Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) annonce sa dissolution

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Fin d’une ère : le PKK annonce sa dissolution
 
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a publié la déclaration finale de son congrès tenu du 5 au 7 mai.
 
Suite à l’appel du leader kurde Abdullah Ocalan, emprisonné depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali, lancé le 27 février en faveur de « la paix et d’une société démocratique », le PKK a convoqué son 12e congrès avec pour objectif sa dissolution.
 
Fondé en 1978, le PKK a déclaré dans le communiqué attendu de son congrès :
« Le processus initié par la déclaration du leader Abdullah Öcalan le 27 février, enrichi par ses multiples travaux et les perspectives qu’il a présentées sous différentes formes, a conduit à la tenue de notre 12e congrès du Parti du 5 au 7 mai, qui s’est achevé avec succès. »
 
Un congrès sous les bombardements
 
En précisant que le congrès a eu lieu dans un contexte de conflits, de bombardements aériens et d’encerclement, le PKK a déclaré : « Pour des raisons de sécurité, notre congrès s’est tenu simultanément en deux lieux distincts. »

Le PKK a indiqué que le congrès s’est tenu avec la participation de 232 délégués et a annoncé avoir pris des « décisions historiques marquant l’entrée dans une nouvelle ère ».
 
Fin de la lutte armée au nom du PKK
 
Voici ce qu’indique la déclaration finale :
« Le 12e Congrès extraordinaire du PKK a estimé que la lutte du PKK a brisé la politique de négation et d’anéantissement menée contre notre peuple, et a permis de rapprocher la résolution de la question kurde par la voie d’une politique démocratique. À ce titre, le PKK a accompli sa mission historique. Sur cette base, le 12e Congrès du PKK a décidé, sous la direction de leader APO, de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la lutte armée. Les activités menées au nom du PKK prennent ainsi fin. »
 
Né en réponse à une politique de négation
 
La déclaration finale du congrès se poursuit ainsi :
« Notre parti, le PKK, est apparu sur la scène historique comme un mouvement de libération de notre peuple face à la politique de négation et d’anéantissement des Kurdes, dont les sources remontent au Traité de Lausanne et à la Constitution de 1924. 
Il a été influencé, à sa naissance, par le socialisme réel, et en adoptant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il a mené une lutte légitime et juste, fondée sur la stratégie de la lutte armée. 
Le PKK a pris forme dans un contexte où prédominaient une négation radicale des Kurdes, des politiques d’anéantissement, de génocide et d’assimilation. Depuis 1978, à travers sa lutte pour la liberté, il a œuvré à faire reconnaître l’existence du peuple kurde et à faire de la question kurde une réalité fondamentale de la Turquie.
Grâce à cette lutte menée avec succès, il a réalisé une révolution de renaissance au nom de notre peuple, devenant un symbole d’espoir de liberté et de quête d’une vie digne pour les peuples de la région. »
 
Les efforts de paix sabotés
 
La déclaration rappelle également que, depuis les années 1990, le PKK a multiplié les initiatives pour la paix, notamment en déclarant à plusieurs reprises des cessez-le-feu unilatéraux. Toutefois, ces démarches ont été systématiquement sabotées par l’État.
 
Il est rappelé que dans les années 1990, des milliers de villages kurdes ont été incendiés, des millions de personnes déplacées, des dizaines de milliers emprisonnées après avoir subi la torture, et des milliers tuées dans des assassinats non élucidés.
 
« Nous croyons fermement que notre peuple comprendra mieux que quiconque la décision de dissoudre le PKK et de mettre fin à la lutte armée, et qu’il s’appropriera les responsabilités de cette nouvelle période de lutte démocratique fondée sur la construction d’une société libre et égalitaire », souligne le communiqué.
 
Un nouvel élan mondial
 
La déclaration se conclut sur une note tournée vers l’international :
« Le Socialisme de la Société Démocratique, qui marque une nouvelle étape dans le processus de paix et de démocratie ainsi que dans la lutte pour le socialisme, favorisera l’émergence d’un monde plus juste et égalitaire à travers le développement d’un mouvement mondial pour la démocratie.
 
