KURDISTAN. La tombe d’Ayşe Şan va être transférée à Diyarbakir

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TURQUIE / KURDISTAN – Les restes de la célèbre dengbêj kurde décédée il y a 29 ans et enterrée à Izmir, Ayşe Şan (Eyşe Şan), vont être transférés à Diyarbakir (Amed), sur sa terre natale.
 
Demain, la dépouille de l’artiste kurde Ayşe Şan, décédée à Izmir le 18 décembre 1996, va être rapatriée à Amed pour être inhumée au cimetière de Yeniköy lors d’une cérémonie organisée par la municipalité métropolitaine de Diyarbakir.  
Qui était Ayşe Şan ?
 
Ayşe Şan (Eyşe Şan), reine de la musique kurde ayant subi la double oppression (le patriarcat et le colonialisme) en tant que femme et kurde, nous a quitté le 18 décembre 1996 à l’âge de 58 ans.
 
Née à Diyarbakır (Amed), Eyşe  est considérée comme l’une des plus grands chanteurs de la musique kurde contemporaine.
 
Le père d’Eyşe était un dengbêj (conteur kurde traditionnel). Eyşe commence à chanter à soirées de chant traditionnels, puis, à partir de 1958, malgré l’opposition de sa famille, a se produire en public.
 
Après une tentative infructueuse de mariage, qui lui avait été imposé, elle s’est installée à Antep (Dilok), où elle a commencé à enregistrer des chansons turques pour la radio locale, chanter en kurde étant alors interdit. Puis, elle est partie à Istanbul, où elle enregistre son premier album en langue kurde en 1963. La première chanson qui contribue à sa notoriété est Ez Xezalım [Je suis une gazelle]. En 1972, suite à des tracas administratifs, elle s’est installée en Allemagne. Une de ses chansons les plus connues, Qederê [Oh le destin], est écrite après la mort de sa fille de 18 mois.
 
En 1979, elle s’est rendue au Kurdistan irakien, où elle a rencontré de nombreux musiciens et chanteurs kurdes telles que Mihemed Arif Cizîrî, Îsa Berwarî, et Tahsin Taha. Le morceau d’Arif Cizîrî, Eysana Elî, lui est dédiée. À partir de années 1980, elle s’est installée à Izmir. Dans les années 1990, elle écrit en réaction à l’oppression des Kurdes des chansons telles que Werin pêsmerge [Venez les combattants kurdes]. Elle a écrit également des chansons sur la condition des femmes telles que Derdê hewîyê [Chagrin de polygamie] ou encore Hey wax dayê [Ô mère]. tout sa vie, elle a dû faire face à la double oppression (le patriarcat et le colonialisme).

TURQUIE. Arrestation d’un lycéen qui a écrit le slogan « Jin, jiyan, azadî » sur un mur

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TURQUIE – Un lycéen qui a écrit le slogan kurde « Jin, jiyan, azadî » sur un mur à Manisa/Turgutlu a été arrêté pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».  
Le magazine Kılavuz a annoncé qu’un lycéen, lecteur de Kılavuz, du district de Turgutlu à Manisa, a été arrêté pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » après avoir publié via les réseaux sociaux des articles sur « Jin, jiyan, azadî » (femme, vie, liberté) et la nomination d’administrateurs à la tête des mairies kurdes. 
Le magazine Kılavuz a publié une déclaration concernant l’incident : « Cette arrestation a été effectuée suite à une provocation policière directe. Comme le montrent d’innombrables exemples en Turquie, le système judiciaire est redevenu un outil d’oppression pour le gouvernement fasciste et ses forces de sécurité, et la volonté révolutionnaire de la jeunesse a été tentée par la justice. Le département de police de Manisa craignait la quête d’un avenir libre des lycéens de Turgutlu, leur revendication d’égalité et de justice. Afin d’empêcher les jeunes de se tourner vers des idées révolutionnaires, ils ont envoyé un étudiant en prison pour des accusations sans fondement juridique et ont usurpé leur droit à l’éducation. Ce n’est pas un crime pour les lycéens et les étudiants en Turquie de lutter pour leur propre avenir. « Jin, jiyan, azadî », devenu le slogan de résistance commun de toutes les femmes du monde, ne peut être interdit. Ce n’est pas un crime de réclamer la libération des prisonniers révolutionnaires, de s’opposer aux administrateurs, d’insister pour obtenir justice. Ceux qui tentent de faire taire la voix de la jeunesse devraient sachez ceci : cette voix est la voix de la liberté, de l’égalité et de l’avenir ». 

