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Amnesty International demande une action urgente pour empêcher l’exécution imminente d’une travailleuse humanitaire kurde

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Réagissant aux informations selon lesquelles la Cour suprême d’Iran a rejeté la demande de réexamen judiciaire de la déclaration de culpabilité et de la condamnation à mort de Pakhshan Azizi, 40 ans, travailleuse humanitaire issue de la minorité ethnique kurde opprimée en Iran, Diana Eltahawy, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré :

« La communauté internationale doit immédiatement exhorter les autorités iraniennes à renoncer à l’exécution de Pakhshan Azizi, travailleuse humanitaire détenue arbitrairement et condamnée à mort à l’issue d’un procès manifestement inéquitable devant un tribunal révolutionnaire l’année dernière.

Pakhshan Azizi a été arrêtée uniquement en raison de ses activités pacifiques en faveur des droits humains et de ses activités humanitaires, notamment l’apport d’un soutien humanitaire à des femmes et des enfants dans le nord-est de la Syrie ayant été déplacés à la suite d’attaques menées par le groupe armé État islamique. Au lieu de la menacer d’une exécution imminente, il faut la libérer immédiatement et sans condition.

La décision de la Cour suprême de rejeter sa demande de révision judiciaire montre une fois de plus que les autorités iraniennes restent fermement décidées à employer la peine de mort comme outil de répression politique afin de répandre la peur au sein de la population. Dans un entretien accordé aux médias, l’un des avocats de la jeune femme, Amir Raesian, a déclaré que la décision lui avait été notifiée le 5 février, ajoutant que l’exécution pouvait désormais avoir lieu à tout moment. Il a également souligné que des erreurs choquantes commises dans l’affaire par la juridiction inférieure ont été répétées dans la décision de la Cour suprême.

La peine de mort est un châtiment odieux en toutes circonstances, mais l’imposer à l’issue d’un procès manifestement inique devant un tribunal révolutionnaire, au cours duquel les allégations de Pakhshan Azizi concernant des actes de torture et d’autres mauvais traitements, notamment des violences liées au genre, n’ont fait l’objet d’aucune enquête, rend son application arbitraire et illustre une fois de plus le mépris éhonté des autorités iraniennes pour le droit à la vie. Les gouvernements du monde entier doivent s’élever avec force contre cette injustice, afin d’empêcher l’exécution de Pakhshan Azizi avant qu’il ne soit trop tard. »

Complément d’information

La 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Pakhshan Azizi à mort en juillet 2024. Elle a été déclarée coupable de « rébellion armée contre l’État » (baghi) uniquement en raison de ses activités pacifiques en faveur des droits humains et de ses activités humanitaires. Par exemple, entre 2014 et 2022, elle a participé à la prestation d’un soutien humanitaire à des femmes et des enfants déplacés à la suite d’attaques du groupe armé État islamique et hébergés dans des camps dans le nord-est de la Syrie et dans la région du Kurdistan irakien. Début janvier 2025, la Cour suprême a confirmé sa déclaration de culpabilité et sa condamnation à mort. La neuvième chambre de la Cour suprême a ensuite rejeté sa demande de révision judiciaire.

Le 4 août 2023, des fonctionnaires du ministère du Renseignement ont arrêté Pakhshan Azizi de manière arbitraire à Téhéran et l’ont transférée à la section 209 de la prison d’Evin à Téhéran, qui est sous le contrôle du ministère du Renseignement, puis l’ont maintenue à l’isolement prolongé pendant cinq mois sans qu’elle ne puisse voir un avocat ni sa famille. Selon des sources informées, Pakhshan Azizi a été soumise à la torture et à d’autres mauvais traitements durant les interrogatoires. Des fonctionnaires lui ont dit à plusieurs reprises qu’elle n’avait pas le droit de vivre et ont menacé de l’exécuter. Ils l’ont également soumise à des violences liées au genre afin de la contraindre à « avouer » entretenir des liens avec des groupes d’opposition kurdes, ce qu’elle a nié à plusieurs reprises. Début décembre 2023, elle a été transférée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin, où elle est toujours détenue.

