est pas correct », a déclaré Assad au Parlement dimanche.
 
« Ce discours est loin de la réalité », a-t-il ajouté.
 
 
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a soutenu les premiers efforts des rebelles pour renverser Assad après le déclenchement de la guerre civile dans le pays en 2011, mais a changé de cap ces dernières années.
 
Depuis 2022, de hauts responsables syriens et turcs se rencontrent pour des pourparlers sous l’égide de la Russie, Moscou faisant pression pour une détente.
 
Les troupes turques et les factions rebelles soutenues par la Turquie contrôlent des pans entiers du nord de la Syrie, et Ankara a lancé des offensives transfrontalières successives depuis 2016, principalement pour débarrasser la zone des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes.

ROJAVA. Les gangs de la Turquie kidnappent 5 autres civils kurdes à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Les mercenaires de l’occupation turque ont kidnappé 5 autres civils kurdes à Afrin, dans le nord de la Syrie. L’armée d’occupation turque et les mercenaires islamistes continuent leurs crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les zones qu’ils occupent : chaos et insécurité, meurtres, pillages, viols, torture, kidnappings, vols des biens des Kurdes chassés d’Afrin.
 
 
Une source locale d’Afrin occupée a rapporté que les mercenaires de l’occupation turque de la soi-disant « Police militaire » ont enlevé 5 autres civils après avoir fait irruption dans leurs maisons dans le quartier d’al-Sina’a au centre de la ville de Jandaris à Afrin occupée. Il s’agit de : Nabhan Hassan Hajo (52 ans) de Sheikh al-Hadid, Hussein Hassan Khorshid (32 ans) du village de Kordan, Ibrahim Youssef Suleiman (40 ans) du village de Khaltan et qui travaille comme mécanicien automobile, Mustafa Shukri Hamo (34 ans) du village de Jaqli Shih Wastani et qui possède une station de lavage de voitures, et Salah (55 ans) du village de Bafloor qui travaille également comme mécanicien automobile. Les mercenaires ont exigé une rançon à leurs familles pour leur libération.
 
La source a indiqué que les mercenaires les ont emmenés vers un lieu inconnu.
 
Ce matin, les mercenaires de la soi-disant « Police militaire » créée par la Turquie ont kidnappé Dawoud Rashid Akash (46 ans) du village de Qurzile Jiya dans le distinct de Bulbul dans la campagne de la ville occupée d’Afrin.
 
L’armée d’occupation turque et les mercenaires islamistes continuent leurs crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les zones qu’ils occupent : chaos et insécurité, meurtres, pillages, viols, torture, kidnappings et combats entre mercenaires pour les biens des familles kurdes chassées d’Afrin.

ROJAVA. Lancement du forum « Eau et paix, un partenariat fort pour un avenir prospère »

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SYRIE / ROJAVA – Le forum « Eau et paix : un partenariat fort pour un avenir prospère » a débuté ce matin dans la ville kurde de Qamishlo, avec la participation d’universitaires et de représentants d’organisations de la société civile.
 
L’Union des municipalités et la Direction de l’eau du canton de Jazera ont organisé le forum « Eau et paix, un partenariat fort pour un avenir prospère » en conjonction avec la Semaine mondiale de l’eau, qui se déroule du 25 au 29 août.
 
Des représentants des institutions et organes compétents de l’administration autonome démocratique, des organisations de la société civile et des dizaines d’activistes et d’universitaires du nord-est de la Syrie participeront au forum au centre Nergiz de Qamishlo.
 
Le Forum a débuté par un discours de la vice-présidente de l’Union des municipalités du canton de Jazera, Berivan Omar, qui a souhaité la bienvenue aux participants et a souligné l’importance du forum étant donné que la région du nord-est de la Syrie souffre d’un certain nombre de défis dans le secteur de l’eau.
 