ROJAVA. L’Union des médias kurdes, YRA défend la presse libre

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SYRIE / ROJAVA – La nouvelle coprésidence de l’Union des médias libres (en kurde: Yekitiya Ragihandina Azad, YRA) a confirmé son objectif de permettre à tous les journalistes de poursuivre leurs activités médiatiques. Son principal objectif est de travailler, en coopération avec les institutions médiatiques, à l’édification d’une société démocratique en Syrie.

L’Union des médias libres a tenu sa septième conférence avant-hier (15 juin) dans la ville de Qamishli, avec la participation d’un grand nombre de journalistes du nord et de l’est de la Syrie.

Dans le cadre de la conférence, les statuts du syndicat ont été modifiés et Idris Hannan et Avin Ibrahim ont été élus coprésidents du syndicat par les participants. Les deux coprésidents ont fait des déclarations après leur prise de fonction.

Avin Ibrahim a indiqué que leurs plans visent à autonomiser tous les journalistes, en particulier les femmes, dans le nord et l’est de la Syrie, dans toute la Syrie en général et à l’international. Elle a déclaré : « Afin de développer un espace médiatique libre dirigé par des femmes journalistes, conformément à l’appel à la paix et à une société démocratique lancé par le Guide Abdullah Öcalan, nous poursuivrons notre travail. Les journalistes, avec une volonté farouche, ont établi un espace médiatique libre, et nous espérons poursuivre sur cette voie ensemble. »

Idris Hannan a souligné que l’existence de médias libres au milieu du chaos syrien était une nécessité morale et vitale pour le peuple résistant. Il a déclaré : « Afin de construire une société fondée sur la vérité, les médias libres ont joué un rôle moteur lors de la révolution du 19 juillet. De ce point de vue, notre mission première en tant qu’Union des médias libres, en coopération avec les institutions médiatiques, est de contribuer efficacement à l’édification d’une société démocratique en Syrie. »

Qui sont Avin Ibrahim et Idris Hannan ?

Avin Ibrahim est née en 1987 à Qamishlo. Elle a terminé ses études à la Faculté de gestion de l’Université d’Alep et a travaillé comme enseignante avant le déclenchement de la révolution du 19 juillet 2012.

Elle a débuté sa carrière dans les médias en 2018, travaillant au département dialecte sorani de Ronahi TV comme monteuse et productrice d’émissions. Depuis 2019, elle travaille chez Arian TV. Elle a également travaillé pendant un an à la radio Sawt al-Watan en 2020. Depuis 2019, elle dirige la section féminine de Nafal Productions.

Avin Ibrahim a siégé au conseil d’administration du Syndicat des femmes des médias (YRJ). Elle était auparavant membre du conseil d’administration du Syndicat des médias libres avant d’être élue coprésidente du syndicat lors de sa dernière conférence.

Idris Hannan est né en 1972 à Afrin et y a terminé ses études secondaires. Il a participé à la révolution du 19 juillet au sein de la Fondation pour la langue kurde (SZK) et a enseigné le kurde. Entre 2016 et 2018, il a été membre de la direction de la station de radio « Voix d’Afrin », où il a travaillé comme animateur.

