SUISSE – Les Kurdes ont manifesté aujourd’hui à Lausanne à l’occasion du 102e anniversaire du traité de Lausanne qui a acté la colonisation du Kurdistan et privé le peuple kurde de s’autogouverner.
Le 24 juillet 1923, un traité signé au palais Rumine de Lausanne entre la Turquie, le Royaume-Uni, la France et leurs alliés allait entrer dans l’histoire internationale sous le nom de Traité de Lausanne. Pourtant, sa mise en œuvre marqua le début d’une ère tragique pour le peuple kurde et celui du Kurdistan, marquant le début d’un génocide culturel et physique.
Et c’est ce qui s’est passé. Le traité, qui a légitimé la partition du Kurdistan en quatre parties par les puissances coloniales, a laissé l’avenir du peuple kurde à la merci des dominations arabe, perse et turque. Cent deux ans plus tard, cet accord demeure une blessure profonde dans l’histoire du peuple kurde et symbolise une injustice persistante. C’est pourquoi la colère et la résistance du peuple kurde à l’égard de ce traité n’ont jamais faibli ; au contraire, elles ont grandi à chaque génération jusqu’à aujourd’hui.
La Suisse, et Lausanne en particulier, qui a accueilli les puissances coloniales à la table des négociations en 1923, connaîtra cette année encore, comme chaque année, un moment de vérité historique à l’occasion de l’anniversaire du traité. À l’occasion du 102e anniversaire du Traité de Lausanne, les enfants du peuple kurde, exclus de la table des négociations et livrés à la merci du colonialisme pendant un siècle, descendent dans les rues de Lausanne pour exprimer leur colère et leur refus.
Les Kurdes et leurs amis se sont rassemblés aujourd’hui dans la ville suisse pour une marche de protestation et un rassemblement afin de condamner le traité, qui a divisé le Kurdistan en quatre parties et a soumis le peuple kurde et d’autres peuples de la région à un siècle de massacres, d’assimilation et de déni.
Sous la direction d’un total de 17 mouvements kurdes, dont le KCK, le KNK, l’UPK, le mouvement Gorran, l’administration autonome de Rojava, le KCDK-E, le TJK-E, le PJAK, l’ESU, le PIK et le PYD, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Jean-Monnet à Lausanne et ont commencé à marcher vers le château historique d’Ouchy, où se sont déroulées les négociations du traité de Lausanne.
La marche de protestation a rassemblé des Kurdes de plusieurs villes de Suisse, des représentants de groupes religieux de la Mésopotamie et diverses institutions, organisations et groupes de solidarité suisses.
Avec leurs banderoles et leurs slogans, les participants ont protesté contre plus d’un siècle de violations des droits, de discrimination politique et du statu quo de Lausanne, tout en attirant l’attention sur la nécessité d’un nouvel accord à la lumière des développements régionaux. (ANF)