Et d’ajouter : « Les problèmes liés à l’eau sont l’un des problèmes les plus épineux au monde et dans le nord-est de la Syrie, et la durabilité de l’eau est en grand danger, l’eau est maintenant utilisée comme un outil de guerre contre la région en piégeant l’eau de l’Euphrate et en coupant l’eau de la station d’Alok ».
 
Au programme du forum, un certain nombre de questions importantes liées à l’eau seront abordées à travers un certain nombre de conférences, notamment:
 
Une conférence intitulée « Importance et ressources en eau dans le canton de Jazera » donnée par la coprésident du directeur de l’eau du canton, Berivan Slo.
 
Une conférence intitulée « Les eaux souterraines dans le nord et l’est de la Syrie : réalité et défis », donnée par Nizar Khalif, docteur en sciences géologiques et métallurgiques – Université de Rojava.
 
Une conférence intitulée « L’effet des méthodes d’irrigation sur les eaux souterraines » sera donnée par Amin Aref, chercheur dans le domaine des techniques d’irrigation modernes.
 
En plus d’une conférence intitulée « La relation des femmes avec l’eau » donnée par la chargée de cours au Département de Généalogie de l’Université de Rojava Zozan Muhammed.

TURQUIE. Des gardes-villageois blessent deux civils dans la province d’Ağrı

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TURQUIE / KURDISTAN – Des gardes villageois ont attaqué un village de Diyadin, dans la province kurde d’Ağrı et ont blessé deux personnes. Alors que la tension persiste dans le village, l’armée est arrivée dans le village et y a imposé un blocus total.
 
Dans le village de Bazirgan (Yukarı Satıcılar) dans le district de Diyadin à Ağrı, les gardes du village, qui attaquent souvent les civils, ont cette fois-ci ciblé une famille.
 
 
En raison de disputes qui ont commencé il y a deux ans en raison du désir des gardes villageois de s’emparer des terres du village, ces derniers ont attaqué le village, incendié de nombreuses maisons et attaqué les habitants. Malgré ces attaques, les villageois n’ont pas quitté leurs terres.
 
Les gardes du village ont de nouveau attaqué le village dans la matinée. Lorsque les habitants ont riposté, les gardes du village ont fait usage de leurs armes et ont grièvement blessé deux personnes, dont une femme.
 
Les équipes médicales dépêchées sur place ont transporté la femme blessée à l’hôpital de recherche d’Ağrı, mais elle a été transférée à Erzurum en raison de son état grave. L’autre blessé est toujours soigné à l’hôpital de recherche d’Ağrı.
 
Alors que la tension persiste dans le village, l’entrée et la sortie du village sont interdites. On ne sait pas encore si l’État a pris des mesures contre les gardes du village.
 
Gardes villageois
 
Les gardes villageois (korucu) sont des paramilitaires kurdes au service de l’État turc. Le système des gardes villageois a été créé en Turquie en 1985 pour lutter contre le mouvement de libération kurde et trouve ses racines dans les régiments Hamidiye de l’Empire ottoman. Les unités paramilitaires, fondées selon des méthodes coloniales éprouvées, sont désormais officiellement appelées « gardes de sécurité » et sont utilisées comme experts locaux et chair à canon dans les opérations militaires turques au Kurdistan. Leur mission comprend également des missions à l’étranger.

KURDISTAN. Des milices chiites entrent dans la région kurde de Garmiyan

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IRAK / KURDISTAN – Ce matin, un convoi de paramilitaires chiites des Unités de mobilisation populaire (PMU) est entré dans la région de Garmiyan, dans la province de Suleymaniyê, et occupé le champ pétrolifère de la région. D’après les déclarations des autorités kurdes, il s’agit d’une invasion.
 
Les PMF ont déclaré aux locaux et aux agences de presse qu’ils avaient été déployés dans la région de Garmiyan, près de la ville de Kifri (Gulajo/Gulejo), pour une période de 3 jours dans le cadre d’une opération anti-DAECH. 

Ils ont également déclaré avoir informé l’UPK de ce passage dans la région.
Cependant, les PMF ont immédiatement pris le contrôle du champ pétrolier de cette zone, dans le sud de la province de Suleymanyê, et ont commencé à y installer des patrouilles et des points de contrôle.
 