Il a été membre du comité fondateur de la section kurde du journal « Ronahi » en 2013 et en est toujours membre. De 2021 à 2024, il a été rédacteur en chef de la section arabe de l’agence de presse Furat. (ANHA)

FRANCE. Deux migrants kurdes tués à Dunkerque

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DUNKERQUE – Des médias kurdes rapportent que 2 migrants kurdes ont été tués dans la « jungle » de Calais, à Dunkerque. La police aurait arrêté un jeune de 17 ans en lien avec l’incident. Deux Kurdes originaires de Kalar, ville de la province de Souleimaniye, ont été tués dans la jungle de Dunkerque, dans le nord de la France, une plaque tournante notoire pour les migrants espérant rejoindre la Grande-Bretagne par bateau, ont indiqué des sources à Rudaw. L’incident s’est produit dimanche et a entraîné la mort de Karzan Abdullah et Mohammed Najm. Un autre Kurde, dont l’identité reste inconnue, a été blessé. Les autorités n’ont pas confirmé l’incident au moment de la rédaction de ce rapport. L’association Lutke pour les réfugiés et les personnes déplacées a annoncé dans un communiqué que deux jeunes Kurdes originaires de Souleimaniye (Kurdistan du Sud), ont été tués dans la jungle de Dunkerque, en Nord-Pas-de-Calais. Selon l’ONG Lutke, hier soir, une altercation entre migrants dans la jungle de Dunkerque a dégénéré en affrontement armé. Lors de cet affrontement, deux jeunes Kurdes, Karzan Abdullah et Muhammed Necim, ont perdu la vie. La police aurait arrêté un jeune de 17 ans en lien avec l’incident. Depuis plusieurs jours, on fait état à Loon-Plage d’altercations entre de groupes de migrants qui ont fait plusieurs morts, dont plusieurs Soudanais.

« Si la Turquie interprète mal ce processus, ce ne sont pas les Kurdes qui seront les perdants »

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ALLEMAGNE – Des dizaines de personnes ont assisté dimanche à une réunion au Centre communautaire démocratique kurde de Francfort durant laquelle, Nilüfer Koç, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK), a fait des déclarations importantes concernant les pourparlers de paix engagés entre la Turquie et la guérilla kurde.   La réunion, qui s’est tenue dans le cadre de « l’Appel à la paix et à la société démocratique » lancé par Abdullah Öcalan le 27 février, a vu la participation de Nilüfer Koç, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK), qui a fait des déclarations importantes concernant le processus.      
Nilüfer Koç a abordé le fonctionnement du processus et les questions clés qui doivent être comprises, soulignant comment Öcalan a attiré l’attention sur l’impasse au Moyen-Orient et la crise dans laquelle la Turquie a été entraînée dans cette nouvelle période. La politicienne kurde a souligné l’importance du paradigme de la société démocratique déclaré le 27 février. Faisant référence à la guerre israélo-iranienne, elle a déclaré que le paradigme d’Öcalan est la seule solution pour les peuples pris au piège dans la spirale de la guerre au Moyen-Orient. Nilüfer Koç a souligné l’escalade du conflit au Moyen-Orient et a déclaré que plusieurs opportunités s’étaient présentées aux Kurdes durant cette période. Elle a expliqué que la résolution de la question kurde s’inscrit dans le cadre du modèle de la « société démocratique », qui doit être bien compris par l’État turc. « Si la Turquie ne reconnaît pas l’importance de ce processus et ne fait pas preuve de la sensibilité nécessaire, les Kurdes ne seront pas les perdants », a-t-elle déclaré. Koç a déclaré : « Le PKK était un moyen, et il a atteint son objectif. À ce stade d’une guerre qui dure depuis un siècle, Abdullah Öcalan a toujours cherché des solutions, comme on l’a vu au début des années 1990. Au point où nous en sommes aujourd’hui, la dissolution du PKK est une décision opportune. Cela signifie que, compte tenu des conditions évolutives et nécessaires, un nouveau chapitre s’ouvre et que la lutte évolue vers un terrain plus démocratique. Cela doit être considéré comme le résultat des avancées réalisées. » Les participants ont souligné que de telles réunions devraient être organisées plus fréquemment dans le cadre des efforts visant à construire une société démocratique. (ANF)  

Les droits des Kurdes syriens constituent une « ligne rouge »

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SYRIE / ROJAVA – Le directeur du centre Kurdes Sans Frontières, Khadar Beri, a déclaré que les droits politiques et culturels du peuple kurde sont des lignes rouges qui ne peuvent être ni négociées ni compromises et doivent être des clauses « supra-constitutionnelles ».  