À ce titre, nous appelons nos amis qui ont porté l’Élan Mondial pour la Liberté, ainsi que l’opinion publique démocratique, à renforcer la solidarité internationale dans le cadre de la modernité démocratique.
 
Nous appelons les puissances internationales à reconnaître leur responsabilité dans les politiques de génocide menées depuis un siècle contre notre peuple, à ne pas entraver une solution démocratique et à contribuer de manière constructive au processus en cours. »
 
Maxime Azadî

TURQUIE. Hospitalisation de la mère de Sakine Cansiz

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TURQUIE – Zeynep Cansız, 88 ans, mère de la révolutionnaire kurde Sakine Cansız, assassinée à Paris, a été hospitalisée pour une fracture du fémur. Selon ses proches, son état est grave. Zeynep Cansız, mère de Sakine Cansız, une révolutionnaire kurde assassinée à Paris en 2013, a été hospitalisée. Cette femme de 88 ans, qui vit à Izmir, province égéenne de l’ouest de la Turquie, a été admise samedi soir dans une clinique publique pour une fracture du fémur. Selon ses proches, son état est grave. Zeynep Cansız souffre de diabète, ce qui peut avoir un impact significatif sur sa guérison. Les médecins qui la suivent se préparent actuellement à une intervention chirurgicale. L’opération est prévue dans les prochains jours, dès que sa circulation sanguine sera suffisamment stable. Sakine Cansız, alias « Sara », cofondatrice du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et figure emblématique du mouvement des femmes kurdes, a été abattue à Paris le 9 janvier 2013, avec ses compagnes Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, par un tueur à gages travaillant pour le MIT, le service de renseignement turc. À ce jour, personne n’a été tenu responsable de cet assassinat. Malgré des preuves évidentes de l’implication du MIT, la France traite l’affaire comme un secret d’État. (ANF)

ROJAVA. Célébrations de la Journée de la langue kurde

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SYRIE / ROJAVA – Pour célébrer la Journée de la langue kurde du 15 mai, des manifestations de masse ont eu lieu dans plusieurs villes du canton de Jazira, défendant l’identité culturelle et le droit à l’éducation dans la langue maternelle. La foule a également réclamé la reconnaissance officielle de la langue kurde dans la constitution syrienne. A l’occasion de la Journée de la langue kurde du 15 mai, aujourd’hui il y a eu des manifestations de masse dans la plupart des villes du canton de Jazira pour commémorer la Journée de la langue kurde du 15 mai. Ces manifestations se sont déroulées sous le slogan « Notre langue c’est notre identité », affirmant clairement le statut de la langue kurde comme un droit culturel inhérent du peuple kurde.   ANHA

Une délégation française en visite au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Une délégation française dirigée par Sylvie Jan de l’Association France-Kurdistan s’est rendue au Rojava / nord-est de la Syrie pour connaitre de près le modèle d’administration autonome, dans le cadre d’un effort politique et humanitaire visant à promouvoir le dialogue et à soutenir l’expérience démocratique, en particulier à la lumière de l’escalade des défis sécuritaires et économiques. Afin de renforcer le dialogue politique et de comprendre l’expérience de l’AANES, une délégation française de haut niveau a visité l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie. La délégation française comprenait : Sylvie Jean, présidente d’honneur de l’Association d’amitié Kurdistan-France, Émilie LECROQ, conseillère départementale de la Seine St Denis et Michel Laurent responsable des projets internationaux de France-Kurdistan ainsi qu’une journaliste du journal L’Humanité. Les coprésidents du Conseil exécutif de l’Administration autonome, Evin Swed (kurde) et Hussein al-Othman (arabe), ont accueilli la délégation française au siège du Conseil à Raqqa, où les deux parties ont discuté des développements politiques et économiques en Syrie en général, et dans le nord et l’est de la Syrie en particulier. Les responsables de l’Administration autonome ont fourni à la délégation des informations sur les développements politiques et économiques dans la région, ainsi que sur le fonctionnement du modèle d’administration autonome. S’exprimant au nom de la délégation, Sylvie Jean a déclaré que la mission était dans la région pour examiner de près ce modèle et a souligné que ce système offrait des avantages importants en termes de droits des femmes et de coexistence entre les composantes. Sylvie Jean a également attiré l’attention sur le rôle joué par l’Administration autonome dans la reconstruction de la région débarrassée de l’EI. Au cours de la visite, les moyens d’accroître le soutien international à l’Administration autonome et les opportunités de coopération ont également été discutés. L’Association d’amitié France-Kurdistan (AFK) a été créée à Paris en 2013 pour témoigner sa solidarité avec le peuple kurde suite à l’assassinat de Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez.

