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« Je suis Sakine Cansiz ! » : Souvenirs de la vie d’une révolutionnaire

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Necibe Qeredaxi raconte l’histoire de Sakine Cansiz, alias « Sara », cofondatrice du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a consacré sa vie au mouvement de libération du Kurdistan. De ses premières inspirations à ses efforts pour organiser les femmes afin de résister à de multiples structures oppressives, cet article retrace la vie d’une leader révolutionnaire dont le courage, la résilience et la détermination continuent d’inspirer des millions de personnes.

Questionner l’identité

Depuis que l’être humain a pris conscience de son existence en tant que volonté, il s’est posé sans cesse des questions fondamentales, en quête des réponses les plus satisfaisantes qui donnent un sens à sa vie, tant sur le plan personnel que social. La question  « Qui suis-je ? »  a animé les chercheurs de vérité, les philosophes, les prophètes et les dirigeants de mouvements sociaux. Elle revêt une signification encore plus profonde pour les individus et les groupes sociaux dont l’identité, l’existence, la culture et l’histoire sont niées ou, pire, confrontés à un génocide physique et culturel. Ce processus de questionnement commence par un individu avant de se propager vers l’extérieur, lorsque les gens travaillent ensemble pour construire quelque chose de nouveau et préfigurer une forme de vie différente, une forme qui met en scène leur existence contre les forces qui les nient, à la fois en tant qu’individus et en tant que groupes.

La réussite de ce processus dépend de l’immersion des individus dans leur mémoire historique – une mémoire qui, à chaque changement, préserve les racines de son identité et se renouvelle, renaît chaque jour. Elle nécessite également d’autres motivations : la conscience des profondeurs de la mémoire historique et sociale, le courage et la persévérance malgré les obstacles, la détermination à toutes les étapes, y compris le sacrifice de soi, la capacité de lutter contre toute laideur et l’engagement envers les promesses faites à ceux qui se sont cherchés les uns les autres dans les premières étapes et se sont trouvés dans le cercle de cette recherche. Je partage ici l’histoire d’une telle naissance – pas seulement physique, mais le processus de  naissance d’une nouvelle identité , au-delà de l’identité que l’idéologie et le savoir de ceux qui détiennent le pouvoir ont imposée tout au long de l’histoire, en particulier aux femmes. Ce sont des processus de renaissance et de construction de soi qui sont en jeu.

Qui était Sakine Cansiz ?

Une révolutionnaire a donné un sens profond à ce processus de remise en question : Sakine Cansiz, également connue sous le nom de  « Sara ». Elle est née le 12 février 1958, lors d’un hiver froid dans le village de Takhti Khalil à Dersim, au nord du Kurdistan, vingt ans après le génocide de Dersim, le plus grand génocide du XXe siècle. Ses parents, sa grand-mère et d’autres membres de sa famille étaient des survivants du génocide de Dersim. Dans ces campagnes d’extermination menées par l’État turc, être kurde et alévie n’était pas le seul crime – être une femme dans la société kurde, coincée entre l’occupation de l’État et les relations tribales, signifiait se retrouver dans une situation paradoxale. D’un côté, les femmes étaient le maillon faible de la domination et faisaient face à de multiples niveaux d’oppression sous l’occupation ; de l’autre, elles possédaient une énergie toujours prête à la rébellion.

Sakine était la fille aînée de la famille et avait de nombreuses responsabilités au sein du foyer. Sa mère était une femme rebelle, tandis que son père était un homme calme et patient. Elle a été principalement influencée par sa grand-mère, comme elle la décrit dans le premier volume de son livre :

Mémoires de Sakine« Les caractéristiques de ma grand-mère ont toujours attiré mon attention, je l’admirais et observais tous ses comportements. Elle n’éteignait jamais le feu. La nuit, elle le recouvrait de cendres et recommençait à le découvrir à l’aube. Pour elle, c’était un péché d’aller dans une autre maison pour apporter ou donner du feu. Si quelqu’un demandait du feu, elle se mettait en colère contre lui et lui conseillait de garder son propre feu sous les cendres de la nuit précédente… Pour Eze, la vie consistait à entretenir le feu, à prier pendant les éclipses lunaires et solaires et à être connecté à la terre. »

 

Au début, Sakine ne connaissait que le dimli (zazaki) car c’était le dialecte parlé à la maison. À l’école, elle a appris le turc grâce au système éducatif, car le kurde était interdit depuis la création de la République turque (ce qui est toujours le cas aujourd’hui). Malgré cela, sa mère lui a toujours dit : « N’aie jamais honte d’être kurde. »

Premières inspirations

Sakine a commencé à se questionner sur elle-même pendant ses années d’école, alors que le monde s’éveillait aux soulèvements étudiants et à la révolution irakienne de 1968. Des groupes de gauche se développaient en Turquie et au Kurdistan. En écoutant les récits des aînés sur le génocide de Dersim, elle a pris conscience de l’oppression subie par la société kurde. Bien que ses aînés lui aient raconté ces événements à voix basse par peur, sa curiosité pour la connaissance et son esprit d’aventure ont commencé à émerger. Ne dit-on pas que la liberté commence dès l’enfance ? 1 A partir de cette étape, sa détermination a montré que la peur des aînés a créé en elle du courage au lieu du silence, de la curiosité et du questionnement au lieu du repli sur soi. Plutôt que d’être une simple observatrice, elle s’est jetée complètement dans les conflits et les questions, en quête de réponses.

En se remémorant son expérience de la vie révolutionnaire, son frère Metin Cansiz raconte : « Sakine était surtout attirée par les gauchistes. Elle participait à leurs marches et manifestations. Elle posait des questions mais n’a jamais adhéré à aucun groupe idéologique. Après avoir rencontré les révolutionnaires du Kurdistan, elle est devenue très active. »

Ses camarades étudiantes (qui formaient le premier groupe de révolutionnaires du Kurdistan) savaient que ses tendances libératrices en tant que femme attiraient leur attention et ils ont vu son admiration pour Leyla Qasim. Dans le premier volume de ses mémoires, Sakine Cansiz écrit également : « L’inspiration qu’ils ont donnée au travail politique et révolutionnaire m’a mis sur un chemin qui a changé toute ma vie. J’ai connu plusieurs hommes qui vivaient près de chez nous ; leur style de vie, leurs interactions et leur attitude envers les valeurs m’ont influencée et j’ai vu en eux le flambeau de la liberté du Dersim. »

Sakine (troisième à partir de la droite) avec un groupe d’amis. Crédits photo :
« À bas le colonisateur »

Après le coup d’État militaire de 1971 en Turquie, Sakine a noué des liens avec la jeunesse révolutionnaire et a rejoint le mouvement révolutionnaire d’Elazığ, au nord du Kurdistan. Elle a participé activement et était présente à la première réunion élargie des révolutionnaires kurdes à Dersim en hiver 1976. Pour la première fois, elle a entendu la phrase  « Le Kurdistan est colonisé » prononcée par Abdullah Öcalan, le chef du groupe lors de cette réunion qui comptait initialement soixante participants. Pour la première fois, elle s’est familiarisée avec les conflits nationaux et de classe, s’engageant dans un voyage de toute une vie pour garantir que les femmes aient un rôle dans la lutte de libération nationale et y ont participé activement, devenant la première femme du mouvement à organiser les femmes partout où elle allait.

Durant cette période, Sakine Cansiz sentit qu’elle ne pouvait plus continuer à vivre comme une femme ordinaire et chercha une alternative qui lui permettrait de se déplacer plus librement dans la lutte révolutionnaire . Elle vit que la solution résidait dans le fait de quitter la maison. Le mariage était à l’époque une excuse et une méthode pour de nombreux révolutionnaires, car quitter la maison n’était pas facile pour les femmes. Sakine dit à sa mère et à sa famille qu’elle allait épouser Baki Polat, sa cousine, qui était également une révolutionnaire. Après le mariage, elle quitta la maison et se rendit à Izmir. Elle travailla dans une usine de chocolat pour gagner sa vie tout en organisant les femmes en général, en particulier les ouvrières immigrées des pays de l’Europe de l’Est dans l’usine.