Après avoir annoncé les noms des membres de la délégation kurde formée selon les résultats de la conférence « Unité des positions et des lignes kurdes » du 26 avril, Khadar Beri, directeur du Centre Kurdes sans frontières, a évalué la structure de formation de la délégation et les revendications ou principes les plus significatifs que la délégation kurde devrait avoir dans tout dialogue à venir avec le gouvernement de transition syrien, pour garantir les droits politiques, culturels et administratifs du peuple kurde.

Khadar Beri a expliqué : « Après avoir annoncé les noms des membres de la délégation kurde formée sur la base des résultats de l’Unité de la position kurde, force est de constater que la structure de la délégation est partisane, composée d’un groupe de partis kurdes en désaccord depuis plusieurs années, ce qui a eu un impact négatif sur la question kurde en Syrie. Il s’agissait d’une première solution urgente, qui a permis à chacun de se sentir représenté au sein de la délégation. »

Beri a souligné que « les perspectives dans ce domaine restent limitées, mais cette étape doit être interprétée comme un message adressé à la rue kurde : tous les partis autrefois opposés se retrouvent désormais sous un même toit, représentés par les résultats de la Conférence sur l’unité kurde. » Perry a expliqué que le mouvement kurde, grand ou petit, ne peut être ignoré. Il a souligné que « des partis kurdes influents dans la rue se sont abstenus de rejoindre la délégation, sacrifiant ainsi au succès de la conférence, une position qui leur est reconnue au niveau national. Mais une représentation sérieuse dans les négociations avec Damas ne peut se limiter à une seule session. Elle nécessite plutôt des représentants connaissant la géographie, l’histoire et la politique, capables de faire valoir les droits du peuple kurde en Syrie et de décider d’un modèle d’administration avec Damas. Pas de négociation sur les fondamentaux politiques. »

Il a souligné : « Il n’y a pas de discussion sur les fondamentaux, à savoir les droits politiques du peuple kurde en Syrie. Le peuple kurde vit sur ses terres ancestrales au Kurdistan, ou Kurdistan occidental, qui a été rattaché à l’État syrien par des accords entre les grandes puissances mondiales. » Il a affirmé que ces droits ne devraient pas être négociables.

Il a également ajouté que la question kurde n’était pas une question de sécurité, comme l’ancien régime syrien avait tenté de la présenter, mais une question purement politique, et que les négociations à Damas devaient se dérouler sur cette base politique, et non sécuritaire. Il a déclaré que négocier sur des principes était une grave erreur, et que ce qui devait être négocié était « comment construire des droits » et « comment en convaincre l’autre partie ».

« Les droits culturels sont un trésor national, pas une revendication kurde »

Concernant la question des droits culturels, il a déclaré : « Ils constituent un trésor pour la Syrie, et non une revendication kurde. L’autre partie devrait plutôt exiger la renaissance de la culture kurde, une culture millénaire. Cette culture enrichit la culture syrienne, et l’autre partie doit la valoriser. Concernant les questions administratives, je pense que les négociations seront au cœur des débats. »

Les droits du peuple kurde sont une ligne rouge

Beri a souligné que les droits du peuple kurde constituent une « ligne rouge » et que personne n’a le droit d’y renoncer, soulignant que « toute flexibilité en la matière constitue une renonciation à ces droits ». Il a expliqué que les Kurdes ne revendiquent pas « quelque chose qui ne leur appartient pas, mais des droits légitimes ». Il a insisté sur le fait qu’il n’autorise personnellement personne à renoncer à leurs droits.

Beri a souligné que « les Kurdes souhaitent une Syrie démocratique, pluraliste, décentralisée et fédérale. Ce n’est pas seulement une exigence kurde, mais une exigence de toutes les composantes syriennes, et c’est le véritable moyen de mettre fin à l’effusion de sang dans le pays. »

Concernant la position des autres forces kurdes (hors Rojava) envers cette délégation, Beri a déclaré : « Je crois qu’elles ont un rôle positif à jouer, si l’on parle du Kurdistan du Nord et du Sud, avec tout le respect que je dois au Kurdistan de l’Est, qui n’est malheureusement pas présent dans la politique kurde et internationale. Si c’est leur rôle, elles ont joué un rôle positif, ce qui a conduit à la tenue de la Conférence sur l’unité kurde. 