Les Kurdes relancent une nouvelle initiative d’unité démocratique

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TURQUIE / KURDISTAN – À la suite de l’appel lancé le 27 février dernier par le leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan en faveur de la « paix et d’une société démocratique », une nouvelle structure politique kurde, baptisée Initiative pour l’Unité Démocratique, a été officiellement fondée à Amed (Diyarbakır), au Kurdistan de Turquie.

Cette annonce intervient après que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a déclaré avoir convoqué son congrès en vue de sa dissolution.

Rassemblant des partis politiques kurdes, des organisations de la société civile, des figures religieuses et intellectuelles ainsi que des représentants élus, l’initiative a présenté sa déclaration fondatrice le dimanche 11 mai lors d’une conférence de presse.

Un leadership partagé et inclusif

Les députés Gülcan Kaçmaz Sayyiğit (Van) et Mehmet Kamaç (Amed) du Parti pour l’Égalité des Peuples et la Démocratie (DEM Parti) ont été élus co-porte-paroles de l’initiative. Des figures politiques telles que les co-présidents du Parti des Régions Démocratiques (DBP), les co-présidents du Congrès pour une Société Démocratique (DTK) et des maires et parlementaires ont assisté à l’événement.

Le texte insiste sur « la lutte pour la construction d’une vie libre et démocratique » comme objectif central, et souligne la nécessité d’une réponse unie face à la crise politique et sociale que traversent la Turquie et le Moyen-Orient.

« Nous annonçons à l’opinion publique nationale et internationale la fondation de l’Initiative pour l’Unité Démocratique avec la participation de représentants de toutes les communautés, croyances et peuples du Kurdistan », déclare le texte de la déclaration.

Un contexte historique et critique

La déclaration présente la période actuelle comme une opportunité historique pour les peuples opprimés, tout en reconnaissant les risques élevés liés aux bouleversements politiques régionaux. L’initiative affirme vouloir créer un cadre d’action commun, basé sur les principes de démocratie, de pluralisme, de justice sociale et de cohabitation pacifique.

Un slogan fort : “Nous réussirons avec l’unité”

La conférence s’est tenue sous une bannière en kurde : « Em ê bi helwesta yekîtiyê bi ser bikevin », signifiant « Nous réussirons par l’unité ». Le message traduit une volonté de réorganisation profonde du mouvement kurde dans une nouvelle phase politique tournée vers des solutions démocratiques, inclusives et pacifiques.

La déclaration fondatrice énonce plusieurs axes de lutte, reflétant notamment la volonté d’une mobilisation large et inclusive :

– Défendre les droits linguistiques, culturels et politiques du peuple kurde ;– Renforcer les principes de démocratie locale et d’autonomie démocratique ;– Promouvoir les droits des femmes, l’égalité des genres et la libération des femmes ;– Protéger l’environnement et lutter contre l’exploitation des ressources naturelles ;– Créer un front démocratique commun face à l’autoritarisme croissant et aux politiques de guerre.Par Maxime Azadî

IRAN. Un kolbar kurde abattu par des gardes-frontières iraniens

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IRAN / ROJHILAT – Hier, les gardes-frontières iraniens ont abattu à bout portant le kolbar kurde Arman Rayzan, dans la région frontalière de Marivan, au Kurdistan sous l’occupation iranienne. Selon les informations reçues par l’ONG Hengaw, aux premières heures du samedi 10 mai 2025, Arman Rayzan, âgé de 32 ans, père de deux enfants et résident du village de Gurjeh, près de Marivan, a été tué par des tirs directs des gardes-frontières. Il transportait des marchandises dans le cadre d’une caravane Kolbar dans la zone frontalière de Doploreh à Marivan lorsqu’il a été pris pour cible. Il semblerait que son corps ait été transféré plus tard à l’hôpital de Marivan.

