PARIS – Le journaliste et écrivain kurde, Maxime Azadî dénonce l’hypocrisie et la complicité de la communauté internationale face aux crimes de guerre commis par la Turquie, notamment au Rojava et au Kurdistan d’Irak.
Maxime Azadî vilipende les puissances mondiales accusées de s’indigner de manière hypocrite devant certains drames qui touchent l’Humanité, tout en se rendant complices d’autres drame, toujours avec des calcules géostratégiques qui piétinent les droits humains et menacent l’avenir même de l’Humanité (destruction de la nature, pollution des océans et la terre…).
Voici le billet d’Azadî publié ce matin sur W (ancien Twitter):
L’hypocrisie et la complicité mondiale face à l’invasion et aux crimes de l’État turc
La Turquie occupe des territoires en Syrie, instaure un véritable régime de terreur et commet quotidiennement des crimes. Ses partenaires occidentaux restent silencieux, voire encouragent et légitiment l’occupation en poursuivant leur soutien politique, économique et militaire. Lorsqu’il y a des guerres contraires à leurs intérêts ailleurs dans le monde, ils se mobilisent avec tous les médias.
Pour certaines guerres, ils mobilisent leur arsenal militaire ; pour d’autres, ils feignent l’indignation sans faire de réels efforts pour les stopper. Et pour d’autres encore, comme l’invasion et les crimes de l’État turc, ils préfèrent tout simplement les ignorer dans une affreuse complicité. Ils imposent des sanctions à l’Iran et à la Russie, mais ferment les yeux sur la contrebande de pétrole que l’État turc fait avec Téhéran dans le Kurdistan irakien.
Ils tolèrent les violations des sanctions contre la Russie par l’État turc, et de nombreux pays transforment cela en avantage en se rendant complices du même crime. L’État turc occupe le Kurdistan irakien, établit une centaine de bases militaires, bombarde des villages pour forcer les gens à fuir, et continue ses attaques pour vider des centaines de villages, tuant des civils. Mais dans d’autres parties du monde, pour des intérêts convergents, il suffit qu’un individu lance une petite pierre sur un soldat ou un policier, ou qu’il prononce un seul mot en direction de quelqu’un pour provoquer une indignation générale.
Daech fait exploser des bombes et commet des massacres en plein cœur de l’Europe, mais le partenariat entre l’État turc, membre de l’OTAN et candidat à l’UE, et Daech ne dérange pas. L’État turc va même plus loin en envoyant ces djihadistes en Afrique et au Kurdistan irakien. En Syrie, ces djihadistes combattent déjà les Kurdes depuis de nombreuses années au nom des Turcs et commettent de graves crimes de guerre. Les gouvernements occidentaux, encore une fois, gardent un silence honteux.
La même situation prévaut dans les pays musulmans. Lorsque le sujet concerne les Kurdes, on observe la même honteuse complicité et le même silence, que ce soit de la part de la droite, de la gauche, des musulmans ou des démocrates. Cela dit, il ne faut pas mettre dans le même sac les militants et les communautés qui se battent aux côtés des Kurdes et qui sont également victimes de ce silence et de cette complicité.