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TURQUIE. Le DEM Parti se rend à İmralı

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TURQUIE – Les députés du DEM Parti, Sırrı Süreyya Önder et Pervin Buldan, se sont rendu.e.s sur l’île prison d’İmralı pour rencontrer le leader kurde Abdullah Öcalan.

 

Les députés du Parti de l’égalité du peuple et de la démocratie (Parti DEM), Sırrı Süreyya Önce et Pervin Buldan, se sont rendus sur l’île d’İmralı pour rencontrer le chef du PKK, Abdullah Öcalan. 

Abdullah Ocalan est détenu depuis 25 ans dans la île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul. Il est le cofondateur et chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène depuis plus de 40 ans une insurrection contre la Turquie colonialiste.

Ocalan a été arrêté en 1999 au Kenya par un « complot » impliquant notamment les services secrets américains, israéliens et turcs. Depuis, il est détenu sur l’île prison d’Imrali et privé de visites et de communications (ni avec sa famille ni avec ses avocats) depuis des années.

PARIS. Les internationalistes participent à la manif kurde pour les martyrs de Paris

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PARIS – Le samedi 11 janvier 2025, les Kurdes de l’Europe manifesteront à Paris où six activistes kurdes ont trouvé la mort dans deux attentats terroristes (en janvier 2013 et en décembre 2022) ciblant le mouvement kurde. Des internationalistes soutenant la cause kurde contre le fascisme et le colonialisme au Kurdistan appellent à former un cortège internationaliste « Contre le fascisme, pour la justice » lors de la manifestation du 11 janvier prochain.
 
Voici l’appel des internationalistes:
 
Manifestation : Contre le fascisme, Pour la justice – le 11 janvier 2025, Rejoins le bloc internationaliste !
 
Le 9 janvier 2013 et le 23 décembre 2022, deux attentats frappaient le coeur de Paris. A deux reprises, trois militant·e·s kurdes étaient brutalement assassiné·e·s. Le 9 janvier, c’est Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez qui sont victimes d’un triple féminicide commis par un agent infiltré du MIT (services secrets turcs). Presque dix ans plus tard, c’est Evîn Goyî, Mîr Perwer et Abdurrahman Kizil qui sont assassiné·e·s au Centre culturel kurde Ahmet Kaya.
 
Sakine Cansiz (Sara) était, notamment avec Abdullah Öcalan, l’une des sept fondatrices du PKK (le Parti des travailleuses et des travailleurs du Kurdistan, mouvement de libération national kurde). Après avoir subi la torture dans les geôles turques, elle a été à l’origine de l’armée des femmes (YJA-Star). Fidan Dogan (Rojbîn), responsable dans la diplomatie du CDK-F (Conseil démocratique kurde en France), était en contact régulier avec les organisations de la gauche française mais aussi les représentant·e·s de l’État. Leyla Şaylemez (Ronahî) était une jeune militante, organisée dans la branche de la jeunesse. Tout comme Sakine Cansiz, Evîn Goyî était une des pionnières de la révolution des femmes. Elle a combattu dans les quatre parties du Kurdistan et avait été blessée au Rojava. Mîr Perwer, chanteur reconnu, avait demandé l’asile en France pour pouvoir chanter dans sa langue. Abdurrahman Kizil s’était lui refugié dans le pays après avoir fui son village attaqué par l’armée coloniale turque.
 
Nous savons pertinemment que derrière ces deux attentats plane l’ombre de l’État fasciste turc, via ses services secrets. Plusieurs enquêtes journalistiques ont démontré la responsabilité du MIT dans le triple féminicide de 2013 et de nombreux éléments portent à croire à une implication à minima incitatrice dans l’attentat de 2022. Depuis, plusieurs tentatives d’assassinat ou actions planifiées par le MIT visant des journalistes, des militant·e·s, des politicien·ne·s (dont des ancien-ne-s député-es kurdes) ou opposant·e·s turcs en exil ont été déjouées sur le sol européen.
 
Pourtant, dans la plupart des cas, ces actions et intimidations ont lieu avec la complaisance des États impérialistes occidentaux, qui dissimulent ou minimisent à chaque fois la responsabilité de la Turquie. C’est ce que font les gouvernements français successifs en maintenant le « secret défense » sur des preuves nécessaires à l’enquête judiciaire sur le triple assassinat de 2013 ou encore en refusant de collaborer avec la police belge à propos des activités de plusieurs hommes soupçonnés de tentative d’assassinat à Bruxelles.
 
Si de nombreux agents et indicateurs des services de renseignement turcs peuvent opérer sans être inquiétés sur le sol français, les militant·e·s kurdes sont elles et eux harcelé·e·s par les autorités et peuvent servir de monnaie d’échange avec la Turquie, comme le révelait il y a peu une enquête du journal Marianne [1]. Ainsi, rien qu’en 2024, trois militants kurdes ont été expulsés vers la Turquie, deux d’entre eux y étant aujourd’hui toujours emprisonnés. Deux autres militants ont été placés en centre de rétention après avoir vu leur statut de réfugié politique leur être retiré. Leur expulsion a pu être empêchée grâce à l’action juridique de leurs avocats.
 
Dans un même temps, l’État français continue sa collaboration avec la Turquie, en maintenant ses relations commerciales et économiques avec le pays, en fournissant armes et équipements à l’armée turque et ce malgré les violations flagrantes des droits humains dans le pays et les zones qu’il occupe en Syrie. Le régime turc continue en effet à réprimer chaque voix de contestation, vole les mairies kurdes, emprisonne à tout va et impose l’isolement à de très nombreux prisonnier·e·s politiques. Par exemple, aucune nouvelle d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur une île prison, ne nous était parvenue pendant plus de 44 mois jusqu’à son message du 23 octobre 2024. Ces pratiques inhumaines et relevant de la torture n’ont jamais été condamnées par la France, qui elle aussi emprisonne Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais de la cause palestinienne, depuis 1984 alors qu’il est libérable depuis 20 ans.
 
Cette collaboration de la France se fait aussi en dépit des multiples violations du droit international et crimes de guerre commis par la Turquie via ses bombardements et frappes de drone en Irak et en Syrie. Ceux-ci visent non seulement les bases de la guérilla du PKK – qui exerce son droit légitime de résistance armée face au colonialisme – mais aussi de multiples infrastructures et habitations civiles. Des dizaines de village ont été évacués de force par l’armée turque dans sa tentative d’invasion des montagnes du Kurdistan du sud (Irak) tandis qu’au Rojava des centaines de milliers de personnes ont été laissées sans accès à l’électricité, au chauffage ou au gaz de cuisson suite aux destructions d’infrastructures énergétiques. Cette collaboration de la France ne nous étonne pourtant pas. En effet, sa complicité avec le génocide en cours à Gaza a détruit toute crédibilité du pays en matière de respect des droits humains et nous montre le vrai visage de l’impérialisme : il est prêt à sacrifier des peuples entiers et les règles qu’il a lui-même fixées dans la défense de ses alliés et intérêts.
 