Sakine a toujours été en conflit avec les attitudes rétrogrades, autoritaires et traditionnelles. C’était une femme qui se rebellait contre les coutumes et les traditions. Son activisme avait provoqué la colère de sa famille, en particulier de sa mère. Après son mariage, le deuxième conflit de Sakine a commencé avec son mari. Non seulement Baki était membre de « Libération du peuple » qui, comme son organisation, ne considérait pas le Kurdistan comme un pays colonisé, mais il voulait aussi que Sakine soit une épouse traditionnelle uniquement consacrée à la vie de famille. C’était impossible pour Sakine.

Dans l’usine où elle travaillait, elle organisait des femmes et des jeunes, ce qui lui valut d’être licenciée, ainsi qu’à plusieurs autres. Les ouvriers commencèrent à manifester et à faire grève. Sakine fut arrêtée pour avoir porté une banderole sur laquelle était écrit : « Le Kurdistan est colonisé ». Pour ces efforts, elle fut traduite en justice, où elle cria  « À bas le colonisateur ».  Elle ne se contentait pas de crier des slogans pour « du pain, du travail et la liberté », car elle croyait que dans un pays et une société occupés où l’identité, l’histoire et la culture étaient niées, le travail et le pain seuls ne signifiaient rien. Elle voyait le véritable socialisme dans la fin de la colonisation et dans la lutte commune des peuples, et pour cela, elle organisait les travailleurs sans discrimination.

Sakine Cansiz organise des femmes. 

De retour au Kurdistan, elle commence à organiser les femmes à Çewlig (Bingöl), l’une des régions les plus conservatrices du Kurdistan du Nord. Dans un endroit où les gens avaient peur de dire qu’ils étaient kurdes, elle crée plusieurs groupes de femmes de 3 à 5 personnes et les encourage à s’organiser. Malgré les barrières familiales et sociales, les femmes se rassemblent autour des slogans du premier groupe révolutionnaire et s’y retrouvent. Sakine a eu une grande influence sur elles. À propos de cette période, Sakine dit :

« Nous avons dit que les femmes doivent participer à la lutte de libération nationale, car c’est ainsi qu’elles peuvent devenir libres et faire des pas vers la véritable liberté. »

Elle a organisé non seulement les femmes mais aussi toutes les couches de la société, créant la confiance, la croyance et l’espoir dans un peuple qui avait été confronté à une tentative de génocide. Les fruits de son travail au cours de ces dernières années ont atteint le niveau du début d’une nouvelle phase de lutte, celle de la création d’un parti révolutionnaire qui répondrait aux besoins de liberté et d’indépendance de la phrase « Le Kurdistan est colonisé ».

Fondation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

Français La dernière semaine de novembre 1978, dans le village de Fis, dans le district de Lice à Amed (Diyarbakır), se tient le premier congrès du mouvement. Sakine et Kesire Yildirim (Fatma) sont les premières femmes à participer au congrès fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un moment historique. Tandis que le manifeste et le programme sont en cours d’élaboration, Sakine prépare la lutte des femmes et envisage même de l’appeler le « Groupe des filles » 2, composé de tous les cadres et sympathisants. Elles étudient les luttes des femmes, parcourant tout le Kurdistan pour analyser la situation des femmes.

Pendant la rédaction du manifeste et du programme, Sakine s’est concentrée sur les luttes des femmes. Elle a même prévu de l’appeler le « Groupe des filles », composé de tous les cadres et sympathisants. Plus tard, Sakine a voyagé dans tout le Kurdistan, pour suivre et analyser la situation des femmes. Le premier manifeste du mouvement contenait une analyse des femmes qui stipulait :

« Le destin des femmes est le même que celui du peuple kurde. Les femmes doivent créer leur propre organisation de masse. Si l’objectif est de construire un Kurdistan démocratique, il faut éliminer les pressions tribales et compradores. Les étrangers voulaient influencer les différentes classes sociales, mais les femmes sont le segment de la société qu’elles ne peuvent pas influencer. Les femmes sont asservies depuis l’époque de la société de classes. »

Fondation du PKK 

En 1979, après le congrès, Sakine Cansız fut chargée d’organiser les femmes à Elazığ (Kharput) et de préparer l’éducation des femmes. Suivant les directives de l’organisation, les femmes commencèrent à étudier le droit romain et à faire des recherches sur les femmes du monde entier. Elles commencèrent cette lutte pour jeter les bases du mouvement des femmes à partir de 1979. Un jour, quatre-vingts femmes se réunirent à Dersim. Dans des circonstances normales, une telle réunion n’aurait jamais eu lieu, d’autant plus que les femmes ne pouvaient pas discuter de leurs problèmes en présence des hommes.

Années de prison

Le 18 mai 1979, à la suite d’un coup d’État, Sakine et plusieurs de ses camarades furent arrêtés à Elazığ. En prison, elle fit preuve d’une forte résistance, tant contre la tendance à la reddition qui prévalait au sein du mouvement que contre les autorités de l’État. L’État utilisa diverses méthodes de torture, notamment la pendaison, l’électrocution, l’isolement dans des cellules sombres et froides, le déshabillage, le gavage forcé, etc. Sa résistance stupéfia les responsables de la prison. Elle résista très courageusement à ses tortionnaires. La tristement célèbre prison de Diyarbakır, connue pour ses tortionnaires comme Esat Oktay, était l’endroit où il aimait particulièrement torturer Sakine et souhaitait l’entendre crier une seule fois sous la torture, mais elle ne l’a jamais fait.
Sakine décrivit les conditions de détention en les comparant aux camps nazis, en disant :

« L’humanité dans les camps nazis était un cadavre silencieux et sans vergogne, le corps nu et exposé. L’espoir a été tué dans ces yeux insignifiants. Ces cadavres ne bougeaient que lorsque leur tour de mort arrivait. Si l’on se demande si un tel endroit existe sur Terre, il n’est pas nécessaire de chercher bien loin – il y a Amed (Diyarbakır). »

Quand Esat Oktay lui a répondu : « Tu dois accepter ce qui est dit, beaucoup sont venus et repartis, sais-tu qui je suis ? » Sakine a répondu : « Vous savez qui je suis ? Je suis une révolutionnaire, vous ne connaissez clairement pas les révolutionnaires » – et quand il l’a attaquée, elle lui a craché au visage. L’incident du crachat au visage d’Esad Oktay est devenu une légende transmise à l’intérieur et à l’extérieur de la prison. La position de Sakine lui a valu d’être reconnue comme un symbole de résistance dans le quartier des femmes et dans toute la prison. La résistance de Sakine et de ses camarades pendant leur grève de la faim dans la prison d’Amed est devenue comme une renaissance pour les femmes kurdes et le peuple kurde en particulier. Son courage et sa bravoure en prison ont impressionné toutes les détenues, qu’elles soient politiques ou non. Un jour, à travers un trou dans le mur de leur quartier, elles ont découvert qu’un gardien de prison espionnait régulièrement les femmes à travers ce trou. Lorsque les prisonnières rapportèrent ces faits à Sakine, elle tendit une embuscade et transperça l’œil du gardien avec une aiguille à tricoter. Le gardien hurla de douleur et Sakine fut ensuite emmenée pour être torturée à cause de cet acte de défi.

En raison de ses actes de résistance contre l’administration pénitentiaire et les gardiens, Sakine Cansız a été transférée à la prison d’Amasya. Là, elle a été amenée devant le directeur de la prison, nommé Şükrü. Leur confrontation est devenue une défense ouverte de son identité politique. Lorsque le directeur a essayé d’établir son autorité, Sakine a répondu avec défi : « Je suis Sakine Cansız, une des fondatrices du PKK. Je suis ici maintenant et j’ai mes propres principes ! Je ne reconnais rien d’autre. »

Elle a tenté à plusieurs reprises de s’échapper, mais sans succès grâce à des informateurs. C’est à cause de ces efforts pour s’échapper de la cellule qui emprisonnait son corps qu’elle a été surnommée « Papillon » par ses codétenues.

Pas de liberté sans liberté des femmes

En réponse au coup d’État du 12 septembre 1982, qui visait à briser la volonté du peuple, il ne restait qu’une lueur d’espoir : la résistance des prisonniers révolutionnaires. Ceux qui ont joué un rôle dans cette résistance ont apporté une nouvelle vie à une société au bord de la mort. Les révolutionnaires kurdes ont compris deux points clés : premièrement, que la libération du Kurdistan en tant que question nationale dépendait en partie du changement de mentalité du système étatique génocidaire et négationniste, mais plus important encore, du réveil du peuple kurde lui-même ; deuxièmement, que la résistance et la défense de l’identité et des valeurs d’une société dans ce mouvement ne se limitaient pas aux hommes – la participation des femmes à cette résistance ouvrait la voie à une transformation sociale majeure.

