« La question kurde est l’alpha et l’oméga de la politique turque. Le chemin vers la démocratisation de la Turquie passe par la résolution politique de cette question », déclarait hier le journaliste Guillaume PERRIER lors de l’émission télévisée « C ce soir » consacrée aux élections turques… La haine anti-kurde est telle que le « Turc » lambda s’oppose farouchement à toute solution pacifique à la question kurde, mais il est également prêt à mettre le feu au pays, si jamais on lui dit qu’autrement les Kurdes jouiraient des droits élémentaires protégés par la déclaration universelle des droits de l’homme.
Lors du premier tour des élections présidentielles [et législatives] turques du 14 mai pendant lesquelles de nombreuses irrégularités ont été observées dans les régions kurdes notamment, aucun des candidats n’a obtenu les 50% des voix pour devenir le nouveau président du pays. Erdogan et Kiliçdaroglu, les deux candidats ayant obtenu le plus de voix (Recep Tayyip Erdogan avec 49,34% des voix et Kemal Kiliçdaroglu avec 44,99 des voix) vont s’affronter dans environs 10 jours pour le second tour des élections. Tous les deux ont besoin des 5,3 % des voix obtenues par le candidat outsider Sinan Ogan. Mais ce dernier a fait du surenchère, en déclarant qu’il appellera à voter pour Kiliçdaroglu uniquement s’il mettait de la distance entre lui et le parti « kurde » HDP, selon plusieurs médias.
Ogan vient de démentir ces affirmations mais insiste sur le nationalisme turc qu’on doit traduire par « ultranationalisme turc » mais surtout un appel ouvert à une politique hostile anti-kurde à mettre en place immédiatement, comme si les Kurdes n’étaient pas assez persécutés avec des milliers de leurs représentants croupissant en prison, leur parti menacé d’interdiction, etc.
« Que le Kurde ne voit pas sa mère »
Une anecdote dit qu’un jour, on demande leurs dernières volontés à deux prisonniers condamnés à mort. Le prisonnier kurde dit: « J’aimerais voir ma mère avant de mourir. » Ensuite, on demande au prisonnier turc sa dernière volonté. Il répond: « Que le Kurde ne voit pas sa mère! »
L’anecdote ci-dessus résume parfaitement la mentalité du Turc lambda dont on courtise le vote et exacerbe les sentiments nationalistes à coups de discours alarmants lui faisant croire que l’intégrité de la patrie est en danger à cause des Kurdes. Presque la totalité des candidats et partis politiques turcs sont farouchement anti-kurde et sont prêts à mettre le feu au pays pourvu que les Kurdes ne jouissent pas des droits élémentaires protégés par la déclaration universelle des droits de l’homme. C’est cette mentalité malade qui a permis aux partis fascistes, misogynes et islamistes de rafler les élections législatives du 14 mai dernier. D’ailleurs, il est impossible d’avoir une nation saine et libre, si elle opprime une autre.