IRAN / ROJHILAT – Les forces de sécurité iraniennes ont tué au moins 700 kolbars kurdes, entre le Kurdistan d’Irak et le Kurdistan d’Iran au cours des onze dernières années, selon des données compilées par une ONG des droits humains.
Kulbar ou kolbar est le terme kurde désignant les personnes qui portent sur leurs dos de la marchandise à travers la frontière entre la région du Kurdistan du Sud et l’Iran.
Bien qu’illégal, il s’agit d’une pratique locale qui est depuis longtemps acceptée comme normale dans les régions kurdes économiquement sous-développées où de nombreux habitants en dépendent pour survivre.
Selon Hengaw, une organisation kurde des défense des droits humains et observateur des conflits, des gardes-frontières iraniens ont tué au moins 702 Kulbar au cours des 12 dernières années et en ont blessé plus de 1 600 autres, principalement par balles directes.
En plus de cela, 120 Kulbar ont également disparu dans le terrain montagneux accidenté des zones frontalières. Parallèlement à ces morts, les kolbers sont également victimes d’explosions de mines terrestres qui seraient des vestiges de la guerre Iran-Irak des années 80.
Selon les données d’Hengaw à partir de 2010 :
en 2010, 45 Kulbar tués, 110 blessés;
en 2011, 79 tués, 181 blessés;
en 2012, 60 tués, 201 blessés;
en 2013, 81 tués, 190 blessés;
en 2014, 73 tués, 140 blessés;
en 2015, 70 tués, 55 blessés;
en 2016, 49 tués, 47 blessés;
en 2017, 78 tués, 148 blessés;
en 2018, 71 tués, 160 blessés,
en 2019, 55 tués, 133 blessés;
en 2020, 41 tués, 125 blessés jusqu’à présent
Sans autre moyen de subsistance, les porteurs traversent les sentiers montagneuses dangereux, transportant du tabac, des vêtements et du thé, et des colis lourds, souvent les dépassant de plus d’un mètre au-dessus de leurs épaules, traversent la frontière avec les marchandises sur le dos.
Ils portent en moyenne 75 kilos de marchandises sur le dos alors qu’ils traversent les montagnes du Zagros, dans les deux sens pour gagner leur vie dans un chômage endémique.
Le meurtre de Kulbar se poursuit alors que la récente crise économique iranienne semble avoir incité davantage les régions frontalières à accepter ce travail comme seul moyen de revenu et à combler le vide commercial créé par les sanctions américaines.
Les lois iraniennes dictent que les gardes-frontières ne peuvent tirer avec leurs armes que s’ils pensent que l’intrus est armé et dangereux et qu’après avoir observé les trois procédures suivantes: ils doivent donner un avertissement verbal; ils doivent tirer en l’air; et alors seulement ils sont autorisés à viser le bas du corps d’un suspect avec des coups de feu.
Les critiques se plaignent du fait que le libellé de la loi est vague, ce qui la laisse ouverte à une interprétation large.
Avec autant de personnes, en particulier celles qui vivent dans les zones rurales de la région kurde d’Iran, qui dépendent du travail de Kulbar comme principale source de revenus, Hengaw dit que Téhéran doit trouver une solution radicale au problème, dont la légalisation de la kolbarie.