AccueilKurdistanBakurAppel à commémorer le massacre d'Alévis commis à Sivas en 1993

Appel à commémorer le massacre d’Alévis commis à Sivas en 1993

TURQUIE / BAKÛR – Le 2 juillet 1993, des islamistes turcs ont mis le feu à l’hôtel Madımak*, à Sivas, tuant 33 personnes, essentiellement des personnalités alévies. Un massacre commis sous le regard passif des policiers présents sur les lieux et dont les criminels ont bénéficié de la clémence du pouvoir turc. Une clémence accordée à tous ceux qui massacrent les Kurdes/Alévis et toutes les minorités ethniques et religieuses… en Turquie depuis près de 100 ans maintenant.
 
Les députés du Parti démocratique des peuples (HDP), Zeynel Özen et Kemal Bülbül, ont tenu une conférence de presse sur le massacre de Sivas à l’occasion du 27ème anniversaire.
 
Özen a déclaré: «Sivas a été un massacre perpétré à la connaissance de l’État. Les meurtriers ont continué à vivre à Sivas. Le procès des meurtriers a été abandonné sur ordonnance.»
 
Bülbül a déclaré: « Le massacre de Madımak et Çorum sont des crimes contre l’humanité, comme ceux de Dersim, Maraş, Malatya, Gezi. S’opposer aux crimes contre l’humanité est un devoir moral, humain et politique et de conscience que toute personne a. C’est un devoir de venir à Sivas le 2 juillet. » (ANF)
 
*Le 2 juillet 1993, après la prière du vendredi, plus de 15 000 islamistes appelant à la charia et à la mort d’infidèles se sont réunis autour de l’hôtel Madımak, dans la ville de Sivas, en Turquie, où les participants du festival alévi Pir Sultan Abdal étaient logés.
Les islamistes protestaient au début contre la présence dans l’hôtel de l’écrivain Aziz Nesin, qui a traduit et publié les « Versets sataniques » de Salman Rushdie et critiqué l’Islam. Mais la protestation s’est transformée en une attaque violente et finalement, ils ont mis le feu à l’Hôtel Madimak.
Nesin a été sauvé par les forces de sécurité, mais 33 autres intellectuels et 2 hôteliers ont été tués. Les forces de sécurité ont été critiquées pour ne pas avoir arrêté la foule.
Le massacre de Sivas a visé non seulement Aziz Nesin et les versets sataniques, mais aussi la minorité alévie qui est la deuxième plus grande communauté religieuse en Turquie.
Quelque 85 suspects ont été condamnés à des peines allant de deux à quinze ans de prison, tandis que 37 autres suspects ont été acquittés en décembre 1994, pour « tentative d’établir un Etat théocratique en renversant l’ordre constitutionnel laïque. »
La Cour d’appel a infirmé cette décision en déclarant que le massacre était dirigé contre « la république, la laïcité et la démocratie ». Le 13 mars 2012, la Cour pénale d’Ankara a abandonné l’affaire du massacre de Sivas pour cause de prescription.
Des mesures de sécurité spéciales sont prises chaque année le 2 juillet alors que des milliers de personnes arrivent à Sivas pour rendre hommage aux 33 intellectuels devant l’hôtel Madımak.
 
Hasret Gültekin
 
Le musicien kurde, Hasret Gültekin était parmi les victimes de Madimak. Ainsi, Hasret avait payé de sa vie le triple affront commis en étant à la fois kurde, alévi et chanteur kurde dans un pays où il était interdit d’être autre chose que turc, sunnite et parlant turc.
 
Hasret Gültekin, 22 ans, était un des premiers chanteurs à avoir bravé l’interdiction de chanter en kurde avec son album « Newroz » sorti en 1990.
 
Hasret est devenu père à titre posthume 2 mois après sa mort. En effet, sa femme Êtê était enceinte de 7 mois quand on a brûlé son mari. Elle a appelé son bébé « Hasret Roni » (Roni signifie lumière en kurde).