La résistance de Sakine Cansiz a ouvert la voie à la liberté des femmes et de la société. C’est de là qu’est né le slogan  « Sans la liberté des femmes, la société ne peut être libre ».  Ce n’est pas seulement les effets de la colonisation qui ont affaibli la société kurde, mais aussi la maladie sociale et le retard que la colonisation a intériorisé dans l’identité kurde. Sakine a été la première femme de l’histoire de la Turquie à résister à un tel niveau, devenant une figure exemplaire d’héroïsme. Sakine n’a jamais accepté les conditions d’une vie ordinaire et a constamment lutté contre ces circonstances, sans jamais capituler, bien qu’elle ait passé une grande partie de sa jeunesse emprisonnée dans diverses prisons.

En 1991, elle fut libérée. Après sa libération, elle entra à l’Académie Mahsum Korkmaz dans la vallée de la Bekaa au Liban et participa à l’éducation idéologique dirigée par Abdullah Öcalan. Elle effectua ensuite un travail d’organisation en Palestine, en Syrie et au Rojava. Après cette période de formation, Sakine demanda à se rendre dans les montagnes du Kurdistan. Öcalan, avec le vote des camarades de l’académie, accepta sa demande d’aller dans les montagnes du Kurdistan, estimant qu’étant donné qu’elle avait joué un rôle dans la fondation du PKK depuis le début, il ne pouvait pas prendre cette décision à sa place. Lorsque la plupart des camarades de l’académie soutinrent la décision de Sakine d’y aller, Öcalan lui dit : « Sara, tu as gagné. » Sakine en fut ravie.

Sakine avec Abdullah Öcalan
La vie dans les montagnes

Sakine s’est rendue dans les montagnes du Kurdistan avec beaucoup de passion, participant à des activités et des opérations de guérilla. Elle a joué un rôle actif dans les congrès et les conférences du Mouvement de libération des femmes du Kurdistan. Malgré les conditions difficiles dans les montagnes du Kurdistan, elle a maintenu une vie disciplinée, se levant tôt le matin pour faire de l’exercice et cueillir des herbes printanières dans les hautes terres. Elle était également une écrivaine talentueuse, ce qui a conduit Öcalan à lui suggérer d’écrire l’histoire de sa vie. Elle gardait toujours son carnet dans son sac, le sortant pour écrire dès qu’elle en avait l’occasion.

Lors de la création de la première organisation autonome de femmes (Union des femmes patriotes du Kurdistan) au sein du mouvement à Hanovre en 1987, Sakine était en prison. Lors du deuxième congrès tenu en 1989, Sakine a joué un rôle important en envoyant une lettre d’orientation depuis la prison qui a été lue au congrès. Le thème principal de ce congrès était l’autonomie des femmes (pratiques d’organisation indépendantes et spéciales) et comment la développer. Depuis les montagnes du Kurdistan, des photos de 50 guérilleros sous le commandement de la camarade Azime ont été envoyées au congrès, créant un grand enthousiasme parmi les femmes et présentant une nouvelle image pour tout le monde.

Le troisième congrès de l’Union des femmes patriotes du Kurdistan s’est tenu en Europe en août 1991, avec la participation d’environ 1 500 déléguées. Le congrès a décidé de créer un enseignement autonome pour les femmes en langue kurde, adoptant une position claire et vigoureuse contre le nettoyage ethnique. Il a également été décidé de publier le magazine « Jina Serbilind » (Femme fière), qui est devenu le premier magazine féminin.

En 1995, il a été décidé d’organiser un congrès des femmes dans les montagnes du Kurdistan. Sakine a joué un rôle clé dans le comité préparatoire du premier congrès de l’Union pour la liberté des femmes du Kurdistan (YAJK). Elles ont préparé les statuts, le programme et les rapports du mouvement à Metina, dans le village de Beshiri, dans une grande grotte historique appelée symboliquement le « Temple des femmes ». Le congrès a réuni des représentantes de toutes les régions, avec la participation de 350 déléguées. Ce fut la première expérience historique et une première étape du mouvement de libération des femmes kurdes dans les montagnes du Kurdistan.

Sakine Cansiz organise des camarades kurdes

Cette étape monumentale a été franchie après la militarisation des femmes kurdes. C’était une armée qui allait briser toutes les inégalités, briser le mur de la peur, faire sortir les femmes de leurs foyers et les conduire à la lutte. Au-delà de son aspect militaire, cette armée a fondamentalement déraciné la mentalité conservatrice prédominante au Kurdistan et a montré aux hommes les normes selon lesquelles les femmes voulaient vivre. Dans toutes ces étapes, Sakine a été une pionnière collective. Elle a profondément compris qu’Öcalan avait abordé la contradiction la plus profonde de l’histoire et qu’un changement démocratique était impossible sans cette approche révolutionnaire radicale. À propos de cette étape, Sakine a déclaré :

« La militarisation des femmes ne se limitait pas à leur rôle de force armée. La création de l’armée de la liberté signifiait un développement idéologique et politique, une action, une volonté, une création de pouvoir et de moral. Elle signifiait également créer des bases d’unité avec le peuple. Elle signifiait répondre aux principales revendications du peuple, s’organiser collectivement en fonction des besoins du peuple, créer une organisation qui engloberait tout cela. »

Après avoir acquis une vaste expérience pratique dans les montagnes du Kurdistan, Sakine est retournée à l’académie de formation des cadres avec une riche expérience et des bases théoriques, où de nouvelles perspectives et analyses étaient nécessaires. Au moment même où la Turquie et les forces internationales préparaient un réseau de complot pour expulser Öcalan de Syrie, lors d’un panel de Media TV avec Abdullah Öcalan, Sakine et plusieurs camarades femmes, le projet de libération des femmes a été annoncé. Il s’agit de l’une des étapes les plus fondamentales de la lutte des femmes kurdes pour leur libération, qui s’est produite précisément au moment où l’idéologie du mouvement était de plus en plus vidée de son sens par les vagues de propagande néolibérale à l’échelle mondiale.

Cette étape a été formulée en théorie et en pratique pendant de nombreuses années pour répondre à la question « comment vivre ? » et a nécessité de redéfinir historiquement la relation entre les hommes et les femmes dans la société kurde et au-delà. Le journaliste turc Maher Sayan, dans une interview avec Öcalan, a décrit cette relation comme « du feu et de l’essence », faisant référence à la transformation d’une relation traditionnelle de maître à esclave entre un homme dominant et une femme traditionnelle en une relation libre. Selon l’idéologie de la libération des femmes, cette nouvelle relation était basée sur les principes du patriotisme, de la lutte, de l’organisation, du libre arbitre et de la pensée, ainsi que de l’éthique et de l’esthétique. Cette étape allait changer non seulement le destin de la société kurde, mais celui de toute la région, ayant désormais des répercussions mondiales. Tel était le dialogue historique, philosophique et pratique entre Abdullah Öcalan et Sakine Cansız.

Construire la solidarité au-delà des luttes

Après un nouveau dialogue et une analyse sociologique avec Öcalan, elle a déplacé sa lutte en Europe en 1998, où elle a continué à s’organiser et à ouvrir un front plus large dans le travail de lobbying. Elle a fait des progrès significatifs à la fois parmi les amis du peuple kurde et dans la lutte diplomatique. Elle a été la première femme kurde à visiter Bilbao à son arrivée en Europe, rencontrant des femmes basques. Les femmes militantes et universitaires basques ont noté la forte personnalité de Sakine et son large horizon intellectuel. Elle a établi des relations de camaraderie non seulement avec les foyers kurdes mais aussi avec des personnalités de gauche, socialistes et internationalistes, ouvrant de larges voies à la lutte, à la résistance et à la collaboration. Elle leur a présenté le Kurdistan et le mouvement pour la liberté, trouvant un soutien pour la lutte pour la liberté.