Les désaccords antérieurs entre les forces kurdes ont eu un impact direct sur les forces et les partis kurdes au Rojava et en Syrie, mais de manière positive. À mon avis, la phase actuelle exige un rôle plus important, voire plus important. Ils devraient soutenir cette approche et ne pas faire de cette question une question de quotas partisans.

Les désaccords antérieurs entre les forces kurdes ont eu un impact direct sur les forces et les partis kurdes au Rojava et en Syrie, mais de manière positive. À mon avis, la phase actuelle exige un rôle plus important, voire plus important. Ils devraient soutenir cette approche et ne pas faire de cette question une question de quotas partisans. 

La question kurde doit être au-dessus des quotas partisans. Tout comme nous souhaitons que les droits des Kurdes soient au-dessus de la constitution afin que personne ne vienne des décennies plus tard les altérer, de la même manière, les droits des Kurdes doivent être au-dessus de la constitution et au-dessus des calculs partisans et des partis kurdes. »

La délégation kurde doit être représentative de tous les Kurdes de Syrie. Khadar Beri a souligné la nécessité d’« élargir la représentation de la délégation kurde à tous les Kurdes de Syrie », les Kurdes de Damas, d’Alep, de Hama et d’autres villes syriennes, en particulier ceux qui sont fiers de leur identité kurde. Il a ajouté que « leur présence au sein des comités de participation ou consultatifs, ainsi que des comités de négociation, enrichirait la délégation et ouvrirait la voie à une solution politique en Syrie, fondée sur la présence des Kurdes sur l’ensemble du territoire et leur droit à une pleine représentation et à des revendications, ainsi que sur la promotion du mouvement politique kurde. » (ANHA)

