Dynamophilie. Une athlète kurde du Rojava bat des records et rafle 4 médailles d’or

0
SPORT – Mergan Haji, une athlète originaire de Kobané, a franchi une étape historique lors du Championnat d’Asie de l’Ouest de dynamophilie (ou Forces athlétique) organisé à Doha, où elle a remporté quatre médailles d’or et battu des records du monde dans sa catégorie. Son triomphe marque un moment de fierté pour le sport syrien et témoigne de la capacité des femmes à exceller sur la scène internationale. Mergan Haji, une fille de Kobanê, a marqué l’histoire du sport lors du Championnat d’Asie de l’Ouest de dynamophilie*, qui a débuté le jeudi 21 août 2025 à Doha, la capitale du Qatar. Elle a remporté quatre médailles d’or dans la catégorie des 63 kg après une performance exceptionnelle qui a captivé l’attention. Le succès de Mercan Haci ne s’est pas limité à l’or ; elle a également battu des records du monde dans sa catégorie, créant ainsi un précédent révolutionnaire pour le sport syrien, et en particulier pour les femmes du Rojava. Elle s’est désormais imposée parmi les plus grandes championnes de la scène régionale. Mergan Mahmoud Haji est originaire de Kobané et vit actuellement à Raqqa avec sa famille. Elle a débuté l’haltérophilie à l’âge de 10 ans, devenant la première fille à rejoindre l’équipe de dynamophilie de Raqqa après la libération de la ville de l’État islamique, sous la direction de l’entraîneur Ahmad al-Saleh. Elle s’est rapidement fait un nom dans les compétitions locales, obtenant la deuxième place au niveau national en Syrie en 2023, puis remportant la première place au Championnat de la République, où elle a battu les records arabes dans la catégorie des 57 kg avec une marge de 35 kg. Elle a représenté la Syrie et la Syrie du Nord et de l’Est au Championnat d’Asie de l’Ouest au Qatar (20 août 2025) et se prépare maintenant à participer au Championnat du Monde au Costa Rica (25 août 2025), avec l’ambition de battre un autre record du monde. (ANHA)  *La dynamophilie ou la force athlétique est un sport de force. Elle consiste comme l’haltérophilie à lever des barres, mais elle s’en distingue par ses mouvements techniquement plus basiques, où les charges sont plus lourdes et où l’amplitude est plus réduite.

TURQUIE. Colère des Kurdes-alévis de Dersim face à l’inauguration d’une mosquée à Munzur