Particulièrement après la conspiration internationale contre Öcalan et son emprisonnement dans la cellule d’isolement d’İmralı, Sakine a mené un travail de lobbying pays par pays tout en expliquant la période difficile qui a suivi la conspiration au sein du mouvement et de la société. En particulier concernant le changement de paradigme vers la modernité démocratique, qui était à la fois une étape stratégique et comportait ses propres risques. Sakine a travaillé jour et nuit pour maintenir l’unité organisationnelle et remplir le rôle stratégique du Mouvement de libération des femmes kurdes dans la résolution des problèmes historiques, en fournissant un véritable leadership aux femmes au sein du mouvement, tout en protégeant le mouvement et en menant le processus de socialisation de la révolution du Kurdistan. Pour cela, aux côtés d’autres cadres dirigeants, elle a conservé une position décisive dans tous les congrès ultérieurs et aux tournants du mouvement.

L’esprit d’un révolutionnaire perdure

Lorsque des discussions eurent lieu en Europe sur la création d’une Fondation des femmes et sur son nom, il fut proposé de l’appeler du nom de Sakine, tout comme de nombreuses institutions portent le nom de Rosa Luxemburg. A cette époque, Sakine se dit : « Pourquoi veulent-ils me tuer ? » Elle sentit que ceux qui n’avaient pas réussi à l’éliminer en prison ou dans les montagnes du Kurdistan l’avaient poursuivie jusqu’en Europe. Dans [cette Europe] connue pour ses « droits humains » et sa « démocratie », ils ont réussi à mettre en place leur complot contre elle.

Le 9 janvier 2013, au Centre d’information du Kurdistan, dans la rue la plus fréquentée de Paris, Sakine Cansız (Sara), le membre du Congrès national du Kurdistan Fidan Doğan (Rojbin) et la membre du mouvement de jeunesse Leyla Şaylemez (Ronahî) ont été assassinées par un membre de l’agence de renseignement turque (MIT).

Manifestations contre l’assassinat de Sakine Cansız (Sara), Fidan Doğan (Rojbin) et  Leyla Şaylemez (Ronahî) 

Plus tard, le tueur est mort dans une prison française dans des circonstances mystérieuses, ce qui a conduit à la clôture de l’affaire. Les occupants ont tenté de faire taire la voix des femmes kurdes et du peuple kurde en assassinant Sakine et d’autres femmes pionnières. Leur objectif : porter un coup mortel à l’esprit inspirateur de ce mouvement. Cependant, Sakine, tout comme elle avait appris à y parvenir, est devenue la voix et l’esprit de millions de personnes face à la mort et à ses tueurs, alors que les gens se sont déversés dans les rues pour exprimer leurs sentiments face à ce massacre. Elle rêvait d’être couverte de fleurs lorsqu’elle serait accueillie au Kurdistan en tant que guérillero. Elle a porté la douleur, la souffrance et la tragédie de son peuple dans son sac, les transformant en espoir, en énergie, en conscience et en organisation alors qu’elle voyageait de ville en ville, de montagne en montagne, de pays en pays. Mais elle a aussi compris que le chemin vers la paix est long.

Öcalan a évalué ce massacre et a déclaré :

« En réalité, ils voulaient utiliser ce massacre pour empêcher mes efforts de paix. Autrement dit, ceux qui, au sein de l’État, ne veulent pas que le problème soit résolu par des moyens démocratiques voulaient perturber le processus. La vie de Sakine en est un exemple. La liberté des femmes est le combat de Sakine. »

Sakine dans les montagnes kurdes. 

Necibe Qeredaxi est née au Kurdistan du Sud (Kurdistan irakien). Depuis 1997, elle travaille comme journaliste dans la presse écrite et à la radio et à la télévision kurdes, ainsi que comme productrice et présentatrice au Kurdistan irakien et en Belgique. Elle est membre du KNK (Congrès national du Kurdistan) et depuis 2016 membre de l’Académie Jineoloji en tant qu’éducatrice et chercheuse.

Une version plus longue de cet article a été publiée par Jineoloji Academy le 14 janvier 2025.

  1. A. Öcalan, Au-delà de l’État et de la violence. ↩︎
  2. Dalal Amed, « Leçons d’histoire des femmes dans le mouvement de libération du Kurdistan ». ↩︎

IRAN. Une prisonnière kurde fuit l’Iran avec sa fille née en prison

IRAN – Su´da Khedirzadeh, une prisonnière politique kurde de Piranshahr, qui avaient récemment obtenu une permission de sortie temporaire de la prison centrale d’Urmia, a fuit l’Iran avec sa fille de 3 ans née en prison. Elle a enduré un total de 1 217 jours consécutifs en prison sans aucune permission. En prison, elle a accouché d’un enfant qui passé près de trois ans de sa vie derrière les barreaux.

Selon un rapport reçu par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, ces derniers jours, Su´da Khedirzadeh a quitté l’Iran au milieu de sa permission temporaire, qu’elle avait reçue pour la première fois depuis des mois d’emprisonnement.

Le mardi 11 février 2025, après 40 mois d’incarcération, elle a obtenu une permission de sortie de 20 jours contre le versement d’une caution de 2,5 milliards de tomans. Elle a quitté la prison avec sa fille de 2 ans et 8 mois, Ala Esmaeili.

Su´da Khedirzadeh a enduré des conditions extrêmement dures pendant sa détention. Le lundi 21 juin 2022, elle a accouché par césarienne dans un hôpital d’Urmia, mais a été renvoyée à la prison centrale d’Urmia un jour plus tard, sans avoir terminé sa période de convalescence.

La première chambre du tribunal pénal de Mahabad l’a condamnée à 12 ans et 6 mois de prison pour « assistance au meurtre d’un membre du CGRI » et « appartenance au Parti démocratique du Kurdistan iranien ».

Su´da Khedirzadeh a été arrêtée par les forces gouvernementales à Piranshahr le jeudi 14 octobre 2021 et a été transférée à la prison centrale d’Urmia le lundi 8 novembre de la même année. (Hengaw) 

IRAN. Sept prisonniers exécutés à la prison centrale d’Ispahan

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IRAN – Le régime iranien exécute toujours plus de prisonniers, dont la majorité sont issue des minorités ethniques et religieuses (Baloutches, Kurdes, Azéris, Arabes…)

Au cours de la semaine dernière, mercredi et jeudi, sept prisonniers, dont quatre prisonniers lor et un prisonnier baloutche, ont été exécutés à la prison centrale d’Ispahan. Il s’agit de Hossein Goshoul, Behrouz Goshoul, Shahin Goudarzi, Asghar Dehghani, Mojtaba Khorramdel, Vahid Mohbi et Ahmad Hanafi, tous condamnés pour meurtre avec préméditation ou pour des délits liés à la drogue.

Selon un rapport reçu par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, à l’aube du jeudi 20 février 2025, Hossein Goshoul, 32 ans, et son cousin Behrouz Goshoul, 35 ans, tous deux Bakhtiari Lors d’Ispahan, ont été exécutés à la prison centrale d’Ispahan.

Des sources bien informées ont déclaré qu’il y a six ans, ces deux prisonniers avaient été arrêtés avec le frère de Behrouz, Farhad Goshoul, dans une affaire commune pour meurtre avec préméditation. Alors que Hossein et Behrouz ont été exécutés, Hengaw a appris que l’exécution de Farhad Goshoul n’a pas eu lieu et qu’il a été renvoyé dans son quartier.

En outre, le mercredi 19 février 2025, deux autres prisonniers, Shahin Goudarzi, 40 ans, de Borujerd, et Asghar Dehghani, 51 ans, un Lor Bakhtiari d’Ispahan, ont été exécutés pour meurtre avec préméditation. Goudarzi était en prison depuis quatre ans, tandis que Dehghani était détenu depuis cinq ans.

Le même jour, trois autres prisonniers, Ahmad Hanafi, 37 ans, de Taybad, Vahid Mohbi, un Baloutche de Zabol, et Mojtaba Khorramdel, 30 ans, de Bandar Abbas, ont été exécutés pour des accusations liées à la drogue. Hanafi et Khorramdel étaient en prison depuis quatre ans, tandis que Mohbi était détenu depuis six ans avant leur exécution.