Amnesty International s’oppose catégoriquement à la peine de mort dans tous les cas et en toutes circonstances.

 

PARIS. Projection de « La révolution par les femmes »

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PARIS – Le 14 février prochain, l’association Germinal organise une soirée de projection / débat autour du documentaire « La révolution par les femmes » à la bibliothèque associative de Malakoff, en région parisienne. La projection sera suivie d’un débat en présence de la réalisatrice Mylène Sauloy et d’un buffet partagé.

Synopsis:

« Coincé entre une Turquie agressive, une dictature syrienne qui renaît de ses cendres, et des factions djihadistes criminelles éparses, le petit Rojava – récemment rebaptisé Fédération démocratique du Nord Syrien – mène vaillamment sa révolution féministe. Au beau milieu du chaos syrien, quatre millions de Kurdes, Arabes, Syriaques et autres peuples y vivent en bonne entente. »

Pour le buffet, tout le monde est invité à y contribuer en apportant quelque chose.

RDV le vendredi 14 février à 19h30, à la Bibliothèque associative de Malakoff
14 Impasse Carnot
92240 MALAKOFF

 

Démocratie radicale et autonomie: des peuples du Sud réunis pour une alternative à la démocratie libérale

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Du 2 au 6 février, les peuples autochtones et les mouvements sociaux du Sud global se sont réunis pour une conférence inspirante sur la démocratie radicale en Afrique du Sud.
 
Du 2 au 6 février, Durban, en Afrique du Sud, est devenue un important centre de discussion pour les voix qui militent en faveur du changement, alors qu’un groupe diversifié de peuples autochtones et de mouvements sociaux du Sud global se sont réunis pour une conférence inspirante sur la démocratie radicale, organisée par la Global Tapestry of Alternatives et le Comité local de crise d’Amadiba (mouvement social basé dans la région d’Amadiba du Pondoland dans le Cap oriental formé en 2007 par des villageois de Xolobeni et des environs pour lutter contre un projet de mine de titane dans leur région), Abahlali Basemjondolo (Les habitants des cabanes).
 
Cette rencontre organisée par l’Académie de la modernité démocratique (en anglais: Academy of Democratic Modernity – ADM) et le centre Jineoloji, a posé une question cruciale : des communautés aux luttes très différentes peuvent-elles s’unir pour trouver de véritables solutions aux crises mondiales auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui ?
 
Les participant.e.s représentaient une riche mosaïque de cultures et d’histoires, notamment les Abahlali Mjondolo d’Afrique du Sud, les Ogiek du Kenya, les Dzomsa d’Inde, la communauté Cheran du Mexique, les Mizak de Colombie, la nation zouloue locale et des activistes kurdes membres de la jineoloji (science des femmes), militant.e.s du Kurdistan, du Myanmar, du Panama, de Taiwan, des Philippines et d’autres pays. Chaque groupe a apporté des perspectives uniques façonnées par ses expériences distinctes, mais tous partageaient un objectif commun : explorer les principes de la démocratie radicale et la manière dont ils peuvent être appliqués pour défendre leurs terres et leurs droits. (ANF)

ROJAVA. Un bébé tué par un drone turc

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SYRIE / ROJAVA – Une fillette de deux ans blessée lors d’une attaque de drone turc d’hier ciblant le canton de Kobanê a perdu la vie.

Un drone appartenant à l’État turc a ciblé samedi après-midi le village d’Aşmê dans le canton kurde de Kobanê.

Au total, 9 personnes, dont 7 enfants et bébés, ont été blessées dans l’attaque.

La petite Ceylan Hemo, âgée de 2 ans et grièvement blessée lors de l’attaque, n’a pas pu être sauvée. Elle est décédée des suites de ses blessures à l’hôpital de Kobanê. (ANF)

IRAN. Un Kurde abattu par les forces de sécurité à Qasr-e Shirin

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IRAN / ROJHILAT – Mohammad Azizi, un jeune Kurde de Kirmaşan, a été abattu par les forces de sécurité à Qasr-e Shirin.

