Crise au sommet : un scandale « chypriote » menace l’État turc

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La Turquie est à nouveau secouée par un scandale impliquant les sphères de l’État, de la politique et de la mafia. Le pouvoir tente de colmater les brèches d’un navire prenant l’eau de toutes parts. Mais jusqu’où ira ce conflit interne ? Un changement de régime est-il possible ? Les conditions sont-elles réunies ? Et la question cruciale : Chypre du Nord, occupée par la Turquie, est-elle la prochaine cible de cette tourmente ?

45 cassettes qui effraient le régime d’Erdoğan

Au cœur du scandale se trouve Halil Falyalı, parrain de la mafia connu pour ses activités dans les casinos et les paris illégaux à Chypre du Nord, sous occupation turque depuis les années 1970. Falyalı a été assassiné par balles à Kyrenia le 8 février 2022. Avant sa mort, il aurait été en possession de 45 à 50 enregistrements vidéo utilisés à des fins de chantage contre des politiciens, des bureaucrates et de hauts responsables. Certains enregistrements seraient à caractère sexuel, d’autres documenteraient des actes de corruption, de blanchiment d’argent, de trafic de drogue et de pots-de-vin.

Erdoğan à la recherche des 5 cassettes manquantes

Le journal Bugün Kıbrıs a révélé en détail ces accusations. Selon ses informations, 40 de ces cassettes auraient été récupérées par les services secrets turcs (MIT), mais 5 d’entre elles sont toujours introuvables. Ces dernières contiendraient des images impliquant des personnalités influentes en Turquie, notamment le fils de l’ancien Premier ministre Binali Yıldırım et celui de l’ancien chef du MIT, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Le leader de l’opposition CHP, Özgür Özel, a publiquement évoqué le scandale, estimant que ces vidéos pourraient révéler un vaste réseau de corruption et qu’un procureur courageux est nécessaire pour enquêter.

Certains observateurs estiment que l’arrestation récente du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, pourrait s’inscrire dans cette guerre de pouvoir.

Mafia, politique et pouvoir étatique

Ce scandale s’inscrit dans la continuité des révélations faites en 2021 par le chef mafieux Sedat Peker, qui avait mis en lumière les liens entre Halil Falyalı, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et certains responsables politiques et administratifs turcs.

Peker avait notamment accusé l’ancien ministre de l’Intérieur Mehmet Ağar ainsi qu’Erkam Yıldırım, le fils de Binali Yıldırım, d’être impliqués dans ce réseau. Il affirmait aussi que Falyalı utilisait les vidéos compromettantes pour faire pression sur les responsables et accroître son influence.

À Chypre, l’ombre de la mafia sur la politique

La partie nord de Chypre est considérée comme le théâtre principal de cette affaire. Déjà en 2021, une vidéo compromettante attribuée à Ersan Saner, alors chef du Parti de l’unité nationale (UBP), avait suscité un tollé. Depuis, Saner s’est retiré de la vie politique. Les milieux politiques chypriotes dénoncent l’emprise croissante de barons du jeu, de trafiquants de drogue et de réseaux de traite humaine, mettant en garde contre une « mafiocratie ».

Vers un changement de régime ?

Ce scandale révèle un réseau profond de corruption et de criminalité tant en Turquie qu’à Chypre du Nord. Bien que le contenu exact des vidéos reste inconnu, leur existence suggère des liens compromettants.

Les déclarations récentes d’Özgür Özel ont ravivé le débat : si ces vidéos étaient rendues publiques, elles pourraient déclencher un véritable séisme politique. Mais dans un pays comme la Turquie, où l’armée, la police, les médias et la justice sont étroitement contrôlés par le pouvoir, l’issue d’un tel scandale reste incertaine. Par le passé, des affaires similaires ont été brutalement étouffées.

La société turque conserve encore un profond réflexe de sacralisation de l’État et des tendances nationalistes très fortes, ce qui limite l’émergence d’un contre-pouvoir populaire. Néanmoins, l’aggravation des luttes internes au sein du pouvoir pourrait conduire à un changement du régime. Certains analystes évoquent même, ces dernières semaines, l’hypothèse d’un nouveau coup d’État.

Une recomposition régionale : la Turquie en ligne de mire ?