Au moment de la rédaction du présent rapport, les médias affiliés à l’État, notamment ceux liés au pouvoir judiciaire, n’ont pas annoncé l’exécution de ces sept prisonniers. (Hengaw) 

Lyon accueille de nombreux événements autour du nouvel-an kurde Newroz

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LYON – Le nouvel-an kurde (Newroz), célébré le 21 mars, annonce l’arrivée du printemps et du renouveau, alors que ces dernières décennies, il est devenu un symbole de résistance à l’oppression subie par le peuple kurde vivant sous colonisation turque, arabe et perse depuis plus de 100 ans. Cette année encore, pendant le mois de mars, les Kurdes organisent de nombreux événements a Kurdistan mais aussi dans la diaspora, dont celle de Lyon.

Nombreux événements autour du nouvel-an kurde Newroz à Lyon

 

Les associations Maison du Kurdistan de Lyon, Coordination lyonnaise Solidarité -Kurdistan et Amitiés kurdes de Lyon organisent plusieurs événements en mars en lien avec le Nouvel-An kurde Newroz.

 

Les dates à retenir

Samedi 1er Mars – 14h/17h : Conférence « Le gout des premières syllabes »
Avec Seyhmus Dagtekin, écrivain et poète kurde
Événement organisé par par la Maison du Kurdistan de Lyon dans le cadre de la journée internationale de la langue maternelle
Bibliothèque de la Part Dieu
Salle des conférences
30 Bd Marius Vivier Merle
69003 Lyon

Lundi 10 Mars – 19h : REUNION PUBLIQUE
« Dix ans après la rupture des accords de paix, l’année 2025 sera-t-elle celle de la réconciliation entre les Kurdes et les Turcs ? »
Intervention de Pascal Torre, professeur d’histoire, co-président de France-Kurdistan
Organisée par la coordination lyonnaise Solidarité Kurdistan
Palais du travail Salle des conférences
9 place du Dr Lazare Goujon
69100 Villeurbanne

Vendredi 21 Mars -18h – Fête du Newroz
Moment festif organisé par Amitiés Kurdes de Lyon
Mairie du 7ème
16 place Jean Macé
69007 Lyon

Jeudi 27 Mars – 19h30 : La question kurde aujourd’hui
Avec Gilles Lemée, professeur d’histoire
Organisée par Amitiés Kurdes de Lyon
Palais du travail
Salle Agora
9 place du Dr Lazare Goujon
69100 Villeurbanne

SYRIE. « La Conférence de dialogue national exclut de nombreux acteurs clés »

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SYRIE / ROJAVA – Après l’éviction de nombreuses minorités ethniques et religieuses de la Syrie, dont les kurdes, alaouites, turkmènes…) de la « Conférence de dialogue national » organisée par al-Charaa (alias al-Joulani), le Parti de l’Avenir de la Syrie a fait une déclaration dénonçant l’affront fait aux peuples de Syrie.

Le Parti de l’Avenir de la Syrie a affirmé que la « Conférence de dialogue national syrien » a exclu de nombreux acteurs clés en Syrie. Le parti a exprimé sa conviction qu’un véritable dialogue national, fondé sur la transparence, la crédibilité et une large participation, est la seule voie pour parvenir à la justice et à la réconciliation en Syrie.

Aujourd’hui, le Parti de l’Avenir de la Syrie a organisé une conférence de presse pour une déclaration condamnant la politique d’exclusion et la décision de la conférence de marginaliser divers segments de la société syrienne, y compris les partis politiques, les mouvements et d’autres groupes sociaux.

La déclaration a été lue devant le QG du Parti l’Avenir de la Syrie à Raqqa par le coprésident du parti, Abdul Hamid Al-Mahbash, en présence des membres du Conseil général. La déclaration se lit comme suit :

« À l’heure où le peuple syrien traverse une phase critique de son histoire et aspire à construire un avenir meilleur basé sur la justice, l’égalité et la paix après la chute de l’ancien régime en Syrie, le Parti l’Avenir de la Syrie regrette profondément la manière dont la Conférence de dialogue national syrien a été organisée par le comité désigné. Cette approche ne répond pas aux aspirations du peuple syrien et ne garantit pas une véritable représentation de tous ses segments, sectes et composantes, malgré notre ferme conviction de l’importance du dialogue comme outil fondamental pour résoudre la crise.

Nous constatons un manque d’inclusion véritable, car de nombreux acteurs clés représentant de larges pans de la société syrienne, en particulier les partis et mouvements politiques, ont été exclus. En outre, le comité désigné n’a pas présenté de mécanisme clair et transparent pour dialoguer avec les citoyens ou prendre en compte leurs idées et propositions. Cela suscite des inquiétudes et marginalise encore davantage la voix du peuple syrien dans le processus de prise de décision et dans la construction d’une nouvelle Syrie et de son avenir.

Le parti souligne la nécessité d’inviter tous les groupes politiques et représentatifs des différentes composantes de la Syrie, qu’elles soient politiques, sociales ou culturelles, pour assurer une représentation authentique qui reflète la réalité syrienne au sein de la Conférence de dialogue national. Il met également l’accent sur le respect des principes de transparence et de crédibilité et le rejet de l’exclusion de toute partie syrienne sous quelque prétexte que ce soit.

Le Parti de l’Avenir de la Syrie croit fermement qu’un véritable dialogue national, fondé sur la transparence, la crédibilité et une large participation, est le seul moyen de parvenir à la justice et à la réconciliation en Syrie.

C’est pourquoi nous réaffirmons la nécessité urgente d’œuvrer avec diligence à la tenue d’une conférence inclusive qui rassemble toutes les composantes du peuple syrien et contribue à la construction de l’avenir de la Syrie. Cette inclusivité est absente de la conférence d’aujourd’hui à Damas, qui prétend représenter le peuple syrien, un peuple qui a fait de grands sacrifices pour le succès de sa révolution. La Syrie appartient à tous les Syriens, sans exclusion ni marginalisation de qui que ce soit. » (ANHA)

Danielle Simonnet: Nous avons été très impressionnés par le Rojava

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LORIENT – Les Kurdes de Lorient se sont réunis dans le bureau de Damien Girard, député du groupe Écologiste et Social pour la 5e circonscription, pour écouter la députée Danielle Simonnet au sujet de sa visite récente au Rojava.

S’adressant à l’ANF après la réunion, Danielle Simonnet, membre de la délégation française qui s’est rendue au Rojava à l’occasion du 10e anniversaire de la libération de Kobanê, a partagé avec le public les quelques jours passés au Rojava et leurs impressions. Elle a été rapporté que la délégation était composée d’un total de six députés de gauche français, trois femmes et trois hommes.

Danielle Simonnet a expliqué que pour atteindre le Rojava, il leur a fallu un voyage difficile de deux jours. La délégation a été accueillie par des représentants des YPG (Unités de défense du peuple), des YPJ (Unités de défense des femmes) et d’autres responsables du Rojava et a eu une rencontre directe avec Mazloum Abdi, le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Selon Simonnet, l’objectif de la délégation en se rendant au Rojava était de briser le silence de la communauté internationale sur ce qui se passait au Rojava et d’observer la résistance sur place.

Danielle Simonnet a déclaré que le mouvement des femmes l’avait profondément marquée et a déclaré : « J’ai été très impressionnée lorsque j’ai appris lors de notre rencontre avec l’Institution Jineologî que les premières activités menées dans les premiers villages libérés de l’EI étaient des réunions de femmes. » 

« Au Rojava, les femmes se sont battues non seulement contre l’EI, mais aussi contre les idées patriarcales. Elles ont profité de l’occasion qui s’offrait à eux pour défendre leur peuple et conquérir leur propre liberté », a déclaré Simonnet.

Elle a souligné que les YPJ invitaient les femmes à des réunions en faisant du porte à porte et que la pérennité des droits des femmes n’était possible que si les femmes s’organisaient entre elles.

Parlant de sa première visite à Kobanê, Danielle Simonnet a déclaré qu’elle pensait que le Rojava était constitué uniquement de plaines plates, mais qu’elle avait été surprise de voir la nature montagneuse et luxuriante.

Danielle Simonnet, qui a déclaré avoir assisté à un grand événement à Kobanê où les gens dansaient la ronde (govend) sans distinction de religion, de langue ou de race, a déclaré : « Nous ne nous attendions pas à ce que les gens soient si pleins de joie de vivre dans un tel environnement de guerre. Nous avons vu une photographie du système que les Kurdes veulent créer. » Elle a également partagé les moments d’émotion qu’ils ont vécus en visitant les tombes de milliers de jeunes au cimetière des martyrs de Kobanê.

