La violence patriarcale est répandue dans le monde, mais elle ne l’est pas de manière uniforme. Dans cet entretien réalisé par l’agence kurde ANF, Münevver Azizoğlu-Bazan analyse ses causes à l’échelle mondiale, critique les féminismes eurocentrés et aborde les questions de résistance, de solidarité et d’alliances transnationales.
La violence à l’égard des femmes est l’une des violations des droits humains les plus persistantes et pourtant les plus méconnues au monde. Pour Münevver Azizoğlu-Bazan, chercheuse en sciences sociales et de l’éducation qui étudie depuis plusieurs années les structures des femmes kurdes au sein de la diaspora allemande, une chose est claire : la violence sexiste n’est pas un phénomène culturel limité à certaines régions, mais bien l’expression de rapports de pouvoir à l’échelle mondiale. Dans cet entretien, elle aborde les causes structurelles de la violence patriarcale, les angles morts du féminisme occidental et les pratiques de résistance des mouvements de femmes dans les pays du Sud.
Comment définiriez-vous la violence sexiste à l’égard des femmes ? Pensez-vous que ce terme soit compris différemment selon les cultures ?
La violence à l’égard des femmes, au sens le plus large, est une violence subie en raison du genre. Les femmes sont donc spécifiquement ciblées du simple fait qu’elles sont des femmes. Cependant, dans la plupart des cas, cette violence ne s’explique pas uniquement par le genre, mais est étroitement liée à d’autres catégories sociales telles que l’origine ethnique, la classe sociale, l’identité raciale, la nationalité ou le statut migratoire. Ces facteurs sont interdépendants ; toutefois, la violence fondée sur le genre est avant tout l’expression d’une oppression structurelle et sexiste.
Cette oppression trouve ses racines dans des contextes similaires à travers le monde, mais se manifeste différemment selon les conditions sociales, économiques et politiques. Si ses formes varient, le mécanisme sous-jacent demeure le même : le contrôle du corps, du travail et de la vie des femmes.
Il est donc trompeur d’expliquer les violences faites aux femmes par de « différences culturelles ». En Europe notamment, l’idée répandue est que ces violences seraient culturellement déterminées au Moyen-Orient, en Afrique, ou encore dans les sociétés arabes, afghanes ou kurdes. Cette culturalisation de la violence la légitime indirectement. Elle relève d’une perspective orientaliste et occulte la dimension mondiale des rapports de pouvoir patriarcaux. Aucune culture ne peut légitimer les violences faites aux femmes : elles ne constituent pas une caractéristique culturelle d’un peuple ou d’un groupe ethnique, mais bien le résultat d’un système patriarcal reproduit à l’échelle planétaire.
Bien sûr, ce système prend des formes différentes selon les régions. En Europe, en Afrique ou au Moyen-Orient, l’ordre patriarcal se manifeste de diverses manières. Mais son essence reste la même partout : marginaliser les femmes socialement, les contraindre à l’obéissance et les rendre invisibles.
Quelles sont selon vous les causes mondiales à l’origine des violences sexistes faites aux femmes ?
La première et la plus fondamentale cause est le système patriarcal. Bien qu’il se manifeste différemment selon les contextes, il façonne les structures sociales à l’échelle mondiale. Par exemple, en Allemagne, l’égalité des sexes est régulièrement consacrée, et pourtant la représentation des femmes aux postes de décision demeure extrêmement faible. Malgré une forte proportion d’étudiantes à l’université, le pourcentage de femmes occupant des postes de professeures et de dirigeantes n’atteint que 17 % environ. Ceci illustre l’inégalité structurelle engendrée par les rapports de pouvoir patriarcaux.
Un deuxième facteur clé est le système économique capitaliste. Le capitalisme exacerbe les inégalités de genre et crée les conditions matérielles des violences faites aux femmes. Partout dans le monde, les femmes occupent des emplois précaires, invisibles ou pour des salaires inférieurs à la moyenne. Dans les pays du Sud en particulier, leur accès à l’éducation, à l’emploi et aux ressources économiques est souvent très limité. Les femmes économiquement dépendantes sont beaucoup plus vulnérables aux violences patriarcales.