Dans une deuxième déclaration, les unités PMF ont déclaré qu’elles avaient un accord avec la société qui exploite le champ pétrolier et qu’elles étaient ici pour un déploiement permanent.
 
Les responsables de l’UPK ont nié toute connaissance de cette opération tandis que la situation reste chaotique et tendue au milieu d’envoi de Peshmergas (forces kurdes) dans la région.

TURQUIE. Les comptes X de deux journalistes kurdes bloqués

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TURQUIE – Un tribunal a ordonné le blocage des comptes X de deux journalistes kurdes Öznur Değer et Deniz Tekin, prétextant la « protection de la sécurité nationale et de l’ordre public ». Les journalistes et médias kurdes subissent la censure systémique en Turquie.
 
Öznur Değer et Deniz Tekin, correspondant judiciaire de l’Association des médias et des études juridiques (MLSA), sont les journalistes concernés par cette décision.
 
Suite à l’ordonnance du tribunal pénal de paix de Gümüşhane, X (ancien Twitter) a restreint l’accès au compte de Değer en Turquie alors qu’aucune mesure n’a encore été prise concernant le compte de Tekin.
 
L’équipe juridique de la MLSA (en turc: Medya ve Hukuk Çalışmaları Derneği, en anglais: Media and Law Studies Association) a annoncé son intention de contester la décision du tribunal, arguant que la décision de bloquer les comptes constitue une violation de la liberté d’expression.

TURQUIE. Deux otages kurdes libérés après 30 ans de captivité

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TURQUIE – Les otages politiques kurdes, Tarık Taş et Resul Öztop ont été libérés après 30 ans passés dans les geôles turques. Une foule les a accueillis à Adana.
 
Şükrü Akbaş, qui a été libéré hier d’une prison de Kocaeli, et Tarık Taş, qui a été libéré d’une prison de Tekirdağ dans la matinée, ont été accueillis à Adana. Taş et Akbaş, libérés après 30 ans, ont été accueillis à l’aéroport de Çukurova par leurs familles et par la branche locale de l’Association pour l’assistance aux détenus et aux familles des condamnés (AATUHAY-DER).

TURQUIE. Ouvriers kurdes attaqués pour avoir porté des maillots d’Amedspor

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TURQUIE – Les Kurdes ont de nouveau connu le racisme étatique en vigueur en Turquie suite à l’arrestation d’ouvriers kurdes qui ont été attaqués par un groupe armés de couteaux et de bâtons à Nevşehir.

Vendredi soir, une groupe d’ouvriers kurdes ont été attaqués dans la province de Nevşehir par des fascistes turcs armés de couteaux et des bâtons au motif qu’ils portaient des maillots du club kurde de football Amedspor également victime d’attaque racistes dans les stades turcs. La police turque est intervenue pour arrêter les ouvriers blessés, dont Edip Bozkurt que les fascistes ont accusés d’avoir porté des coups de couteaux.

 

Un mandat d’arrêt a été émis contre le travailleur kurde Edip Bozkurt, qui a été attaqué par un groupe raciste et touché à la jambe parce qu’il portait un maillot d’Amedspor.

Des travailleurs originaire de Diyarbakir (Amed) travaillant à l’installation d’une installation d’énergie solaire dans le quartier Aksalur du district d’Ürgüp, à Nevşehir, ont été attaqués hier soir par des dizaines de personnes avec des armes à feu, des couteaux et des bâtons au motif qu’ils portaient des maillots d’Amedspor.

13 travailleurs kurdes qui ont été attaqués ici ont ensuite été transportés à l’hôpital pour y être soignés. Les travailleurs ont été détenus après avoir été soignés. Si 12 de ces travailleurs ont été libérés, Edip Bozkurt, touché à la jambe, n’a pas été relâché. Bozkurt qui a été auditionné au commissariat de police a été emmené au palais de justice d’Ürgüp pour être présenté au bureau du procureur qui l’a fait déférer au Tribunal pénal de paix avec une demande d’arrestation. Le juge a émis un mandat d’arrêt contre Bozkurt, affirmant que trois personnes avaient déclaré qu’il avait poignardé quelqu’un.