Face à cette unité des États impérialistes, il est impératif de construire une lutte internationaliste et antifasciste. C’est pour cette raison que nous invitons toutes les forces politiques, syndicales et associatives qui se reconnaissent dans cet appel à se mobiliser le 11 janvier 2025 à Paris, à nos côtés, pour construire un bloc internationalistes lors de la manifestation pour les 6 camarades kurdes assassin-é-es à Paris.
 
Pour Sara, Rojbîn et Ronahî, nous crions « Jin Jiyan Azadî » !Retour ligne automatique
Pour Evîn, Mîr et Abdurrahman nous exigeons la Vérité et la Justice !Retour ligne automatique
Pour tou·te·s nous clamons « Vive la résistance du peuple kurde, du peuple palestinien et de tou·te·s les opprimé·e·s » !
 
Signataires de l’appel :
Action antifasciste 77
Action Antifasciste Genève
Action Antifasciste Paris-Banlieue
Antifa Social Club Marseille
CafeZ Liège
Cercle Révolutionnaire Internationaliste
Collectif Internationaliste Marseille-Kurdistan (CIMK)
Collectif ROSA Liège
Collective Sahmaran
Comité genevois des Soulèvements de la Terre
Confédération Nationale du Travail française (CNT)
Contre Attaque et Autonomie
El Manba (collectif soutien migrantes 13)
Fédération Libertaire des Montagnes (Suisse)
Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Féministes Révolutionnaires Paris
Grève du Climat – Suisse
Jeune Garde Paris
Jeunesse Internationaliste
Jeunesse pour la Renaissance Communiste en France
KESSEM juives feministes decoloniales
Le Silure, centre de luttes autonomes, Genève
L’Offensive
Mouvement national lycéen (MNL)
MUT VITZ 13 (Marseille-France)
Nouveau Parti Anticapitaliste – l’Anticapitaliste
Offensive contre les féminicides – Suisse
Organisation de Solidarité Trans (OST)
Pôle de Renaissance Communiste en France
Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS)
Réseau internationaliste Serhildan
Riseup 4 Rojava
Samidoun Paris/Banlieue
Secours Rouge – Genève
Solidaires
SolidaritéS
Tsedek, collectif juif décolonial
Union communiste libertaire
Volksbühne Basel
Young Struggle
Zora

PARIS. Les Kurdes marchent de nouveau pour « Vérité et Justice »

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PARIS – Le samedi 11 janvier 2025, les Kurdes de l’Europe manifesteront à Paris où six activistes kurdes ont trouvé la mort dans deux attentats terroristes (en janvier 2013 et en décembre 2022) ciblant le mouvement kurde. RDV le samedi 11 janvier, à 10 heures, devant la Gare du Nord.
 
Dans le communiqué suivant, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) appelle à participer à la marche du 11 janvier prochain pour exiger vérité et justice pour les martyrs kurdes de Paris:
 
 
« Le 9 janvier 2013, un premier attentat terroriste a frappé les Kurdes en plein coeur de Paris. Il a coûté la vie à trois militantes kurdes: Sakine Cansiz, une figure historique du mouvement kurde, Fidan Dogan, responsable du Centre d’Information du Kurdistan (CIK), où a eu lieu l’attentat, et Leyla Saylemez, une militante du mouvement de jeunesse kurde en Europe.
 
 
Presque 10 ans après, le 23 décembre 2022, trois autres militants kurdes ont perdu la vie dans un deuxième attentat terroriste, toujours à Paris. Parmi les victimes, figure encore une femme, et pas pas n’importe laquelle: Evîn Goyî (Emine Kara), responsable du mouvement des femmes kurdes en France, avait auparavant combattu Daesh au Rojava. Les deux autres victimes de cet attentat, qui a visé le siège du CDK-F au 16 rue d’Enghien, sont Mîr Perwer, un jeune chanteur kurde réfugié depuis peu en France, et Abdurrahman Kizil, un sexagénaire qui fréquentait régulièrement l’association.
 
 
L’enquête sur le triple assassinat du 9 janvier 2013 a mis en évidence de nombreux indices – corroborés par des documents diffusés sur internet – démontrant que l’assassin, Ömer Güney, arrêté peu après les faits, avait opéré sous les ordres des services secrets turcs (MIT). L’assassin n’a cependant jamais été condamné puisqu’il est mort en prison à la fin de l’année 2016, peu de temps avant la date fixée pour son procès. Quant aux commanditaires, ils n’ont jamais été inquiétés, l’instruction de l’affaire étant entravée par le « secret-défense » opposé par les autorités françaises, qui refusent de déclassifier les informations détenues par leurs services de renseignements.
 
 
Concernant la seconde affaire, le caractère terroriste n’a pas été retenu jusqu’à présent, alors même que les propos de l’assassin William Malet démontrent clairement les motivations terroristes de son acte qui ciblait délibérément notre association en tant que représentation du peuple kurde. Malgré les demandes réitérées des parties civiles, les enquêteurs n’ont toujours pas interrogé les services de renseignements français sur les liens potentiels de l’assassin avec des services étrangers.
 
 
12 ans après le triple féminicide de 2013, le sentiment d’impunité règne plus que jamais. En refusant de lever le secret-défense, la France commet un déni de justice et entretient l’impunité d’un crime politique et terroriste, une impunité qui a encouragé les commanditaires à passer à l’acte une seconde fois.
 
 
La France doit lever le secret-défense et faire tout le nécessaire pour résoudre l’affaire du triple assassinat du 9 janvier. La justice française doit reconnaître le caractère terroriste de l’attentat du 23 décembre 2022 afin que les commanditaires soient jugés et condamnés.
 
 
Afin d’exiger la justice et rappeler la primauté du droit, nous vous appelons à rejoindre la Grande Marche « Vérité et Justice », Samedi 11 janvier, à partir de 10h, au départ de la Gare du Nord. »
 
Conseil démocratique kurde en France

Les politiciens kurdes soulignent l’importance de l’unité nationale

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SYRIE / ROJAVA – Plusieurs personnalités politiques kurdes ont souligné l’importance de parvenir à l’unité nationale, en mettant de côté les intérêts partisans, les slogans et les agendas individuels, et en appelant à une participation active à la prochaine conférence visant à unifier les perspectives.