Ce scandale centré sur Chypre coïncide avec un moment clé dans la recomposition du Moyen-Orient, que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) décrit comme une « troisième guerre mondiale ». Selon certains analystes, tout changement majeur en Turquie pourrait commencer par une intervention sur la question chypriote.

Pour le PKK, l’ordre établi à la suite de la Première Guerre mondiale s’effondre au Moyen-Orient. Le processus amorcé avec la guerre de Gaza le 7 octobre 2023 frappe désormais à la porte d’Ankara. Dans ce contexte, l’État turc pourrait soit négocier avec les Kurdes et ouvrir la voie à une démocratisation, soit s’enfermer dans une logique de guerre.

Une confrontation entre Israël et la Turquie n’est pas à exclure. Un tel scénario serait désastreux pour Ankara, et le premier coup pourrait être porté par la fin de l’occupation turque à Chypre.

Soucieux du danger qui s’annonce, l’État turc cherche depuis quelque temps à initier une nouvelle phase de dialogue avec le leader du PKK, Abdullah Öcalan, détenu en isolement sur l’île d’Imralı depuis 1999. Cependant, certains observateurs estiment qu’un clan au sein même du pouvoir chercherait à saboter toute perspective de processus de paix. Le scandale des cassettes aurait justement éclaté dans ce climat de tensions internes.

En résumé, le Moyen-Orient entre dans une phase de transformation profonde, marquée par l’effondrement progressif des structures héritées des anciens découpages artificiels. Ces bouleversements continueront de s’intensifier et n’épargneront personne.

Par Maxime Azadi, journaliste franco-kurde

Que se cache derrière la fête des enfants turcs du 23 avril ?

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TURQUIE – Aujourd’hui 23 avril, l’État turc célèbre la « fête des enfants » à travers tout le pays, y compris au Kurdistan du Nord (Bakûr) et dans le nord de Chypre depuis l’occupation de l’île par la Turquie en 1974, ce même État qui tue des enfants kurdes depuis un siècle à cause de leurs origines ethniques, sans parler de la date du 23 avril qui précède le 24 avril, la journée de commémoration du génocide arménien commis par l’Empire ottoman en 1915 et nié farouchement par les Turcs.
 
Rien que ces 21 dernières années, des centaines d’enfants kurdes ont été tués par les forces armées turques et des mercenaires sous commandement turc au Kurdistan du Nord mais aussi au Rojava, au Kurdistan irakien et dans la région yézidîe (êzdîe) de Shengal.
 
Photo: Uğur Kaymaz, Ceylan Önkol et Berkin Elvan ne sont que 3 de ces enfants tués pour ne pas avoir été de « bons Trucs ». Cette « fête d’enfants » (en turc: 23 Nisan Ulusal Egemenlik ve Çocuk Bayramı. En français: la Journée de la souveraineté nationale et des enfants) est un mensonge célébré sur des cadavres d’enfants kurdes, arméniens, grecs pontiques, syriaques, yézidîs ou arabes tués par l’empire ottoman hier, l’État turc aujourd’hui…
 

TURQUIE. Accident mortel dans la province de Van

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TURQUIE / KURDISTAN – Aujourd’hui, un accident mortel s’est produit entre les localités kurdes Gürpınar et de Başkale, à Van. On dénombre 8 morts et 11 blessés, dont certains dans un état grave.
 
Aujourd’hui, lors d’un accident impliquant un minibus et une camionnette est survenu sur une route de la province de Van, au moins huit personnes ont perdu la vie et 11 ont été blessées.