SYRIE. Damas accusé de retarder le retour des réfugiés à leurs régions d’origine

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SYRIE / ROJAVA – Les déplacés internes, notamment ceux du canton kurde d’Afrin chassés de leurs terre par l’invasion turque, ont exhorté le régime syrien à accélérer dans leurs zones d’origine, exprimant leur mécontentement face aux atermoiements des autorités de Damas. Les réfugiés soulignent que leur retour reste conditionné à la sécurité, aux infrastructures et au soutien économique et éducatif. Le 1er juin dernier, la première réunion officielle a eu lieu entre des représentants de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et les autorités de Damas. Lors de cette réunion, un accord a été conclu pour accélérer les efforts visant à faciliter le retour des Syriens déplacés dans leurs régions d’origine. Malgré cette avancée positive, Damas n’a pas encore pris de mesures concrètes pour permettre ce retour, tandis que l’Administration autonome poursuit la mise en œuvre de son plan à cet effet. L’administration autonome avait déjà pris une décision le 23 janvier de l’année dernière pour faciliter le retour volontaire des déplacés internes souhaitant quitter les camps du nord-est de la Syrie, tels qu’Al-Hol et Al-Arisha.  Ce processus est supervisé par l’Autorité des affaires sociales et du travail et la Commission des affaires des réfugiés, avec la protection des forces de sécurité intérieure. À ce jour, 11 voyages volontaires ont été organisés depuis le camp d’Al-Arisha, situé au sud de la ville de Hassaké, qui abrite encore environ 11 000 personnes déplacées réparties dans plus de 2 100 familles. Face à cette situation, plusieurs personnes déplacées dans le camp ont exprimé leur frustration face aux retards des autorités de Damas, réaffirmant que leur retour dépend de la fourniture de sécurité, d’infrastructures et d’un soutien économique et éducatif. Fatimah Ali Muhammad, une femme déplacée de l’ouest de Deir ez-Zor, a décrit les risques sécuritaires dans leurs zones d’origine comme la plus grande menace à leur retour.  Nos régions sont victimes de crimes, d’explosions et de mines terrestres qui menacent la vie des civils. Nous attendions un retour en toute sécurité, mais ce que nous voyons maintenant met nos vies en danger. Nous exigeons la présence de forces neutres de l’ONU pour garantir notre sécurité, ainsi que les infrastructures et les services nécessaires à la vie. Kazim Talal Al-Kate’, quant à lui, a évoqué le manque de logements : « Même si la sécurité est assurée, nous n’avons pas de toit. Toutes nos maisons sont détruites. J’ai quatre fils qui se sont mariés dans le camp ; comment puis-je rentrer avec eux alors que nous n’avons pas d’abri ? Nous faisons appel aux organisations internationales pour qu’elles nous construisent des logements et nous fournissent le minimum nécessaire à une vie digne. » Ayada Dawood Al-Huwaidi, un déplacé de 40 ans originaire d’Al-Mayadin, à Deir ez-Zor, a déclaré : « L’avenir de nos enfants est compromis par le manque d’éducation. Nous vivons dans le camp grâce à l’aide sociale et nous n’avons pas les moyens de subvenir à nos besoins à notre retour. Nous exigeons des programmes de soutien psychologique et éducatif, car nos enfants n’ont appris qu’à attendre et à s’inquiéter. » Prises entre l’espoir du retour et les craintes de la réalité, les revendications des personnes déplacées peuvent se résumer en trois points principaux : assurer un environnement sûr et stable, fournir des infrastructures, des logements et des services de base, et offrir un soutien économique, éducatif et psychologique pour que les familles puissent réintégrer leur vie normale. Malgré les efforts constants de l’Administration autonome pour faciliter le retour, l’absence d’actions concrètes de la part des autorités de Damas, conjuguée aux menaces persistantes des groupes armés et aux risques sécuritaires dans les zones d’origine, rend le retour complet un objectif différé. Sa réalisation nécessite une volonté politique, une réponse internationale et des efforts humanitaires plus vastes. (ANHA) 

TURQUIE. La libération d’un otage kurde emprisonné depuis 32 ans reportée de nouveau

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TURQUIE – La libération de Nedim Yılmaz, prisonnier politique kurde emprisonné depuis 32 ans, a été reportée pour la 8e fois au motif qu’il était en bonne santé et qu’il n’exprimait pas de regrets… La libération de Nedim Yılmaz, détenu à la prison de haute sécurité de type F de Bolu, a été reportée pour la huitième fois par le Conseil d’administration et de surveillance. Détenu et arrêté le 18 août 1993, puis condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la Cour de sûreté de l’État d’Istanbul (DGM) à l’issue de son procès, Yılmaz a été exécuté le 29 juillet 2023. Dans son évaluation faite le 28 mai concernant Nedim Yılmaz, dont la libération avait été reportée à sept reprises par le Conseil d’administration et de surveillance depuis cette date, il a été décidé qu’il n’y avait pas de sanction disciplinaire contre Yılmaz et qu’il était « en bonne forme ». La commission a conclu qu’il n’avait aucun « regret », citant les sanctions disciplinaires qui lui avaient été infligées auparavant et le fait qu’il était détenu dans la même cellule que des détenus arrêtés dans le même cadre. Le conseil a reporté la libération de Yılmaz au 3 septembre 2025. Avec cette décision, la libération de Nedim Yılmaz a été reportée pour la 8e fois.