Le Congrès national du Kurdistan (CNK) a lancé une initiative visant à convoquer une conférence générale des partis kurdes de Syrie. L’objectif est de résoudre les désaccords existants et d’unifier les positions en réponse à la colère croissante des communautés kurdes et aux appels répétés à l’unité nationale. Cette initiative intervient dans un contexte de menaces constantes de l’État occupant turc contre le nord-est de la Syrie, en particulier après la chute du régime Baas.

 Dans ce contexte, le politicien kurde Farhan Khalil de Hasaka a souligné la nécessité de l’unité, affirmant : « En période de difficultés, les nations du monde entier se rassemblent. Nous, les Kurdes, confrontés à une oppression continue et à des tentatives d’extermination de la part de nos ennemis, nous devons nous unir pour contrer ces complots. »

 Il a ajouté : « Aujourd’hui, chaque citoyen kurde, chaque responsable et chaque patriote a un devoir à accomplir. Certains s’opposent à l’unité nationale pour des raisons personnelles. Il est impératif que le peuple kurde et les partis politiques exercent une pression pour parvenir à l’unité et affronter ces individus. »

 Khalil a décrit la période actuelle comme un « moment décisif », avertissant que des divisions prolongées pourraient coûter aux Kurdes un autre siècle d’opportunités perdues pour l’unité. Il a souligné que l’occupation turque est déterminée à éliminer les acquis de la révolution dans le nord-est de la Syrie, tout comme elle s’est opposée à l’indépendance de la région du Kurdistan irakien.

 Khalil a appelé à dépasser les divisions partisanes et personnelles pour établir une base populaire forte. « Nous devons œuvrer pour l’unité nationale au-delà des slogans et des personnalités individuelles. L’histoire ne nous pardonnera pas si nous échouons dans cette mission », a-t-il souligné.

Pendant ce temps, Muslim Abbas, membre du bureau politique du Parti démocratique de la paix du Kurdistan à Derbasiya, a critiqué le Conseil national kurde (KNC) pour ne pas avoir répondu aux appels à l’unité nationale.

 « Nous avons lancé une proposition visant à unifier les rangs kurdes, mais le KNC ne s’est pas engagé. Aujourd’hui, les partis d’unité nationale kurdes organisent une conférence globale pour aborder les désaccords et unifier les positions », a-t-il déclaré.

 Abbas a souligné l’importance de présenter un front uni dans les négociations avec l’administration syrienne de transition pour garantir les droits légitimes et la représentation du peuple kurde.

 Ces appels répétés à l’unité nationale représentent une opportunité historique pour les Kurdes de surmonter leurs conflits internes et de réaliser leurs aspirations légitimes dans un contexte de menaces et de défis croissants.

ANHA

TURQUIE. Mobilisation pour que l’écocide soit reconnu comme un crime

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TURQUIE / KURDISTAN – Des défenseurs de la nature sont mobilisés pour que l’écocide soit reconnu comme un crime par les autorités turques. Il s’agit d’une lutte incertaine étant donné que l’État colonialiste turc pille et détruit les ressources naturelles des régions kurdes, y compris au Kurdistan irakien et au Rojava.

L’écocide est défini comme des dommages et des destructions à grande échelle qui entraînent des changements graves et permanents sur l’écosystème mondial ou sur les biens communs mondiaux. Il a été introduit pour la première fois en 2010.

Ce concept a pris une importance accrue grâce à la contribution apportée à la terminologie dans ce domaine, avec la présentation d’une définition prédéfinie au Comité juridique des Nations Unies par l’avocate britannique Polly Higgins, fondatrice de la Fondation Stop Ecocide.

Le point de départ de Higgins était la marée noire marine de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon qui s’est produite le 20 avril 2010 dans le golfe du Mexique. 11 personnes ont perdu la vie et l’écosystème marin et l’habitat côtier ont subi des dommages à grande échelle. La population d’huîtres d’une des villes côtières du golfe a été complètement détruite et les habitants locaux ont perdu leurs moyens de subsistance.

 

En Turquie également, l’Initiative citoyenne pour la loi sur l’écocide, après trois ans de travail préparatoire, a présenté à la Grande Assemblée nationale (TBMM) une pétition pour que l’écocide soit reconnu comme un crime dans le Code pénal turc (TCK) avec 28 820 signatures.

Le Conseil de la Présidence du Comité des pétitions de la TBMM a rejeté la pétition visant à réglementer l’écocide au motif qu’une telle demande ne pouvait être présentée que par des députés. Les demandes visant à ce que la pétition signée soit envoyée à la fois à la Présidence de la TBMM et au Cabinet du Président ont également été rejetées et la pétition a été transmise aux archives. Bien que cette décision ait été communiquée à tous les députés, il n’y a eu aucune objection.

Kazdağları, Şırnak

Melis Tantan, membre de l’initiative qui prône la prévention des dommages environnementaux par le biais de sanctions légales, a raconté à bianet la lutte qu’ils ont menée dans ce cadre.

« En tant qu’Initiative citoyenne pour la loi sur l’écocide, nous avons demandé une assemblée générale pour que soit élaborée une réglementation législative afin que l’écocide soit inclus comme crime dans le Code pénal turc (TCK). À la suite de divers préparatifs qui se sont poursuivis au cours des trois dernières années, nous avons présenté une pétition signée par 28 820 citoyens à la présidence du TBMM le 28 novembre 2023 afin que l’écocide soit légalement reconnu comme un crime. »

« Les experts juridiques affirment, sur la base de l’article 77 du Code pénal turc, que toute forme de dommage causé à l’environnement doit être considérée comme un acte intentionnel. Dans ce cadre, toutes les activités qui causent des dommages à l’environnement, et en particulier celles comme la destruction de la nature effectuée par Cengiz Holding dans la région de Kazdağları [Mont Ida et ses environs], la destruction des forêts à Şırnak et le projet d’autoroute côtière de la mer Noire doivent être incluses dans cette définition.

 

Démocratie directe

« Si cette loi avait été inscrite dans les lois de la République de Turquie, de tels projets auraient pu être empêchés. Nous avons directement fait une demande au parlement, mais la commission a déclaré : « Le droit de présenter des propositions de loi appartient aux députés, les citoyens ne peuvent pas présenter de telles propositions ». Nous avons donc fait objection, mais ils ont encore une fois déclaré : « Ce n’est pas à vous de le faire ». Ils ont constamment rejeté nos demandes et ont essayé de bloquer le processus.