Il semble qu’il n’y a pas eu d’arrestation chez les assaillants qui ont attaqué les ouvriers kurdes.

« Les opérations militaires turques ravivent la perspective d’une guerre civile parmi les Kurdes »

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Dans un entretien accordé au journal espagnol El Salto, le journaliste kurde, Kamal Chomani évoque les tensions croissantes entre Kurdes au Kurdistan irakien, exacerbées par l’intensification des opérations militaires de la Turquie contre le PKK. Il prévient que ces opérations non seulement sapent l’unité kurde, mais font également surgir la perspective alarmante d’une guerre civile entre les factions kurdes, la Turquie exploitant les divisions internes pour faire avancer ses objectifs expansionnistes.

 

Voici la totalité de l’entretien réalisé par El Salto:

La situation au Kurdistan irakien est critique. Alors que la Turquie intensifie ses bombardements contre les guérilleros du PKK et la population civile, les tensions intra-kurdes s’intensifient.

Les bombes qui tombent quotidiennement au Kurdistan irakien (Bashur) sont à peine entendues dans le reste du monde. Depuis des mois, l’État turc lance des attaques aériennes et terrestres dans une zone frontalière chaude qui ne semble inquiéter que très peu de monde. L’objectif ultime du gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan est d’occuper le plus de territoire possible et de l’annexer. Dans le même temps, le président turc est obsédé par la défaite des guérilleros du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont leurs bases dans les montagnes de Qandil, une zone frontalière avec l’Iran dont les insurgés ont fait leur bastion.

Ce qui se passe au Bachur [Kurdistan du Sud] est similaire à ce que vivent les habitants du Rojava [Kurdistan syrien] : la Turquie occupe plusieurs régions – comme Afrin, Serêkaniyê et Girê Spî – et bombarde des civils, des milices d’autodéfense et des infrastructures essentielles dans un territoire qui est bloqué et assiégé depuis plusieurs années.

Dans ce contexte, les tensions intra-kurdes s’accentuent de jour en jour, notamment parce que l’État turc cherche à exploiter ces différences, ce qui pourrait conduire à un conflit interne qui pourrait être dévastateur pour le peuple kurde. Au Bachur, outre le PKK, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) – qui gouverne d’une main de fer la région autonome kurde d’Irak – et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) forment une triade qui peut parfois paraître fragile et conflictuelle. Le PDK, dirigé par la famille Barzani, est le principal allié d’Ankara dans sa politique expansionniste et d’occupation. Par conséquent, la direction du PDK soutient pleinement la Turquie dans son invasion actuelle.

Les articles de Chomani, que l’on peut lire dans l’Institut kurde pour la paix ou dans Al-Monitor, se penchent sur son propre peuple et sur les luttes internes de ses principales organisations politiques.

Situé au cœur du Moyen-Orient et abritant plus de 40 millions de personnes, le Kurdistan est l’un des principaux problèmes non résolus sur la scène internationale. Le déni systématique des droits des Kurdes est une politique courante en Turquie, mais aussi en Syrie, en Irak et en Iran, les trois autres pays dans lesquels ce peuple est divisé.

Pour Chomani, il est clair que la politique étrangère d’Ankara est motivée par la question kurde en Turquie. « L’État turc a été fondé sur le déni des droits des Kurdes. Puisque les fondements de l’État turc reposent sur le déni de l’existence des Kurdes, l’État continue de les combattre, car les gardiens de l’État turc considèrent que toute victoire des Kurdes où que ce soit est une perte pour l’État turc », résume le journaliste kurde.

Quel est l’objectif de la Turquie en envahissant différentes zones du Kurdistan irakien ?

