La justice turque exige plus de 22 ans de prison pour l’écrivaine et poétesse kurde Meral Şimşek qui est également membre du PEN, accusée « appartenance à une organisation terroriste » et « propagande terroriste ».
Meral Şimşek risque jusqu’à 15 ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et jusqu’à sept ans et demi pour « propagande terroriste ». Elle doit être jugée le 21 septembre. Dans une autre affaire, Şimşek risque jusqu’à cinq ans de prison pour avoir « pénétré dans une zone militaire réglementée » après s’être enfuie en Grèce plus tôt cette année et avoir été renvoyée en Turquie. L’audience aura lieu le 16 novembre.
PEN International a lancé une campagne pour l’écrivain kurde. Dans un communiqué, l’organisation a déclaré qu’elle « estimait que Meral Şimşek était la cible de ses écrits et appelait à l’abandon de toutes les charges retenues contre elle ».
PEN International a demandé l’envoi de lettres au ministre de la Justice, Abdulhamit Gül, lui demandant « l’abandon de toutes les charges retenues contre Meral Şimşek ; à la fin des poursuites et de la détention de journalistes et d’écrivains sur la base du contenu de leur écrit ou d’affiliation présumée, et pour la libération immédiate de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ; appelant à la fin de la répression contre les régions kurdes et à une solution pacifique au conflit en cours. »
Qui est Meral Şimşek?
Meral Şimşek est l’autrice primée de trois livres de poésie. Son roman Nar Lekesi (Tache de grenade), publié en 2017, raconte l’histoire de la famille de Şimşek et met en lumière le sort du peuple kurde en Turquie dans les années 1990. Elle est devenue membre du PEN kurde en juin 2020. Elle travaille également comme éditrice et publie fréquemment des poèmes et des articles.
Le 9 décembre 2020, la police antiterroriste a arrêté Meral Şimşek à Malatya, dans l’est de la Turquie. Elle a été libérée le lendemain dans l’attente de son procès et placée sous interdiction de voyager. En janvier 2021, la 2e Haute Cour pénale de Malatya l’a officiellement inculpée pour « appartenance à une organisation terroriste » en vertu de l’article 314/2 du Code pénal turc et « propagande terroriste » en vertu de l’article 7/2 de la loi antiterroriste n° 3713. L’acte d’accusation mentionne notamment la nouvelle de Şimşek, présentée dans le livre « Kurdistan +100 : Stories from a Future State » (Kurdistan +100 : Histoires d’un futur État) dans laquelle douze écrivains kurdes contemporains imaginent un pays qu’ils pourraient appeler le leur d’ici 2046. L’anthologie a reçu un prix de PEN anglais en 2021.
Meral Şimşek s’est enfuie en Grèce le 29 juin 2021. Après son arrivée, elle a dit avoir été arrêtée par la police grecque qui l’a fouillée à nu et lui a confisqué ses papiers d’identité et son téléphone. Elle rapporte avoir été forcée à monter dans une voiture, avant d’être remise à des individus masqués qui l’ont fait traverser la frontière pour rentrer en Turquie. Le 30 juin, elle a été arrêtée par la police turque au poste frontière d’Ipsala et envoyée à la prison d’Edirne, où elle a passé sept jours dans de mauvaises conditions de détention. Le 6 juillet, elle a comparu devant le tribunal via le système de visioconférence SEGBİS. Elle a été libérée en vertu d’une interdiction de voyager et a été invitée à se présenter au poste de police trois fois par semaine. Son audience du procès a été fixée au 21 septembre.
Une autre affaire pour « entrée dans une zone militaire réglementée » à Ipsala a été déposée contre Şimşek, pour laquelle elle risque jusqu’à cinq ans de prison. L’audience aura lieu le 16 novembre.