À cela s’ajoute l’interprétation patriarcale des normes religieuses. Dans les contextes fondamentalistes et extrêmement conservateurs, les femmes sont systématiquement exclues de l’accès à l’éducation, de la participation à la vie publique et de l’autonomie corporelle. Le problème n’est donc pas la religion en elle-même, mais son imbrication avec les idéologies patriarcales.
Ces facteurs n’agissent pas isolément, mais interagissent étroitement. Le racisme et le nationalisme aggravent encore la situation. Les femmes noires, par exemple, subissent de multiples formes de discrimination, non seulement en raison de leur genre, mais aussi à travers des stéréotypes raciaux. Leur accès à l’espace public, à la sécurité et à leurs droits est considérablement plus restreint que celui des femmes blanches. Ceci illustre comment les inégalités intersectionnelles exacerbent les violences faites aux femmes.
Même si ces facteurs se manifestent différemment selon les contextes, les mécanismes qui reproduisent la violence reposent sur un système commun.
En quoi les formes et les causes des violences faites aux femmes dans les pays du Sud – c’est-à-dire dans des régions comme l’Asie, l’Amérique latine, le Moyen-Orient ou l’Afrique – diffèrent-elles de celles observées dans les pays du Nord, comme l’Europe occidentale ou l’Amérique du Nord ?
Les violences subies par les femmes à travers le monde s’inscrivent dans un système hétéronormatif et patriarcal. Toutefois, les contextes historiques, politiques et structurels de ces expériences diffèrent considérablement entre les pays du Sud et ceux du Nord. Cela transparaît notamment dans les critiques formulées de longue date à l’encontre des féministes des pays du Sud.
Dans les pays du Nord, une perspective universaliste a longtemps prévalu : « Nous sommes toutes des femmes, nous sommes toutes victimes de la violence patriarcale. » Cette notion de sororité mondiale reposait sur l’hypothèse que toutes les femmes partagent des expériences fondamentalement similaires, puisque la cause de la violence, à savoir le patriarcat, est universelle. Cependant, les féministes des pays du Sud ont contesté cette approche car elle invisibilise systématiquement leurs réalités et expériences vécues.
À leurs yeux, la violence qu’elles subissent n’est pas uniquement liée au genre, mais inextricablement liée au colonialisme, à l’impérialisme, à l’exploitation capitaliste, à l’occupation, au racisme et à l’oppression nationale. Tandis que de nombreuses féministes des pays du Nord se concentrent sur des questions telles que l’égalité salariale, l’avancement professionnel ou la fin du plafond de verre, les femmes des pays du Sud sont confrontées simultanément à l’occupation de leurs territoires, à la suppression de leurs langues, au mépris de leurs cultures et à la colonisation de leurs espaces de vie. Leur expérience de la violence n’est donc pas seulement l’expression d’une domination patriarcale, mais aussi le résultat de régimes coloniaux et impériaux violents.
De plus, les féministes du Sud ont souligné avec force que même le féminisme blanc, influencé par l’Occident, n’est pas exempt de rapports de pouvoir coloniaux. Bien qu’il n’exerce pas la même violence que les systèmes dominés par les hommes, il reproduit parfois une hiérarchie du savoir en érigeant ses propres expériences en norme universelle. Au lieu d’une approche unifiée fondée sur le principe « Nous sommes tous pareils », elles proposent donc une perspective plus nuancée : « Nous subissons différentes formes d’une même oppression. »
Il est également important de noter que les pays du Sud ne constituent pas un espace homogène. Des régions comme l’Amérique latine (Abya Yala), l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient ont chacune connu leur propre histoire coloniale et, dans leurs contextes nationaux et culturels respectifs, ont engendré des formes spécifiques de violence sexiste. Nous ne sommes donc pas face à un contexte de violence unique et monolithique, mais plutôt à une multitude de régimes de violence complexes, fruits de l’histoire.