Mohammad Azizi, un Kurde de 34 ans de Qasr-e Shirin, province de Kermanshah (Kermashan), a été abattu par les forces spéciales de la police (Yegan-e Vizhe) et les forces spéciales des « Gardiens des juristes islamiques » (NOPO) au marché frontalier de Parvizkhan. Il a été tué à bout portant.

Selon les rapports reçus par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, à 23 heures le dimanche 5 janvier 2025, les forces de police spéciales et le NOPO ont pris d’assaut le marché frontalier de Parvizkhan à Qasr-e Shirin et ont tiré sur Mohammad Azizi avec une rafale de balles, le tuant sur le coup.

Un proche de Mohammad Azizi a déclaré à Hengaw : « Il a été touché par trois balles dans la poitrine et l’abdomen avec un fusil Kalachnikov, et il est mort sur le coup. »

Hengaw a appris que Mohammad Azizi avait eu une altercation avec des agents des forces de l’ordre la semaine précédente. La nuit de l’incident, les forces de sécurité ont fait une descente au marché frontalier de Parvizkhan dans l’intention de l’arrêter. Lorsqu’il a refusé de se rendre, ils l’ont mortellement abattu de trois balles.

Les forces ont agi dans le cadre d’une directive de tirer pour tuer émise par Ali Rostami, le procureur de Qasr-e Shirin, dans le but de l’appréhender. (Hengaw)

 

TURQUIE. Libération des journalistes du site Birgun

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TURQUIE – Le régime turc continue à bâillonner les médias d’opposition et kurdes.

 

Les coordinateurs de publication de Birgun.net, Uğur Koç et Berkant Gültekin, ainsi que le rédacteur en chef de birgun.net, Yaşar Gökdemir ont été libérés après avoir été entendus par le procureur.

Uğur Koç, Berkant Gültekin et Yaşar Gökdemir avaient été arrêtés à leurs domiciles le samedi 8 février.

Le coordinateur de la publication du journal Birgün, İbrahim Varlı, a confirmé dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux que les coordinateurs de la publication du journal, Uğur Koç et Berkant Gültekin, ainsi que le responsable de birgun.net, Yaşar Gökdemir, avaient été arrêtés.

Les trois journalistes avaient été arrêtées suite après avoir diffusé une information faisant état de la visite du journaliste du journal Sabah au procureur général d’Istanbul Akın Gürlek. Selon İbrahim Varlı, les journalistes de Birgun ont été arrêtés à cause d’« un reportage sur la visite du journaliste pro-gouvernemental Sabah à Akın Gürlek. Nous soulignons que Sabah et le journaliste pro-gouvernemental ont parlé de cette rencontre entre eux. »

TURQUIE. Un jeune Kurde attaqué par la police à Diyarbakir se trouve aux soins intensifs

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TURQUIE / KURDISTAN – Vedat Özer, un jeune souffrant d’épilepsie blessé lors de l’attaque policière contre le rassemblement « Liberté » organisé hier par les partis politiques kurdes qui s’est tenu hier à Diyarbakir (Amed), se trouve aux soins intensifs dans un état critique.

Organisé par le Parti des régions démocratiques (DBP) et le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), le rassemblement « Liberté pour la paix » a eu lieu hier sur la place de la gare dans le quartier de Yenişehir à Amed avec la participation de milliers de personnes. Blessé lors de l’attaque policière qui a suivi le rassemblement, Vedat Özer, membre de l’Assemblée des jeunes du parti DEM, a été transporté aux soins intensifs à l’hôpital universitaire de Dicle pour y être soigné. Bien que l’état de santé d’Özer serait stable, on rapporte que sa vie est toujours en danger.