Création du Collectif des journalistes du Kurdistan en Europe

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BELGIQUE – Plus de 70 journalistes kurdes vivant en exil ont créé le Collectif des journalistes du Kurdistan en Europe après deux jours de discussions qui ont eu lieu les 19 et 20 avril à Alost, en Belgique. Le Comité exécutif constitué de onze membres mènera ses activités conformément aux décisions et aux discussions de la Conférence d’Alost jusqu’à la Conférence constitutive qui devrait se tenir au plus tard à l’automne 2025.   La réunion des journalistes kurdes qui a duré deux jours portait sur la situation des médias kurdes, le processus politique actuel et le rôle des médias kurdes. Il a notamment été recommandé que les médias kurdes s’organisent en fonction des nouvelles conditions de l’ère des médias numériques, et il a été souligné qu’il est nécessaire d’avoir des organisations médiatiques plus fortes. Il a été affirmé lors de la réunion que le rôle des médias n’est pas seulement de dénoncer, mais aussi de transformer et de construire au fil du temps. La réunion a mis en lumière les expériences et les institutionnalisations acquises par les femmes dans le domaine des médias kurdes.   Au cours des discussions, la journaliste Gulistan Ike a proposé la création d’une académie des médias en ligne pour diffuser les expériences kurdes. Gulistan İke a également souligné l’importance de transcrire les expériences de la presse kurde afin de les préserver. Elle a déclaré : « Nous devons cesser de nous répéter. Les médias se sont éloignés de la société, ce qui constitue un grave problème. La sensibilité aux problèmes sociaux s’est affaiblie. Les médias, en les révélant, doivent jouer leur rôle dans la construction sociale et l’évolution des mentalités. » (…) Collectif des médias du Kurdistan en Europe Le dernier jour de la réunion, des idées et des suggestions ont été recueillies sur la manière dont une organisation devrait être construite. Lors des discussions du deuxième jour, auxquelles ont participé plus de 40 professionnels des médias, des formes d’organisation telles que « Communauté », « Réseau », « Fédération », « Collectif », « Unité » et « Initiative » ont été évaluées et discutées, indépendamment de l’endroit où le centre devrait être situé. Il a été souligné que la structure à créer devrait développer ses relations avec les organisations de presse internationales. Il fut décidé de l’avis général que ce bâtiment aurait le statut d’association et que son siège serait à Bruxelles. Parmi les noms proposés, celui de « Kolektifa Medyakarên Kurdistan li Ewropayê » (Collectif des travailleurs des médias du Kurdistan en Europe) a été accepté à la majorité des voix. Le nom du groupe a été enregistré en kurde. Afin de réaliser un travail collectif dans le cadre des statuts de l’association, un comité composé de 11 personnes a été proposé et approuvé à l’issue du vote. Toutefois, les 9 personnes, composées de 4 femmes et 5 hommes, qui ont été nommées au comité ont été chargées par la suite d’inclure 2 autres personnes au sein du comité. Le comité qui a été formé a été chargé d’organiser une grande conférence pour établir le groupe et l’annoncer. Annonce de la réunion Le communiqué de la réunion résultant des discussions et des propositions est le suivant : « Les Kurdes luttent pour leur liberté depuis des années. Les médias kurdes ont indéniablement joué un rôle majeur dans cette lutte. Ils ont payé un lourd tribut et obtenu de grandes victoires dans leur lutte et leur travail médiatique pour créer le journal du Kurdistan. Aujourd’hui, il existe des dizaines de chaînes de télévision kurdes, des centaines de journaux et de magazines dans le monde entier. Parallèlement, conformément à notre époque, les Kurdes et les Kurdes ont pris leur place dans les réseaux de médias numériques. Malgré ces développements, certains de nos médias poursuivent leur action dans les quatre régions du Kurdistan. À cet égard, des efforts ont été déployés ces dernières années pour s’organiser à l’étranger, notamment en Europe. Malheureusement, cette lacune en Europe n’a pas été comblée à ce jour. Des représentants d’organisations et d’institutions médiatiques kurdes se sont réunis dans la ville belge d’Alost les 19 et 20 avril pour discuter à la fois de questions organisationnelles et de problèmes spécifiques auxquels sont confrontés les travailleurs des médias kurdes. Lors de cette conférence, la situation actuelle des Kurdes et la géographie du Kurdistan, ainsi que les médias et le journalisme kurdes, ont été discutés en détail. De nombreuses critiques et suggestions importantes ont été formulées. En conséquence, tous les participants ont décidé avec une vision commune que les journalistes du Kurdistan devraient se rassembler dans le cadre d’une organisation libre et que cette organisation devrait remplir ses rôles et responsabilités. Dans ce contexte, les décisions et propositions suivantes ont été prises lors de la réunion des 19 et 20 avril :  Il a été décidé de créer une association juridique pour l’organisation ; Le siège de l’association sera à Bruxelles et les membres seront acceptés de tous les pays européens. – Le nom du groupe a été choisi à la majorité des voix comme étant le « Collectif des travailleurs des médias kurdes en Europe ». – Il a été décidé de former un comité composé de 11 personnes pour gérer les affaires de l’association. -Ces personnes ont été élues à la direction du comité ; Amed Dicle, Gulistan Çiya İke, Hîdayet İbrahim, Diyar Ezîz Şerîf, Ronî Eylem, Niyaz Abdullah, Rojda Delal, Mahîr Uzmez, Maxime Demiralp. -Le comité élu a l’initiative et peut inclure 2 autres personnes au conseil d’administration. -Le Comité de pilotage a l’initiative de mener les travaux conformément aux discussions et décisions de la Conférence d’Alost jusqu’à la conférence fondatrice, qui se tiendra au plus tard à l’automne 2025. » Xwebun

