TURQUIE – Des adeptes de la confession alévie minorisés et persécutés en Turquie depuis des siècles ont manifesté à Istanbul à l’appel des partis politiques de gauches, kurdes, des organisations nos gouvernementales et des syndicats.
Divers groupes dirigés par des associations alévies de Turquie, des organisations non gouvernementales et des partis politiques se sont rassemblés à Istanbul pour un rassemblement sur le thème « Éducation laïque, vie humaine, Turquie démocratique ».
L’événement a vu la participation de diverses personnalités politiques telles que le président de la province d’Istanbul du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Çelik, et la coprésidente du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (HEDEP), pro-kurde, Tülay Hatimoğulları, ainsi que des représentants de partis socialistes, syndicats et autres ONG.
Malgré l’intervention initiale de la police, la foule s’est rassemblée dans le quartier de Kadıköy à Istanbul et a marché jusqu’à la place Kadıköy voisine, avec des slogans exigeant une éducation laïque et l’égalité civique pour la minorité alévie, et contre les cours de religion obligatoires dans les écoles, qui sont basés uniquement sur la religion islamique sunnite.
La principale cible des manifestations était le protocole ÇEDES (acronyme turc du projet religieux dans le milieu éducatif qui signifie « Je suis sensible à mon environnement, je défends mes valeurs [islamiques] ») signé entre le ministère national de l’Éducation, la Direction des affaires religieuses et le ministère de la Jeunesse et des Sports.
Le projet ÇEDES, qui propose l’implication des responsables religieux dans la fourniture d’une « éducation aux valeurs » aux élèves des écoles primaires et secondaires sous couvert de « conseil spirituel », a été critiqué pour avoir enfreint le principe de laïcité, énoncé dans l’article II. de la Constitution turque.
S’adressant à la foule, le président de la Fédération Alevi-Bektashi, Mustafa Arslan, a déclaré que la Turquie tendait vers une charia (loi islamique) à la turque sous le régime et avec les actions du Parti de la justice et du développement (AKP). « Ce pays est le nôtre. Nous ne le laisserons pas aux soins des racistes, autoritaires et fanatiques », a-t-il ajouté.
Les manifestants ont également réclamé l’indépendance de la justice, en soulignant le cas du député du Parti des travailleurs turcs (TİP) de Hatay, Can Atalay, emprisonné, dont la libération a été ordonnée par la Cour constitutionnelle mais réfusée par le pouvoir judiciaire inférieur, en violation de la constitution turque.