Le député du Parti DEM, Serhat Eren, qui s’est rendu à l’hôpital, a déclaré : « Le médecin a dit que 3 gouttes de sang avaient coulé au cerveau de Vedat et que sa vie était toujours en danger. Des radiographies ont été prises le matin. « Le médecin donnera des informations détaillées dans l’après-midi », a-t-il déclaré. Eren a déclaré qu’Özer, qui souffre d’épilepsie, est tombé au sol après que la police l’a attaqué avec du gaz poivré, et qu’ils suivront le processus de près. (Mezopotamya)

 

ROJAVA. Un drone turc tue un enfant dans la campagne d’Ain Issa

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SYRIE / ROJAVA – Un adolescent de 15 ans a été tué lors d’une attaque de drone menée par la Turquie dans la campagne d’Ain Issa. Depuis décembre 2025, des dizaines de civils, dont des enfants, ont été tués par les attaques turques ciblant les régions syriennes contrôlées par les forces arabo-kurdes.

Le village de Sakiro dans la campagne orientale d’Ain Issa a été bombardé par des drones turcs, ce qui a conduit au martyre de l’enfant Salah Khalaf Al-Salamah (15 ans). (ANHA)

TURQUIE. Attaques racistes contre un club kurde de football

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TURQUIE / KURDISTAN – Le samedi soir, le car transportant les joueurs du club de football kurde Vanspor a été attaqué par des fascistes turcs à deux reprises après le match joué contre Elazığspor. Plusieurs joueurs et entraîneurs ont été blessés lors des attaques sous le regard complice de la police turque. La kurdophobie a toujours été présente chez les hooligans turcs qui attaquent régulièrement les équipes et les supporters des clubs kurdes qui sont également victimes de racisme sur le terrain…

En compétition dans le groupe rouge de la 2e Ligue de la Fédération de Turquie de football (TFF), le Vanspor FK affrontait Elazığspor en déplacement. Vanspor a été attaqué après le match. Les assaillants ont ciblé le car de Vanspor avec des pierres après son départ. Des joueurs, des membres de l’équipe technique et des dirigeants du club ont été blessés dans l’attaque.

Des équipes médicales ont été dépêchées sur les lieux et les blessés ont été transportés à l’hôpital.

Les joueurs, qui ont attendu des heures sur le terrain, sont ensuite partis. Le car de l’équipe, à 25 kilomètres de Xarpêt, a été une nouvelle fois attaqué. Les vitres du car ont été brisées et plusieurs personnes ont été blessées. Les joueurs et l’équipe technique ont réagi à la police qui n’a pas empêché l’attaque.

TURQUIE. Un rassemblement kurde attaqué par la police

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TURQUIE / KURDISTAN – A la fin du rassemblement « Liberté pour la paix » organisé par les partis politiques kurdes à Diyarbakir (Amed), la police a attaqué les journalistes et les civils et détenu plusieurs personnes.

Un rassemblement organisé par le Parti des régions démocratiques (DBP) et le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM) s’est tenu sur la place de la gare dans le quartier de Yenişehir à Amed sous le slogan « Liberté pour la paix ». Un jeune homme qui marchait vers la rue Gevran après le rassemblement a été traîné au sol et arrêté pour « résistance à la police ».

Une jeune femme portant une photo du journaliste Nazim Daştan, tué par une attaque de drone turc dans le nord et l’est de la Syrie, a également été arrêtée.

D’autre part, la journaliste de JINNEWS, Rojda Aydın, qui voulait documenter les violences policières, a été victime de violences. L’appareil photo de Rojda Aydin a été endommagé. 

Soutien aux kurdes : le ministre des affaires étrangères a-t-il menti à l’Assemblée nationale ?

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PARIS – Interpellé à L’Assemblée Nationale par la députée Danielle Simonnet, le ministre français des Affaires étrangères Jean Noël Barrot annonçait que les Kurdes participeront également à la conférence de Paris le 13 février, où sera discuté l’avenir de la Syrie. Quelques jours plus tard, on apprend qu’il n’y aura finalement pas de délégation kurde à Paris.