« Nous avons alors saisi le tribunal administratif et le 5 décembre 2024, une audience a eu lieu au 4e tribunal administratif d’Ankara. Notre demande était que la réglementation nécessaire soit mise en place pour que notre proposition puisse être réintroduite à l’ordre du jour du Parlement. Nous avons déclaré que notre proposition était pour le bien social et avons exigé que notre proposition de loi soit envoyée au président de la Grande Assemblée nationale et au président de la République. La partie adverse a alors déclaré que seuls les députés pouvaient présenter une telle proposition et que la charte ne permettait pas aux citoyens eux-mêmes de présenter une telle proposition.

« Mais cela va à l’encontre des fondements du droit et de la démocratie. En effet, les députés sont naturellement des représentants du peuple et la participation des citoyens aux activités législatives est un processus qui relève de la démocratie directe. Nous avons souligné ce point lors de l’audition et expliqué que de telles réglementations sur les dommages environnementaux doivent faire partie de l’ordre du jour parlementaire.

« Nous allons continuer notre lutte »

« Le parti d’en face a également déclaré qu’il avait beaucoup appris de nous. En fait, ce processus a reçu le soutien de plusieurs villes et organisations de masse. Le processus est mené avec la contribution de villes comme Bursa, Tekirdağ, Şırnak, Diyarbakır, Kocaeli et Ankara. Les députés apportent également leur soutien à l’adoption de la loi.

« Nous continuerons d’expliquer au public pourquoi le crime d’écocide doit être reconnu dans une perspective juridique. Nous pensons qu’il faut alourdir les peines pour les crimes environnementaux et la destruction de la nature afin de pouvoir protéger la nature. L’approche « ceux qui polluent paient » s’est avérée insuffisante dans les crimes environnementaux et conduit à des catastrophes encore plus graves. Étant donné que les dommages environnementaux continuent en Turquie, cette réglementation doit être immédiatement introduite.

« La définition de l’écocide ne doit pas se limiter aux projets qui nuisent à l’environnement ; des précautions juridiques doivent être mises en œuvre pour protéger les écosystèmes et les habitats naturels. Par exemple, la mer de Marmara, un habitat qui a subi des dommages écosystémiques, doit être protégée. Il existe des exemples de telles réglementations dans le monde entier, alors pourquoi la Turquie ne ferait-elle pas de même ? Après tout, la lutte environnementale, grâce aux défenseurs des droits de l’homme, est beaucoup plus développée en Turquie que dans de nombreux autres pays du monde. En fait, les défenseurs des droits de l’homme d’autres pays nous ont exprimé leur admiration pour notre travail sur l’écocide. Nous poursuivrons notre travail avec cette motivation et ferons tout ce que nous pouvons pour que l’écocide soit reconnu comme un crime. »

 

Proposition de loi

La proposition de loi des citoyens comprend les articles suivants :

  • ARTICLE 1 – Le titre du Livre Deux, Section Un, Chapitre Un du Code Pénal Turc n° 5237 et daté du 26/09/2004 a été modifié de « Génocide et crimes contre l’humanité » à « Génocide et crimes contre l’humanité et la planète ».
  • ARTICLE 2 – L’article 77/a a été ajouté pour suivre l’article 77 de la loi n° 5237.

Le crime d’écocide

ARTICLE 77/A

(1) Quiconque crée le danger de causer un dommage irréparable à court terme à l’ensemble d’un écosystème en mettant en danger la vie des êtres humains ou d’autres êtres vivants dans l’environnement naturel ou culturel, en agissant d’une manière qui pourrait causer de graves dommages aux êtres naturels ou culturels, ou en commettant tout autre acte illégal, sera condamné à la réclusion à perpétuité, à une amende punitive équivalant au décuple des avantages matériels tirés du délit et du profit économique tiré de la valorisation ou de la transformation de ces avantages matériels.

(2) Dans le cas où le crime décrit à l’article 1 est commis involontairement, une peine d’emprisonnement d’au moins quinze ans sera prononcée et une amende punitive sera également prononcée s’élevant à cinq fois les avantages matériels tirés du crime et le profit économique tiré de l’évaluation ou de la transformation de ces avantages matériels.

(3) Si le crime d’écocide commis a créé des dommages irréparables à l’ensemble de l’écosystème, alors l’auteur sera condamné à la réclusion à perpétuité aggravée ; dans le cas où le crime est commis involontairement, l’auteur sera condamné à vingt ans de réclusion, et une amende punitive sera également prononcée, s’élevant à vingt fois les avantages matériels acquis du crime, et le profit économique tiré de la valorisation ou de la transformation de ces avantages matériels.

(4) Des mesures de sécurité seront également adoptées à l’encontre des personnes morales en raison de ces délits.

(5) Aucun délai de prescription n’est applicable à ces crimes.

  • ARTICLE 3 – La présente loi entre en vigueur à la date de sa publication officielle.
  • ARTICLE 4 – La présente loi est exécutée par le Président.

Les racines de l’écocide

 

Le mot écocide vient de la combinaison du mot grec ancien « oikos » (foyer, environnement) et du mot latin « caedere » (abattre, massacrer). Le mot génocide a également eu une influence sur la création de ce concept.

L’écocide est un sujet de droit depuis les années 1970 et des efforts ont été déployés dans le monde entier pour qu’il soit reconnu aussi bien en droit international que dans les systèmes juridiques nationaux des pays indépendants. L’un de ces efforts consiste à faire en sorte que l’écocide soit ajouté aux quatre crimes fondamentaux (génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime d’agression) que la Cour pénale internationale de La Haye a jugé comme cinquième crime fondamental.

En 2019, une demande a été déposée par les pays insulaires du Pacifique auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour que l’écocide soit reconnu, tandis qu’en 2021, un projet a été préparé à l’initiative de la Fondation Stop Ecocide pour que l’écocide soit ajouté au Statut de Rome.

En introduisant cette nouvelle infraction dans le cadre de la réforme du Code pénal belge du 22 février 2024, la Belgique est devenue le premier pays européen à reconnaître l’écocide comme un crime tant au niveau national qu’international. La loi prévoit une peine de 20 ans d’emprisonnement et de 1,6 million d’euros d’amende pour les crimes graves et irréversibles commis contre la nature. 

Par Tuğçe Yılmaz  pour Bianet 

IRAN. Pakshan Azizi et Sharifeh Mohammadi rencontrent leurs familles

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IRAN – Les prisonnières politiques kurdes, Pakshan Azizi et Sharifeh Mohammadi ont pu rencontrer leurs familles après des mois de privation de visites & de soins médicaux.

Les prisonnières politiques kurdes Warisha Muradi et Pakhsan Azizi sont détenues à la prison d’Evin, à Téhéran. Les deux militantes ont été condamnées à mort et se voient constamment refuser des droits tels que des soins médicaux et la visite de leurs avocats et de leurs familles par les autorités iraniennes.