0
TURQUIE / KURDISTAN – De nombreuses organisations alévies ont condamné la décision des autorités turques d’ouvrir une mosquée près des sources sacrées de Munzur, dans la province kurde-alévie de Dersim. Dans un communiqué, elles ont déclaré que : « La paix ne peut être établie en attaquant nos sites sacrés ». De son côté, le député du DEM Parti, Celal Firat à déclaré qu’ils vont engager des poursuites judiciaires nécessaires à ce sujet qu’ils porteront devant le Parlement. L’ouverture d’une mosquée à l’entrée des Sources sacrées de Munzur suscite la colère des Kurdes-alévis et de leurs organisations cultuelles qui considèrent l’ouverture de la salle de prière comme faisant partie des politiques d’assimilation. Suite à l’intervention contre les sources de Munzur du village de Ziyaret dans le district d’Ovacık de Dersim, de nombreuses organisations alévies ont réagi à la décision en publiant un communiqué. « La paix ne être établie en attaquant nos lieux sacrés » Voici le communiqué commun des organisations alévies « Ne touchez pas à Munzur Baba, à nos valeurs sacrées et à notre foi ! Munzur Baba est l’un des lieux les plus sacrés des Alévis, au cœur du Dersim. Les sources de Munzur sont le lieu où les Alévis ont rencontré la vérité, la nature et Dieu depuis des siècles. Toucher à Munzur Baba* est une attaque non seulement contre la foi alévie mais aussi contre les valeurs communes de l’humanité. Malheureusement, ces derniers temps, l’État a attaqué à plusieurs reprises notre foi et nos valeurs sacrées. Hier encore, l’appel à la prière a été forcé dans nos cemevis, notre foi a été victime d’activités illicites à Hacıbektaş, et le génocide des Alévis se poursuit en Syrie. Aujourd’hui, le gouvernorat de Tunceli a ouvert une mosquée aux sources de Munzur. Cette approche vise clairement la foi alévie et nos valeurs sacrées sont usurpées. Personne, aucune autorité n’a le droit d’interférer avec les valeurs des Alévis. Il est également significatif que toutes ces initiatives soient entreprises à un moment où des discussions pour la paix et une solution démocratique sont en cours dans le pays. À l’heure où l’on parle de paix, de telles mesures provocatrices sont l’œuvre de ceux qui veulent saper ce processus. La paix ne peut être établie en attaquant nos valeurs sacrées. Il ne peut y avoir de paix véritable sans respect des croyances et des identités. Nous, en tant qu’institutions alévies ; Nous condamnons dans les termes les plus forts l’ouverture d’une mosquée aux sources de Munzur et toutes ces politiques d’assimilation visant notre foi. Ils ne pourront pas éteindre la lumière de Munzur Baba, ils ne pourront pas prendre notre consentement et notre foi. Encore une fois, retirez vos mains de nos sanctuaires ! » Organisations signataires : Fédération alévie bektashi Confédération des associations alévies européennes Fondation culturelle anatolienne Hacı Bektaş Veli Fédération alévie de Turquie Associations culturelles alévies Association culturelle Pir Sultan Abdal Fédération australienne des Alevi Bektashi *Selon la légende, Duzgun Baba / Duzgin Bawo (en zazaki : Duzgin Baba / Duzgın Bava, également Kemerê Duzgıni « le rocher de Duzgın ») est une figure religieuse parmi les Kurdes alévis, notamment dans la province de Dersim. Il symbolise également une montagne à Nazimiye, à proximité du village de Qil. Il aurait disparu au sommet de cette montagne, connue sous le nom de Kemerê Duzgıni (le rocher de Duzgın), Bimbarek (saint) ou Kemerê Bımbareki (rocher sacré). Düzgün Baba est le plus célèbres des trois saints mythiques qui veillent sur les chèvres sacrées de Dersim. Les deux autres bergers  / saints sont Sarık Sıvan et Şıx Ahmet Dede.

ALLEMAGNE. Le gouvernement fédéral garde le silence face aux menaces d’expulsion d’un réfugié kurde

ALLEMAGNE – Le gouvernement allemand refuse de commenter l’expulsion imminente d’un réfugié kurde vers la Turquie. La députée de gauche Cansu Özdemir la qualifie de « scandale » et appelle à une procédure d’asile équitable et à l’arrêt du projet d’extradition de Mehmet Çakas vers la Turquie. Le gouvernement allemand a refusé de commenter la menace d’expulsion du citoyen kurde Mehmet Çakas vers la Turquie. En réponse à une demande écrite de la députée Cansu Özdemir (Parti de gauche), le gouvernement a déclaré qu’il ne commentait généralement pas les cas individuels. Özdemir a vivement critiqué cette position. « Il est scandaleux que le ministère de l’Intérieur n’ait pas pris position sur l’affaire Mehmet Çakas », a-t-elle déclaré. Malgré la procédure judiciaire en cours contre l’expulsion de cet homme de 45 ans, les autorités de Basse-Saxe souhaitaient établir les faits à la fin du mois. « Un ministre fédéral de l’Intérieur qui laisse un comportement aussi douteux sur le plan juridique sans commentaire agit de manière irresponsable et n’est visiblement pas à la hauteur de sa tâche », a déclaré Özdemir. Elle a demandé que l’expulsion prévue soit suspendue dans l’attente des décisions de justice. « Mehmet Çakas a besoin d’une procédure d’asile équitable. » Çakas a été extradé d’Italie vers l’Allemagne en 2022. En avril 2024, le tribunal régional supérieur de Celle l’a condamné à deux ans et dix mois de prison pour appartenance présumée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd’hui disparu. Sa peine aurait dû être purgée en octobre, mais le parquet de Celle a suspendu sa peine par anticipation en vue de son expulsion. Les autorités d’immigration de Basse-Saxe ont ordonné l’expulsion pour le 28 août. Le parquet de Celle et l’Office fédéral de la justice avaient tous deux jugé en 2023 qu’une extradition vers la Turquie était exclue. Cette décision était due à une demande d’extradition d’Ankara. À l’époque, les autorités allemandes avaient invoqué la menace d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité aggravée en Turquie. Cette décision de l’Office fédéral de la justice n’a pas été prise en compte dans la demande d’asile rejetée à la mi-mai. Dans sa demande au ministère de l’Intérieur, Özdemir a exigé des éclaircissements sur l’origine des divergences d’appréciation entre les autorités compétentes. (ANF)