Portrait d’un criminel de guerre : Ahrar al-Sharqiya

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SYRIE / ROJAVA – Le silence de la communauté internationale face à la nomination d’Abou Hatim Shaqra (chef du gang Ahrar al-Sharqiya, assassin de la femme politique kurde Havrin Khalaf et qui a commis de nombreux crimes de guerre en Syrie) par HTC est un coup porté à la justice. Né au milieu du chaos de la guerre civile syrienne, Ahrar al-Sharqiya s’est fait connaître comme un gang armé opérant au sein de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie, attirant l’attention internationale pour ses crimes de guerre et ses actes de terrorisme. La pire atrocité du groupe a eu lieu en 2019 avec l’assassinat brutal de Hevrîn Khalaf, secrétaire générale du Parti de l’avenir de la Syrie, et de son chauffeur, Ferhad Remedan. Abu Hatim Shaqra, chef d’Ahrar al-Sharqiya, a récemment été nommé par HTS (Hay’at Tahrir al-Sham) commandant de la 86e division, responsable de Raqqa, Deir ez-Zor et Hassaké. Depuis sa prise de Damas le 8 décembre 2024, HTS continue de semer la terreur en Syrie, adoptant des pratiques rappelant le régime Baas et au-delà. Examinons de plus près le casier judiciaire d’Ahrar al-Sharqiya sous Abu Hatim Shaqra, nommé commandant de la 86e division. Un gang sous le contrôle de la Turquie Formé à Deir ez-Zor en 2016, Ahrar al-Sharqiya est affilié à l’Armée nationale syrienne (ANS), ce qui en fait un mandataire de l’État turc occupant. Bien que se présentant comme une force anti-régime, le groupe est tristement célèbre pour ses massacres de civils, ses pillages et ses violences ethniques. Son chef, Abou Hatim Shaqra (Ahmed Ihsan Fayyad al-Hayes), entretient des liens directs avec l’EI. Il a participé aux campagnes d’invasion turques en Syrie, notamment à l’assaut d’Afrin en 2018 et aux offensives de 2019 sur Tell Abyad et Ras al-Ayn. Ahrar al-Sharqiya a été désigné organisation terroriste par les États-Unis (via les sanctions SDGT) et les Pays-Bas (par une décision de justice). Leader Abu Hatim Shaqra Abu Hatim Shaqra est connu pour être à la fois le planificateur et l’exécuteur des crimes du gang. Malgré son implication directe dans l’assassinat d’Hevrîn Khalaf, il a été nommé par HTS en 2025 à la tête de la 86e division, supervisant Raqqa, Deir ez-Zor et Hassaké. Cette nomination a été qualifiée de scandale par les organisations de défense des droits humains et l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, dirigée par les Kurdes. De plus, Shaqra a obtenu son diplôme de l’université d’Artuklu en Turquie sous une fausse identité, ce qui laisse penser que le gang bénéficie d’un réseau de protection international. Son bilan en matière de crimes de guerre est devenu une tache honteuse qui sape la légitimité du nouveau pouvoir. Le meurtre de Hevrîn halaf L’un des actes les plus sauvages d’Ahrar al-Sharqiya a été le meurtre d’Hevrîn Khalaf et de son chauffeur le 12 octobre 2019, sur l’autoroute M4 entre Tell Abyad et Ras al-Ayn. Selon Amnesty International et les rapports de l’ONU, Ahrar al-Sharqiya a intercepté le véhicule de Khalaf, l’a traînée hors du véhicule, l’a battue et l’a exécutée. Son chauffeur a également été tué sur le coup. Khalaf était une femme politique kurde œuvrant pour un avenir pacifique en Syrie. Les médias turcs ont salué son assassinat, le qualifiant d’« opération réussie », renforçant les liens entre le groupe et le commandement turc. Une analyse vidéo réalisée par Bellingcat (une plateforme indépendante de journalisme et de recherche basée aux Pays-Bas) a confirmé sans l’ombre d’un doute la responsabilité d’Ahrar al-Sharqiya. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a qualifié ce meurtre d’exécution extrajudiciaire et a appelé la Turquie à enquêter. Human Rights Watch (HRW) a déclaré dans son rapport d’octobre 2019 que les exécutions du groupe, y compris celle de Khalaf, constituaient des actes de nettoyage ethnique contre les civils kurdes, qualifiés de crimes de guerre. Les États-Unis ont placé Ahrar al-Sharqiya sous sanctions en 2021, gelant ses avoirs et interdisant toute transaction impliquant des ressortissants américains. Portrait d’un criminel de guerre Ahrar al-Sharqiya Le silence de la communauté internationale face à la nomination d’Abou Hatim Shaqra, chef du gang Ahrar al-Sharqiya responsable du terrorisme et des crimes de guerre en Syrie, par HTS (Hay’at Tahrir al-Sham) est un coup porté à la justice. Émergeant au milieu du chaos de la guerre civile syrienne, Ahrar al-Sharqiya s’est fait connaître comme un gang armé opérant au sein de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie, attirant l’attention internationale pour ses crimes de guerre et ses actes de terrorisme. L’atrocité la plus flagrante du groupe a eu lieu en 2019 avec l’assassinat brutal d’Hevrîn Xelef, secrétaire générale du Parti de l’avenir de la Syrie, et de son chauffeur, Ferhad Remedan. Abu Hatim Shaqra, chef d’Ahrar al-Sharqiya, a récemment été nommé par HTS commandant de la 86e division, responsable de Raqqa, Deir ez-Zor et Hassaké. Depuis sa prise de Damas le 8 décembre 2024, HTS continue de semer la terreur en Syrie, adoptant des pratiques rappelant le régime Baas et au-delà. Examinons de plus près le casier judiciaire d’Ahrar al-Sharqiya sous Abu Hatim Shaqra, nommé commandant de la 86e division. Un gang sous le contrôle de la Turquie Formé à Deir ez-Zor en 2016, Ahrar al-Sharqiya est affilié à l’Armée nationale syrienne (ANS), ce qui en fait un mandataire de l’État turc occupant. Bien que se présentant comme une force anti-régime, le groupe est tristement célèbre pour ses massacres de civils, ses pillages et ses violences ethniques. Son chef, Abou Hatim Shaqra (Ahmed Ihsan Fayyad al-Hayes), entretient des liens directs avec l’EI. Il a participé aux campagnes d’invasion turques en Syrie, notamment à l’assaut d’Afrin en 2018 et aux offensives de 2019 sur Tell Abyad et Ras al-Ayn. Ahrar al-Sharqiya a été désigné organisation terroriste par les États-Unis (via les sanctions SDGT) et les Pays-Bas (par une décision de justice). Autres crimes de guerre documentés Les crimes d’Ahrar al-Sharqiya vont au-delà du meurtre de Hevrîn Khalaf : Après l’occupation d’Afrin, ils ont pillé des maisons, des magasins, des fermes et d’autres biens. Le rapport de HRW de juillet 2018 a fait état de vols systématiques et de saisies de biens. -En mars 2018, HRW a confirmé le pillage de plus de 50 maisons dans le district de Mahmudiye à Afrin. Dans les villages oléicoles d’Afrin (comme Jindires et Rajo), le groupe s’est emparé des oliveraies et a pris le contrôle de la récolte. L’OSDH a ​​rapporté que 70 % de la récolte d’olives avait été volée par des factions de l’Armée nationale syrienne (ANS/SNA), en particulier Ahrar al-Sharqiya. L’huile était vendue sur les marchés turcs. Au moins 200 magasins dans les zones commerciales d’Afrin ont été pillés. L’OSDH a ​​rapporté en avril 2018 que plus de 30 magasins avaient été vidés, certains transformés en quartier général de la SNA. Des familles d’Ahrar al-Sharqiya et d’autres factions de l’ANS, ou des Arabes amenés d’Idlib, ont été réinstallées dans des maisons pillées. Selon un rapport de l’ONU de mars 2019, plus de 5 000 maisons ont été occupées par l’ANS, Ahrar al-Sharqiya jouant un rôle clé. Exécutions de civils Lors de l’invasion turque de Ras al-Ayn et de Tell Abyad en 2019, Ahrar al-Sharqiya aurait exécuté neuf civils, dont Hevrîn Khalaf, sur l’autoroute M4. L’OSDH a ​​confirmé ces exécutions. Le rapport de l’ONU de mars 2020 a documenté l’implication du groupe dans des exécutions extrajudiciaires, des violences contre des civils et des crimes de guerre. L’ONU a utilisé des images vidéo du 12 octobre 2019 comme preuve et a tenu la Turquie responsable des actions de ses forces mandataires. Attaques contre les chrétiens Selon HRW et l’OSDH, Ahrar al-Sharqiya a marqué de peinture rouge les maisons chrétiennes des quartiers syriaque et arménien de Tell Abyad. Ces marquages ​​étaient utilisés pour identifier et cibler les familles chrétiennes. Le 