L’une des visites les plus bouleversantes de la délégation a été celle du camp d’Al Hol. Le camp était divisé en deux: il y avait d’un côté des familles de l’EI et de l’autre côté des personnes ayant quitté l’EI.

Simonnet a souligné que les taux de natalité sont dix fois plus élevés qu’ailleurs dans la région. Elle a déclaré que les Forces démocratiques syriennes (FDS) demandent à la communauté internationale soit d’établir un tribunal, soit que les pays reprennent leurs propres citoyens pour les juger. Elle a cependant déclaré que la communauté internationale fermait les yeux sur le fait que les FDS portaient seules ce fardeau.

Simonnet a déclaré que, lors de la rencontre avec le commandant en chef des FDS Mazlum Abdi, ils ont souligné l’importance de garantir les droits des femmes, culturels et ethniques pour l’avenir du Rojava. Simonnet a déclaré que les FDS n’étaient pas contre le fait de rejoindre l’armée syrienne, mais qu’il ne leur était pas possible de déposer les armes sans la garantie d’un confédéralisme démocratique.

Critiquant la politique française au Rojava, Danielle Simonnet a déclaré : « Erdogan mène une guerre contre les Kurdes, en violation du droit international. La France, de son côté, cède aux pressions de l’État turc par le biais d’accords sur les réfugiés, tout en adhérant aux politiques de l’UE. Le système mis en place au Rojava est un modèle que nous devrions suivre. » 

Rappelant les massacres ciblant les Kurdes perpétrés à Paris en 2013 et 2022, Simonnet a déclaré que la France ne pouvait pas donner de réponse claire à la quête de justice et que le maintien du PKK sur la liste des organisations terroristes de l’UE était sous la pression de l’État turc.

Simonnet a appelé à une plus grande solidarité pour soutenir le renforcement du mouvement des femmes au Rojava et l’établissement d’un confédéralisme démocratique, et a déclaré qu’elle était inspirée par la joie de vivre et l’esprit de résistance du peuple du Rojava, malgré la guerre et les attaques.

A la fin de la rencontre, les activistes kurdes ont offert à Danielle Simonnet le livre « Manifeste pour une civilisation démocratique. Vol. III. Sociologie de la liberté » d’Abdullah Ocalan.

SYRIE. Al-Charaa évince les Kurdes du « dialogue national syrien » au profit de marionnettes d’Erdogan

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SYRIE – Pour sa conférence de « dialogue national syrien », plutôt que d’inviter des responsables kurdes du Rojava / Nord-Est de la Syrie, al-Charaa (alias al-Joulani) a invité quelques marionnettes du régime turc qui n’ont aucune légitimité aux yeux des Kurdes.

Neuf personnes de la région d’Afrin ont été invitées à participer à la Conférence de dialogue national syrien à Damas aujourd’hui. Il s’agit d’individus travaillant en étroite collaboration avec la Turquie notamment.

L’activiste kurde, Scharo Maro réagit aux noms qui figurent sur la liste des personnes invitées par Jolani à la place des Kurdes et déclare qu’il s’agit de traitres et que même le Conseil national kurde en Syrie (ENKS), pourtant rival de l’administration autonome du Rojava, avait rejeté l’invitation de Jolani, déclarant que les Kurdes étaient évincés du « dialogue national syrien ».

Scharo Maro déclare que « Lors de la conférence de dialogue national syrien, le gouvernement syrien sous Jolani invite les Kurdes ethniques à remplir le quota afin que personne ne puisse dire ‘les Kurdes ne sont pas invités’, mais lorsque nous regardons qui sont ces Kurdes, nous voyons que tous sont des individus qui travaillent pour des intérêts monétaires ; en d’autres termes : des traîtres.

Et être un traître n’est pas une question de convictions politiques ou de rejet du PYD, du PDK, de l’UPK ou autre – dès l’instant où vous commencez à travailler avec l’entité/le gouvernement qui opprime votre propre peuple au profit de ce gouvernement hostile, la communauté kurde vous percevra comme un traître. Juste pour référence : même l’ENKS a rejeté ces invitations et a déclaré que le dialogue national n’incluait pas les Kurdes – ce qui est énorme car après tout, l’ENKS était le parti kurde qui a rejoint la coalition militaire turque ANS/ SNA (SIG) et a soutenu le déplacement ethnique de son propre peuple à Afrin juste pour qu’ils obtiennent une position au sein du SIG (ce qu’ils n’ont pas obtenu) ».

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ROJAVA. Les déplacés d’Afrin et de Shahba font face à un hiver glacial

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SYRIE / ROJAVA – Les familles kurdes déplacées d’Afrin et de Shahba résidant dans le centre d’hébergement de Tabqa font à face à des vagues de froid frappent la région. De nombreuses personnes, dont 70 enfants de bas âge, souffrent des maladies causées par le froid.

 

Alors que ces familles déplacées commençaient à se remettre des fortes pluies qui ont inondé leurs tentes, elles ont été frappées par une vague de froid qui a rendu la survie dans les tentes presque impossible. Les tentes n’offrent aucune protection contre le froid glacial, alors que les températures dans toute la Syrie sont tombées en dessous de zéro, ce qui constitue une menace extrême pour les résidants des camps de fortune. 

 Les voix des déplacés appellent à une intervention internationale

Les habitants déplacés appellent la communauté internationale à intervenir d’urgence. Husni Najjar, un déplacé d’Afrin, décrit les conditions désastreuses : « Il n’y a rien ici qui puisse nous permettre de vivre. Les organisations internationales nous ont abandonnés à la maladie. La tuberculose, les maladies de peau, les rhumes et les bronchites se propagent rapidement en raison des températures glaciales. Nous sommes dévastés, notre situation est catastrophique. »

Najjar a également déploré : « Il y a quelques jours, des vents violents ont provoqué des incendies dans plusieurs tentes. L’eau s’accumule dans les fosses entre nos tentes, les transformant en foyers de maladies. Quel crime avons-nous commis, nous et nos enfants, pour mourir de froid ? Les tentes n’offrent aucune protection, et pourtant elles brûlent, ainsi que nos documents. Combien de temps encore le monde regardera-t-il nos souffrances en silence ? Les organisations humanitaires internationales doivent agir immédiatement pour sauver nos vies. »

Mohammad Hussein, un autre déplacé d’Afrin, a fait écho à ces inquiétudes : « Avec ce temps glacial, nous manquons de couvertures et de matelas. Les gens, en particulier les enfants et les personnes âgées, meurent de froid. Les organisations viennent, font un tour rapide et repartent sans revenir. Les mères portent leurs enfants toute la journée parce qu’elles ne peuvent pas les poser sur le sol inondé, et leurs cris de faim ne cessent jamais. »

Nizar Rashu, lui aussi déplacé, s’interroge sur l’absence d’aide efficace : « Depuis notre déplacement, nous n’avons rien vu de concret de la part des organisations internationales. Où sont les Nations Unies, qui prétendent sur les plateformes médiatiques qu’elles apportent leur soutien ? Nous ne voyons aucun signe d’elles ici. Quelle est notre faute ? »

Hussein Sheikho, un autre déplacé souffrant de blessures subies pendant le déplacement forcé, a décrit son état de santé qui s’est aggravé en raison du froid : « J’ai souffert d’une fracture du pied pendant notre déplacement et j’ai dû me faire implanter une tige métallique. On me l’a retirée il y a deux jours seulement, et j’ai besoin de chaleur et de soins médicaux, mais c’est devenu un rêve impossible. Je survis uniquement grâce aux analgésiques. Si je ne reçois pas les soins médicaux appropriés, je risque de devenir handicapé permanent. » (ANHA)

Un boxeur germano-kurde remporte le championnat du monde des poids lourds

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Agit Kabayel, un boxeur germano-kurde, a remporté le championnat du monde de boxe en Arabie Saoudite en mettant KO le boxeur chinois Zhilei Zhang, connu sous le nom de « Big Bang », lors de la finale poids lourds. Kabayel est devenu le champion intérimaire du monde des poids lourds avec 26 victoires contre zéro défaite.

Le poids lourd germano-kurde Agit Kabayel a remporté une superbe victoire par KO contre Zhilei Zhang, arrêtant le puissant Chinois avec un coup dévastateur au foie au sixième round pour remporter le titre intérimaire des poids lourds WBC.