KURDISTAN. Guerre fratricide à Silêmanî

0
IRAK / KURDISTAN – Trois membres des forces de sécurité ont perdu la vie et 15 autres ont été blessés lors de violents affrontements entre les hommes de Lahur Sheikh Jangi (Lahur Talabanî) et ceux de Bafel Talabani (chef du parti UPK) à Souleimaniye dirigé par l’UPK. On craint que le nombre de morts soit plus élevé, notamment dans les rangs de Lahur Talabanî qui fut arrêté à l’aube. Trois membres des forces de sécurité ont perdu la vie et 15 autres ont été blessés lors de violents affrontements qui ont éclaté la nuit dernière à Souleimaniye. Les affrontements ont éclaté après que le tribunal d’enquête de Souleimaniye a émis un mandat d’arrêt contre Lahur Sheikh Jangi (ou Lahur Şêx Cengî), dirigeant du Berey Gel (Front populaire), en vertu de l’article 56 du Code pénal irakien, pour « atteinte à la sécurité et perturbation de la stabilité ». Lorsque les forces de sécurité ont tenté de pénétrer dans l’hôtel Lalezar, où séjournait Lahur Şêx Cengî, des combats armés ont éclaté entre les deux parties et ont duré environ trois heures.
Lahur Sheikh Jangi
Finalement, Lahur Şêx Cengî a été arrêté avec ses frères Polad Şêx Cengî et Aso Şêx Cengî. Il a également été rapporté que Rebwar Hamî Hacî Xalî, le commandant en chef des forces armées affiliées à Berey Gel, s’est rendu. Au cours des affrontements qui ont eu lieu tard dans la nuit, 3 membres des forces de sécurité ont été tués et 15 autres ont été blessés. Les blessés ont été transportés à l’hôpital Shar pour y être soignés, et leur état ne semble pas critique. Aucune déclaration officielle n’a encore été faite concernant les pertes des forces fidèles à Lahur Şêx Cengî. (ANF) 

SYRIE. Campagne contre la persécution des minorités en Syrie

0
SYRIE – L’Organisation de développement de la Syrie occidentale (WSD) a lancé une nouvelle campagne médiatique visant à mettre en lumière les violations croissantes contre les minorités syriennes, notamment les Alaouites, les chrétiens, les Druzes, ainsi que les Kurdes et les sunnites modérés.

L’Organisation de développement de la Syrie occidentale (WSD) a annoncé le lancement d’une campagne médiatique et d’un centre d’information dédié aux journalistes, visant à mettre en lumière l’escalade des massacres et des violations contre les Alaouites, les chrétiens et les Druzes, ainsi que les menaces visant les Kurdes et les sunnites modérés.

Selon le communiqué de l’organisation, la campagne fournira des informations fiables et actualisées, ainsi que des rapports de terrain, des témoignages de survivants, des documents d’information et des ressources documentaires, compte tenu de la fréquence croissante des violations. Ces derniers mois ont été marqués par de terribles attaques visant les Alaouites en mars et avril, et les Druzes en mai et juillet. Parallèlement, la ville de Soueida reste assiégée, les forces assaillantes contrôlant 33 villages.

L’organisation, basée à Beyrouth, a souligné que le peuple syrien mérite de vivre en liberté et en paix, à l’abri du spectre des massacres, de la répression et de la torture. Elle a insisté sur l’urgence de mettre un terme à ces attaques et s’est engagée à y parvenir par des actions de plaidoyer et des campagnes de communication. (ANHA)

TURQUIE. Confiscation de la lettre d’une prisonnière mentionnant la torture et le Rojava