15 octobre 2019, l’OSDH a ​​signalé que des croix ou le mot « chrétien » avaient été écrit sur les portes de 12 maisons. Les familles ont été menacées de mort si elles ne partaient pas. Environ 150 des 200 familles chrétiennes (environ 600 personnes) de Tell Abyad ont été déplacées de force, nombre d’entre elles se réinstallant à Kobané ou à Hassaké. Le groupe a pillé des maisons, des magasins et des églises chrétiennes. L’ONU l’a confirmé dans ses rapports d’octobre 2019. L’église syriaque Saint-Georges de Tell Abyad a été pillée le 16 octobre 2019, et des icônes et des objets religieux ont été volés. Le bâtiment a ensuite servi de base à l’Armée nationale syrienne (ANS/SNA). À l’église de la Vierge Marie, l’inscription « Allahu Akbar » a été écrit sur la porte, et des symboles religieux à l’intérieur ont été détruits. Ces attaques ont été perçues comme une atteinte à l’identité chrétienne. Au moins 30 maisons et 15 magasins chrétiens ont été pillés, et des familles de l’Armée nationale syrienne (SNA) ont été relogées dans certains d’entre eux. Amnesty International a signalé des menaces et des enlèvements visant des chrétiens. Le 14 octobre 2019, un membre d’une famille syriaque a été enlevé puis libéré contre une rançon de 5 000 dollars, après avoir été torturé et insulté pour avoir été un « croisé ». Massacres de Druzes et d’Alaouites En 2025, des rapports numériques et des données de l’OSDH ont documenté des massacres commis par Ahrar al-Sharqiya, sous l’égide du HTS, contre les communautés druze et alaouite. Entre le 6 et le 17 mars 2025, l’OSDH a ​​fait état de 1 383 morts civiles, dont 311 alaouites. Le 10 mars, ce chiffre s’élevait à 830, principalement alaouites ; le 12 mars, il atteignait 1 225. L’ONU a confirmé 111 de ces meurtres, mais a suggéré que le nombre réel était bien plus élevé. La question « Êtes-vous alaouite ou sunnite ? » était souvent posée aux victimes avant leur exécution, preuve évidente d’un ciblage sectaire. Le Réseau syrien des droits de l’homme (RSDH) a fait état de 973 morts parmi les civils en mars 2025, en majorité alaouites. Il a également constaté que près de 700 de ces meurtres ont été commis par les forces gouvernementales contre les communautés alaouites. Le RSDH a ​​publié un rapport distinct sur les attaques ciblées contre les civils druzes en mars-avril 2025, reliant ces violences aux efforts du HTS pour réprimer la résistance druze à la nouvelle constitution. Liens vers la Turquie Ahrar al-Charqiya opère sous l’égide de l’ANS, soutenue par la Turquie. La Turquie lui fournit un soutien logistique et financier. Des organisations comme l’ONU, HRW et Amnesty International ont affirmé que la Turquie pourrait être tenue responsable des crimes de guerre commis par Ahrar al-Charqiya en raison du contrôle effectif qu’elle exerce sur le groupe. Statut juridique international La Cour pénale internationale (CPI) pourrait enquêter sur ces crimes en vertu de la compétence universelle, mais la pression politique a jusqu’à présent empêché toute action. L’ONU a documenté les crimes d’Ahrar al-Charqiya, mais les veto du Conseil de sécurité bloquent toute sanction concrète. Les sanctions américaines n’ont pas arrêté le groupe, et l’UE reste silencieuse en raison de ses liens politiques et économiques avec la Turquie. Nommer un criminel de guerre à un poste militaire en 2025 est un affront flagrant au droit international. Le silence de la CPI, de l’ONU et des organisations de défense des droits humains prouve que ce n’est pas la justice qui est rendue, mais les auteurs qui sont protégés. Complicité de la communauté internationale Bien que le meurtre d’Hevrîn Khalaf, les pillages d’Afrin et les massacres d’Alaouites et de Druzes soient bien documentés, aucune véritable justice n’a été établie. La nomination d’Abou Hatim Shaqra au poste de commandant de la 86e division est en réalité une récompense pour un criminel de guerre, et pourtant, ni la CPI, ni l’ONU, ni les gouvernements occidentaux n’ont émis de condamnation formelle. (ANF)