Cette victoire a non seulement préservé le record invaincu de Kabayel (26-0), mais l’a également positionné comme le principal prétendant aux championnats des poids lourds WBC, WBA et WBO, actuellement détenus par Oleksandr Usyk.

Une masterclass tactique mène au KO

Kabayel, sans se laisser décourager par les premiers coups puissants de Zhang, a concentré ses attaques sur le corps à partir du deuxième round, perturbant le rythme de Zhang et forçant le joueur de 41 ans à ralentir.

Au quatrième round, Zhang avait visiblement du mal à respirer et, bien qu’il ait réussi à marquer un knockdown au cinquième round, Kabayel s’est rapidement rétabli. Suivant les instructions de son entraîneur, le boxeur germano-kurde a patiemment attendu son heure avant de porter un coup au corps vicieux au sixième round, laissant Zhang à bout de souffle et incapable de continuer.

Le chemin de Kabayel vers le titre mondial

Après le combat, Kabayel a exprimé sa confiance dans son plan de jeu et dans le fait que ses frappes ciblaient stratégiquement le corps de Zhang, lors d’une interview accordée à Talk Sport, une station de radio sportive au Royaume-Uni et en République d’Irlande, détenue par News Broadcasting. Son contenu comprend une couverture en direct d’événements sportifs, des interviews avec les plus grands noms du sport et du divertissement.

« À chaque séance d’entraînement, nous nous adressons au corps et à la tête », a déclaré Kabayel.

« Mon entraîneur m’a dit qu’après le cinquième round, il n’aurait plus aucune condition physique – et vous avez vu, je l’ai cassé. »

Cette victoire propulse Kabayel dans la course au titre, et la WBO pourrait imposer un combat contre Usyk. Compte tenu du système de rotation des organismes de sanction, la chance de Kabayel de remporter un titre mondial pourrait arriver plus tôt que prévu, en fonction des prochaines actions d’Usyk et des organismes directeurs de la boxe.

D’un concurrent négligé à une menace de poids

L’ascension de Kabayel marque un tournant remarquable pour un combattant qui avait autrefois du mal à obtenir de gros combats. Sa carrière a stagné pendant son règne de champion d’Europe des poids lourds à la fin des années 2010 et au début des années 2020, mais il a depuis bénéficié de l’investissement de l’Arabie saoudite dans la boxe. Sous la bannière de la Riyadh Season, Kabayel a remporté deux victoires consécutives par arrêt contre Arslanbek Makhmudov et Frank Sanchez, attirant l’attention du chef de la boxe saoudienne Turki al-sheikh et s’ouvrant la voie vers un titre mondial.

Zhang chute dans le classement des poids lourds

Avant le combat, Zhang était classé n°4 par Ring Magazine, juste une place devant Kabayel. Cependant, avec cette défaite, Zhang (27-3-1) devrait chuter dans le classement, tandis que Kabayel se rapproche du sommet de la division glamour de la boxe.

Joseph Parker, le champion IBF Daniel Dubois et Tyson Fury, apparemment à la retraite, restent devant lui, tandis qu’Usyk continue de régner en tant que roi linéaire des poids lourds.

Avec son record d’invincibilité intact et une performance dominante contre Zhang, Agit Kabayel s’est fermement établi comme une menace légitime dans la division des poids lourds, avec un combat pour le titre mondial désormais à portée de main. (Kurdistan24)

TURQUIE. Le gouvernement confisque une autre municipalité kurde

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TURQUIE / KURDISTAN – Le ministère de l’Intérieur a nommé un administrateur à la tête de la municipalité kurde de Kağızman, dans la province de Kars, suite à la condamnation du maire Mehmet Alkan à 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ».

Okan Daştan, le gouverneur du district de Kağızman, a été nommé à la tête de la municipalité kurde, marquant la dernière d’une série de prises de contrôle par le gouvernement de municipalités dirigées par l’opposition.

La décision a été annoncée en début de matinée, avec une forte présence policière autour du bâtiment municipal. Nejla Demir, députée du parti pro-kurde Égalité des peuples et de la démocratie (DEM), a condamné cette décision, déclarant : « La politique de tutelle imposée par un système judiciaire politisé est un acte d’usurpation, de loi coloniale et de pillage. La nomination à minuit d’un administrateur de notre municipalité de Kağızman avec des centaines de policiers est un acte clair de saisie de la volonté publique et de pillage de ce qui appartient au peuple. »

Reprises municipales

Depuis les élections locales de 2024, 12 municipalités ont été reprises par le gouvernement, dont 10 dirigées par le DEM Parti et deux par le Parti républicain du peuple (CHP). La première intervention a eu lieu le 4 juin, lorsque le maire de Hakkari, Mehmet Sıddık Akış, a été démis de ses fonctions en raison d’accusations de terrorisme.

La liste complète des municipalités de l’opposition confisquées par le régime turc depuis les élections comprend :

  • DEM Parti : Hakkari (3 juin 2024), Mardin, Batman, Halfeti (4 novembre 2024), Dersim (22 novembre 2024), Bahçesaray (29 novembre 2024), Akdeniz (14 janvier 2025), Siirt (29 janvier 2025), Van (15 février 2025). 2025), Kağızman (24 février 2025)
  • CHP : Esenyurt (31 octobre 2024), Ovacık (22 novembre 2024)

Le parti DEM, qui a remporté 75 municipalités aux élections de 2024, dont 11 villes, a désormais perdu six de ces villes au profit d’administrateurs (kayyum ou kayyim) nommés par le gouvernement.

En vertu de la loi turque, le ministère de l’Intérieur a le pouvoir de suspendre les maires faisant l’objet d’une enquête criminelle et de nommer des gouverneurs de district ou des fonctionnaires comme maires par intérim, contournant ainsi de fait les conseils municipaux élus. Les administrateurs ont également le pouvoir de dissoudre les conseils municipaux, qui comprennent généralement des membres de plusieurs partis politiques.

Cette politique a été largement mise en œuvre après l’échec du coup d’État de 2016, lorsque le gouvernement a pris le contrôle de presque toutes les municipalités dirigées par le prédécesseur du parti DEM, le Parti démocratique des peuples (HDP), dans les régions à majorité kurde de Turquie. Le HDP a repris le contrôle de bon nombre de ces municipalités lors des élections de 2019, mais le gouvernement a de nouveau destitué la plupart de ses maires élus dans les mois qui ont suivi, invoquant des enquêtes liées au « terrorisme ». (Bianet)

Des ouvriers kurdes continuent de mourir dans le secteur de la construction en Turquie

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TURQUIE – En 2024, 27 ouvriers kurdes de Van ont perdu sur des chantiers de construction dans l’Ouest de la Turquie où ont migré à cause de la crise économique systémique frappant le Kurdistan du Nord.

La migration des travailleurs de Van (Wan) et des provinces kurdes environnantes vers l’ouest de la Turquie continue d’augmenter chaque année en raison du chômage et des difficultés économiques. Cependant, cette migration, combinée à des conditions de travail difficiles, à une sécurité au travail inadéquate et à un manque de surveillance dans le secteur de la construction, a eu des conséquences tragiques. Ces dernières années, on a constaté une augmentation significative du taux de mortalité parmi les travailleurs kurdes quittant Van, Muş et Ağrı pour des grandes villes comme Istanbul, İzmir et Kocaeli pour y travailler.

27 ouvriers de Van ont perdu la vie en un an

Van fait depuis longtemps partie des provinces qui connaissent une forte migration en raison des crises économiques et du chômage. De nombreux migrants se dirigent vers l’ouest, à la recherche d’un emploi principalement dans les secteurs de la construction et de l’agriculture. Rien qu’en 2022, au moins 56 travailleurs de Van ont perdu la vie à la suite d’accidents du travail, et en 2024 et au cours des deux premiers mois de 2025, 27 autres jeunes travailleurs de Van sont décédés des suites d’accidents similaires. Les chutes de hauteur restent l’une des principales causes de décès dans le secteur de la construction.

Les décès dans le secteur de la construction continuent à augmenter

Les données de l’Assemblée pour la santé et la sécurité au travail des travailleurs (İşçi Sağlığı ve İş Güvenliği Meclisi, ISIG) montrent qu’au moins 1 897 travailleurs ont perdu la vie à la suite d’accidents du travail en 2024. Une proportion importante de ces décès s’est produite dans les secteurs de la construction, de l’agriculture et des transports. Les décès parmi les travailleurs du bâtiment, notamment causés par des chutes de hauteur, ont atteint des niveaux alarmants.