La propagande turque bat son plein concernant le conflit Israël-Iran

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IRAN / KURDISTAN – Sans surprise, les médias turcs ciblent les Kurdes d’Iran en propageant de fausses informations en ce qui concerne les bombardements israéliens dans le Nord-Ouest d’Iran, où sont installés milliers de missiles balistiques dissimulés au cœur des montagnes Zagros. Le fait que cette région soit kurde ne signifie pas nécessairement qu’Israël veut ouvrir la voie à un soulèvement kurde en Iran, comme le rappelle le compte X (ancien Twitter) Kurdistan. « Les médias turcs et leurs mercenaires des Frères musulmans propagent de fausses informations selon lesquelles Israël bombarderait les quartiers généraux de l’armée iranienne et des Gardiens de la révolution dans l’ouest de l’Iran, c’est-à-dire dans les zones kurdes, afin de permettre aux factions kurdes d’entrer et de prendre le contrôle des villes. Cette affirmation est infondée et vise à ternir la réputation des Kurdes.  En réalité, la concentration des bombardements israéliens sur ces zones est due à la présence de milliers de missiles balistiques dissimulés au cœur des montagnes, utilisés pour lancer des attaques contre Israël. Israël cherche donc à détruire les rampes de lancement, et non à soutenir une quelconque partie sur le terrain. (…) »