Malgré ces différences, les mouvements féministes du Sud se sont unis depuis les années 1990 grâce à des rencontres internationales de femmes, des réseaux transnationaux et des alliances féministes. La particularité de ces alliances réside dans le fait qu’elles ne se définissent pas principalement par des expériences de victimisation, mais plutôt par la résistance, l’émancipation politique et l’organisation collective.
L’une de leurs caractéristiques marquantes est qu’elles ne perçoivent jamais la violence faite aux femmes comme un problème individuel ou exclusivement lié au genre. Elles la relient plutôt à la violence coloniale exercée contre leurs communautés, leurs langues, leurs territoires et leurs cultures. La libération des femmes n’est pas considérée comme un objectif isolé, mais toujours dans le contexte d’une libération collective, territoriale et culturelle.
Nombre de ces mouvements sont issus des luttes anticoloniales, anti-impérialistes et de libération sociale. Leurs stratégies féministes acquièrent ainsi une dimension multiforme et critique du système, qui dépasse largement le simple cadre des politiques de genre. C’est pourquoi la résistance à la violence dans les pays du Sud se construit également sur des fondements plus larges, plus politiquement ancrés et anticoloniaux.
Il existe une idée répandue selon laquelle les impulsions du mouvement féministe se « transmettent » du Nord au Sud. Partagez-vous ce point de vue ? Autrement dit : comment se concrétise cet échange d’expériences entre les mouvements féministes du Nord et du Sud ?
L’idée selon laquelle les mouvements féministes et les aspirations émancipatrices « circulent » du Nord global vers le Sud global est de plus en plus remise en question aujourd’hui – et a été largement déconstruite par les interventions politiques des mouvements de femmes du Sud global.
En particulier, la notion souvent citée de « sororité mondiale », telle qu’elle a longtemps été propagée dans les pays du Nord, recèle une hiérarchie subtile. Si elle peut apparaître de prime abord comme une expression de solidarité, elle a en réalité construit les femmes du Nord comme des « grandes sœurs expérimentées », tandis que celles du Sud étaient reléguées au rôle de « petites sœurs vulnérables ». Ceci a instauré une circulation unilatérale des connaissances, de l’expérience et du pouvoir politique, reproduisant ainsi les rapports de pouvoir coloniaux au sein des discours féministes. Les féministes postcoloniales ont, à juste titre et avec vigueur, critiqué cette asymétrie implicite, car elle a marginalisé les contributions politiques, intellectuelles et historiques des femmes du Sud.
Parallèlement, ces mouvements ont clairement indiqué que l’oppression dont elles sont victimes ne peut s’expliquer uniquement par des « régimes dictatoriaux » ou un « conservatisme religieux ». Ils pointent plutôt du doigt l’imbrication structurelle des rapports de pouvoir mondiaux – notamment le capitalisme mondial, l’impérialisme et le colonialisme – comme causes principales de leur situation précaire. Il ne s’agit donc en aucun cas de simples problèmes culturels ou liés au régime, mais bien de réseaux de violence systémiques et transnationaux.
Dans ce contexte, la perspective féministe transnationale a marqué un tournant décisif. Des chercheuses comme Chandra Talpade Mohanty, bell hooks et Angela Davis ont appelé à repenser les luttes féministes du point de vue des pays du Sud. Sans s’en exempter, elles ont au contraire mené une réflexion critique sur leur propre position privilégiée au sein des espaces académiques, des systèmes linguistiques et de la production du savoir. Leur objectif n’était pas un modèle paternaliste et « bienveillant » du féminisme, mais une pratique solidaire de réflexion, d’apprentissage et de dénonciation collective des rapports de pouvoir.
