AccueilKurdistanRojavaAbdi : Le but de la révolution était la liberté, pas seulement...

Abdi : Le but de la révolution était la liberté, pas seulement un changement de régime

SYRIE / ROJAVA – Lors d’une cérémonie commémorant le dixième anniversaire de la fondation du Conseil démocratique syrien (en kurde : Meclîsa Sûriyeya Demokratîk), Mazlum Abdi a décrit l’accord du 10 mars comme le fondement d’un nouvel ordre fédéral en Syrie.

Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a qualifié l’accord du 10 mars d’étape historique vers un nouvel ordre politique en Syrie. S’exprimant lors d’une cérémonie à Hassaké marquant le dixième anniversaire du Conseil démocratique syrien (CDS), M. Abdi a déclaré que l’objectif de la révolution syrienne avait toujours été la liberté, et non le simple renversement du régime baasiste. « Le changement de système n’était que la première phase. Le peuple syrien souhaitait non seulement se débarrasser de l’ancien État, mais aussi construire un nouvel ordre fondé sur la liberté, la diversité et l’autonomie », a-t-il affirmé.

L’accord du 10 mars comme point de repère

L’accord du 10 mars 2025 a été négocié entre l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et le Gouvernement fédéral de transition syrien. Il énonce des principes relatifs à l’autonomie régionale, à l’inclusion de tous les groupes ethniques et religieux et à la décentralisation de l’État. Abdi a souligné que cet accord bénéficie du soutien des acteurs internationaux et régionaux. « Au sein des FDS et de l’Administration autonome, nous soutenons pleinement cet accord. Nous savons qu’il constitue le fondement d’une Syrie stable. »

« Ceux qui misent sur la guerre échoueront »

Face aux tensions politiques dans la région, Abdi a dénoncé les discours de haine persistants et mis en garde contre une nouvelle escalade. « Certaines forces cherchent à entraver la recherche d’une solution. Mais ceux qui misent sur la guerre et propagent la haine échoueront », a déclaré le commandant.

Malgré les incertitudes quant à sa mise en œuvre, l’accord reste en vigueur. Des progrès ont été réalisés dans les négociations avec Damas, notamment sur le plan militaire. L’objectif est de parvenir à un accord global qui prenne également en compte les revendications politiques et administratives des populations kurde et arabe du nord-est de la Syrie.

L’autonomie gouvernementale comme revendication légitime

Abdi a exigé que des régions comme Raqqa, Deir ez-Zor et Hassaké soient gouvernées par leurs habitants. Il a fait valoir que cette exigence était le fruit d’années de sacrifices dans la lutte contre l’organisation terroriste « État islamique » (EI) et l’expression de la volonté politique des populations locales. « Après tout ce qu’ils ont accompli, il est de leur droit de façonner leurs propres régions », a-t-il déclaré. Cela vaut également pour les partis kurdes, qui militent depuis des années pour une reconnaissance constitutionnelle. « L’accord stipule explicitement que tous les aspects de la Syrie, y compris les minorités religieuses et ethniques, doivent être pris en compte dans la nouvelle constitution. »

Nouveau rôle pour le Conseil démocratique syrien

Le Conseil démocratique syrien, organe politique chapeautant l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, jouera un rôle plus actif dans la reconstruction du pays, a déclaré Abdi. Au cours des dix dernières années, cet organe a contribué de manière significative à la stabilisation de la région, a affirmé le commandant en chef. « Les nouveaux défis exigent de nouvelles structures. Nous avons besoin de cadres solides pour les différentes composantes de la Syrie. L’administration autonome peut servir de modèle à d’autres régions », a-t-il ajouté.

Faire appel aux États voisins

Abdi a également plaidé pour un dialogue avec les pays voisins. Contrairement au passé, la volonté de dialoguer est aujourd’hui plus grande. La présence des FDS ne doit plus servir de prétexte à des interventions militaires, a déclaré Abdi, en faisant référence à la Turquie. « Les États voisins font partie de la solution. La réduction des tensions est dans notre intérêt commun. Nous sommes prêts à construire ensemble le processus de paix. » (ANF)