IRAN. Menaces contre la famille d’un prisonnier kurde exécuté

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IRAN / ROJHILAT – La famille du prisonnier politique kurde Hamid Hosseinnezhad Heidaranlou exécuté qui exige le corps est menacée par le régime iranien, a rapporté le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN).   Le prisonnier politique kurde Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou, condamné à mort avec des accusations fabriquées de toutes pièces, a été exécuté secrètement dans la prison centrale d’Urmia le dimanche 20 avril.   Les autorités iraniennes ont refusé de remettre le corps du prisonnier politique kurde Hamid Hosseinnezhad Heidaranlou après son exécution secrète, a rapporté le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN). Le soir du 21 avril, sa famille a été convoquée par des autorités judiciaires à Orumiyeh, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, informée de l’exécution secrète et mise en garde contre la tenue d’une commémoration publique. Behzad Sarkhanlou, le procureur adjoint d’Orumiyeh, a déclaré à la famille qu’elle ne recevrait pas le corps et qu’il lui était interdit d’organiser une commémoration publique. Les autorités judiciaires ont également déclaré à la famille d’Hosseinnezhad Heidaranlou que l’exécution avait eu lieu en secret à Téhéran, tandis que les médias d’État iraniens ont annoncé le soir même qu’il avait été exécuté dans un lieu inconnu. Parallèlement, les enquêtes menées par le Réseau kurde des droits humains suggèrent que l’exécution a eu lieu plusieurs jours plus tôt à Orumiyeh, ce qui contredit la version officielle. Selon ces conclusions, le corps aurait été enterré dans un lieu tenu secret. La famille, qui avait manifesté devant la prison centrale d’Orumiyeh pendant cinq nuits, est rentrée dans sa ville natale de Chaldoran, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, après avoir appris l’exécution. Des funérailles privées ont lieu actuellement à leur domicile. KHRN a également appris que ce matin, le ministère du Renseignement de Chaldoran a empêché un religieux sunnite d’assister à la cérémonie et a convoqué l’un des membres de la famille de Hosseinnezhad Heidaranlou, les menaçant ainsi que d’autres membres de la famille d’arrestation. Les autorités ont ordonné à tous les proches qui ont parlé aux médias étrangers – y compris la fille du prisonnier politique exécuté, Ronahi Hosseinnezhad Heidaranlou – de se présenter au ministère du Renseignement. L’exécution secrète du prisonnier politique a eu lieu malgré le dépôt, ces derniers jours, d’une demande de révision de procès auprès de la Cour suprême et d’un recours en grâce auprès de la Commission d’amnistie et de grâce. Malgré cela, sous la pression du ministère du Renseignement, l’exécution a eu lieu. Hosseinnezhad Heidaranlou a été placé en isolement en prévision de son exécution le 16 avril, et son avocat a reçu une notification officielle fixant la date prévue au 18 avril. Suite au tollé international et aux protestations de sa famille, il les a appelés brièvement ce jour-là pour leur dire qu’il était vivant et les a exhortés à poursuivre leurs efforts. Le même jour, le directeur de la prison centrale d’Orumiyeh, Peyman Khanzadeh, a informé la famille que l’exécution avait été suspendue sur ordre du procureur et que l’affaire était en cours de réexamen. Ces derniers jours, sa famille a poursuivi son sit-in devant le Tribunal révolutionnaire islamique et la prison centrale d’Orumiyeh, exigeant des informations sur son sort. Cependant, le procureur et le directeur de la prison ont déclaré que le prisonnier politique était détenu par les services de sécurité.