Danielle Simonnet ne décolère pas devant le volte-face du gouvernement français et demande si « le ministre des affaires étrangères a-t-il menti à l’Assemblée nationale ? » dans un communiqué daté du 7 février 2025.

Voici le communiqué de Simonnet :

Soutien aux kurdes : le ministre des affaires étrangères a-t-il menti à l’Assemblée nationale ?

Ce mardi, lors des Questions au gouvernement, j’interrogeais M. Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères, sur le soutien de la France aux kurdes, et plus particulièrement sur l’invitation de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES ou Rojava) à la conférence internationale sur la Syrie qui se tiendra le 13 février prochain à Paris.

La réponse du ministre sur ce dernier point était très claire : “Je vous confirme que les Kurdes seront bien présents à la conférence organisée le 13 février à Paris, qui vise à faire entendre nos exigences pour cette transition”

Or, on apprend en écoutant le point presse du porte parole du quai d’Orsay ce jour que “La conférence qui est organisée le 13 février prochain à Paris sur la Syrie est une conférence ministérielle. C’est une conférence avec des invitations qui ont été lancées à des ministres des affaires étrangères donc à des gouvernements donc les kurdes ne sont pas dans cette conférence puisque qu’ils n’ont pas de ministre.” Le même porte-parole réduit l’Administration autonome du Nord-est syrien à un “groupe ethnique et confessionnel”, alors qu’il s’agit bien d’une région autonome, avec sa propre administration, ses forces armées, les Forces Démocratiques Syriennes, à qui nous devons la victoire contre Daech, et l’élaboration d’un système politique démocratique, multi-ethnique, féministe unique au monde qu’il convient de préserver. Pourtant, ce système est aujourd’hui menacé par les attaques des milices payées par la Turquie, qui font chaque jour des victimes civiles au barrage Tichrine. Le gouvernement syrien ne donne pas de garanties aujourd’hui sur la possibilité pour cette région de conserver son autonomie et les droits acquis, et de participer pleinement au processus constituant de la nouvelle Syrie.

La France va donc exclure ceux qui ont permis la victoire contre Daech des discussions sur l’avenir de la Syrie ? Ce serait inconcevable, au vu des propos forts du ministre ce mardi. Je réaffirme donc la nécessité de la présence de l’AANES à cette conférence, et demande à M. Jean-Noël Barrot de clarifier ses intentions : la promesse faite devant l’Assemblée nationale de les convier à cette conférence sur l’avenir de la Syrie doit être tenue. La France ne doit pas abandonner le Rojava, l’AANES, premiers artisans de la victoire contre Daech il y a 10 ans.

Communiqué de presse de Danielle Simonnet, députée de Paris

Appel à juger les crimes commis par la Turquie et ses gangs ainsi que le régime d’Assad en Syrie

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PARIS – La Fondation Danielle Mitterrand exhorte la communauté internationale à juger les crimes de guerre commis par le régime d’Assad et la Turquie ainsi que ses mercenaires syriens pour une Syrie libre.

Voici le communiqué de la Fondation Danielle Mitterrand publié le 7 février 2025:

«Pour une Syrie libre, défendre le Rojava/NES et juger les crimes de la Turquie, de l’Armée Nationale Syrienne et du régime d’Assad»

Alors que se déroule à Bruxelles la session du Tribunal Permanent des Peuples «Rojava VS. Turquie» les 5 et 6 février, la Fondation Danielle Mitterrand réaffirme son soutien à la lutte du peuple kurde et de tous les peuples de la région du Rojava (Kurdistan syrien) et du Nord et de l’Est de la Syrie, et la nécessité de juger les crimes de la Turquie, de l’Armée Nationale Syrienne (ANS) et du régime de Bachar al Assad.
 

Depuis la chute historique du régime sanguinaire et totalitaire de Bachar al Assad le 8 décembre 2024, la guerre n’a pas cessé en Syrie. L’espoir d’une transition démocratique, basée sur la justice et l’implication de toutes les composantes du peuple syrien, ne peut pas se réaliser sans assurer un cessez-le-feu, exiger le retrait des forces d’occupation étrangère, et faire appliquer la justice et le droit international.