L’Etat turc a plusieurs objectifs. Tout d’abord, il s’agit d’éradiquer le mouvement de libération kurde en Turquie, et en particulier le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui est une cible clé de la Turquie depuis que le PKK a lancé sa campagne militaire contre l’Etat turc en 1984. Le PKK a été le plus grand réveil kurde du XXe siècle et son influence s’est étendue à toutes les régions du Kurdistan, y compris aux Kurdes de la diaspora. La nation kurde a subi un processus d’assimilation en Turquie et le PKK a été l’élément clé du réveil kurde et de la lutte pour la liberté. L’Etat turc a transformé la question kurde en une question de sécurité. Cette invasion de certaines parties du Kurdistan irakien s’inscrit dans la continuité de la politique turque de déni de la nation kurde et de sécurisation de la question kurde plutôt que de la résoudre par des moyens pacifiques. L’État turc n’a pas réussi à résoudre la question kurde en 2015 par des moyens pacifiques, et l’échec des pourparlers de paix entre les Kurdes et l’État turc a encore renforcé les néofascistes du pays, qui perpétuent la doctrine de l’État turc de nier les droits des Kurdes, d’où la nécessité de continuer à sécuriser la question kurde.

L’État turc a réussi à emprisonner des hommes politiques et des militants kurdes, ainsi que des journalistes, mais n’a pas réussi à éradiquer le PKK en tant qu’organisation militaire. L’État turc s’est inspiré du gouvernement sri-lankais, qui a réussi à mettre fin à l’insurrection des Tigres tamouls, même si jusqu’à présent, cette inspiration n’a pas porté ses fruits pour l’État turc. Deuxièmement, l’État turc a des ambitions géopolitiques, en particulier sous la présidence d’Erdoğan, qui aspire à devenir un nouveau sultan ottoman. Les ambitions néo-ottomanes de la Turquie sont claires. Elle a pour objectif de s’étendre à d’autres régions du Moyen-Orient. En combattant les Kurdes, l’État turc atteint deux objectifs clés : d’abord, comme je l’ai mentionné plus tôt, éradiquer le mouvement de libération kurde, et deuxièmement, étendre sa souveraineté territoriale. La Turquie a envahi deux parties du Kurdistan, violant la souveraineté de deux États où vivent des Kurdes. L’État turc n’aura de problèmes avec les deux pays que lorsque les Kurdes auront obtenu un certain degré d’autonomie politique et culturelle en Syrie et en Irak.

« La nation kurde a connu un processus d’assimilation en Turquie, et le PKK a été l’élément clé du réveil kurde et de la lutte pour la liberté »

Pourquoi le Parti démocratique du Kurdistan n’intervient-il pas pour arrêter les attaques turques ?

Non seulement le PDK n’intervient pas dans les attaques turques, mais il est devenu un facilitateur pour l’État turc. Malheureusement, l’une des tragédies kurdes est l’inégalité entre les Kurdes. Le PDK est un allié de la Turquie depuis les années 1990 pour diverses raisons économiques, politiques et militaires. Le PDK considère le PKK comme une menace pour ses fondements tribaux.

Sur le plan politique, les opérations ont déjà amené les partis politiques kurdes au bord d’une nouvelle guerre civile, non seulement entre le PDK et le PKK, mais aussi entre le PDK et l’UPK, le PDK utilisant les opérations turques pour continuer à réprimer la dissidence et consolider le pouvoir à Erbil, excluant l’UPK et d’autres du partage du pouvoir. Pendant ce temps, les forces peshmergas [forces militaires du PDK] sont devenues encore plus divisées. Cela ajoute à l’incertitude du marché dans le contexte de la crise économique au Kurdistan irakien. Les investissements internationaux ont peur de venir au Kurdistan, et les investisseurs locaux préfèrent se rendre dans d’autres régions d’Irak, l’une des raisons de la crise économique au Kurdistan irakien étant les opérations militaires turques.