Selon les informations reçues, les deux prisonniers ont finalement été autorisés à rencontrer leurs familles le 22 décembre. La rencontre a duré une heure

SYRIE. 2 combattants des forces arabo-kurdes tués par DAECH

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SYRIE / ROJAVA – Deux combattants des forces arabo-kurdes sont tombés martyrs lors de deux attaques distinctes perpétrées par DAECH dans la région de Deir ez-Zor. 

Le Centre des médias des Forces démocratiques syriennes (FDS) a annoncé que les attaques de l’EI dans la région de Deir ez-Zor ont coûté la vie à deux de leurs combattants.

Voici le communiqué des FDS:

« Dans le contexte de la tension qui règne en Syrie et des attaques lancées par l’occupation turque et ses mercenaires sur les régions du nord-est de la Syrie, nos forces, les Forces démocratiques syriennes, sont engagées dans des combats pour repousser ces attaques dans toutes nos régions. Dans ce contexte, l’organisation terroriste DAECH tente d’exploiter le chaos qui règne dans les territoires syriens pour se relancer et gagner en force afin de perpétrer des actes terroristes, ciblant en premier lieu les régions du nord-est de la Syrie, car elles sont les plus sûres et les plus stables.

Hier soir, jeudi, des cellules de l’EI ont mené plusieurs opérations terroristes. Une attaque a visé un véhicule appartenant aux Forces de discipline militaire dans la ville de Markada, dans la banlieue est de Deir ez-Zor, transportant plusieurs membres de la discipline militaire. L’attaque s’est soldée par le martyre d’un combattant.

Dans un autre acte terroriste, une cellule de l’EI a pris pour cible un véhicule de nos forces dans la ville d’al-Shuhail après qu’il ait quitté un poste militaire. L’attaque a conduit au martyre d’un de nos combattants.

En outre, une autre cellule de l’EI a ciblé la station d’eau de la ville de Dhiban avec un obus RPG, causant des dégâts matériels à la station sans faire de victimes humaines.

Ces attaques surviennent à un moment où la région connaît simultanément des tensions sécuritaires avec les attaques de l’occupation turque et de ses mercenaires dans des zones de la NR syrienne. Il est devenu évident que la menace posée par l’EI augmente chaque fois que l’occupation lance ses attaques, ce qui explique la relation organique entre l’organisation terroriste et l’occupation. » (ANHA)

ROJAVA. Les FDS défendent le barrage de Tishrin face aux gangs turco-jihadistes

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SYRIE / ROJAVA, Farhad Shami, attaché de presse des Forces démocratiques syriennes (FDS), s’est rendu au barrage de Techrine pour démasquer les fake news des médias turcs qui prétendent depuis hier que le barrage a été pris aux forces arabo-kurdes.
 

L’agence Anadolu a cité jeudi des responsables anonymes du ministère turc de la Défense prétendant que les mercenaires de l’Armée nationale syrienne (ANS / SNA) sous commandement turc, contrôlaient le barrage de Tishreen, où de violents affrontements ont eu lieu entre l’ANS et les FDS depuis des semaines.

« Aujourd’hui, nous sommes le 26 décembre 2024, à 5h20. Je me tiens dans la zone du barrage de Tishreen, sur le corps du barrage, pour être exact », a déclaré Farhad Shami, dans une vidéo pour démentir la soi-disant prise de contrôle du barrage par les gangs turco-jihadistes.

« Les déclarations trompeuses du ministère turc de la Défense s’inscrivent dans le cadre d’une guerre psychologique visant à remonter le moral de leurs mercenaires qui souffrent actuellement de démoralisation en raison des pertes répétées dans leurs rangs », a noté Shami, ajoutant que leurs forces ont liquidé plus de 450 mercenaires de l’ANS au cours des trois dernières semaines.

 
Plutôt dans la journée, deux combattants du Conseil militaire de Manbij (MMC) avaient réfuté les affirmations du ministère de la Défense de l’Etat turc occupant selon lesquelles les mercenaires contrôleraient le barrage. Ils avaient déclaré : « Nous sommes maintenant au barrage de Tishrin et nous allons nous diriger vers Manbij. »

Le ministère turc de la Défense a annoncé que la ville de Manbij et le barrage de Tishrin étaient sous le contrôle de l’occupation turque et des mercenaires. Cependant, les combattants du Conseil militaire de Manbij ont réfuté ces affirmations dans une vidéo prise au pied du barrage.

Deux combattants debout devant le barrage ont déclaré : « Aujourd’hui, c’est le 26 décembre, nous sommes ici au barrage des martyrs, le barrage de Tishrin, et nous nous dirigerons vers Manbij. »

ROJAVA. Qamishlo fait ses adieux aux héros tombés martyrs lors d’attaques turco-jihadistes

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SYRIE / ROJAVA. La ville de Qamishlo a fait ses adieux à Baran Qamişlo, Besam Ehmed, Yaşar Îbrahîm, Şêrzad Qamişlo, Agirî Qamişlo et Çiyarûs, combattants arabes et kurdes tombés martyrs lors d’attaques turco-jihadistes ciblant le Rojava.

Une cérémonie a eu lieu pour les combattants Baran Qamişlo, Besam Ehmed, Yaşar Îbrahîm, Şêrzad Qamişlo, Agirî Qamişlo et Çiyarûs à Qamişlo. Après la minute de silence, Cewahir Osman, s’exprimant au nom du Conseil des familles des martyrs de Qamishlo, a déclaré : « Aujourd’hui, nous allons enterrer nos martyrs dans nos cœurs et nos esprits. (…) »

S’exprimant au nom des forces militaires, Nûrî Mehmûd a déclaré : « Le nord et l’est de la Syrie sont un lieu d’héroïsme, de résistance et de lutte. L’État turc occupant veut détruire notre peuple par tous les moyens (…). L’administration autonome sera l’avenir de tous les Syriens. (…) »

Enfin, Şêx Mûrşid El Xiznewî a déclaré que le peuple ne devait pas être attristé par les adieux des martyrs, car les martyrs ne sont pas morts. Şêx Mûrşîd El Xiznewî a poursuivi ainsi : « Les martyrs sont la force et l’espoir dont nous faisons l’expérience. (…) Notre peuple traverse une période très sensible, nous devons donc plus que jamais être unis et protéger nos martyrs. Plus important encore, nous devons soutenir nos forces des FDS, car les FDS sont notre honneur et notre espoir. »

La renaissance de la déesse déchue : Une vengeance contre le féminicide et l’écocide

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Lêgerîn, site kurde fondé par la jeunesse révolutionnaire internationaliste, a publié un nouvel article traitant de la lutte féministe pour sauver la nature de sa destruction par le patriarcat capitaliste. Le voici:
 

 

La forêt amazonienne s’étend sur une grande partie d’Abya Yala. Cette forêt ancienne est souvent appelée le « poumon de la terre » car une grande partie de l’air de la planète est « produit » et purifié en Amazonie. Des centaines de peuples indigènes y vivent encore aujourd’hui, elle abrite d’innombrables espèces animales et végétales et possède peut-être l’écosystème le plus diversifié au monde. Aujourd’hui, elle est également menacée par la déforestation massive et les incendies systématiques, provoqués par un capitalisme enragé. Rien qu’en 2024, 17 % de l’ensemble de la forêt amazonienne a été rasée. Et ce n’est pas un cas isolé ; partout dans le monde, l’exploitation de la nature s’accélère fortement : incendies, déforestation, pesticides, destruction par la monoculture, utilisation d’armes chimiques interdites dans des guerres, comme le fait l’armée turque au Kurdistan. Globalement, la terre se dirige vers une crise sans précédent, causée par l’Homme.

