PARIS – Ironie du sort: le monde s’apprête à changer d’année à minuit, mais les Kurdes de France ont fait un bon en arrière de 10 ans avec le deuxième attentant terroriste qui les a frappés au coeur de Paris alors qu’ils n’ont toujours pas obtenu justice pour celui de 9 janvier 2013.
Il y a presque de 10 ans, le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz (Sara), Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez (Ronahî) ont été abattues de plusieurs balles dans la tête par un espion turc dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, à Paris.
Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison un mois avant le début du procès. Une nouvelle enquête a été ouverte à la demande des familles des trois victimes, mais la justice française est entravée dans son travail par le dossier classé « secret-défense » par l’État français.
C’est dans un tel climat de défaillance juridique que trois autres militants kurdes ont été victimes d’un attentat terroriste le 23 décembre 2022, 18 jours avant la date anniversaire du triple féminicide de 2013. Cette fois, au centre culturel kurde Ahmet Kaya, rue d’Enghien, toujours dans le 10e arrondissement de Paris.
Les victimes de ce deuxième assassinat politique sont: Evîn Goyî (Emine Kara), qui est arrivée en France en 2019 et qui travaillait après des Yézidis de Shengal au Rojava après avoir combattu au sein de la guérilla kurde; le musicien Mîr Perwer (Şirin Aydın), qui était persécuté en Turquie où il fut condamné 20 ans de prison pour sa musique engagée (comme Ahmet Kaya, il y a plus de 20 ans) ; et Abdurrahman Kızıl, un patriote kurde dans la soixantaine pour qui le centre culturel kurde de Paris était sa deuxième maison.
Pour la communauté kurde, ce deuxième attentat a également été fomenté par les services secrets turcs (MIT) et elle demande à l’État français de faire enfin toute la lumière sur ces deux crimes odieux.
En attendant le dénouement juridique de ces massacres anti-kurdes, les Kurdes de France et leurs amis manifestent tous les jours et organiseront une manifestation européenne à Paris le 7 janvier prochain, à l’occasion du 10e anniversaire du triple féminicide de la rue la Fayette, en plus de demander justice pour également les victimes de la rue d’Enghien.
RDV le samedi 7 janvier, à 10h, Gare du Nord, Paris
Manifestation organisée par le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) et le Mouvement des Femmes Kurdes en France (TJK-F)