0
TURQUIE / KURDISTAN – Les autorités turques ont confisqué une lettre d’une détenue originaire du nord et de l’est de la Syrie. La lettre, destinée au leader kurde emprisonné sur l’île prison d’Imrali, a été saisie au motif qu’elle contenait la phrase suivante : « Je retournerai au Rojava et je bâtirai une vie communale. » Habiba al-Khalil al-Muslim, une femme originaire du nord et de l’est de la Syrie, a été arrêtée le 8 décembre 2022 à Amed, au Kurdistan du Nord, pour « appartenance à une organisation » Al-Muslim a signalé les violations qu’elle a subies dans la prison de type E de Diyarbakir (Amed) par l’intermédiaire de son avocat. L’avocat Mohammed Sonmez s’est entretenu avec l’Agence de Mésopotamie au sujet de sa cliente, expliquant que des plaintes ont été déposées contre les individus responsables des violations à son encontre. Sonmez a noté que la lettre que sa cliente a tenté d’envoyer le 18 juillet au leader Abdullah Ocalan a été confisquée et est devenue la base de l’ouverture d’une enquête disciplinaire contre elle. Il a expliqué que la raison de la saisie de la lettre était la déclaration suivante : « Quand je partirai d’ici, je retournerai dans ma patrie, le Rojava, où je construirai une vie communautaire et m’efforcerai de vivre avec une conscience écologique. » L’avocat a déclaré que l’administration pénitentiaire avait interprété ces déclarations comme des « instructions » et une « affiliation à une organisation [terroriste] ». Il a ajouté : « L’utilisation du terme Rojava dans la lettre a été interdite et soumise à censure. Elle a été considérée comme des instructions et une affiliation à une organisation. Ma cliente a officiellement déposé une demande à l’administration pénitentiaire à ce sujet, mais la lettre ne lui a été ni envoyée ni retournée. » Il a poursuivi : « Au début de la procédure, on nous a dit que si nous supprimions les parties jugées sensibles de la lettre, elle serait renvoyée par la poste. Cependant, la lettre n’a jamais été retournée à mon client. Nous avons découvert plus tard qu’elle avait été placée sous surveillance disciplinaire. Nous avons actuellement un recours en appel devant l’administration pénitentiaire en attente d’examen. » Sonmez a également souligné qu’al-Muslim, transférée le 14 août à l’hôpital de formation et de recherche Gazî Yaşargil en raison de problèmes de santé, avait été torturée pendant le transport. Il a expliqué : « Lorsque ma cliente a demandé aux gendarmes qui l’accompagnaient de lui retirer ses entraves métalliques, elle a été agressée physiquement et verbalement, et humiliée. Plus tard, avant de subir un examen médical, elle a été forcée de monter dans le véhicule, et l’agression s’est poursuivie à l’intérieur pendant un certain temps. Elle a ensuite été extraite du véhicule pour examen, mais à l’entrée de l’hôpital, elle a de nouveau été soumise à la torture, au harcèlement et aux insultes de la part des gendarmes. Après l’intervention du personnel de l’hôpital et de témoins, les agressions contre ma cliente ont cessé. » Aucun rapport médical fourni Sonmez a ajouté que malgré l’agression, sa cliente n’a pas été autorisée à obtenir un rapport médical de l’hôpital. Ils ont déposé plainte auprès du procureur d’Amed, déclarant : « Nous avons demandé la collecte des preuves nécessaires, notamment les images des caméras de l’hôpital et le rapport d’agression, ainsi qu’une enquête sur tous les membres de la gendarmerie et les autres personnes impliquées. Nous poursuivrons cette enquête avec détermination. » Dans sa plainte auprès du procureur d’Amed, Habiba al-Khalil al-Muslim a détaillé l’incident et a souligné qu’« il n’y a aucune garantie pour sa vie à l’intérieur de la prison ». (ANHA)

Comment construire la paix ?