Y aurait-il un jour une fête pour les mères kurdes ?

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Aujourd’hui, dans certains pays, dont la Turquie, on célèbre la « fête des mères », dans un pays où tant de mères kurdes « rêvent » de recevoir, non pas de fleures, mais le corps d’un enfant tué ou porté disparu entre les mains des sbires de l’État turc.

On ne sait pas trop quand et comment la fête des mères est arrivée en Turquie et dans le Kurdistan du Nord (Bakûr), mais une chose est sûre : chaque année, le deuxième dimanche du mois de mai, on y « célèbre » la fête des mères. Ce jour-là, de nombreuses mères kurdes, dont au moins un enfant a été tué ou porté disparu entre les des sbires de l’État turc, ne peuvent s’empêcher de passer la journée en larme.

 

Les plus « chanceuses » de ces mères kurdes qui ont les tombes de leurs enfants y vont se recueillir. Mais souvent, les tombes de leurs enfants sont détruites par l’armée turque car leurs enfants sont qualifiés de terroristes pour avoir embrassé la lutte de la liberté pour vivre libres sur leurs terres colonisées. Parfois, elles veillent dans les cimetières pour empêcher les soldats turcs de détruire les tombes et parfois, à main nue, elles reconstruisent les tombes détruites d’où leur surnom « Les Antigone(s) kurdes ».
D’autres de ces mères resteront à la maison, en espérant un jour trouver les restes de leurs enfants disparus parfois depuis si longtemps. Certaines d’entre-elles sont mortes, sans que leur « voeux » soit exaucés.
 
D’autres continuent à chercher les restent de leurs enfants et à interpeller les autorités turques en se rassemblant, vêtues de leurs voiles blancs, symbole de la paix, tous les samedis à Amed (Diyarbakir) ou à Istanbul, sur la place Galatasaray, depuis 30 ans déjà. On les appelle les mères de la paix ou les mères du samedi. Alors, pendant que d’autres célèbrent la fête des mères, nous, on souhaitent que ces mères kurdes aient le d’avoir leurs enfants en vie, qu’importe si elles n’ont pas un jour de fête pour elles. Il n’y a rien de de plus sacré que la vie d’un enfant.
 
*Image des mères kurdes dont les enfants ont été tués par des paramilitaires et les forces armées turques

SUISSE. Journée de la langue kurde célébrée à Lausanne

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SUISSE – Deux associations kurdes de Lausanne ont célébré la Journée de la langue kurde. L’Institut kurde de Suisse et le Centre culturel kurde de Lausanne ont organisé un événement pour célébrer le 15 mai, Journée de la langue kurde (Cejna Zimanê Kurdî). L’événement, qui a réuni de nombreux participants, a donné lieu à une table ronde sur l’importance de la lutte pour la langue contre les politiques d’assimilation et sur la responsabilité des Kurdes de la diaspora dans la préservation de leur langue. Cette table ronde a été suivie de concerts et de poésie. Après une minute de silence à la mémoire des martyrs du Kurdistan, les enfants qui suivent les cours de langue kurde proposés par l’Institut kurde suisse ont interprété l’hymne national kurde, « Ey Reqîb ». Le programme s’est poursuivi avec un panel réunissant l’auteur et poète Mahsum Nîsebînî et le coprésident de l’Institut kurde de Suisse, Dîlber Hema. Mahsum Nîsebînî a évoqué l’histoire et les tournants de la langue kurde, décrivant ses dialectes comme « les branches d’un même arbre ». Il a souligné la lutte continue contre les politiques d’assimilation et a insisté sur l’importance de célébrer cette journée spéciale avec une participation et un enthousiasme accrus. Nîsebînî a lu un de ses poèmes pour conclure son discours. Dîlber Hema, coprésidente de l’Institut kurde de Suisse, a attiré l’attention sur la responsabilité des Kurdes de la diaspora vis-à-vis de la langue kurde. Elle a insisté sur l’importance pour les familles de parler kurde avec leurs enfants à la maison. Elle a également souligné que l’Institut kurde propose divers cours. Hema a rendu hommage aux martyrs qui ont lutté pour la langue et la culture kurdes et a réaffirmé leur volonté de poursuivre leur action. Elle a également rendu hommage au journal Hawar , considéré comme une référence dans la littérature kurde, et à son fondateur, Celadet Ali Bedirxan. L’événement s’est poursuivi par des spectacles de poésie et de musique donnés par les enfants inscrits aux cours de langue. Des danses traditionnelles kurdes  ont été interprétées par des artistes de TEV-ÇAND. (ANF)