 

Au même moment, le nombre de meurtres de femmes augmente. Très récemment, en août 2024, une jeune femme et médecin a été violée et assassinée au Bengale occidental, en Inde. Des manifestations massives de jeunes femmes et d’étudiants ont eu lieu. Le nombre réel de féminicides qui ne sont pas signalés dans le monde est probablement cent fois supérieur aux chiffres officiels. Le capitalisme a besoin de ces meurtres, en particulier à l’heure actuelle, pour rester « en vie » alors qu’il traverse une crise existentielle. Pourquoi en est-il ainsi ? Que veut-on dire quand on parle de « féminicide » ? Pourquoi le féminicide est-il lié à l’écocide ?

Le premier féminicide de l’histoire est apparu dans la mythologie de la terre fertile de Mésopotamie, il y a environ 5 000 ans. Mardûk, un dieu mâle, tue la déesse Tîamat qui est aussi sa mère, avec trois flèches qu’il tire dans son cœur, son cerveau et son utérus. Ce meurtre symbolise le premier féminicide de l’histoire, le début de la campagne d’extermination des femmes et de la guerre contre elles qui dure depuis 5 000 ans. Le féminicide de Tîamat montre la nature de l’asservissement des femmes. Pour la première fois dans l’histoire, la femme a perdu la bataille contre l’homme en quête de pouvoir, ce qui marque une rupture pour la société toute entière. Alors qu’auparavant la société se rassemblait principalement autour des femmes, elle recherche de plus en plus le pouvoir masculin. 

 

Les tribus, avec l’avènement de la révolution néolithique et de la culture agraire, ont assuré leur survie grâce à une profonde compréhension de la nature. Les sociétés qui savaient lire les signes de la nature et partager ce savoir avec d’autres en le transmettant à la génération suivante, vivaient organisées autour de la femme. Les trois flèches de Mardûk incarnent le moment de rupture avec cette place des femmes. En traversant Tîamat, ces flèches ont frappé toutes les femmes, marquant la rupture la plus profonde et la plus dramatique de l’histoire de l’humanité.

 

Le terme féminicide vient de la Mexicaine Marcela Lagarde, qui l’a utilisé pour décrire le meurtre d’une femme par un homme parce qu’elle est une femme. Les crimes d’honneur, le meurtre de femmes enceintes, le meurtre par violence sexuelle, l’asservissement des femmes, par exemple sous la forme de la prostitution, et le meurtre de ces femmes, ainsi que d’autres types de meurtres, peuvent être qualifiés de féminicides.

 

Le premier féminicide, commis contre Tîamat, est le début du plus grand féminicide organisé de l’histoire, qui a eu lieu 4500 ans plus tard. Il annonce une campagne d’extermination des femmes. Tel un coup de grâce de la part de l’homme dominant, il a tenté de détruire les femmes et leur savoir, dangereux pour le système, en usant de toute la puissance et la violence dont il disposait. L’homme a brûlé des milliers d’années de connaissances sur la nature, la santé, la philosophie, la spiritualité et la sagesse des femmes dans les feux et bûchers de la chasse aux sorcières. L’Inquisition, les chambres de torture du patriarcat dans lesquelles des centaines de milliers de femmes ont été torturées jusqu’à l’inconscience, voire jusqu’à la mort, sont les tentatives du patriarcat de soumettre la nature. Une société qui se sent liée à la nature et qui est organisée autour des femmes n’accepterait jamais l’oppression, l’esclavage, la pauvreté, la faim et la conquête par les royaumes, les empires, les armées et les croisades. Ce féminicide, qui a été l’un des plus grand de l’Histoire, a rendu possible et a préparé le terrain pour le capitalisme. 

Le capitalisme repose sur l’exploitation des ressources naturelles. Les mines d’or et de lithium, les métaux nécessaires à la production d’armes, l’extraction du bois sont autant de ressources sans lesquelles le marché ne pourrait survivre un seul jour. Entre ces ressources et le marché, il y a les sociétés, les peuples indigènes et, surtout, les femmes et les jeunes. L’État brésilien et les structures mafieuses meurtrières sont des exemples mondialement connus de forces qui assassinent chaque semaine des femmes et des protecteurs des terres indigènes, au nom du profit. Cependant, la troisième guerre mondiale qui fait rage actuellement ne repose pas uniquement sur l’exploitation matérielle des ressources. Ce serait une erreur fatale de ramener le féminicide et l’écocide à des individus, des États ou des entreprises. Le féminicide et l’écocide reposent avant tout sur l’asservissement mental. Les flèches qui ont été tirées sur Tîamat il y a 5 000 ans font désormais partie de la vie quotidienne des femmes du monde entier. L’esclavage des femmes, la plus ancienne colonie, à la maison, dans la famille, au travail, dans l’État, en tant qu’épouses et mères, amantes, prostituées, mendiantes ou même en tant que personnes qui se sentent libres dans la classe moyenne libérale, est, comme le souligne Abdullah Öcalan, l’énorme partie immergée de l’iceberg caché derrière le féminicide physique.