0
TURQUIE / KURDISTAN – La paix n’est pas seulement le silence des armes, mais la fin de la peur et de la colère, rendue possible par la vérité, la justice et la participation authentique de la société, écrit le journaliste kurde Hüseyin Salih Durmuş dans l’article suivant. « Défendre la paix est le plus grand combat : c’est le combat pour réprimer, chez les autres comme en soi-même, les pulsions grossières de l’ambition et les désirs instinctifs de violence, et le combat pour résister à la honte de ces forces de la barbarie qui prétendent être les gardiennes de la soi-disant civilisation. » Jean Jaurès, janvier 1914 Jean Jaurès (1859-1914), l’une des figures marquantes du mouvement socialiste français, était connu pour ses positions pacifistes et pour avoir dénoncé l’injustice de l’affaire Dreyfus impliquant un officier juif. Le 31 juillet 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale, il fut assassiné par un nationaliste. Ses propos, placés aux côtés du numéro spécial de juin du Monde diplomatique [Manière de Voir], dont la couverture est « Comment faire la paix ? », révèlent une vérité commune : la paix ne naît jamais dans une sérénité toute faite. Une sculpture en forme de trône, construite à partir de vieux fusils et de canons, nous rappelle cette réalité : la paix ne peut être construite au milieu des ruines, des traumatismes et de l’incertitude, qu’avec volonté et courage.
Comment faire la paix – la Une du magazine Manière de Voir – juin, juillet 2025 – supplément de Le Monde Diplomatique
Aujourd’hui, les débats sur la paix qui émergent en Turquie prennent forme au cœur de cette dure réalité. Le fardeau le plus lourd d’un nouveau processus de paix ne repose pas sur le peuple, mais sur les parties impliquées, et en premier lieu sur l’État. Car les tentatives insincères tout au long de l’histoire de la République n’ont pas été oubliées. Le peuple kurde a vu la paix promise à maintes reprises, puis refusée à maintes reprises. Tout récemment, des guérilleros tombés au combat ont été rendus à leurs familles dans des sacs poubelles, des villages ont été incendiés, et les cas non résolus de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires restent une mémoire vivante. Tout processus qui s’ouvre sans justice, sans la reconnaissance de la vérité, se transforme en une épreuve humiliante et douloureuse pour les populations. La paix ne s’enracine pas dans l’oubli, mais dans la confrontation et l’instauration de la justice. Rappeler cette réalité est une obligation. Un article publié le 2 août par le média Numedya24, intitulé « Observations sur le processus de paix à Serhat », a montré comment cette fragilité est ressentie encore plus durement dans les régions frontalières comme Serhat et Hoçvan. Faik Bulut a observé que les villageois et les structures locales tentent de participer au processus en répondant à leurs besoins quotidiens, comme l’agriculture, l’élevage et les soins de santé. Pourtant, malgré l’espoir, ils nourrissent un profond sentiment de méfiance. L’absence de mesures concrètes de la part de l’État après la cérémonie d’incendie soulève une question cruciale : « Est-ce sincère cette fois-ci ? » Le message du peuple est clair : le peuple kurde aspire déjà à la paix. L’enjeu n’est pas de le convaincre, mais de répondre à cette volonté par un courage politique et des mesures concrètes. À ce stade, l’impact limité des milliers de réunions organisées par le parti démocrate-démocrate (DEM) devient évident. Les observations sur le terrain indiquent que ces réunions se déroulent souvent de manière hiérarchique et sans préparation, ce qui restreint la liberté d’expression. Ce qui sera décisif ne sera pas le nombre de réunions, mais la force des symboles authentiques. Aucun rassemblement ne peut avoir le même impact que celui de Besê Hozat [une cadre du PKK ayant dirigé 30 combattant.e.s du PKK ayant déposé les armes en juillet dernier au Kurdistan irakien], qui a mis le feu aux poudres et s’est personnellement impliquée dans le processus. Il est évident que les structures organisationnelles du Mouvement pour la Liberté ne peuvent se substituer à l’initiative et à l’influence créées sur le terrain. À la Grande Assemblée nationale de Turquie (TBMM), une commission a été créée sous le titre « Solidarité nationale, Fraternité et Démocratie » dans le cadre de l’objectif d’une « Turquie sans