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Murat Karayilan : « Nous avons perdu près de 50 000 martyrs »

KURDISTAN – Lors du discours de clôture du 12e Congrès extraordinaire du PKK – considéré comme un tournant historique marquant l’auto-dissolution du mouvement – Murat Karayilan, membre du Comité exécutif du PKK, a déclaré que près de 50 000 personnes avaient perdu la vie depuis la fondation du mouvement, et a appelé l’État turc à prendre des mesures pour résoudre la question kurde.
 
Le congrès, qui s’est tenu du 5 au 7 mai, a acté la fin de la lutte armée du PKK. Karayilan a souligné que cette décision n’avait pas été facile, en particulier pour les cadres ayant dirigé ou participé directement aux combats armés. Il a insisté sur la nécessité d’une réponse politique de l’État turc face à cette initiative.
 
 
La décision n’a pas été simple
 
Voici quelques extraits clés de son intervention :
 
« Cela fait 52 ans que ce mouvement se défend par les armes, partout dans le pays. »
« La décision de mettre fin à la lutte armée n’a pas été simple, notamment pour les camarades ici présents, qui ont dirigé et mené cette guerre. Ce n’est pas une décision légère pour nous. Nous sommes issus des traditions de l’HPG, YJA Star, HRK et ARGK. Cette histoire est écrite en lettres d’or dans l’histoire du Kurdistan, ornée du sang de nos martyrs. »
 
89 membres du comité central tombés dans cette guerre
 
« Dans cette guerre, nous avons perdu environ 35 000 cadres, combattants et miliciens. Environ 10 000 patriotes sont également tombés. Au total, près de 50 000 martyrs. Parmi eux, 89 étaient membres du comité central du PKK. Cela montre que même la direction du parti s’est engagée sur les premières lignes. Nous saluons une fois de plus nos martyrs, qui resteront nos guides éternels. Le PKK est un mouvement des martyrs, un parti des martyrs. »
 
Un appel à la reconnaissance légale
 
« Si l’État et le gouvernement actuels souhaitent réellement résoudre cette question kurde vieille de cent ans, ils doivent à leur tour prendre des mesures concrètes – pas des initiatives secrètes ou administratives, mais des mesures juridiques et constitutionnelles. »
 
Le PKK est enraciné dans la société
 
« Nous allons aborder cette nouvelle phase avec une approche stratégique. Nous ne sommes pas uniquement un mouvement de guérilla. C’est vrai, beaucoup d’entre nous ont été des guérilleros, mais la réalité du PKK, c’est la société. Le PKK s’est socialisé, il est enraciné dans la société. »
 
Pour une paix durable…
 
« Les droits du peuple kurde doivent être débattus et rétablis. Il ne s’agit pas d’oppression, mais de reconnaissance légale de l’existence et de l’identité du peuple kurde. C’est la seule voie pour établir une paix durable et une véritable fraternité. Le PKK s’est dissous pour permettre une solution. L’État doit à son tour revoir sa politique vis-à-vis des Kurdes et du Kurdistan. »
 
Un message à la communauté internationale
 
« Cette nouvelle phase marque le début d’une nouvelle ère. C’est un tournant historique ancré dans une stratégie de modernité démocratique face à la modernité capitaliste. Il s’agit d’une percée fondée sur la nation démocratique et un socialisme du vivre-ensemble. Les décisions prises ici concernent non seulement notre peuple, mais aussi l’ensemble du peuple du Kurdistan, les peuples de la région, et les travailleurs du monde entier. »
 
Vers un nouveau système démocratique et socialiste
 
Karayılan a affirmé que le mouvement kurde poursuivra désormais son combat sur le terrain idéologique et politique, avec pour objectif la construction d’un nouveau système alternatif, aussi bien au Kurdistan qu’au-delà.
 
« En Turquie, au Kurdistan, dans la région ou partout dans le monde, nous voulons développer un nouveau système. Nous construirons un système de République démocratique et un socialisme démocratique. C’est ce combat que nous mènerons désormais. De ce point de vue, notre orientation est clairement socialiste et internationaliste. »
 
Par Maxime Azadî