L’Union des femmes journalistes célèbre la Journée du journalisme kurde

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KURDISTAN – L’Union des femmes de la presse (en kurde: Yekîtiya Ragihandina Jin, YRJ) a publié un communiqué à l’occasion de la Journée du journalisme kurde célébrée le 22 avril.   « La voix de la vérité s’est élevée pour la première fois en prison en 1982, grâce à Mazlum Doğan, fondateur de la presse libre. Depuis lors, la presse libre est l’un des piliers de la lutte pour l’existence, la liberté et la justice », indique le communiqué. La déclaration a rappelé l’histoire de la presse libre et le rôle des femmes kurdes dans le développement de la presse libre, ainsi que la création de l’YRJ dans le nord et l’est de la Syrie. YRJ a commémoré les femmes journalistes tombées martyre Dilîşan Îbiş, Cîhan Bîlgîn, Eylûl Nûhilat, Dilovan Gever, Meryem Mihemed (Agirî Yilmazê), Ahîn Fayiq Îbrahîm (Arîn Cûdî), Rîm Xoşman et Rohenda Efrîn et tous les martyrs de la presse libre. (ANF)

KURDISTAN. Le Festival de théâtre d’Amed retrouve son public dès 25 avril

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TURQUIE / KURDISTAN – Le 10e Festival de Théâtre d’Amed aura lieu du 25 avril au 4 mai 2025 dans la province de Diyarbakir (Amed). Le Xe festival d’Amed réunit sur scène différentes langues et cultures et est depuis longtemps devenu un lieu de mémoire collective et de résistance artistique.   Le Xème Festival de Théâtre d’Amed (en kurde: Festîvala Şanoya Amedê) débute ce vendredi 25 avril. Durant le 10e festival d’Amed, des troupes de théâtre venues des quatre parties du Kurdistan proposeront des pièces de théâtre dans différentes langues: kurde, turque, arménienne.   Le Théâtre de la ville d’Amed et le Théâtre de la municipalité métropolitaine d’Amed (DBŞT) organiseront cette année le 10e Festival de théâtre d’Amed sous le slogan « Çiraya me geş dibe » (« Notre lumière s’intensifie »). Le festival débutera le 25 avril et se poursuivra jusqu’au 4 mai. Le festival proposera des représentations théâtrales turques, kurdes et arméniennes ainsi que des ateliers.   Organisé par le Théâtre municipal d’Amed (Diyarbakır) en coopération avec le Théâtre municipal de Diyarbakır, le festival proposera onze pièces, dont une en arménien, quatre en sorani, six en kurmanci et quatre en turc. Des troupes de théâtre du Kurdistan oriental, du Sud et de l’Ouest participeront également à l’événement.   Des pièces de Silêmaniyê, Seqiz, Sinê, Istanbul, Mêrdîn et Êlih seront jouées au Centre des Congrès de Çand Amed ; La performance improvisée intitulée Gate of Fame sera présentée au Théâtre municipal d’Amed.   Le festival s’ouvrira par un spectacle de danse. Une vidéo sera projetée à la mémoire de l’acteur kurde Bavê Teyar, tué en janvier lors d’une frappe de drone turc sur le barrage de Tishrin, dans le nord de la Syrie. Elle sera suivie d’une représentation de « Palma ». Pour la première fois, une troupe de théâtre arménienne, Hangartz, sera également représentée avec sa propre pièce. Des troupes de théâtre turques telles que Moda Sahne, Istanbul Impro, Adam Tiyatro et BGST Tiyatro présenteront également leurs œuvres dans le cadre du festival, tout comme des ensembles des associations culturelles Akademiya Huner (Sanandaj) et Bertevg a Kargeha Şanûya Hûman (Saqqez), basées au Kurdistan oriental. « Un festival qui plaît à tous » Évoquant le rôle intégrateur du festival, l’actrice Şilan Alagöz, du Théâtre municipal d’Amed, a déclaré : « Malgré toutes les difficultés et les restrictions, nous sommes fiers d’avoir maintenu le festival pendant dix ans. Il est devenu un souvenir culturel pour la région. » Elle a invité toute la population à participer à cet événement culturel diversifié. « Le festival s’adresse à tous les groupes sociaux et rassemble différentes cultures grâce à sa structure multilingue. C’est précisément pourquoi il revêt une importance particulière pour nous et notre ville », a déclaré Alagöz. Espoir et force sur scène Le festival accueillera également la première de la nouvelle pièce « Roméo et Juliette » du Théâtre municipal d’Amed. « Nous sommes très enthousiastes et impatients d’y assister. Cette année, nous montons sur scène avec encore plus de force et d’espoir », a déclaré Alagöz. Le festival offre une expérience unique : des pièces présentées en plusieurs langues, expression vivante de la coexistence de différentes cultures. « Nous aimerions bien sûr présenter encore plus de langues sur scène, mais les conditions ne le permettent pas toujours. Néanmoins, il est important pour nous que toutes les cultures puissent se retrouver dans notre festival », a-t-elle souligné. « Amed aura son lot de théâtre » En conclusion, Alagöz a appelé le public à assister au festival : « Notre public ne nous a jamais déçus. Ensemble, nous pouvons faire briller encore plus cette culture. Toute personne invitée est la bienvenue pour assister à toutes les représentations. Les amateurs de théâtre sont particulièrement les bienvenus. Travaillons ensemble pour renforcer ce mouvement culturel. » Un espace pour la diversité, la résistance et la communauté Avec son caractère multilingue et multiculturel, le Festival de théâtre d’Amed est plus qu’un simple événement artistique : c’est un espace de rencontre, de mémoire et d’espoir. Dans une région où l’expression culturelle se heurte souvent à des obstacles politiques, le festival crée depuis dix ans un espace de diversité, de résistance et de solidarité.  

