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STRASBOURG. Quatre députés européens appellent à la paix et à la libération d’Ocalan

STRASBOURG – La veillée « Liberté pour Abdullah Öcalan » se déroule depuis 13 ans à Strasbourg pour exiger la libération du leader du peuple kurde et la fin de son isolement.

Cette semaine, la veillée a été visitée par plusieurs membres du Parlement européen, dont Pernando Barrena Arza, Sebastian Everding et Leila Chaibi du Groupe de gauche au Parlement européen, ainsi qu’Andreas Schieder de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates.

 

 
 
En cette période cruciale pour l’avenir de la Turquie, de la Syrie et de tout le Moyen-Orient, quatre députés européens ont pris le temps, malgré leur emploi du temps chargé, de se joindre à nous dans le froid hivernal pour cette veillée. Ils étaient là pour montrer leur soutien à un nouveau processus de paix kurde et pour permettre à Abdullah Öcalan de jouer son rôle essentiel et de rendre la paix possible.
 
Pernando Barenna, membre de l’association basque EH Bildu, a souligné qu’il ne s’agissait pas seulement d’un appel à mettre fin aux mauvaises conditions de détention, mais aussi de permettre à Öcalan de construire la paix pour le peuple kurde. Il a également rappelé la situation en Syrie et la nécessité de respecter les différents peuples et de permettre la participation des Kurdes.
 
 
Sebastian Everding, membre du Parti pour le peuple, l’environnement et les animaux (PPAE), a rappelé les décennies de discrimination structurelle à l’encontre des Kurdes par la Turquie et a souligné la nécessité pour l’État turc de répondre à la position claire d’Öcalan en faveur de la paix par un véritable engagement, ajoutant que la paix en Turquie ne peut se faire au détriment de la perte d’autonomie de la Syrie ou de l’Irak. Il a conclu en avertissant Erdoğan qu’en l’absence de protection des minorités, les portes de l’UE resteront fermées à la Turquie.
 
 
Leila Chaibi, membre de La France Insoumise, a commencé par rappeler, de manière positive, la manifestation de jeunes militants pro-kurdes qui ont fermé l’hémicycle du Parlement européen en décembre. Elle a souligné l’importance de respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme et a rappelé que son groupe politique partageait avec les Kurdes les valeurs de démocratie, de féminisme, d’égalité et de solidarité, remerciant le mouvement kurde pour son courage.
 
 
Andreas Schieder est membre du parti social-démocrate autrichien et coprésident du groupe de travail kurde au Parlement européen. Contrairement aux trois autres intervenants, qui sont du groupe de gauche, il fait partie du groupe des socialistes et démocrates. Il a commencé par saluer les militants qui ont œuvré pendant des années et en toutes saisons pour la libération d’Öcalan. Il a parlé des nouvelles avancées vers le dialogue qui pourraient permettre aux Kurdes de connaître la paix et l’autodétermination, de pouvoir utiliser leur langue et pratiquer leurs traditions et d’être pleinement respectés. Il a également souligné l’importance de trouver une solution pour la Syrie, où les Kurdes ont été une source de stabilité. Il a conclu en soulignant l’importance de libérer Öcalan et de lui permettre de devenir le Nelson Mandela du peuple kurde.
 
 
C’est une période d’espoir – les premières visites à Öcalan après 4 ans et demi, et le partage de son manifeste pour parvenir à la paix et à la démocratie – mais aussi une période de grande inquiétude et de préoccupation – davantage d’oppression en Turquie, davantage d’emprisonnement de maires élus, et une campagne militaire en Syrie visant à détruire toutes les réalisations de l’administration autonome du pays.
 
Öcalan a déjà reçu deux visites – celle de son neveu, homme politique, et celle d’une délégation officielle du parti DEM. Il a clairement fait savoir qu’il était prêt, comme il l’a toujours été, à négocier la paix ; et la réponse des Kurdes du monde entier démontre une fois de plus qu’il dispose du soutien vital pour rendre cela possible. Il peut fournir la clé d’un nouvel avenir. Mais, malgré toutes ses références à la « fraternité », le gouvernement n’a pas changé d’avis sur la guerre ni fait une seule concession pour montrer qu’il traitera les Kurdes différemment qu’auparavant.
 
Öcalan est toujours en isolement. Pour que tout processus de paix soit réaliste, il doit être libre de rencontrer et de discuter avec toutes les parties concernées.
 
Il est difficile de comprendre ce qui se passe – et, en effet, la confusion est l’une des tactiques d’Erdoğan – mais nous pouvons dire que la Turquie et le Moyen-Orient au sens large sont à la croisée des chemins et confrontés à la possibilité de voies futures très différentes.
 
Dans ce monde compliqué, les hommes politiques doivent être prêts à s’adapter et à tirer parti des changements de circonstances. Le gouvernement turc souhaite peut-être voir les espoirs et la culture kurdes détruits par la violence, comme dans les discours sanglants d’Erdogan ; et la paix et la démocratie ne sont peut-être pas le plan A ou même le plan B du gouvernement turc. Mais, avec la pression et les encouragements appropriés, il pourrait se retrouver obligé d’adopter une voie plus conciliante. Il pourrait se rendre compte que pour prospérer, la Turquie a besoin de la paix et de la démocratie, et non d’une guerre sans fin – elle doit travailler avec les Kurdes pour un avenir meilleur, plutôt que de concentrer son énergie et ses ressources sur la destruction des Kurdes.
 
Lors de la visite de la délégation du parti DEM en décembre dernier, Öcalan a fait passer un message important sur la nécessité d’une large implication politique dans tout processus de paix. Les députés du parti DEM qui ont rendu visite à Öcalan à İmralı ont depuis rencontré des responsables politiques de différents partis. La réaction du parti au pouvoir, l’AKP, d’Erdoğan, est peut-être décevante, mais ces visites et discussions ont révélé une plus grande reconnaissance de la nécessité de donner des réponses sérieuses et constructives à la question kurde et de construire la démocratie et la paix en Turquie. On assiste à une nouvelle acceptation de la nécessité d’une résolution pacifique.
 
Dans ces circonstances, il est possible que l’État turc choisisse de se tourner vers la paix et de s’éloigner de la violence. Le soutien et l’encouragement à la paix et à la liberté d’Ocalan pour qu’il puisse œuvrer en faveur de cette paix sont devenus encore plus importants. (Via Vigile pour Ocalan)