Depuis son invasion par la Turquie en mars 2018, le canton kurde d’Afrin est le théâtre de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, nettoyage ethnique, écocide… commis par l’armée turque et ses mercenaires syriens, comme l’ont dénoncé plusieurs rapports de l’ONU et des ONG internationales dont HRW. Malgré cela, le gouvernement allemand vient de déclarer qu’ils n’ont pas suffisamment d’informations sur la violation du droit international à Afrin.
La déclaration du gouvernement allemand a été faite en réponse à une question de la députée Sevim Dağdelen portée à l’ordre du jour du Bundestag la semaine dernière.
L’État turc avait déclaré dans sa requête au Conseil de sécurité de l’ONU, deux jours après l’attaque d’invasion contre le canton d’Afrin le 20 janvier 2018 : « Cette opération est menée dans le cadre de la légitime défense conformément à l’article 51 de la Chartre des Nations Unies. »
Dağdelen a demandé au ministre des Affaires étrangères du Bundestag si la référence de la Turquie à l’article 51 était légitime et si le gouvernement fédéral allemand avait mené une enquête sur la violation du droit international.
Le sous-secrétaire Andreas Michaelis a répondu à la députée de Die Linke en affirmant que le gouvernement ne disposait pas d’informations nécessaires pour conclure si la Turquie violait le droit international dans la région d’Afrin. L’administration de Berlin n’a pas donné de réponse claire à la revendication de « légitime défense » de la Turquie et a une fois de plus soutenu l’occupation d’Afrin par l’État turc.
Déclarant que le gouvernement fédéral allemand a critiqué à plusieurs reprises la présence de la Turquie dans le nord de la Syrie, Michaelis a poursuivi : « Nous avons spécifiquement demandé que l’on prête attention à la protection de la population civile et que la présence militaire dans le nord de la Syrie prenne fin le plus rapidement possible ».
Contrairement au gouvernement fédéral, qui n’a jamais sérieusement commenté l’invasion d’Afrin et les crimes commis par la Turquie et ses troupes mercenaires, les services scientifiques (WD) du Bundestag ont identifié à plusieurs reprises des violations du droit international.
Dans un état des lieux commandé par Die Linke « sur la classification de la présence militaire turque dans le nord de la Syrie au regard du droit international », la WD a déclaré fin 2018 : « La présence militaire turque dans la région nord syrienne d’Afrin et dans la région autour d’Asas, al-Bab et Jarablus dans le nord de la Syrie répond à tous les critères d’une occupation militaire en vertu du droit international. »