L’Iran a exécuté un autre Kurde innocent

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IRAN / ROJHILAT – Le prisonnier politique kurde Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou, condamné à mort avec des accusations fabriquées de toutes pièces, a été exécuté secrètement dans la prison centrale d’Urmia le dimanche 20 avril. L’exécution de Heyderanlu, était prévue le 18 avril, mais a été reportée suite à une manifestation lancée par sa famille devant la prison.   Hamid Hossein Nejad Heydaranlu, prisonnier politique kurde originaire de Chaldoran (Çaldıran), a été exécutée en secret à la prison centrale d’Urmia, au cours de sa troisième année de détention, après une longue période de fabrication de preuves. Durant son incarcération, il a été soumis à la torture et privé de tout accès à un avocat ou à des visites.   A l’aube du dimanche 20 avril 2025, le prisonnier politique Hamid Hosseinnezhad Heydaranlou, âgé de 40 ans et père de trois enfants, a été exécuté à la prison centrale d’Urmia. Le prisonnier politique avait été transféré en isolement le mercredi 16 avril, en prévision de son exécution. Cependant, en raison d’un sit-in de sa famille, la peine n’a pas été immédiatement appliquée et il a été temporairement transféré aux services de renseignement. Cet après-midi-là, Hamid a brièvement contacté sa famille par téléphone en persan. Une source fiable à la prison centrale d’Urmia a indiqué à Hengaw que Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou avait été renvoyé du centre de détention des services de renseignement vers l’isolement samedi, et que son exécution avait eu lieu le lendemain, dimanche, sans que sa famille n’en soit informée. L’agence de presse officielle Rokna a confirmé l’exécution, sans en préciser la date. Hengaw condamne fermement l’exécution secrète d’Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou, affirmant qu’il a été victime d’accusations fabriquées et d’aveux forcés par les agences de sécurité iraniennes, et qu’il a été condamné à mort à travers un processus juridique complètement opaque. L’exécution a eu lieu quelques jours seulement après qu’il eut remis à sa famille, lors d’une visite, des documents prouvant, selon lui, son innocence et les violations de ses droits lors du procès. Il prévoyait également de leur envoyer des enregistrements audio dans les jours suivants, mais il a été rapidement placé en isolement et cette possibilité lui a été refusée. En outre, les tampons d’entrée et de sortie sur le passeport de Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou indiquent qu’il se trouvait en Turquie le jour de l’affrontement armé présumé mentionné par les autorités sécuritaires et judiciaires iraniennes. D’après les tampons de son passeport, il a quitté l’Iran par le poste frontière de Bazargan le 3 novembre 2017, date à laquelle la prétendue confrontation armée en Iran aurait eu lieu. Malgré cela, sous de graves tortures, il a été contraint d’avouer sa participation à une attaque armée contre les gardes-frontières iraniens et le meurtre d’au moins huit d’entre eux. En fin de compte, sous la pression du ministère du Renseignement, le tribunal a affirmé qu’Hamid avait mené l’opération en guise de vengeance pour le meurtre de son beau-frère, Mostafa Nouri, abattu par les forces de l’État en 2015 alors qu’il travaillait comme Kolbar. Mi-juillet 2024, Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou a été condamné à mort par la première chambre du tribunal révolutionnaire d’Ourmia, présidée par le juge Najafzadeh, pour baghi ​​(rébellion armée) en raison de son appartenance présumée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette condamnation reposait uniquement sur « la connaissance du juge », sans preuve substantielle, et a été prononcée à l’issue d’un procès qui n’a duré que quelques minutes. La sentence a ensuite été confirmée par la 9e chambre de la Cour suprême et lui a été officiellement communiquée le 26 mars 2025, à la prison centrale d’Urmia. Hengaw avait précédemment rapporté que, selon des sources bien informées, le prisonnier politique s’était vu refuser l’accès à un avocat de la défense pendant toute la durée de sa détention et même pendant les procédures judiciaires. Hamid Hoseinnezhad Heidaranlou a passé onze mois et dix jours sous pression physique et psychologique au centre de détention des services de renseignement d’Urmia. Il a été privé de ses droits fondamentaux, notamment du droit de visite, et n’a eu droit qu’à deux appels téléphoniques. Il a été soumis à d’intenses tortures et contraint d’avouer sa participation à une action armée contre les forces frontalières et au meurtre d’au moins huit gardes. Il a été arrêté le jeudi 13 avril 2023 près de la frontière chaldéenne par les forces frontalières gouvernementales, en compagnie de plusieurs ressortissants afghans. Initialement détenu dans un centre de renseignement local, sa demande de libération sous caution a été rejetée en raison d’un mandat d’arrêt émis par le ministère du Renseignement. Il a ensuite été transféré au centre de détention du Département du Renseignement à Ourmia. Début février 2025, il a été transféré au quartier 2 (section des admissions) de la prison centrale d’Urmia, où il est resté jusqu’à son exécution. (Hengaw)