Le mouvement de libération du Kurdistan a souffert autant de ses conflits internes que des forces d’occupation du Kurdistan. Pour la première fois depuis des années, les opérations turques laissent à nouveau entrevoir la possibilité d’une guerre civile parmi les Kurdes, en particulier entre le PKK et le PDK, ce dernier soutenant et justifiant officiellement et officieusement les opérations turques. De tout le spectre politique irakien, seul le PDK soutient les opérations, ce qui a mis le PKK dans une position très vulnérable, car il ne veut pas affronter les forces kurdes.

En raison des répercussions de ces opérations au Rojava, les relations entre le PDK et l’État turc ont été encore renforcées dans une certaine mesure. Le PDK considère le Rojava comme une extension du PKK et fait tout son possible pour saper les avancées dans cette région, comme en témoigne la déclaration de Masrour Barzani appelant la Coalition mondiale contre l’EI et les États-Unis à cesser d’armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) en raison de leurs liens avec le PKK, une affirmation que seule la Turquie a formulée.

L’Irak doit protéger ses frontières et est sous la pression de la Turquie, qui peut utiliser le courant d’eau contre le pays. L’Irak, en tant qu’État failli, a échoué de manière drastique à protéger ses territoires. La Turquie a construit plus de 40 bases militaires en Irak, dont une dans les zones qu’elle a établies au nom de la lutte contre l’EI, mais elle n’a jamais participé à la guerre contre l’EI. Et bien que l’EI ait été démantelé en Irak, la Turquie maintient sa base à Bashiqa. Cependant, il y a aussi un autre problème : si l’Irak déplace ses forces, il devrait recevoir l’aide des peshmergas kurdes, mais les peshmergas du PDK considèrent les forces irakiennes comme des occupants si elles se déplacent vers les frontières, alors que les peshmergas du PDK n’ont aucun problème à faciliter l’avancée des forces turques contre le PKK, car il existe une alliance entre le PDK et l’État turc.

Le PDK est considéré comme un représentant de la Turquie, et sa ligne financière est entièrement contrôlée par la Turquie. D’un autre côté, le PDK considère le PKK comme une menace existentielle, car il s’agit d’un parti politique tribal néopatrimonial dirigé par un oligarque tribal [Massoud Barzani], alors que, idéologiquement, le PKK défend des idéaux progressistes qui s’opposent aux fondements mêmes du PDK. Le PDK a perdu le soutien populaire parmi les Kurdes, non seulement au Kurdistan irakien, mais aussi dans tout le Kurdistan. Historiquement, le mollah Mustafa Barzani, le père de Massoud, bénéficiait d’un soutien décent parmi les Kurdes de Syrie et de Turquie, mais aujourd’hui, les partisans de Massoud Barzani ne peuvent pas accéder au parlement en Turquie, et en Syrie, ils sont si faibles qu’ils n’ont pas de base solide au Rojava.

« L’establishment clientéliste et corrompu du Kurdistan irakien est devenu le système »

Comment décririez-vous le gouvernement du PDK au Kurdistan irakien ?

Le gouvernement du PDK a été le plus grand échec des cabinets du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) depuis 2003. Je ne blâme pas entièrement le Premier ministre actuel, Masrour Barzani, car il a pris les rênes d’un gouvernement lourdement endetté. Cela ne diminue pas la responsabilité du PDK, car il a été le principal parti dans tous les cabinets du GRK depuis 2003.

Masrour Barzani n’a pas seulement échoué à mettre en place les réformes qu’il avait promises, mais a aussi mis fin au peu de liberté dont jouissait le peuple kurde. Le KRG contrôle la seule région d’Irak où des journalistes sont emprisonnés et condamnés pour avoir exprimé des opinions critiques. La contestation politique est réprimée. Le développement économique est au point mort. Le KRG ne fournit ni électricité ni eau potable. L’écart entre riches et pauvres se creuse. La corruption est endémique. Les peshmergas restent divisés et la militarisation du KRG est aussi généralisée qu’elle l’était dans les années 1990. Les forces de sécurité restent sous le commandement du PDK et de l’UPK. Le taux de chômage est si élevé que les jeunes n’ont d’autre choix que de prendre la route mortelle de l’Europe de l’Ouest. Le KRG n’a pas réussi à créer d’emplois. Si le KRG est un échec, le gouvernement actuel n’hésite pas à privatiser le secteur public. Le secteur privé est également contrôlé par le PDK et l’UPK, où les entreprises des clans Talabani et Barzani ont pris le contrôle du marché. L’establishment clientéliste et corrompu du Kurdistan irakien est devenu le système.