Aujourd’hui, cette attitude se manifeste concrètement dans l’expérience de mouvements tels que le mouvement des femmes kurdes, les collectifs autochtones d’Abya Yala et les initiatives féministes sur le continent africain. Ces mouvements ne réclament pas de directives du Nord ; au contraire, ils lancent une invitation claire au dialogue d’égal à égal. Leur message est en substance : « Ne vous tenez pas devant nous, mais à nos côtés. Discutons ensemble de la manière d’élaborer une stratégie collective de résistance contre le capitalisme, la violence coloniale et les structures patriarcales. »
Ce qui importe aujourd’hui, c’est un échange critique et réciproque d’expériences fondé sur l’égalité. Le mouvement féministe mondial n’est pas à sens unique, ni ne rayonne d’un centre vers la périphérie. Il s’agit plutôt d’un champ multiforme et décentralisé de luttes émancipatrices, alimenté par un apprentissage mutuel.
Existe-t-il un mouvement féministe que vous considérez comme particulièrement efficace dans la lutte contre les violences sexistes ? Ou un exemple qui, selon vous, peut servir de modèle ?
Il convient tout d’abord de souligner que, dans le contexte actuel du système mondial, il est difficilement concevable qu’un mouvement isolé ou une région spécifique puisse remporter une victoire définitive contre les violences sexistes. Ces violences sont alimentées par un système mondial de structures de pouvoir patriarcales, capitalistes et étatiques. Par conséquent, la résistance doit nécessairement être globale, collective et structurelle.
Pour moi, il ne s’agit donc pas tant de citer un « exemple de réussite » que de s’interroger sur les fondements d’une organisation efficace de la résistance féministe. L’essentiel réside dans la mise en réseau des mouvements féministes non gouvernementaux, la formation d’alliances transnationales et l’échange systématique de connaissances et d’expériences politiques. Mais cela ne suffit pas, car sans une transformation profonde des institutions où la violence patriarcale est structurellement enracinée, aucun succès durable n’est possible.
Le véritable défi réside dans la transformation des structures de pouvoir existantes. Le patriarcat est non seulement une structure de pouvoir sociétale, mais aussi institutionnelle, profondément ancrée dans les structures étatiques – dans la législation, la police, le système judiciaire et tous les domaines de l’administration publique. L’expérience des accords internationaux tels que la Convention d’Istanbul ou les Conférences des Nations Unies sur les femmes montre que, sans changements fondamentaux dans les processus de décision politique et la politique de sécurité, les progrès juridiques restent fragiles. Tant que les violences patriarcales, tant dans la sphère privée que publique, ne seront pas clairement identifiées, poursuivies et prévenues par l’État, les acquis féministes demeureront menacés. La continuité entre violence privée et violence publique est étroitement liée à l’attitude des institutions étatiques face aux violences masculines.
Et pourtant, des mouvements féministes puissants et transformateurs existent partout dans le monde et portent en eux un espoir. Le mouvement Ni Una Menos en Amérique latine est l’un des exemples les plus marquants de mobilisation sociale contre le féminicide. Il a non seulement exercé une pression politique, mais a aussi profondément modifié les mentalités. Le mouvement mondial #MeToo a brisé le silence collectif sur les violences sexuelles et a permis de leur donner une nouvelle visibilité. Le mouvement des femmes kurdes, avec sa devise Jin-Jiyan-Azadî (« Femme, Vie, Liberté »), inscrit la lutte pour les droits des femmes dans une vision globale de transformation sociale.
Ce qui unit ces mouvements, c’est leur capacité à comprendre et à dénoncer les violences sexistes non comme une exception, mais comme un produit systémique du pouvoir patriarcal de l’État. Le fait que des femmes soient tuées dans le monde entier – même dans des pays qui se disent « progressistes » – témoigne d’une défaillance institutionnalisée à les protéger. Les hommes agissent en sachant qu’ils ne seront pas tenus responsables par l’État. Ils puisent leur force dans une culture de l’impunité et un système judiciaire qui minimise systématiquement leurs actes.
