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Mazloum Abdi : Le Moyen-Orient a désespérément besoin de paix et de stabilité

IRAK / KURDISTAN – Deux hauts cadres de l’administration arabo-kurde du Rojava participent aujourd’hui au Forum sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient qui a lieu à Duhok, au Kurdistan du Sud.

Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi a déclaré lors du forum que le « Moyen-Orient a désespérément besoin de paix et de stabilité ».
 
« Nous sommes impliqués dans des conflits depuis longtemps et nous avons constaté que chaque guerre est suivie d’un dialogue. Les problèmes peuvent être résolus par le dialogue. Même si l’on sort vainqueur d’une guerre, il faut continuer à dialoguer. Nous l’avons constaté de manière très claire en Syrie. 
 
La principale raison de la chute du régime de Bachar al-Assad est son rejet du dialogue et son insistance sur un système centralisé. Par conséquent, les Syriens se sont soulevés contre cela et se sont révoltés, provoquant son effondrement ».
 

Mazloum Abdi a déclaré que les Syriens étaient désormais bien familiarisés avec la guerre et que l’absence de dialogue était l’une des principales causes de l’effondrement du régime baasiste. Il a souligné que les FDS et l’Administration autonome n’avaient jamais choisi la guerre ; elle leur avait été imposée. Il a expliqué que ce dont la Syrie a besoin aujourd’hui ne peut être obtenu par les combats, mais par des négociations nationales approfondies.

L’accord du 10 mars… empêche la partition et la guerre civile

Abdi a révélé que l’accord du 10 mars a marqué un tournant décisif, bloquant les tentatives de partition de la Syrie et empêchant le pays de sombrer dans la guerre civile. Il a souligné que cet accord garantissait la reconnaissance constitutionnelle des droits des Kurdes, malgré la médiation partielle et les circonstances complexes dans lesquelles il a été conclu.

Il a noté que la phase de dialogue actuelle se heurte à des obstacles majeurs, les plus importants étant le manque de confiance entre les deux parties, les risques persistants dans les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafieh à Alep, et les mesures gouvernementales qui ont exclu diverses parties, créant des inquiétudes supplémentaires, ainsi que l’incapacité à assurer le retour des personnes déplacées de force de leurs foyers, comme celles d’Afrin, de Tal Abyad et de Serê Kanye.

Malgré cela, il s’est dit confiant que la volonté politique de mettre en œuvre l’Accord du 10 mars puisse aboutir, affirmant que le nord et l’est de la Syrie possèdent cette volonté et soutiennent sa poursuite, tout en appelant le gouvernement de transition en Syrie et les pays voisins à faire preuve de mesures tout aussi claires.

Message à la Turquie : Nous ne représentons pas une menace pour vous.

Abdi a souligné que l’Administration autonome et les FDS, avec toutes leurs institutions dans le nord et l’est de la Syrie, ne représentent aucune menace pour aucune partie. Il s’est adressé directement à la Turquie en déclarant :

« Nous demandons à notre voisin turc de ne pas considérer nos institutions militaires, administratives et de sécurité comme une menace. Ce sont des institutions de paix et de sécurité. »

Il a expliqué que la communauté internationale est encline à offrir à la Syrie « une nouvelle chance de dialogue » et que l’Administration autonome est prête à exploiter pleinement cette opportunité. Il a appelé toutes les parties, en particulier la Turquie, à accorder la même chance au dialogue entre le nord et l’est de la Syrie et le gouvernement de transition afin de résoudre les problèmes par la négociation.

Des progrès ont été réalisés sur les dossiers militaires et de sécurité… et l’accord sera bientôt annoncé.

Concernant l’état d’avancement des négociations sur l’accord du 10 mars, Abdi a déclaré que les travaux se poursuivaient malgré leur complexité et leur lenteur, et que les dossiers militaires et de sécurité avaient connu des progrès importants, seuls les « derniers détails » restant à régler avant l’annonce officielle, écrite et signée de l’accord par les deux parties.

Quant aux dossiers relatifs à l’administration et à la forme de gouvernement, ils restent en cours de négociation. Il a affirmé que la Syrie ne retournerait pas à un régime centralisé après 15 ans de guerre et que cette question était réglée pour les populations du nord et de l’est du pays.

Un appel à l’unité kurde et à un rôle actif dans la reconstruction

Abdi a appelé les acteurs politiques du Kurdistan du Sud à jouer un rôle plus important dans le soutien à l’unité kurde et la promotion du processus de paix en Turquie, en plus de soutenir le dialogue entre le nord et l’est de la Syrie et le gouvernement de transition.

Il a également exhorté les Kurdes du Kurdistan du Sud, du Kurdistan du Nord et de l’étranger à contribuer activement à la phase de reconstruction de la Syrie, soulignant que les Kurdes ont un rôle central à jouer dans l’instauration de la stabilité et de la paix dans la région.

Abdi a conclu en affirmant que les FDS et les peuples du nord et de l’est de la Syrie, soutenus par la Coalition internationale, ont consenti de grands sacrifices pour vaincre Daech, et que la nouvelle phase nécessite un large soutien politique pour progresser vers un avenir plus stable et pacifique pour la Syrie et la région.

 

De nombreuses personnalités politiques, universitaires, chercheurs et écrivains d’Amérique du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient participent à ce forum pour discuter des défis sécuritaires et des transformations politiques dans la région, dans le cadre d’une série de sessions et de dialogues qui se dérouleront sur les trois jours de l’événement.

 
Le Forum sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient est une conférence annuelle organisée par l’Université américaine du Kurdistan du Sud depuis sa création en 2019. Cette année marque la cinquième édition, qui se déroule sur deux jours.