terreur ». Pour l’instant, cela est présenté comme une étape majeure. Pourtant, les archives de la TBMM révèlent une histoire lourde, jalonnée de meurtres non élucidés, d’incendies de villages et de disparitions forcées, survenus bien avant la naissance de certains membres actuels de la commission. L’ouverture de ces archives, conservées sous l’autorité du président de l’Assemblée, Numan Kurtulmuş, révélera que le premier meurtre non élucidé connu de notre histoire récente est celui de l’enseignant Sıddık Bilgin, torturé et assassiné. L’incident inventé impliquant le major Ali Şahin a également été révélé à l’époque, et grâce aux protestations persistantes des députés du Parti populiste social-démocrate (SHP), le sujet a été inscrit à l’ordre du jour parlementaire après plusieurs jours de manifestations. Les efforts visant à apaiser les blessures profondément symboliques, comme l’audition des témoignages de personnalités comme Eren Keskin et Ercan Kanar, témoins consciencieux et dévoués des années 1990, même si la pleine responsabilité n’est pas recherchée, pourraient constituer des mesures simples mais cruciales pour surmonter la crise de confiance actuelle. Là où la population adhère déjà à la paix, la véritable question est de savoir si la volonté et le courage politiques existent. Dans le même numéro du Monde diplomatique, Serge Halimi décrit avec acuité la gauche européenne comme une masse « désarmée », soit s’alignant sur le discours des puissances dominantes face à la guerre, soit sombrant dans le silence. Selon lui, cette gauche a perdu son indépendance et en est venue à approuver de fait les politiques des gouvernements auxquels elle s’opposait autrefois. En Turquie, de nombreux milieux, souvent qualifiés de « gauche », connaissent un sort similaire. Enfermés dans les limites d’un discours étatique, évitant une véritable confrontation avec la question kurde ou se repliant sur une rhétorique démocratique abstraite sous prétexte d’« éviter la crise », ces milieux ne parviennent pas à répondre avec courage politique à la volonté de paix déjà présente au sein de la population. Comme l’a averti Jean Jaurès, si la plus grande lutte pour la paix consiste à supprimer les pulsions grossières chez les autres et en nous-mêmes, alors le premier ennemi que la gauche en Turquie doit surmonter est sa propre peur et sa propre soumission. Comme le rappelle Benoît Bréville dans la même revue, la plupart des guerres ne se terminent pas par une victoire absolue, mais par des accords négociés qui, aussi fragiles et incomplets soient-ils, mettent fin à la violence. Les analogies historiques sont souvent invoquées pour exacerber les tensions ; pourtant, une paix véritable ne peut se construire sur des impositions unilatérales, mais seulement autour d’une table où les deux parties partagent le fardeau et la responsabilité. Le processus de paix en Turquie ne peut s’enraciner que grâce à une telle compréhension. Ce qui est à rechercher n’est pas la victoire, mais une négociation équitable. Pendant la guerre civile libérienne, sous la direction de Leymah Gbowee, des milliers de femmes d’origines ethniques et religieuses diverses se sont rassemblées au sein du mouvement « Femmes pour la paix ». Après des années de violence, les femmes ont exprimé leur revendication de paix sur les marchés, dans les églises, les mosquées et dans les rues ; elles ont forcé les dirigeants politiques à s’asseoir à la table des négociations. Les mots de Gbowee restent frappants : « Nous avons rappelé aux hommes en quête de pouvoir qui étaient les véritables maîtres du pays. » En Turquie aussi, la volonté de paix existe déjà au sein de la population, notamment parmi les femmes. Ce qui manque, c’est une représentation courageuse de cette volonté au plus haut niveau politique. La paix n’est pas seulement le silence des armes, mais aussi la fin de la colère et de la peur. Une paix juste n’est possible que par l’acceptation de la vérité, l’instauration de la justice et la participation réelle de la société au processus. En fin de compte, comme par le passé, ce processus rappelle à notre génération sa responsabilité avec les mots de Frantz Fanon, boussole à la fois théorique et pratique dans la lutte pour la liberté contre le colonialisme : « Chaque génération doit, dans une relative obscurité, découvrir sa mission ; l’accomplir ou la trahir. » (ANF)