 

Aujourd’hui, une femme sur trois dans le monde vit sous le seuil de la faim. Des millions de femmes et d’enfants meurent de faim chaque année. Pourtant, la totalité des besoins alimentaires de l’humanité pourrait être satisfaite si l’on convertissait en terres agricoles la seule superficie de l’Angleterre utilisée pour le bétail, les porcs et les poulets. N’est-ce pas là l’une des meilleures façon de dévoiler le vrai visage du système reposant sur le féminicide ? Le patriarcat peut exister sans le capitalisme, mais le capitalisme, ce système de mort, ne peut exister sans le patriarcat. Tout comme il détruit la planète, il tente de briser les femmes et la société, de les réduire en esclavage et de les mettre à son service. Ce système a amené la société à un point où les femmes sont en rupture totale avec la nature. D’un côté, il y a la ligne de la femme qui défend sa terre, son environnement, la société et sa propre nature ; de l’autre, il y a la ligne de la femme qui, au nom de la femme «autoritaire » et « dominante » ou au nom de la femme « émancipée », met la planète à genoux, introduit la guerre dans le monde, trahit son propre genre et détruit toutes les bases de la vie. Les féminicides ne sont pas des cas isolés, ni des meurtres individuels de femmes. Le capitalisme lui-même est un système de féminicide ; la destruction de la nature ne peut avoir lieu sans la destruction de la femme qui y est associée. Un regard sur les histoires révolutionnaires et les peuples résistants d’aujourd’hui le montre clairement. Le Mouvement pour la Libération des Femmes au Kurdistan, qui a défini la notion de «wêlatparêzî », le lien à sa propre terre, comme le premier principe de l’idéologie de la libération des femmes, en est conscient. Un arbre qui n’est pas profondément enraciné dans la terre ne peut pas porter de beaux fruits. Le féminicide détruit l’arbre, l’écocide détruit même la terre dans laquelle l’arbre prospère.

Le colonialisme, le vol des terres, l’incendie des villages et de la nature, de même que la troisième guerre mondiale, qui a conduit la terre au bord du gouffre, sont les expressions les plus fortes de ce système mortifère. Depuis le début de la troisième guerre mondiale, centrée sur le Moyen Orient,  dans les années 1990, la destruction de la nature s’est considérablement accrue et les taux de féminicide sont en constante augmentation. Plus de féminicides signifie plus de résistance brisée, plus de résistance brisée signifie plus de guerre, plus de guerre signifie plus de destruction de l’environnement, ce qui à son tour signifie plus de féminicides. Ce cercle vicieux de la mort s’accélère de plus en plus. L’intervention directe est le seul moyen de l’arrêter et de le briser.

 

Tant que l’eau coule, la vie germe. Sans eau, elle s’abîme. Avec les femmes, la société et la vie s’épanouissent. Sans la femme, elles se gâtent. Empoisonner l’eau, asservir la femme, c’est assassiner systématiquement la terre et la société. Le système de la modernité capitaliste a prouvé son hostilité à l’égard de la société à d’innombrables reprises. Au lieu d’un génocide total, le système se concentre aujourd’hui sur un féminicide et un écocide à long terme, une longue guerre contre les femmes et la nature. La terre a été transformée en une source inépuisable de profit et les femmes en un objet de désir. 

 

Seule une autodéfense holistique peut faire face à cela. La tâche du XXIe siècle est d’élever les femmes, de briser leur esclavage et, en tant que société, d’unir nos forces pour protéger la terre, la mère de toute vie, du capitalisme avide. Le mot kurde pour désigner la nature, « xweza», signifie « se donner naissance à soi-même », exprimant ainsi le fait que la nature se recrée à jamais et évolue constamment. De même, toute femme qui s’élève contre 5 000 ans de féminicide est une vengeresse et une défenseuse de la sagesse des femmes. Abdullah Öcalan appelle le XXIe siècle le siècle de la révolution des femmes. La révolution des femmes, leur lutte pour la liberté, est la renaissance des millions de déesses, de fées, de jeunes femmes, de mères, de sorcières, de veuves et de femmes révolutionnaires tombées. 

FRANCE. Un sénateur appelle le gouvernement à « ne pas abandonner les alliés kurdes »

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PARIS – Alors que les attaques armées turques ciblant les Kurdes du Rojava, dans le nord de la Syrie, le sénateur Pascal Savoldelli interroge le gouvernement sur la manière dont la France entend soutenir ses alliés Kurdes.
 
Dans une question écrite, le sénateur Pascal Savoldelli (groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky au Sénat) attire l’attention du ministre de l’Europe et des affaires étrangères au sujet de la situation des populations Kurdes de Syrie et exhorte la France à « ne pas abandonner les alliés kurdes ».
 
Voici la question écrite de Pascal Savoldelli:
 
Situation des populations Kurdes de Syrie et action de la France
 
La chute du régime de Bachar-El-Assad constitue un espoir sans précédent pour les Syriens. C’est l’aboutissement d’une révolution entamée en 2011 et dont l’issue est aujourd’hui très incertaine.
 
Au sein de cette révolution, les Kurdes de Syrie ont porté depuis plus d’une décennie un projet politique inclusif, fondé sur l’autonomie démocratique et la coexistence pacifique entre toutes les communautés. Ce modèle est aujourd’hui une référence pour la construction d’une Syrie nouvelle, inclusive, démocratique, fondée sur la justice, l’égalité et les droits de toutes ses composantes.
 
Il rappelle que les forces kurdes ont demeuré des alliés précieux pour la France et la coalition dans la lutte contre Daesh, particulièrement dans le contexte des attaques orchestrées sur le sol français et contre la population française par les terroristes islamistes en 2015.
 
Toutefois, le 8 décembre 2024, et alors que le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) prenait le pouvoir à Damas, plusieurs groupes obscurantistes armés, soutenus notamment par la République de Türkiye ont lancé une offensive contre les forces démocratiques Syriennes et particulièrement les villes à majorité kurde dans le nord-est du pays. Ils ont notamment pris le contrôle des municipalités de Deir Ezzor et de Manbij. Plusieurs témoignages y rapportent le massacre de populations civiles.
 
C’est pourquoi il l’interroge sur la manière dont la France entend peser de tout son poids pour soutenir ses alliés Kurdes et leur modèle de gouvernance démocratique, garantir leur inclusion dans tout processus politique visant à reconstruire la Syrie et condamner fermement les ingérences étrangères, notamment issue de la République de Türkiye, qui alimentent les divisions et les tensions. Alors que le risque d’une nouvelle catastrophe humanitaire n’est pas négligeable, il appelle le Gouvernement à ne pas abandonner les alliés Kurdes de la France.
 
Publiée dans le JO Sénat du 26/12/2024 – page 4945

« Les femmes doivent façonner l’avenir de la nouvelle Syrie »

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SYRIE / ROJAVA – Arîfe Bekir, membre du conseil d’administration du Conseil des femmes syriennes, a appelé à l’unité des femmes et a souligné l’importance d’ancrer les droits des femmes dans une nouvelle constitution.
 