Israël a massivement bombardé et envahi le sud du pays. Au Nord-Est, la Turquie et ses milices islamistes coalisées dans une soi-disant « Armée Nationale Syrienne » continuent d’attaquer sans relâche les populations et les Forces Démocratiques Syriennes défendant la région du Nord et de l’Est de la Syrie après avoir combattu Daech aux côtés de la coalition internationale. La menace de l’invasion terrestre de Kobanê est toujours imminente.

Depuis un mois et demi, de violents affrontements se concentrent autour du barrage de Tishrine et du pont de Qereqozak, portes d’entrées vers la rive Est de l’Euphrate et la région de Kobanê. Plusieurs dizaines de personnes sont décédées en défendant le barrage, dont dépendent la fourniture en électricité et en eau potable de la population. La Turquie et l’ANS bombardent de manière indiscriminée des convois de civils venu·es manifester sur la zone. Elle a assassiné deux journalistes venus couvrir le conflit. Elle a bombardé plusieurs écoles dans les environs, tuant au moins 11 enfants. Des centaines de milliers de déplacé·es (dont certain·es l’ont été de multiples fois) survivent dans le reste du NES, dans des camps et abris de fortunes, dans des écoles, survivant avec très peu d’assistance en plein hiver. Chaque jour de nouveaux crimes s’ajoutent à la liste.

M. Erdogan et ses affidés renforcent leurs visées expansionnistes et néo-ottomanes sur la Syrie. Le président turc a déclaré que « Alep aurait pu être turque ». M. Trump a emboîté le pas en déclarant que « la Turquie a été en Syrie sous différents noms et formes depuis 2000 ans ». Tout en plaidant hypocritement pour « l’intégrité de la Syrie », la Turquie renforce son rôle de parrain et de « cabinet de conseil » du nouveau pouvoir du HTS à Damas. Elle place ses hommes partout où elle peut dans le nouvel appareil gouvernemental syrien. Elle pousse pour l’intégration des brigades islamistes de l’ANS qu’elle contrôle à la future armée syrienne.

La Turquie veut étendre son contrôle sur la Syrie à l’instar de sa domination dans les zones occupées, où flotte le drapeau turc, des cours de turc dans les écoles, le droit turc dans les tribunaux et la livre turque pour le commerce, etc.

La session du Tribunal Permanent des Peuples de Bruxelles a démontré implacablement que l’action de la Turquie et de ses milices de l’ANS s’inscrit dans un système de domination et de destruction du peuple kurde entamé depuis près de 10 ans en Syrie, mais aussi en cours au Kurdistan de Turquie et d’Irak. Les exactions sont innombrables. Elles sont documentées à la fois par l’ONU, des ONGs comme Amnesty International ou Human Rights Watch.

A Afrin depuis 2018, dans les régions de Tell Abyad et Serekanye depuis l’opération d’octobre 2019, dans toutes les zones bombardées en continu depuis, la Turquie et l’ANS appliquent les mêmes méthodes. Assassinats extrajudiciaires de civils (plus de 784 à Afrin), détentions arbitraires y compris dans des prisons tenues secrètes, tortures, sévices physiques et viols, ciblage spécifique des femmes (assassinats par drones, viols, mariages forcés), bombardements délibérés d’écoles et d’enfants, usage de munitions chimiques au phosphore blanc, saisie de maisons, de terres et de propriétés, persécution des composantes de la société (kurdes, syriaques, arméniennes, chrétiennes, etc), kidnappings (plus de 9000 à Afrin), pillages, destruction de cimetières et de sites archéologiques et mémoriels, bombardements d’infrastructures (hôpitaux, centres de santé, silos à grains, station de pompage d’eau, infrastructures énergétiques, etc), utilisation de l’eau comme arme de guerre, nettoyage ethnique et ingénierie démographique pour installer des nouvelles populations, « turquification » des zones occupées. Afrin, une région historiquement peuplée à 85% de kurdes, n’en compte plus que 25%.