SYRIE. Une poursuite nocturne se termine par la mort de deux membres des Asayish

0
SYRIE / ROJAVA – Deux membres des Forces de sécurité intérieure (en kurde : asayîş) ont été tués, ainsi qu’un homme recherché, lors d’une opération de poursuite menée par les forces de sécurité la nuit dernière dans le quartier du complexe gouvernemental de la ville de Raqqa. L’opération a eu lieu après la surveillance de ses déplacements et l’établissement d’un cordon de sécurité autour du site.
 
Selon les informations, l’homme accusés d’activités et de travail au sein d’une cellule de la zone a opposé une résistance armée aux asayish. Cela a donné lieu à un échange de tirs qui a fait des morts des deux côtés.
 
Il convient de noter que cette opération s’inscrit dans le cadre des efforts continus visant à traquer les personnes recherchées et celles impliquées dans les activités des cellules hors-la-loi dans les régions du nord et de l’est de la Syrie.
 
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH / SOHR) a recensé 159 opérations menées par des cellules de l’EI dans les zones d’influence de l’Administration autonome depuis début 2025, qui ont pris la forme d’attaques armées, de ciblages et d’attentats à la bombe. Selon les documents de l’OSDH, le bilan des opérations susmentionnées s’élève à 70 morts, dont 48 parmi les Forces démocratiques syriennes et les formations militaires qui les soutiennent, 9 parmi l’État islamique, 12 civils et 1 collaborateur des FDS. Les opérations se sont réparties comme suit :
 
– 134 opérations à Deir ez-Zor ont entraîné la mort de 32 soldats et de 3 membres de l’EI, ainsi que la mort de 12 civils et d’un collaborateur des FDS, en plus de la blessure de 39 autres, dont 5 membres d’Asayish, une femme et un membre de l’EI.
 
-14 opérations à Hasaka ont entraîné la mort de 13 personnes, dont 4 de l’organisation, 7 des forces de sécurité intérieure et 2 membres des FDS, tandis que 2 autres ont été blessées.
 
-11 opérations à Raqqa ont entraîné la mort de 9 soldats : 7 soldats et 2 membres de l’organisation, et 11 autres ont été blessés. (SOHR)

SYRIE. Le pétrole : richesse pillée et économie parallèle

0
SYRIE – Sous la supervision d’un adjoint au ministre de l’Energie du gouvernement intérimaire et d’un cheikh identifié comme (NR), des saisies quotidiennes systématiques de grandes quantités de pétrole brut ont lieu, détournées au-delà de toute surveillance officielle et générant des profits estimés à des dizaines de milliers de dollars par jour pour des personnalités influentes orchestrant ces opérations, rapporte l’agence kurde ANHA qui cite l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH / SOHR).
 
L’OSDH estime qu’environ 1 500 barils sont introduits en contrebande chaque jour, sur une production journalière ne dépassant pas 12 500 barils. Les revenus générés par ces réseaux sont estimés à 100 000 dollars par jour, qui ne rentrent pas dans le trésor public, mais sont investis dans une économie souterraine alimentée par la corruption et affaiblissant l’autorité des institutions.
 
Ces quantités seraient transportées dans des citernes privés jusqu’aux raffineries de la ville de Tarhin, au nord d’Alep, où elles seraient transformées en essence et en diesel. L’Observatoire a déclaré que ce système fonctionne sous la supervision directe d’un assistant principal du ministre de l’Énergie, aux côtés de Cheikh (NR), les produits raffinés étant commercialisés illicitement sur les marchés locaux, générant des revenus quotidiens importants pour les courtiers en énergie derrière l’opération. L’OSDH n’a pas révélé l’identité du député impliqué, ni les sites spécifiques d’extraction de pétrole exploités par ces acteurs influents.

800 prisonniers exécutés en Iran en moins de huit mois

0
IRAN / ROJHILAT – Les mollahs iraniens ont exécuté au moins 800 personnes depuis le début de l’année 2025, signale l’ONG kurde Hengaw qui met en garde contre l’escalade alarmante des exécutions à travers l’Iran. La République islamique d’Iran a exécuté au moins 800 personnes depuis le début de l’année 2025. Cela représente une moyenne de 100 exécutions par mois, selon les statistiques enregistrées par le Centre de statistiques et de documentation de l’Organisation de défense des droits humains, Hengaw. Parmi les personnes exécutées au cours des huit derniers mois figuraient au moins 30 prisonniers politiques et idéologiques. Durant la même période, au moins 22 femmes et un mineur délinquant – une personne reconnue coupable d’un crime commis alors qu’elle était mineure – ont été mis à mort dans les prisons iraniennes. Les minorités ethniques et nationales ont été touchées de manière disproportionnée. Parmi les personnes exécutées il y avaient, 116 Kurdes, 107 Lors, 92 Baloutches et 82 Turcs. De plus, au moins 46 Afghans ont été exécutés durant cette période. Hengaw met en garde contre l’escalade alarmante des exécutions à travers l’Iran et appelle les gouvernements démocratiques, les organisations internationales et les groupes de la société civile à adopter une position ferme contre le recours systématique à la peine de mort par la République islamique.