Depuis la chute du régime syrien le 8 décembre, les craintes d’une détérioration des droits des femmes se sont accrues. Le groupe terroriste HTS, branche d’Al-Qaïda, a pris le pouvoir et, malgré des propos modérés, a déjà mis en œuvre un certain nombre de mesures misogynes, comme l’exclusion des femmes du système judiciaire. Dans une interview accordée à ANF, Arîfe Bekir, membre du conseil d’administration du Conseil des femmes syriennes (en kurde: Meclisa Jinên Sûriyê), a évoqué l’évolution de la situation dans le pays du point de vue des femmes.
 
Arîfe Bekir, membre du conseil d’administration du Conseil des femmes syriennes
 
Arîfe Bekir a déclaré que les conditions de vie des femmes sous le régime baathiste étaient extrêmement mauvaises, contrairement à ce que rapportait le régime, et a ajouté : « Bien que les droits des femmes soient formellement ancrés dans la constitution syrienne, cela n’a eu aucune conséquence dans la pratique. Les femmes n’avaient pas le droit de prendre leurs propres décisions ; leur volonté était usurpée. Bien que certaines femmes aient pu occuper des postes importants, cela s’est également produit à l’ombre de la mentalité patriarcale. »
 

Le régime a torturé des femmes actives et les a fait disparaître

 
Bekir a ajouté : « L’Union des femmes (syriennes) n’a pas pu être efficace car elle travaillait sur la base de l’idéologie du régime Baas. Le Conseil des femmes syriennes a demandé à rejoindre cette union, mais n’a pas été accepté. De plus, de nombreuses femmes ont été emprisonnées par le régime et celles qui se sont battues pour leur liberté ont été torturées. Le sort de certaines femmes reste inconnu. L’objectif était de briser le libre arbitre des femmes. Chaque femme a été privée de ses droits et contrainte de vivre dans des limites étroites. »
 

2011 a apporté de la lumière et de l’ombre aux femmes

 
Après les soulèvements de 2011, la situation des femmes a changé de deux manières. Selon Bekir : « Nous pouvons considérer l’année 2011 de deux manières. D’une part, il convient de souligner la propagation de l’étincelle de la révolution du Rojava et la résistance déterminée des femmes. Grâce aux réalisations révolutionnaires de cette période, les femmes ont eu leur mot à dire dans tous les domaines de la vie. Les femmes ont mené une révolution. »
 
D’autre part, des milliers de femmes ont été tuées dans les affrontements entre les groupes se réclamant de l’opposition et le régime Baas. Le sort de nombreuses femmes syriennes reste inconnu. Dans cette guerre, les maisons de milliers de femmes ont été détruites, des femmes ont été déplacées, tuées et violées. L’année 2011 et la période qui a suivi ont été extrêmement difficiles pour les femmes.
 

Les pratiques dans les territoires occupés dépassent la cruauté du régime Baas

 
Bekir a souligné que « les femmes ont beaucoup souffert dans le conflit entre les intérêts des groupes de mercenaires [des groupes jihadistes, dont la majorité est sous le commandement direct de la Turquie] et du régime Baas. Ces groupes avaient ostensiblement décidé d’apporter un changement en 2011, mais ils ont occupé des endroits comme Afrin, Girê Spî, Serêkaniyê, al-Bab et Azaz. Et ils ne se sont pas arrêtés là, ils ont continué à assassiner des femmes, à remplir leurs prisons de femmes. On peut dire que chaque jour dans les territoires occupés, au moins une femme est assassinée ou violée. De jeunes garçons ont été recrutés de force et contraints de se battre. Des femmes mineures ont été forcées de se marier. Ces groupes ont soutenu la polygamie. En fait, les pratiques des groupes qui se présentaient comme des « forces d’opposition » dans les territoires qu’ils occupaient ont dépassé en cruauté le régime Baas ».
 

Notre objectif est l’unité des femmes

 
Le 8 septembre 2017, le Conseil des femmes syriennes a été fondé. L’objectif était de réunir toutes les femmes du pays. Bekir a expliqué les intentions de l’organisation : « Le Conseil des femmes syriennes a été fondé dans le but de rassembler les femmes de toute la Syrie, de tendre la main à toutes les femmes du pays et de promouvoir le dialogue. L’objectif de ce conseil est de créer de la solidarité et de l’unité en abordant les problèmes communs des femmes. Les femmes de différentes régions de Syrie ont la possibilité de se soutenir mutuellement et de créer des réseaux de solidarité en partageant leurs expériences. En tant que femmes de Syrie, notre priorité est de garantir la liberté des femmes. Dans ce contexte, nous luttons activement pour défendre les droits sociaux, économiques et politiques des femmes. La protection, la reconnaissance et la préservation de l’identité propre des femmes sont notre priorité.
 
Nos objectifs sont de construire une société démocratique et écologique basée sur la libération des femmes et de garantir une solution à la crise en Syrie par le biais du dialogue démocratique et de systèmes décentralisés. Nos priorités incluent l’instauration de la liberté, de la démocratie et de la justice pour toutes les identités ethniques, culturelles et sociales, l’organisation et l’éducation des femmes et le développement d’une compréhension libre et égalitaire de la vie. En soutenant le rôle des femmes dans la nouvelle constitution et le processus de dialogue en Syrie, nous voulons garantir les droits des femmes dans tous les domaines. Dans ce contexte, la mise en œuvre du droit international, en particulier de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, est de la plus haute importance.
 
La résolution porte sur la position des femmes dans les conflits. Elle vise notamment à garantir la participation des femmes à tous les niveaux des processus de paix, tant dans les négociations que dans la mise en œuvre des accords de paix. En outre, la résolution souligne la nécessité particulière de protéger les femmes et les filles dans les conflits armés. Cela concerne notamment la protection contre la violence sexuelle et sexiste. »
 

Les femmes devraient écrire leur propre constitution

Bekir a déclaré que le temps était venu pour la liberté des femmes syriennes et a poursuivi : « Nous sommes dans une phase critique et extrêmement sensible. C’est le temps de la liberté et des femmes. À un tel moment, toutes les femmes doivent s’unir. Toutes les femmes doivent se rassembler sans distinction. Sans l’unité des femmes, sans la solidarité des femmes, il ne peut y avoir de liberté.

L’objectif principal du Conseil des femmes syriennes est de donner aux femmes les moyens de faire valoir leurs droits et de se libérer de l’esclavage. L’avenir de la nouvelle Syrie est extrêmement important pour les femmes. Nous soutenons la construction d’une nouvelle Syrie démocratique, égalitaire, juste, pacifique et décentralisée, un pays qui garantit les droits des femmes. Il y aura une nouvelle constitution en Syrie, et il est important que les droits des femmes y soient inscrits. Une constitution créée sur la base d’une mentalité patriarcale ne tiendra certainement pas compte des droits des femmes. Par conséquent, les femmes doivent rédiger leur constitution de leurs propres mains. »