TURQUIE. Tollé contre les violences sexuelles ciblant les enfants de Şırnak

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TURQUIE / KURDISTAN – Des ONG, des associations professionnelles et des partis politiques demandent une enquête approfondie contre les viols d’enfants et de femmes, notamment par des officiers de l’armée turque, dans la ville kurde de Şirnak. Dans la province kurde de Şırnak, un homme a été placé en garde à vue, soupçonné de multiples abus sexuels sur quatre garçons. L’arrestation a eu lieu mercredi après le dépôt de plainte des familles des victimes. L’auteur présumé, Yusuf Acar, a été initialement placé en garde à vue sur ordre du parquet puis, après avoir été interrogé par le tribunal d’instruction, placé en détention provisoire. Cette affaire a semé la consternation dans la ville et au-delà. Selon les organisations locales, il s’agit de l’un des nombreux cas d’abus recensés à Şırnak. L’indignation face à ce sentiment d’impunité grandit. La société civile s’unit contre le silence et la banalisation Dans une déclaration commune signée par 25 organisations de la société civile et chambres, les signataires ont appelé à une enquête approfondie sur tous les cas et à des sanctions sévères pour les auteurs. « Aucun enfant de cette ville ne devrait avoir à aller à l’école dans la peur, à jouer dans la rue ou à se sentir en insécurité dans son propre quartier », indique la déclaration. Les abus sexuels sur mineurs ne constituent pas seulement un délit individuel, mais aussi une « atteinte à la conscience sociale », selon les signataires, parmi lesquels le Barreau de Şırnak, l’Ordre des médecins local, l’Association des droits de l’homme (IHD) et diverses autres associations professionnelles, syndicats et plateformes et associations locales. Cette affaire a suscité une vive colère dans la ville, d’autant plus que les derniers incidents s’inscrivent dans une tendance inquiétante. Les organisations ont annoncé qu’elles suivraient de près la procédure engagée contre Yusuf Acar. « Les auteurs doivent être traduits en justice avec toute la rigueur de la loi », affirmait l’appel. Parallèlement, il a été souligné que la protection des enfants est une responsabilité partagée de l’État, de la société et de chaque individu. DBP : L’impunité encourage les auteurs de crimes Le Parti des Régions Démocratiques (DBP) a également réagi par de vives critiques. Dans une déclaration écrite, il a affirmé que les abus sexuels sur mineurs sont l’expression d’un problème social plus profond : « L’impunité, tolérée, voire encouragée, par l’État, encourage les auteurs masculins. La pratique courante consistant à présenter les enfants comme simplement ‘vulnérables’ sans leur accorder une voix sociale ni un rôle de sujet est particulièrement problématique », a-t-il indiqué. Le DBP a également évoqué un cas antérieur à Şırnak, où un enseignant est resté en poste malgré des allégations de maltraitance envers des dizaines d’enfants. « De tels exemples illustrent la profondeur du problème. Ce modèle de maltraitance s’inscrit dans une structure patriarcale délibérément dirigée contre les valeurs d’une société démocratique et éthique », a déclaré le parti, ajoutant qu’il collaborerait avec les enfants pour leur assurer un avenir sûr et digne. Application inadéquate de la loi et manque de structures de protection de l’enfance Les organisations de défense des droits humains dénoncent depuis des années les lacunes structurelles de la protection de l’enfance en Turquie. Les abus sexuels sont souvent négligés, les enquêtes sont retardées ou abandonnées, et les enfants et familles concernés sont stigmatisés et soumis à des pressions, notamment dans les provinces kurdes et lorsque les suspects sont souvent des fonctionnaires ou des « gardes villageois ». Outre une action judiciaire cohérente, des mesures préventives globales sont donc nécessaires, notamment la sensibilisation dans les écoles, la mise en place de points de contact indépendants pour les victimes et le renforcement des structures de protection adaptées aux enfants. « Nous pouvons protéger nos enfants en construisant une société démocratique » Samedi, des masses sont descendues dans les rues de Şırnak pour protester contre l’augmentation des abus sexuels et des viols d’enfants dans la ville, en déclarant : « Nous pouvons protéger nos enfants en construisant une société démocratique. » Organisée par les organisations non gouvernementales de la ville, le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), les organisations provinciales et de district du Parti des régions démocratiques (DBP), la manifestation a également été suivie par les députés de Şırnak du Parti DEM, Newroz Uysal Aslan et Zeki İrmez. Un communiqué de presse lu par Emine Özdemir de la Commission des droits des femmes et des enfants du Barreau de Şırnak a souligné que l’augmentation des incidents d’abus sexuels dans la ville est le résultat de politiques de guerre spéciales. « L’agresseur, Yusuf A., a abusé et molesté près de dix garçons (…). Yusuf A. n’est pas le premier à commettre des abus sur mineurs à Şırnak, mais il est clair que nous devons nous battre pour qu’il soit le dernier », a-t-elle déclaré. Énumérant les récents cas d’abus à Şırnak, Emine Özdemir a déclaré : « Le parti au pouvoir a abrogé la Convention d’Istanbul – une loi qui protège les enfants et les femmes et prévient les abus, le harcèlement et la violence – et, par conséquent, la mise en œuvre de politiques d’impunité a permis à ces individus de circuler librement dans la société, en particulier à Şırnak et dans tout le pays. » « Prenez toutes les mesures nécessaires et rétablissez la Convention d’Istanbul ! » Exhortant toutes les institutions de l’État et leurs administrateurs à cesser de protéger les forces de l’ordre qui abusent, harcèlent et violent des personnes à Şırnak et dans tout le Kurdistan en usant du pouvoir de l’État, Özdemir a déclaré : « Dans les cas de harcèlement, d’abus et de viol à Şırnak, le bureau du gouverneur, en tant que plus haute autorité administrative, doit immédiatement publier une déclaration impartiale pour informer le public. Prendre sans délai toutes les mesures nécessaires pour garantir le fonctionnement impartial du système judiciaire dans les cas d’abus, de harcèlement et de viol. Rétablir la Convention d’Istanbul contre un système judiciaire dominé par les hommes qui ne protège pas les enfants et les femmes. Nous continuerons à nous battre jusqu’à ce que nous construisions un monde meilleur où les enfants peuvent errer librement dans les rues, les maisons et les espaces de vie. » « Chaque membre de la société est responsable de la protection des enfants » Prenant la parole ensuite, la députée de Şırnak, membre du Parti démocrate (DEM), Newroz Uysal Aslan, a également attiré l’attention sur les politiques de guerre spécifiques menées dans la région. Elle a déclaré : « Les récents événements de Şırnak illustrent parfaitement le type de société que l’on cherche à créer ici. La maltraitance des enfants et la violence contre les femmes sont le résultat d’une mentalité d’État patriarcale. Nous sommes en colère. Chaque membre de la société est responsable de la protection des enfants ; c’est notre responsabilité à tous. Les enfants représentent la société. De même que toutes les femmes élèvent la voix et ripostent lorsqu’une femme est assassinée, la société doit développer une réaction réflexive face aux crimes commis contre les enfants et faire entendre sa voix. Nous devons dénoncer ces crimes ; nous ne devons pas les laisser passer sous silence. Si nous construisons une société démocratique, nous pourrons protéger nos enfants. Par conséquent, un système doit être mis en place pour assumer la responsabilité de ces crimes, enquêter sur eux et empêcher qu’ils ne se reproduisent. » (ANF)