Journée de la presse kurde : symbole de médias libres et indépendants

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JOURNALISME. Le 22 avril, les Kurdes commémorent la Journée de la presse kurde, marquant une étape historique qui signifie le début d’une lutte pour des médias libres et indépendants, initiée avec la publication du premier journal kurde Kurdistan en 1898.   Le premier journal kurde « Kurdistan » fut publié en Égypte, par Mikdad Badirkhan en 1898. Cette journée est célébrée comme la Journée du journalisme kurde qui célèbre aujourd’hui ses 127 ans d’existence chargée de luttes et de sacrifices.   La Journée de la presse kurde est plus qu’une simple cérémonie : elle incarne les aspirations profondes à la liberté qui ont marqué le long parcours des médias kurdes à travers l’adversité. C’est une journée de reconnaissance du rôle joué par le journalisme kurde, non seulement dans la préservation et l’expression de l’identité kurde, mais aussi dans la défense des valeurs universelles d’une presse libre et indépendante.  Les origines du journalisme kurde remontent à l’aube du XXe siècle, lorsque les premiers journaux kurdes apparurent en exil. Ce jour-là, en 1898, Kurdistan fut publié au Caire par le prince Miqdad Mithat Badrkhan, en signe de défi aux conditions de vie difficiles du peuple kurde. À cette époque, le journalisme devint un instrument de résistance à la fois politique et culturel, un instrument de surveillance face aux forces qui cherchaient à réprimer l’identité kurde.  Les journalistes de l’époque, soumis à la censure et à la persécution, brandissaient leur plume avec une détermination intrépide, illustrant la résilience de la lutte kurde. Leur engagement pour la vérité, souvent au prix de lourdes pertes personnelles, a transformé l’écrit en une forme de résistance. Nombre d’entre eux ont payé de leur vie cette conviction, s’opposant fermement aux régimes répressifs et défendant la liberté d’expression.  Aujourd’hui, les médias kurdes se sont diversifiés et élargis. Avec ses publications imprimées, ses plateformes numériques et ses réseaux sociaux, le journalisme kurde a joué un rôle crucial dans la sensibilisation et le dialogue sur les questions kurdes, tant au niveau local qu’international. La prolifération des plateformes en ligne et la rapidité des interactions numériques ont profondément remodelé le paysage médiatique de la région.  Néanmoins, de graves difficultés persistent. Dans de nombreuses régions, notamment au Kurdistan du Nord et en Turquie, les journalistes kurdes continuent de subir une répression systémique. Les cadres juridiques ne garantissent souvent pas une protection adéquate, laissant les professionnels des médias vulnérables au harcèlement, aux arrestations et à la censure. Garantir un environnement médiatique sûr et indépendant demeure essentiel pour que le journalisme kurde puisse continuer à jouer son rôle essentiel dans la promotion des valeurs démocratiques et l’information du public.  À cette occasion, les médias kurdes ne se contentent pas de célébrer leurs réalisations passées ; ils réaffirment également leur engagement à façonner le discours public sur les droits humains, la réforme politique et la justice sociale. Les journalistes et les institutions médiatiques soulignent la nécessité constante de renforcer la liberté de la presse et de protéger les journalistes et leur travail.  La Journée de la presse kurde réaffirme le rôle indispensable des médias dans la promotion de la justice, la protection des droits fondamentaux et l’accès à l’information. À l’occasion de cette journée, les journalistes kurdes renouvellent leur engagement à rester vigilants et à défendre ces libertés contre toute tentative de les éroder. (ANHA)

