Le 3 octobre dernier, le Président turc Erdogan a réitéré ses menaces visant les Kurdes syriens, déclarant que si les « zones terroristes » [kurdes] ne sont pas « nettoyées » comme promis, la Turquie allait prendre « les choses en main »: envahir le reste du Rojava et en finir avec l’autonomie kurde.
Deux jours après les déclarations d’Erdogan, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov fait une déclaration menaçante en direction des Kurdes syriens, en les accusant de « séparatisme » alors qu’ils font tout pour rester au sein d’une Syrie fédérale où les droits de tous les peuples, minorités religieuses et ethniques seraient protégées par une constitution. Chose inexistante à l’heure actuelle où les Kurdes ne sont pas reconnus en tant que peuple ayant une langue et culture différentes de celles de la république arabe syrienne…
« C’est toujours une violation flagrante du droit international que de jouer avec l’intégrité territoriale d’un pays. Dans ce cas précis, il ne s’agit pas seulement de la Syrie, mais aussi de la question kurde qui pourrait exploser d’une manière qui ferait apparaître la situation actuelle (…) beaucoup moins grave (…).
L’invitation au séparatisme – et pas seulement une invitation, mais la promotion active du séparatisme – peut très mal se terminer. Une fois de plus, c’est un pays [Etats-Unis] qui le fait, alors que les conséquences seront traitées par les pays de la région [dont la Turquie], ainsi que par l’Europe – et nous [la Russie] (…) », a prétendu Lavrov.
Les propos de Lavrov sont une véritable déclaration de guerre visant les Kurdes de Syrie. La Russie veut lâcher Erdogan contre les Kurdes syriens car ces derniers n’ont pas dû accepté les plans russes pour la Syrie qui veut également chasser les Américains de la région. Ainsi, on risque d’assister prochainement à une excursion militaire turque au Rojava, dans le nord de la Syrie, avec le feu vert de la Russie, comme on l’a vu à Afrin en janvier 2018. Les puissances étrangères n’hésitent jamais à sacrifier les Kurdes dans leur lutte pour assoir leur influence sur le Moyen-Orient.
L’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est (AANES) a répondu à la déclaration du ministre russe des affaires étrangères en disant qu’elle ne fournissait pas une plate-forme pour résoudre la crise syrienne, mais incitait plutôt la Turquie et l’Iran à attaquer l’AANES.