Face à l’invasion turque actuelle, quelle est la position de l’Union Patriotique du Kurdistan ?

L’UPK est un parti divisé. Ses membres sont totalement opposés à l’invasion turque et ses dirigeants s’y opposent dans une certaine mesure. Cependant, cela ne suffit pas, car le président irakien Latif Rashid appartient à l’UPK. L’UPK pourrait faire beaucoup plus. Bien qu’il y ait une meilleure entente entre l’UPK et le PKK, ses dirigeants n’ont pas compris les ambitions de l’État turc. L’État turc sabote les progrès de l’UPK dans la région de Kirkouk en unissant les Turkmènes, les Arabes sunnites et le PDK pour empêcher un membre de l’UPK d’obtenir le poste de gouverneur, qui est un droit électoral de l’UPK, car il a plus de sièges que tout autre parti politique. Cependant, l’UPK n’a pas de politique claire sur la manière de traiter avec Ankara et le mouvement de libération kurde en Iran et en Turquie. Sa position sur le Rojava était un bon mécanisme pour montrer l’unité kurde et progresser vers une meilleure coopération et coordination pour combattre l’EI, mais elle a été rapidement interrompue.

Comment les attaques turques affectent-elles la société civile au Kurdistan irakien ?

Les attaques turques ont eu des répercussions négatives sur la société civile kurde, qui souhaite adopter une position d’opposition à l’invasion. Cependant, ni le PDK ni l’UPK n’ont permis à la société civile d’exprimer son point de vue par le biais de manifestations, même si l’UPK s’est montrée moins agressive que le PDK. Le GRK utilise l’invasion turque pour réprimer davantage la société civile. La sphère démocratique où le public peut exprimer ses opinions se rétrécit.

Pendant ce temps, l’impact à long terme de l’opération turque dans la région du Kurdistan irakien a conduit à l’évacuation d’environ 600 villages. Jusqu’à présent, une centaine de civils ont trouvé la mort. La déforestation et la destruction de l’écosystème montagneux ont également été provoquées. Les conséquences des opérations au Kurdistan irakien sont évidentes. Cependant, au Moyen-Orient, la situation est la suivante : l’Iran continuera d’intervenir en Irak et ses milices deviendront plus nombreuses et plus légitimes, car l’armée irakienne ne pourra pas empêcher une nouvelle expansion turque non seulement au Kurdistan irakien mais dans tout l’Irak. Les efforts de l’Irak pour reconstruire l’État, en particulier dans les domaines sécuritaire et militaire, sont sabotés car les milices profitent de la faiblesse de l’appareil militaire et sécuritaire irakien pour revendiquer une légitimité en l’absence de l’armée et prendre des mesures pour empêcher l’occupation turque. La Turquie a des bases militaires dans des zones disputées et son ambition expansionniste néo-ottomane d’atteindre le pétrole de Kirkouk, au nom de la protection des Turkmènes, inquiète les Irakiens. Dans un tel scénario, tout le Moyen-Orient sera entraîné dans une nouvelle crise. L’expansion de la Turquie dans les montagnes de Qandil, ou dans un scénario où le PKK en serait expulsé, signifie que le terrorisme islamique disposera d’un refuge sûr pour recruter et s’organiser, quelque chose que la Turquie pourrait vouloir utiliser contre l’Occident d’une part, et contre « l’Axe de la Résistance » dirigé par l’Iran d’autre part.

