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SYRIE. Domination turque à Alep

SYRIE / ROJAVA – La Turquie a établi une domination militaro-civile de facto à Alep tout en menaçant les Kurdes du Rojava contre la « division de la Syrie ».

La Turquie a établi une domination de facto à Alep grâce à des mécanismes militaires et civils en Syrie, où l’équilibre des pouvoirs a basculé suite au renversement d’Assad.

 

Le renversement du régime d’Assad et le déclin de l’influence iranienne dans la région ont permis à la Turquie d’accroître son influence en Syrie. Alep, avec sa route vers Damas, son rôle de centre économique et son caractère cosmopolite, est devenue une région stratégique. La Turquie y a entrepris une action d’envergure, non seulement par des opérations militaires, mais aussi dans les domaines social, économique et du renseignement. Des groupes turkmènes et les factions Emşat, Hemzat et Sultan Murad au sein de l’Armée nationale syrienne (ANS) facilitent la mise en œuvre des plans de l’Organisation nationale du renseignement (MIR) sur le terrain. Le fait que l’administration locale et les réseaux de communication soient sous la supervision de la MIR témoigne de la domination de facto de la Turquie à Alep.

La Turquie cherche à renforcer son contrôle sur Alep dans le cadre de sa vision du Pacte national. Investissements industriels, projets gaziers et redistribution des biens immobiliers visent à garantir un contrôle économique à son avantage. De ce fait, Alep n’est plus considérée comme faisant partie de la Syrie, mais comme une zone stratégique sous contrôle turc. Ainsi, la Turquie, qui insiste constamment sur l’intégrité territoriale de la Syrie, met en œuvre une stratégie différente sur le terrain. Bien qu’on prétende qu’Alep est actuellement sous le contrôle du gouvernement d’Ahmed al-Charaa (Jolani), chef du HTS, la situation sur le terrain semble indiquer le contraire.

Mercenaires à majorité turkmène

D’après les informations recueillies sur le terrain, la Turquie opère à Alep dans le cadre d’un plan global qu’elle met en œuvre quotidiennement. Ses activités de renseignement dans la région d’Alep ciblent principalement les tribus, et notamment les groupes turkmènes. Dans ce contexte, ses forces de terrain sont constituées des groupes Emşat, Hemzat et Sultan Murad, qui regroupent de nombreux Turkmènes. Le recours à ces groupes facilite la mise en œuvre des plans du MIT sur le terrain.

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Les activités menées à Alep s’appuient sur un mécanisme de contrôle global, dépassant les pratiques administratives habituelles. Il a été constaté que les institutions sécuritaires, militaires et civiles de la région sont contrôlées sous la coordination de l’Organisation nationale du renseignement (MIT). Le rôle conféré aux groupes turkmènes, notamment dans le domaine militaire, leur assure une influence déterminante sur les autres groupes au sein de la société. Le contrôle des secteurs économique et industriel démontre également que cette influence s’étend au-delà de la sphère sécuritaire. Ceci prouve qu’Alep est effectivement devenue une zone de contrôle indépendante de la Syrie. Si la structure et les relations actuelles perdurent, il est fort probable qu’Alep soit considérée à l’avenir comme une région sous influence turque. (Agence Mezopotmaya)