Le fait qu’une femme soit tuée toutes les dix minutes dans le monde ne saurait être réduit à de simples statistiques criminelles : il révèle un système organisé et mondialisé de violence patriarcale. La continuité, la visibilité et l’impunité de cette violence sont inextricablement liées à la complicité des États. En ce sens, pour moi, le « succès » ne se limite pas à la réalisation d’objectifs précis, mais englobe également l’existence et l’impact des mouvements féministes qui contestent et dénoncent publiquement ce système et œuvrent à sa transformation profonde. Une telle lutte ne peut être menée durablement que dans un cadre global, collectif et critique du système.
Alors que les violences faites aux femmes persistent, les femmes du monde entier opposent une résistance farouche. La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, approche à grands pas. En tant que femme et militante féministe, quel message souhaiteriez-vous adresser à cette occasion ?
Comme dans de nombreuses autres régions du monde, les préparatifs du 25 novembre battent leur plein dans ma communauté : des actions sont planifiées, des mobilisations féministes sont organisées. Le sentiment dominant ces jours-ci est la colère. Mais cette colère n’est pas une émotion individuelle, bien l’expression d’une conscience collective. Car la réalité est choquante : selon les chiffres officiels, une femme est tuée toutes les dix minutes. Et il ne s’agit là que des cas recensés. Nous savons que le nombre de cas non signalés est bien plus élevé : de nombreux actes de violence sont dissimulés, non signalés ou banalisés par la société. Certaines organisations indépendantes parlent même d’une femme tuée toutes les trois minutes. Ces chiffres illustrent l’ampleur de la crise.
Cette colère doit cependant se traduire par une action politique – elle doit nous unir. Ce dont nous avons besoin de toute urgence aujourd’hui, c’est d’un contre-mouvement féministe cohérent et bien organisé. La lutte contre les violences faites aux femmes ne saurait se limiter à des journées d’action symboliques. Elle ne peut se résumer à des manifestations dans la rue le 25 novembre ou le 8 mars. Il s’agit plutôt d’un processus politique continu, quotidien et de longue haleine.
Je vois ce combat à trois niveaux centraux :
Premièrement : des réseaux stables et solidaires entre femmes sont nécessaires.
Deuxièmement : la prise de conscience que la violence patriarcale n’est pas simplement une faute individuelle, mais qu’elle est structurellement conditionnée – cette idée doit être profondément ancrée dans la conscience sociale.
Troisièmement : cette lutte doit être menée avec l’objectif politique clair de modifier durablement les politiques, les systèmes juridiques et les institutions de l’État.
Le fait que quatre à cinq femmes et deux enfants aient été assassinés à Brême et dans ses environs ces derniers mois démontre que, même au cœur de l’Europe, les femmes sont victimes de menaces systématiques. Même dans les sociétés prétendument « sûres » et « progressistes », les femmes sont quotidiennement touchées par la violence et tuées. Cela témoigne de la dévalorisation persistante de la vie des femmes et d’un climat institutionnel qui tolère tacitement la violence masculine.
Je souhaiterais conclure cette conversation en évoquant un projet artistique féministe qui apparaît fréquemment dans le contexte du 25 novembre ou du 8 mars : le symbole du « Hilos », qui signifie « tissage ». Il représente un réseau politique et émotionnel partagé par les femmes. Le réseau « Les Femmes tissant l’avenir » , initié par le mouvement des femmes kurdes , utilise cette métaphore pour mettre en lumière les liens transnationaux et le pouvoir collectif.
Il convient de souligner le travail du collectif d’art féministe mexicain HILOS. Ce collectif utilise le textile pour visualiser des messages féministes et rendre la violence publiquement visible. Leurs installations sont composées de fils rouges symbolisant des réseaux de douleur, de résistance et de solidarité, accompagnés de la devise « Sangre de mi Sangre » (« Le sang de mon sang »). Le slogan du mouvement des femmes kurdes, « Votre guerre est notre sang », fait également allusion à ces pratiques transcontinentales de résistance féministe.
Le filet rouge symbolise ainsi le sang versé, les vies entremêlées et la force collective des femmes. Car nous le savons : le mouvement de libération des femmes est la lutte de femmes et d’organisations connectées, unies, en réseau et résistantes. (ANF)