« La politique de la communauté internationale en Irak et dans la région a toujours été axée sur la stabilité, la stabilité et la stabilité, et peut-être ensuite sur la démocratie et le respect du droit international. »
La Turquie est accusée d’avoir utilisé des armes chimiques au Kurdistan irakien et d’avoir violé le droit international en établissant des bases militaires sur le territoire irakien. Pourquoi la communauté internationale n’intervient-elle pas dans cette situation ?

La communauté internationale est en phase avec l’État turc. Tout d’abord, les politiques de la communauté internationale, en particulier celles des États-Unis et de l’Union européenne (UE) en Irak et dans la région, ont toujours été axées sur la stabilité, la stabilité et la stabilité, et peut-être ensuite sur la démocratie et le respect du droit et des normes internationales. En ce qui concerne la Turquie, les États-Unis et l’UE ont été de son côté, ou du moins ne se sont pas opposés aux invasions turques. Quant à la Russie et à la Chine, elles n’ont pas beaucoup d’influence. La Russie n’a pas non plus empêché la Turquie d’envahir certaines parties de la Syrie. Les États-Unis ont la responsabilité morale de protéger le territoire irakien, mais ils n’ont montré aucun intérêt à contribuer à résoudre le problème de l’invasion et de l’agression turques en Irak. Les États-Unis pourraient aider la Turquie et le PKK à résoudre leur problème, une demande que le PKK a formulée à plusieurs reprises.

Le gouvernement central de Bagdad a-t-il la capacité d’arrêter l’invasion turque actuelle ?

Si l’Irak et le GRK travaillent ensemble, ils pourront arrêter la Turquie, car ils peuvent porter le problème devant l’ONU. En attendant, si l’Irak et le GRK se tournent tous deux vers les États-Unis, je pense que ces derniers seront plus utiles pour arrêter la Turquie.

Quelle est votre opinion sur le PKK et sa lutte actuelle contre l’invasion turque ?

Le PKK est en mode défensif. Bien qu’il ait perdu du territoire, il peut survivre. Il est désormais enfoui dans les montagnes et dans des tunnels. Ces derniers lui ont permis de survivre à mesure que la guerre avec la Turquie progressait. Le nouveau système de guerre de haute technologie turc a considérablement porté préjudice au PKK au cours des dix dernières années, mais il n’a pas atteint ses objectifs. Le PKK travaille depuis des années au développement de systèmes anti-drones et, pour la première fois, il semble y être parvenu, puisqu’il a récemment réussi à abattre des drones turcs. Le PKK pourrait être en mesure de tirer parti du développement de drones et de missiles anti-drones artisanaux dans les mois ou les années à venir, au point de pouvoir non seulement être en mode survie et défensif, mais aussi en mode offensif. Ce n’est qu’une question de temps.

Via Medya News

 

KURDISTAN. La Turquie a ciblé des touristes arabes à Amedi

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IRAK / KURDISTAN – Ce midi, un jour après l’assassinat ciblé de deux journalistes kurdes par la Turquie dans la région autonome du Kurdistan, l’armée turque a ouvert le feu sur un véhicule de touristes arabes à Amedi, dans la province de Duhok. L’attaque a fait des victimes.

Hier, une frappe de drone turc visant un véhicule à Said Sadiq, dans la province kurde de Souleimaniye, a tué les journalistes Hero Bahaden et Gülistan Tara en mission pour la chaîne de télévision Sterk TV et a blessé six autres personnes.

Ce n’est pas la première fois que la Turquie cible des civils arabes qui viennent dans les zones touristiques du Kurdistan pour profiter de la fraicheur assurée par les rivières et les montagnes de la région.

Le 20 juillet 2022, l’armée turque avait attaqué la station balnéaire près de Zaxo, tuant 9 touristes arabes, blessant 20 autres. Fin juillet 2023, la Turquie avait bombardé les abords d’une station balnéaire bondée de touristes à Akrê, dans la région kurde d’Irak.

La Turquie a intensifié ses attaques dans la région kurde d’Irak alors qu’elle a signé un accord avec Bagdad pour ses opérations militaires ciblant le PKK.