Célébrations de la Journée de la presse kurde

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JOURNALISME. Le premier journal kurde « Kurdistan » fut publié en Égypte, par Mikdad Badirkhan en 1898. Cette journée est célébrée comme la Journée du journalisme kurde qui célèbre aujourd’hui ses 127 ans d’existence chargée de luttes et de sacrifices.   Des notables kurdes chassés de leurs terres, les frères Mikdad et Ebdulrehman, fils de Bedir Xan (Ou Bedir Khan) ont publié le premier journal kurde, « Kurdistan », le 22 avril 1898, au Caire.
Certains des journaux kurdes qui ont existé ou qui existent encore
La date de la création du journal « Kurdistan », fondé sous les auspices de la famille Bedirxan (BedirKhan), est célébrée comme étant le jour de la naissance de la presse kurde.
 
Le journal Kurdistan a émigré, après la 5ème édition, en raison de la situation politique en Égypte, d’abord à Genève, puis de nouveau au Caire et ensuite à Genève via Londres et Folkestone.

Le journal comportait quatre pages. Initialement, les éditeurs avaient l’intention d’enseigner les connaissances kurdes sur l’éducation et la culture.

La contribution culturelle la plus importante a été la publication de l’épopée Mem û Zîn d’Ehmedê Xanî. Les contributions politiques consistaient en des articles contre la politique du sultan ottoman Abdülhamid II et le rôle des Kurdes dans ces politiques. Le journal avait averti les Kurdes de ne pas se faire avoir par Abdulhamid II lors du génocide arménien. En avril 1902, le journal a cessé de paraître après 31 publications.   Le journal Kurdistan reste une source d’inspiration pour la presse kurde   Le journalisme kurde qui a débuté en exil il y a 126 ans a été confronté à la répression et aux pressions des régimes successifs. Les années 90 ont été des années sombres pour la société kurde et le journalisme kurde est devenu la voix de la douloureuse vérité et de ce qui se passait en Turquie et au Kurdistan du Nord. De nombreux journalistes kurdes ont payé de leur vie le prix de dire la vérité et de dénoncer ces crimes. Ils ont été assassinés, emprisonnés, harcelés, blessés. Les journalistes kurdes commémorent aujourd’hui tous les martyrs de la presse libre qui n’ont jamais cessé d’être la voix de la vérité, malgré la violation constante de leur droit fondamental, le droit à la vie.   De 1898 aux années 1990, des années 1990 à nos jours, la répression et la violence contre la presse kurde par le régime turc ont été constantes, et aujourd’hui ce n’est pas différent : des journalistes sont arrêtés et emprisonnés. Après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, le gouvernement turc utilise l’état d’urgence pour empêcher arbitrairement les journalistes de faire leur travail. Ils ont fermé les journaux, magazines, agences de presse, chaînes de télévision et imprimeries qui diffusaient en kurde et de nombreux journalistes ont été emprisonnés. En Iran et même dans la région autonome kurde d’Irak, la presse kurde est victime des mêmes violences, dont la censure.