Berne inaugure le premier cimetière alévi de Suisse

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SUISSE – Un premier cimetière alévi a été inauguré dans la capitale suisse qui accueille une importante communauté kurde-alévie. Avec l’ouverture du premier cimetière alévi au cimetière de Bremgarten, Berne donne un exemple important de diversité et de reconnaissance religieuses : un lieu de mémoire qui est à la fois un foyer spirituel et une déclaration de foi sociale. Le premier cimetière de Suisse pour la communauté religieuse alévie a été inauguré au cimetière de Bremgarten à Berne. Pour les Alévis de la diaspora, ce moment marque une étape historique : un lieu où leurs rituels religieux et leurs idées spirituelles trouvent un espace au-delà de la mort – ancré dans la structure multireligieuse de la capitale suisse. Des représentants de la communauté alévie, de l’administration de la ville de Berne ainsi que de diverses communautés religieuses et initiatives de dialogue ont participé à l’ouverture vendredi. L’événement a été organisé par la Maison des religions de Berne, représentée par la cheffe de projet Özlem Duvarcı. « Un signe dans la mémoire sociale » Dans son discours, Duvarcı a souligné la signification profonde du projet : « Il ne s’agit pas seulement d’un cimetière, mais de reconnaissance, de visibilité et d’ancrage de notre communauté dans la mémoire sociale de cette ville. » Elle a remercié tous les participants et a invité les personnes intéressées à en apprendre davantage sur l’alévisme à la Maison des religions : « Être ici aujourd’hui signifie beaucoup pour nous », a ajouté Duvarcı. Gulbang et Deyiş de Pir Ali Matur Le cadre spirituel de la cérémonie a été assuré par le religieux kurde-alévi Pîr Ali Matur, qui a récité une Gulbang (prière de la rose) et des chants traditionnels Deyiş. Le champ funéraire a été symboliquement inauguré par la plantation de plants de pistachiers, suivie d’un apéritif communautaire. Conception avec symbolisme spirituel Selon une déclaration de la ville de Berne, le nouveau champ funéraire est unique dans sa conception : il est basé sur la forme de danse rituelle Semah, qui dans l’alévisme représente le cycle de la vie et la transition vers l’état de Devr-î-Daîm – la « transformation éternelle ». Les tombes sont disposées en cercle imaginaire, complétées par des parterres de fleurs qui symbolisent la rotation du Semah. Le Conseil municipal de Berne a approuvé le projet l’année dernière et y a alloué environ 296 000 francs. L’ensemble du champ funéraire a été conçu de manière naturelle : le revêtement du sol a été retiré et remplacé par de l’herbe, et des arbres bordent désormais les bords. Parallèlement à la construction du champ funéraire, les canalisations existantes du cimetière ont également été rénovées depuis l’automne. Avec le nouveau cimetière, Berne élargit ses possibilités d’enterrement ouvert à tous. Les cimetières bernois disposaient déjà d’espaces réservés aux membres des cinq religions mondiales et aux personnes non confessionnelles. Désormais, les Alévis peuvent également enterrer leurs défunts conformément à leurs croyances religieuses. (ANF)