Şehmus Ayhan, un jeune homme de 23 ans du district de Başkale à Van, a perdu la vie après être tombé du sixième étage d’un chantier de construction à Mersin. De même, Sinan Şahin, du district de Çaldıran à Van, est décédé suite à un accident d’échafaudage. De nombreux autres travailleurs kurdes ont également perdu la vie dans des accidents similaires dans des villes comme Izmir, Istanbul, Şanlıurfa, Samsun et Kahramanmaraş.

Les lois ne sont pas appliquées dans la pratique et les inspections sont insuffisantes

Mehmet Yılmaz, expert en sécurité au travail, a souligné que les jeunes de la région sont contraints de migrer vers l’ouest en raison des difficultés économiques, soulignant l’insuffisance des mesures de sécurité dans le secteur de la construction. Yılmaz a noté que même si les lois sur la sécurité au travail mises en œuvre en 2012 ont initialement apporté des développements positifs, le nombre de décès sur le lieu de travail a de nouveau augmenté ces dernières années : « Le nombre de décès de travailleurs en Turquie est nettement plus élevé que dans les pays européens. Les lois existent, mais elles ne sont pas appliquées dans la pratique. Les inspections sont insuffisantes et les employeurs ne tiennent pas compte de la sécurité pour réduire les coûts. Les travailleurs sont contraints de travailler de longues heures et travaillent souvent sur des chantiers sans formation suffisante. »

Les étudiants universitaires vivant dans la pauvreté travaillent également dans le secteur de la construction

Yılmaz a souligné que le chômage dans la région s’aggravait et que même les jeunes en âge d’aller à l’université étaient obligés de se déplacer vers l’ouest et de travailler dans le bâtiment pour couvrir leurs frais d’études, une situation particulièrement courante pendant les vacances d’été. Yılmaz a déclaré : « Nos gens n’ont pas d’autre choix que d’accepter ces emplois. Les étudiants universitaires se rendent dans les villes occidentales pendant les vacances d’été et les vacances d’été pour subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, ces jeunes perdent la vie à cause du manque de sécurité au travail et également dans des accidents de la route lors de longs trajets en bus. Le nombre de décès sur le lieu de travail en Turquie reste nettement plus élevé que dans les pays européens. »

Les travailleurs ne sont pas conscients des risques

Yılmaz a déclaré que les lois sur la sécurité au travail ne sont que sur le papier, soulignant que les employeurs et les travailleurs manquent de sensibilisation et ne prennent pas les précautions nécessaires. Il a déclaré que « les inspections ne sont menées que sur des documents. Les travailleurs négligent les mesures de sécurité telles que les harnais et les casques pour travailler plus longtemps. Les jeunes de Van sont confrontés à des risques accrus de chute et d’accidents sur les chantiers de construction. Les employeurs ne se soucient pas de la vie des travailleurs, négligeant les mesures de sécurité pour réduire les coûts et maximiser les profits. Il n’y a pas d’inspection appropriée en Turquie ; les lois sur la sécurité au travail ne sont pas appliquées et, par conséquent, en moyenne, cinq travailleurs perdent la vie dans des accidents du travail chaque jour. »

Yılmaz a déclaré que les lois sur la sécurité au travail doivent être appliquées efficacement pour prévenir les décès de travailleurs, et a souligné l’importance d’éduquer les travailleurs, de renforcer les mesures de sécurité et d’imposer des sanctions dissuasives aux employeurs.

Les accidents mortels sur le lieu de travail dans le secteur de la construction demeurent un problème mortel pour les travailleurs kurdes en raison de mesures de sécurité inadéquates et d’un manque de surveillance. La migration, le chômage et les conditions de travail difficiles continuent de mettre la vie des jeunes kurdes en danger, mais les autorités n’ont toujours pas pris de mesures concrètes pour résoudre ce problème. (ANF)

Les Druzes réclament une Syrie décentralisée

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SYRIE – Peu de temps après sa fondation, le Conseil militaire de Suwayda, ville au sud de Damas et peuplée de Druzes, a rejeté d’être inclus au sein des forces du HTS qui a pris le pouvoir à Damas. Il exige une nouvelle Syrie basée sur un État démocratique, laïc et décentralisé, comme le réclament les Kurdes du Rojava depuis des années.

L’activiste kurde, Scharo Maro nous explique en détail ce qui a pu pousser les Druzes de Suweida à ouvertement défier le régime d’Ahmed Hussein al-Charaa (alias Abou Mohammed al-Joulani):

Après la déclaration du Conseil militaire de Suweida, beaucoup de choses se sont produites
 
1. Les religieux druzes, y compris le plus haut dignitaire religieux druze, ont rejeté le conseil militaire de Suweida et l’ont qualifié d’illégitime
 
2. La Joint Operations Room, une alliance militaire des forces militaires de Suweida, a également qualifié la déclaration d’illégitime.
 
Important : le marquage *illégitime* tourne autour du dialogue en cours entre les factions militaires de Suweida et le gouvernement syrien, où ils affirment qu’un dialogue positif a été mené.
Il semble que les factions militaires de Suweida craignent que cette déclaration puisse bloquer tout accord potentiel avec le gouvernement syrien.
 
Pourtant, dans le même temps, d’importantes factions comme les forces de Nabi Shuyab prêtent allégeance au Conseil militaire de Suweida (Nabi Shuyab est le tombeau/sanctuaire de leur prophète Shuyab).
 
Alors, le Conseil militaire de Suweida est-il illégitime ou les factions locales complotent-elles simplement ?
En ce moment, le Conseil militaire de Suweida se prépare à un défilé militaire dans la région de Suweida, une action qui ne serait pas possible si les autres factions militaires s’y opposaient.
 
Par ailleurs, des appels à manifester ont été lancés :
Il semble que le discours prononcé par Netanyahu quelques heures après la déclaration dans laquelle il a affirmé qu’Israël protégerait la communauté druze cause beaucoup de problèmes.
 
1. Nous avons déduit de ce discours, comme il intervient peu de temps après la déclaration et étant donné que la déclaration est un geste audacieux où les factions militaires de Suweida n’auraient aucune chance réaliste de contrecarrer une attaque du HTS, qu’Israël a secrètement donné une sorte de garantie au Conseil militaire de Suweida qu’il recevrait un soutien militaire de l’armée israélienne en cas d’attaque.
 
2. Cette décision a cependant causé beaucoup de problèmes au sein de l’opinion publique, car de nombreux membres de la communauté druze ont rejeté cette déclaration et ont appelé Israël à ne pas interférer dans les affaires étrangères (c’est-à-dire dans les affaires de Suweida) ; des manifestations sont prévues pour rejeter publiquement cette déclaration à Daraa, Quneitra et Suweida.
 
La situation deviendra compliquée, même si, de manière réaliste, ce soutien de l’armée israélienne est le plus grand avantage que la communauté druze ou du sud d’Israël aurait pu espérer – cela garantira que HTS ne viendra pas les attaquer et ne les massacrera pas par la suite – il est important de souligner ici que HTS a appelé par le passé à l’extermination de la communauté druze ; en septembre 2024 par exemple, Jolani a personnellement émis un décret qui a confisqué tous les biens (!) (actifs) de la communauté druze d’Idlib et les a placés dans le trésor de HTS ; en 2022, toutes les communautés druzes d’Idlib ont été interdites de pratiquer leur religion.
 
Le seul véritable problème que les Druzes ont avec cela est l’étiquette d’être des *alliés d’Israël *; que cela soit vrai ou non : cette étiquette à elle seule fera de vous l’ennemi de la communauté arabe sunnite en Syrie.
 
Surtout compte tenu de la situation actuelle à Gaza.
 
La communauté druze devra donc réfléchir à ce qui pourrait arriver si elle acceptait ce soutien et à ce qui pourrait arriver si Israël se retirait ou cessait son soutien, peut-être dans le cadre de l’un des nombreux accords de paix maudits que les États-Unis sous Trump négocient.
 
Je crois fermement qu’en privé, une décision a déjà été prise et que les manifestations/rejets ne sont qu’un spectacle pour le public afin que le dialogue avec HTS continue pendant que Suweida maintient le statu quo.