TURQUIE – La politicienne kurde, Gültan Kışanak a mis l’accent sur les politiques du gouvernement turc d’AKP et les efforts pour liquider le parti politique HDP qui a reçu six millions de voix.
Gültan Kışanak, co-maire de la Municipalité Métropolitaine d’Amed qui est tenue en otage par le régime turc dans la prison de haute sécurité Kocaeli, a écrit une lettre à tous ceux qui lui ont envoyé des lettres de toute l’Europe.
La lettre écrite par Kışanak se lit comme suit :
« Chers amis,
Tout d’abord, merci beaucoup pour votre amitié et votre solidarité. Depuis le premier jour de mon incarcération, vous ne m’avez même pas laissée seule un seul jour. Je voudrais vous dire que recevoir des cartes postales mentionnant des messages d’amitié et de solidarité de votre part nous donne de la force et nous remonte le moral.
Nous traversons une période difficile. Un parti politique qui a reçu six millions de voix est désormais destiné à être liquidé au mépris de toutes les valeurs démocratiques qui sont le patrimoine de l’humanité. Par notre emprisonnement, toute la société et surtout les femmes sont menacées. Nous en sommes conscients, mais ceux qui nous gardent en otage ne sont pas conscients du fait que les femmes ont pris une distance irréversible vers la liberté des femmes.
Dans cette prison, nous sommes dix amies qui sont d’anciennes parlementaires et maires. Les prisons de type T se composent de cellules d’une capacité de 3 personnes. Par conséquent, au maximum trois d’entre nous peuvent rester ensemble dans la même cellule.
Nous allons toutes très bien. Nos espoirs de liberté, de démocratie et de paix sont plus forts que jamais. Il est très important pour nous de connaître l’existence de nos amis qui protègent les valeurs démocratiques, dont nous avons payé le prix, partout dans le monde. Je crois que nous surmonterons cette épreuve à travers l’amitié, la solidarité et la lutte.
Je suis emprisonnée depuis le 25 octobre 2016. En ma personne, le droit des habitants d’Amed à participer à l’administration a été usurpé.
Amed est une ville d’environ deux millions d’habitants et n’a plus d’administration élue depuis deux ans. Une personne nommée gouverne la ville.
Le processus de jugement du dossier pour lequel je suis poursuivie est toujours en cours, mais je n’ai jamais été amenée à me présenter à une audience. Un procès par contumace est en cours. Les activités des partis politiques, les discours prononcés dans la presse et lors de réunions politiques, qui s’inscrivent dans le cadre de la liberté de pensée, sont tous considérés comme des sujets d’accusation et de charge. Le prochain procès aura lieu en octobre 2018. J’insisterai pour participer au procès, mais je ne sais toujours pas si je serai amenée au procès ou non.
Je sais que tous mes amis qui m’ont envoyé des cartes postales de solidarité accepteront ma lettre comme réponse à chacun d’eux. Je tiens à vous remercier tous ; je partage avec vous tous mes espoirs de créer un avenir meilleur et un monde meilleur.
En espérant vous voir dans un futur libre… »