Cette liste de crimes décrit une politique systématique visant à l’annihilation du peuple kurde. La domination Turquie-ANS dans les zones occupées est un cauchemar criminel qui se déroule depuis des années dans un silence politique international scandaleux. Tout cela doit cesser. La Turquie doit se retirer de la Syrie. Ses crimes doivent être reconnus et jugés par des tribunaux internationaux. L’ANS doit être démantelée dans toutes ses brigades, ses crimes jugés tout comme ceux du régime d’Assad. La justice doit s’appliquer à toutes et à tous.

Malheureusement le nouveau pouvoir syrien ne prend pas ce chemin. Le 29 janvier 2025, Hatim Abu Shaqra, chef du groupe Ahrar al-Sharqiya, participait  à la « Conférence de la victoire » de Damas intronisant Ahmed al-Sharaa comme président par intérim du pays. C’est l’un des responsables de la brigade ayant commis – et filmé pour diffusion internationale – le féminicide barbare de la femme politique Hevrîn Khalaf, responsable du Parti de la Syrie Future, le 12 octobre 2019, lors de l’opération d’invasion perversement nommée « Printemps de la Paix ». Les contacts entre l’ANS et le HTS sont quotidiens. Ahmed al-Sharaa, était récemment en voyage en Turquie. Malgré des discours lisses, les signaux envoyés par le nouveau pouvoir sont inquiétants.

Les déclarations des FDS et des organes politiques du NES sont, elles, très claires sur leur volonté de contribuer à la transition pacifique pour une Syrie démocratique, décentralisée, fondée sur la justice. Leurs propositions pour l’intégration au futur État et à l’armée syrienne, basée sur une décentralisation du pouvoir et la reconnaissance de leurs droits culturels et politiques sont sur la table. Depuis 10 ans, l’expérience politique et sociale de l’Administration Autonome du Nord Est de la Syrie, basée sur la démocratie locale, la coexistence multi-ethnique, l’égalité hommes-femmes, l’écologie et l’économie sociale, est un point d’appui précieux pour cette transition.

Alors que l’ordre international s’enfonce chaque jour un peu plus dans une bouffonnerie dystopique et sanglante, soumis à des délires de toute-puissance masculiniste et impérialiste, le soutien aux FDS et aux populations de la région du Rojava/NES est plus urgent que jamais.  Les combats en cours dans les environs de Kobanê et les frappes aériennes sur les habitant·es et infrastructures de la région concernent toute la communauté internationale et la société civile attachée aux valeurs d’égalité, de co-existence multiculturelle, de démocratie, de justice sociale et de paix.

 
Pour tou·tes les enfants et habitant·es de Syrie, pour toutes celles et ceux qui sont tombés lors des luttes pour la liberté, la justice et la paix dans ce pays au cours des 14 dernières années, à la suite du Tribunal Permanent des Peuples de Bruxelles, nous demandons :
 
  • La reconnaissance des crimes et le jugement de leurs responsables, les hauts responsables en Turquie, les chefs des différentes brigades de l’ANS, ainsi que l’ensemble des tortionnaires du régime déchu de Bachar al Assad.
  • Un cessez-le-feu immédiat et une zone d’exclusion aérienne dans la région frontalière au Nord-Est de la Syrie.
  • L’intégration des composantes de l’auto-administration du Nord et de l’Est de la Syrie aux négociations pour une transition démocratique et l’écriture d’une nouvelle constitution.
  • Le retrait des forces étrangères de Syrie, Turquie et Israël en particulier, l’arrêt des projets de nettoyage ethnique et d’ingénierie démographique et le retour des centaines de milliers de réfugié.es et déplacé.es dans les régions occupées par la Turquie, que ce soit Afrin, Serekanye, Shehba, etc.
  • Le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes, et la libération d’Abdullah Öcalan, condition sine qua non pour une solution politique juste de la question kurde dans l’ensemble de la région.